AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782221076903
210 pages
Robert Laffont (27/08/1993)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Une plongée au coeur du secret de quelques êtres qu'un drame réunit le temps d'une journée.
Que lire après Une journée au point d’ombreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je ne peux être impartiale ici, Anne Bragance et moi c'est pour la vie, j'aime son écriture, son style et cette dimension théâtrale et existentielle tellement vibrante dans chacun de ses romans.

Arrêt sur une journée au point d'ombre. Une journée pour nous parler de ces êtres cabossés, rassemblés sur le fil des heures autour d'un événement peu banal: le rapt de deux enfants.
Maxime vient d'être licencié, il ne le supporte pas, ça contrarie ses projets d'amour, quand la vie lui met sur sa route de taximen les deux enfants de son patron, il n'hésite pas et les embarque.
À côté de Maxime tourne un petit monde comme de petits rats rongés par la vie. Suzanne, mémé-escargot, sdf mais toujours à l'affût de la beauté de la vie. Alex, le père de Maxime et l'ami de Suzanne, seul, bien trop seul. Lou, le père des enfants kidnappés, malade et cloué dans son lit, il ressasse le bon vieux temps, celui de ses conquêtes féminines. Irène, un peu folle depuis l'ablation de ses seins, elle passe des heures à téléphoner à des inconnus.

Anne Bragance semble avoir un pied dans la vie de ces ombrageux et une main sur le coeur, elle raconte les blessures, la vieillesse, l'amour, les désillusions avec une justesse à fleur de peau. Pour peindre l'ombre des Hommes, encore faut-il avoir suffisamment de lumière en soi pour y parvenir sans cérémonial ni larmoiement. C'est tout le talent de cette grande romancière.
Commenter  J’apprécie          9312
Le roman = une journée

J'admire la façon dont les multiples personnages sont présentés et comment on nous fait deviner, très habilement, les rapports qui les unissent. L'histoire : deux enfants qui partent au collège en taxi se font enlever (par ce chauffeur de taxi qui n'est autre qu'un employé que le père des enfants vient de virer). La seconde femme de ce père est médecin et soigne dans la journée la femme de cet employé. le père de cet employé est lui, très ami avec une vieille clocharde qui a vu s'en aller les enfants dans ce taxi. La femme de l'associé du père des enfants est complice de l'enlèvement… bref, toute une galerie des personnages un peu difficile à mettre en place, mais tous ont leur importance, tous ont un caractère bien particulier et une façon de réagir devant ce qui arrive bien à lui.
Commenter  J’apprécie          30
Toute l'histoire se déroule sur une même journée. Plusieurs personnages, dont certains résident à la Cité des Pervenches, vont se retrouver liés par un drame : le rapt de deux enfants par un homme qui vient d'apprendre son licenciement.
Les nombreux personnages sont à nouveau très bien décrits et le suspens du dénouement du rapt des enfants m'a tenue en haleine jusqu'au bout. Beaucoup de justesse pour aborder la vie de certains blessés de la vie : Suzanne la clocharde et son caddie, Alex le vieux solitaire, le Dr Stocklin, le désespoir d'Irène, la trop lourde charge qui pèse sur les épaules de Manuel...
Encore du très bon Anne Bragance.
Commenter  J’apprécie          11

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ils croient ce qu’ils voient, ils s’imaginent que la vieillesse attaque le dedans comme le dehors, et que la toile des émotions intérieures n’est plus qu’un fil de la vierge tendu vers la mort. Comme on peut se tromper sur le cœur des vieux…
Ils ne savent pas que nous restons toujours des maudits à errer dans les dédales de l’âme. À nous perdre dans les ramifications de la mémoire. Et à hurler de terreur parce que, jusqu’à la mort, chacun reste un enfant qui a peur du noir et de la solitude…
Commenter  J’apprécie          230
On est tous logés à la même enseigne, tu sais, chacun porte sa croix. À nos âges, il faut savoir se contenter de peu. La couleur d’un ciel, le sourire de ces petits qui m’ont prise en affection, une écorce d’orange, le parfum de l’air un matin de printemps, sa transparence, je ne me prive pas de ces beautés là. Personne ne peut me les enlever. Je t’assure, il reste des choses à aimer dans chaque journée, il suffit de les voir, de les sentir.
– Tu sais, Alex, il y a les petites joies, les poussières de joie : un mot de sympathie, un regard, l’éclat d’une fleur. C’est de la limaille, tu me diras, pas de quoi te transporter de bonheur. Mais moi, cette limaille, je ne la laisse pas passer, je l’attire comme un aimant et je suis récompensée : elle me donne du contentement tous les jours.
Commenter  J’apprécie          114
Ils sont devenus des hommes, des femmes, ils se sont éloignés et elle a rejoint la cohorte des vieilles mises au rebut. Après la fuite de l’hospice, elle espérait encore qu’il s’en trouverait un pour dire : maman, je t’emmène, tu as ta place à la maison. Mais aucun n’a prononcé les mots qu’elle attendait. Aucun. La parole du sang n’a pas circulé, le sang est resté muet.
Commenter  J’apprécie          222
Elle raconte qu’elle est là depuis des heures et que pour patienter elle a raccourci un nuage, elle l’a calé sous sa tête en guise d’oreiller et elle a piqué un petit roupillon. Les enfants rient, ils aiment les fables de mémé-l’escargot.
Commenter  J’apprécie          285
« La vieille machine fonctionne bien, il n’y a rien à redire. Mais c’est la mémoire. Ajournée comme une étoffe bouffée aux mites. »

« Les autres de l’extérieur nous voient les os tordus, le pas moins libre, le bras trop débile pour soulever une charge, le corps qui s’amenuise et se tasse chaque jour davantage. Ils croient ce qu’ils voient, ils s’imaginent que la vieillesse attaque le dedans comme le dehors, et que la toile des émotions intérieures n’est plus qu’un fil de la vierge tendu vers la mort. Comme on peut se tromper sur le cœur des vieux… Tu sais comment ils le voient notre cœur ? un jardin paisible, avec des buis taillés, un bassin d’eau stagnante que la brise ne fait même plus frissonner et quelque mémorial de pierre au bout d’une allée de gravier. Ils se trompent, comme ils se trompent. Parce que le cœur ne vieillit pas, il reste ce buisson d’épines, cette jungle avec ces marécages, ses serpents qui grouillent, ses bêtes féroces. Et nous ne trouvons jamais le repos, et nous ne sommes jamais délivrés… Les autres ne savent pas, ils nous confondent avec notre apparence, cette promesse de squelette, et ils supposent que nous sommes sans désirs, sans besoins. Derrière une façade délabrée, on ne peut pas se représenter autre chose que ruine et décrépitude… Ils ne savent pas que nous restons toujours des maudits à errer dans les dédales de l’âme, à nous perdre dans les ramifications de la mémoire. Et à hurler de terreur, parce que, jusqu’à la mort, chacun reste un enfant qui a peur du noir et de la solitude… »
Commenter  J’apprécie          22

Videos de Anne Bragance (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Bragance
Une affection longue durée Marque-page 05-07-2011
autres livres classés : sans-abrisVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3671 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}