J'ai beaucoup aimé ce long roman, qui est une sorte de pastiche d'autobiographie d'un cinéaste du muet. Boyd excelle dans ce genre et le livre est d'une grande richesse. Il parvient à faire revivre de manière très vivante la Première guerre mondiale,
les années 1920. On se retrouve plongé dans l'Ecosse de la Belle Epoque, dans le Berlin de Weimar, dans le Los Angeles des années 1930...Boyd possède un incroyable sens du détail et il a souvent une écriture incroyablement visuelle et cinématographique (tout à fait adaptée dans le cadre de ce roman).
Mais le personnage central du livre est littéralement obsédé par
Jean-Jacques Rousseau et le livre est aussi une réflexion sur l'influence que peut avoir un auteur sur la vie d'un artiste. Il est aussi parfois très drôle (et très cruel) dans la description des erreurs du cinéaste sur le plan sentimental ou professionnel, qui ne sont pas sans rappeler celles de son idole. Par certains côtés cependant le personnage passe littéralement à côté de sa vie et le tragique n'est pas non plus bien loin.
Réflexion également sur le destin, sur les erreurs, le livre est d'une grande richesse, mais comme toujours chez Boyd jamais pontifiant. ce qui compte ici c'est avant tout le plaisir romanesque. On sent tout le plaisir, très communicatif, de Boyd à se plonger à corps perdu dans ce riche passé.
Un grand bonheur de lecture donc. J'ai souvent l'impression avec W. Boyd que l'on tient le nec plus ultra du divertissement vif, élégant et souvent plein d'humour. Pour situer mieux les choses, on a la un auteur qui est dans le pur plaisir romanesque, qui s'efface toujours derrière ses personnages. Pas franchement de l'auto fiction à la française. Cependant rien n'empêche d' aimer
Annie Ernaux et
William Boyd !