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EAN : 9782702434376
250 pages
Le Masque (11/03/2009)
3.62/5   20 notes
Résumé :

Florence, février 1497. Une foule inquiète. Des émeutes. Les Médicis ont été bannis ; le pouvoir a changé de mains ; qui songerait encore à fêter le carnaval ? Des enfants parcourent les rues en brandissant des croix rouges. Appuyés par la milice, ils pénètrent dans les maisons, arrachent leurs parures aux femmes, saccagent les oeuvres d art, pillent les bibliothèques. Sur la place de la Sei... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Pour un Carnaval, ça allait être un drôle de Carnaval, un Carnaval comme Florence n'en avait encore jamais connu. »
Serge Bramly nous emmène quelques heures à Florence, la ville musée, symbole de la Renaissance, et porte-drapeau du Quattrocento italien triomphant.
On y arrive en février 1497, quarante ans après l'invention de l'imprimerie et quatre ans après la découverte de l'Amérique. C'est la semaine du Carnaval, un carnaval très particulier car en 1497, les Médicis ayant été chassés, la ville est devenue, sous la conduite du moine Savonarole, une dictature théocratique avec toutes les réjouissances qu'un tel gouvernement peut apporter : par exemple, transformer les chérubins en inquisiteurs, y compris avec leurs parents :
« On célébrait des messes, les cloches sonnaient; et la marmaille de Florence, travestie en cohorte céleste, docile et bornée, beuglant des psaumes et traînant les pieds dans la boue, s'en allait traquer les vanités afin de les livrer aux moines. »
Des femmes « de mauvaise vie » sont lapidées, des artistes (et non des moindres comme Boticelli) apportent eux-mêmes certaines de leurs oeuvres au Bûcher des Vanités (hello Tom Wolfe) dressé sur la Piazza della Signoria. Les dénonciations fleurissent, les slogans aussi. le principal sert de sésame : « Au nom du Christ, roi de Florence »… les miroirs, les parfums, les bijoux, les soieries et les livres sont confisqués puis conduits au bûcher. Les prêches s'enflamment, les esprits également et, le jour de mardi gras, c'est le bûcher qui, à son tour, s'embrase devant une foule aussi compacte qu'excitée. Nous sommes assez éloignés de l'image traditionnelle de Florence, cité prospère et cultivée, joyau de la Renaissance, mécène des artistes.
« Avec son grand nez, ses joues creuses et son menton en galoche, Savonarole évoquait un vilain oiseau. Oui, on eût dit un oiseau noir sur un arbre. Il se tenait entre terre et ciel, dressé par-dessus le pupitre qu'il martelait du poing, le capuce jeté en arrière, et il pointait un long doigt sec vers l'auditoire ou bien brandissait son crucifix de laiton à la manière d'un sceptre et sa voix jaillissait alors claire comme l'eau des montagnes… Il était le maître de la ville. « O Florence, disait-il, o Florence, si je pouvais tout te dire ! » Or il pouvait. Il employait le langage que comprenait chacun, il montrait la fin, il montrait l'ignominie de la pourriture. »
On retrouve avec plaisir la grande érudition de l'auteur, sa documentation soignée et son style qui fait mouche dès les premières lignes pour planter un décor :
« le ciel se dégageait. le vent ouvrait des brèches claires dans les nuages. Un triangle bleu apparut au fond d'une trouée, et les collines de Fiesole, de San Domenico, de Maiano sortirent de la brume. de longues traînées flottaient au fond de la vallée, d'un rose crépusculaire. Des cloches se mirent à sonner ensemble ; leur carillon semblait proclamer la défaite de la pluie. Alors la lumière se fit limpide. » Ou quelques lignes plus bas,…
« Avant le Carême, lui avait expliqué un berger d'Oletta, Dieu fait le ménage. Il lave son plancher à grande eau : c'est la pluie. Il déplace ses meubles pour tout nettoyer en-dessous : c'est le tonnerre. Tout brille dans sa maison : c'est l'éclair. Et aussi : les hommes s'amusent pendant ce temps, car nul ne les surveille. »
Il faut lire ce roman pour s'immerger dans cette époque fascinante, qui, si on y songe, ne semble pas tellement éloignée de notre inquiétant présent. L'intrigue, bâtie autour d'un lettré byzantin, dont je ne dirai rien est malicieuse, mais n'est qu'un habile prétexte à explorer cette page d'histoire qui méritait vraiment d'être tirée de l'oubli. C'est aussi une invitation à découvrir Florence, et à aller, au sortir du musée des Offices, méditer quelques instants devant la plaque commémorative de la fin tragique de Savonarole. Tentant, non ?
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J'ai lu ce roman en poche en ayant été attiré par le nom de Bramly (auteur du remarquable le Premier principe - le second principe), et par l'époque : Florence à la Renaissance du temps de Savonarole et des autodafés. Une période rigoriste, contrastant avec les richesses et la culture déployées du temps de Laurent de Médicis.
Le récit est dense, et je m'y suis un peu perdu. La lecture s'est avérée ardue. Bramly maîtrise son sujet, les connaissances historiques abondent. Certains passages sont impressionnants, comme ceux sur le fanatisme des enfants engagés par Savonarole dans la destruction du moindre signe de richesse.
Mais l'intrigue avance trop lentement. Petit à petit une certaine exaspération se fait jour : quand l'action va t-elle progresser ?
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Le fanatisme des moines, menés par Savonarole, sévit à Florence en cette année 1497. Entre autre, les livres sont brûlés. Une période de tumulte et de folie parfaitement décrite.
Une foule de personnages et de détails historiques dans lesquels je me suis un peu perdue.
C'est bien écrit, passionnant, et pourtant, j'ai eu du mal à m'impliquer dans cette histoire.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Quand le prince de Florence, Cosme de Médicis, demanda à Fra Angelico de décorer le couvent de San Marco, quand il dota ce couvent de la première bibliothèque publique du monde, il ne se doutait pas que quelques années plus tard, en 1497, il serait banni et qu'un moine fanatique de ce même couvent donnerait l'ordre de brûler les livres.
Au nom de la religion et de la pénitence tout le commerce de luxe, les arts et l'activité littéraire et philosophique seront anéantis.
[...] Les peintres doivent brûler leurs tableaux, les sculpteurs détruire leurs statues.
Un immense bûcher est dressé qui devient le but de toutes les processions. Le carnaval est interdit. Aux fanatiques se mêlent les aigrefins. Les sanguinaires de chaque faction s'entre-tuent. La mort rôde.
Sont témoins et victimes de ce carnage, un lettré byzantin, Théophile Ordanès et son ami juif Ephraim. Ils ont vécu à Florence, fêtés et honorés. Ils enseignaient la culture antique et faisaient le commerce des manuscrits et des parchemins en provenance de Bysance, de Grèce et d’Égypte.
En période troublée il y a toujours de l'argent à faire. Un négociant poussé par son astucieuse femme Andreana va introduire Théophile dans une dangereuse affaire...
(extrait de la quatrième de couverture de l'édition de poche parue en 1982)
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Enfant, il avait appris l'Odyssée des lèvres d'un copiste devenu marin, sur le pont d'un navire qui cinglait vers Rhodes. Son père lui lisait les philosophes tandis que l'ennemi incendiait leurs villes. Il maniait toutes les langues connues, le copte, le syriaque, le chaldéen. Oui, il avait touché à tous les ports, il avait parcouru le monde avec des livres pour seul bagage, pour seule monnaie d'échange. L'Italie était le pays où l'on payait le mieux.
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Avec son grand nez, ses joues creuses et son menton en galoche, Savonarole évoquait un vilain oiseau. Oui, on eût dit un oiseau noir sur un arbre. Il se tenait entre terre et ciel, dressé par-dessus le pupitre qu'il martelait du poing, le capuce jeté en arrière, et il pointait un long doigt sec vers l'auditoire ou bien brandissait son crucifix de laiton à la manière d'un sceptre et sa voix jaillissait alors claire comme l'eau des montagnes… Il était le maître de la ville. « O Florence, disait-il, o Florence, si je pouvais tout te dire ! » Or il pouvait. Il employait le langage que comprenait chacun, il montrait la fin, il montrait l'ignominie de la pourriture.
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"_ Alors, vous le connaissez, M. Solari ?
_ Pas personnellement.
_ Tant mieux, parce que le Solari, liquidé, on lui a fait la peau. Il y avait des filles, là-dedans. Les clients y venaient un peu pour se faire laver, masser et un peu pour se faire reluire. Vous comprenez ?"
Ici, c'était un quartier honnête. Coiffé du capuchon de l'infamie, Nino Solari de Pise avait été fouetté à mort. La foule avait traîné les filles nues, en cheveux, à travers les rues de la paroisse. Elles étaient six, quatre d'entre elles étaient veuves, la plus jeune arborait un gros ventre. La loi interdit de pendre une femme. On s'en était tenu à la tradition : alignées contre un mur, elles avaient été lapidées à tour de rôle, pour faire durer le spectacle. L'adolescent rejeta la tête en arrière et éclata de rire. Les femmes de mauvaise vie, dorénavant, et les sodomites, les accapareurs de blé, et les juifs, les compagnacci, les joueurs pour de l'argent, et les couples adultères, les penseurs impies, les usuriers, tous les ennemis de Savonarole et de Dieu subiraient des sorts similaires.
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Le ciel se dégageait. Le vent ouvrait des brèches claires dans les nuages. Un triangle bleu apparut au fond d’une trouée, et les collines de Fiesole, de San Domenico, de Maiano sortirent de la brume. De longues traînées flottaient au fond de la vallée, d’un rose crépusculaire. Des cloches se mirent à sonner ensemble ; leur carillon semblait proclamer la défaite de la pluie. Alors la lumière se fit limpide.
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Vidéo de Serge Bramly
Alternant l'écriture de romans et d'essais, Serge Bramly conserve au moins une constante dans l'écriture : celle de vivre l'entre-deux livres comme une période de deuil, de vide. L'histoire de "Pour Sensi" (JC Lattès) illustre d'autant plus cette "dépression postnatale" puisqu'il raconte une rupture amoureuse ayant coïncidé avec ce moment de battement où un ouvrage ne vous appartient plus.
En savoir plus sur "Pour Sensi" : https://www.hachette.fr/livre/pour-sensi-9782709650595
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