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Antoine Brea (Autre)
EAN : 9782896985302
312 pages
Le Quartanier Editeur (21/01/2021)
4.29/5   12 notes
Résumé :
Patrice Favre a suivi les traces de son père magistrat. Sorti d'école, il est nommé temporairement juge d'instruction en banlieue parisienne
– une banlieue lointaine, mi-réelle mi-fantomatique. On observe les débuts de Favre, ses premières audiences au Palais de justice, ses investigations dans le cas criminel dont il a hérité : le meurtre d'un détenu emprisonné pour crime sexuel. Son prédécesseur – Herzog, un magistrat décati, énigmatique, en tout cas plus e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Sérieux, pragmatique, « L'instruction » d'Antoine Brea, est un récit qui happe et dont on ne lâche rien, pas une virgule, un point, un seul mot. Ici, c'est la majuscule d'une écriture posée, réfléchie qui encense la trame. On sait les lignes magnétiques, dans un cadre posé en exactitude. L'équerre d'une justice qui va voir le jour subrepticement. « Les vitres givrées au cutter. Les lumières opalines sous les caches plastiques, inutiles en plein jour… C'est un poste temporaire, seulement pour quelques temps, ai-je tapé dans le SMS à ma soeur Amandine. » Patrice Favre est ici. Début d'une carrière dans l'empreinte de son père magistrat. L'introduction d'une vocation à certifier. Un premier poste pour lui, celui de juge d'instruction en banlieue parisienne. Peu à peu, il devient maître de son espace. Dans ce dédale où il va, habillé d'éthique et d'équité, pourvoir aux dossiers en cours et à venir. Rendre hommage à son prédécesseur Herzog, diminué, affaibli, malade mais pas que. Ce dernier s'est suicidé en laissant deux courriers, l'un pour sa femme et l'autre pour ses pairs. « N'en déplaise à Gaston Leroux, a répondu, amusé monsieur Palan, dans la réalité les coïncidences ne sont pas ennemies de la vérité, mon cher. On appelle ça des indices. » Patrice Favre va rassembler l'épars. Chercher la faille dans ce dossier quasi abandonné et pour cause. Perspicace, affûtant son savoir, ses capacités hors norme, il va chercher la vérité. Patrice Favre, tenace, va soulever la poussière sous le tapis d'une langue de bois. Les non-dits et les silences dérangeants vont se percuter et le dossier « Herzog » reprend vigueur. « L'affaire » encercle les intouchables d'une magistrature cachottière. C'est ici, le point central, le premier pas de côté d'un jeune juge d'instruction, olympien, calme mais déterminé. « L'instruction » est l'idiosyncrasie du monde carcéral, de ce qui se voudrait invisible à la vue du monde ; bien enfoui dans le tiroir emblématique de la haute hiérarchie. « L'instruction » démonte pierre après pierre les diktats judiciaires qui, parfois malencontreusement, confirment le poison de la soumission au corpus juridique criblé de corruption. Patrice Favre reste altier dans une constance théologale. Ce dernier pénètre le labyrinthe, fil d'Ariane d'un monde technocratique. Bousculé, il va de par cette quête de vérité se métamorphoser, se réaliser, l'outil en main, régénérant et spéculatif. Ce futur classique d'une littérature appuyée est un modèle pour tout à chacun. D'utilité publique, il devrait et vite se trouver dans les amphithéâtres, les lieux des savoirs républicains. Les notes en pages finales sont à recopier. A la page 310, au chapitre 4, pour moi et en promesse de relire la « Prière de l'humilité » dont les Psaumes sont traduits par André Chouraqui. Tout est symbole ! Magistral, culte. Publié par les majeures Éditions le Quartanier.

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Je remercie les éditions le Quartanier et l'agence littéraire Trames pour cette découverte.

En voilà une découverte sympathique, et je ne dis pas ça uniquement parce que j'apprécie les romans judiciaires. Déjà, il est toujours agréable de découvrir une nouvelle maison d'édition car je ne connaissais pas les éditions le Quartanier. Et puis, c'est également une découverte de l'auteur pour moi, bien que cela ne soit pas son premier livre.

Dans ce roman, Antoine Brea invite le lecteur à suivre Patrice Favre, un jeune juge d'instruction tout juste diplômé de l'ENM, l'école nationale de la magistrature. Celui-ci se retrouve dans une ville de la banlieue parisienne suite à sa nomination temporaire. Son prédécesseur s'est suicidé et semble s'être épuisé sur une affaire concernant la mort d'un détenu suite à son agression par d'autres prisonniers.

On va donc suivre les débuts mouvementés de ce jeune juge au sein du tribunal avec la participation aux premières audiences, la découverte des collègues et de la greffière qui va l'accompagner durant son poste, les affaires en cours... Et puis, petit à petit, à la faveur de la découverte de plusieurs éléments, le juge va se retrouver happé par cette sombre affaire du meurtre du détenu qui comporte de nombreuses zones louches et qui va révéler des implications au sein de milieux de pouvoir et des petits arrangements peu reluisants allant même jusqu'à l'intimidation. le jeune juge va s'accrocher envers et contre tout et il va petit à petit progresser dans l'enquête mais cela ne sera pas sans laisser de traces.

J'ai vraiment apprécié ce roman, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, cette histoire aux multiples facettes avec la découverte du métier de juge d'instruction, des incursions dans le passé du jeune juge, les détails sur l'affaire de l'agression du détenu qui ressurgissent au fil du récit, tout ça est très bien construit et m'a tenu en haleine tout le long de ma lecture. Autre point fort, cette ambiance particulière que l'auteur arrive à installer et qui devient de plus en plus oppressante. le style d'écriture y participe pleinement, je l'ai trouvé très agréable, peut-être un peu trop "scolaire" par moment, un peu froid, journalistique, on se croirait par moment au coeur d'un documentaire sur le milieu judiciaire. Ceci dit, l'auteur ne m'a pas perdu avec le jargon bien particulier du milieu judiciaire, le problème étant que j'ai quelques notions en droit donc ce n'est pas forcément simple de me mettre à la place d'un lecteur complètement profane mais des notes de bas de page explicatives permettent de ne pas trop se perdre dans les termes.

Donc, voilà l'ensemble est assez froid, chirurgical mais ça participe à l'instauration de cette ambiance particulière et ça ne m'a pas gêné. D'autant plus que l'ensemble est fluide et dynamique. On n'est pas toujours sur du récit pur puisque le lecteur découvre des pièces de dossier en même temps que le narrateur, ainsi on retrouve des rapports administratifs, des comptes-rendus d'interrogatoires (cela doit participer au ressenti un peu froid puisque ce type de document n'est pas réputé pour son côté chaleureux et romancé). En tout cas, cela renforce l'immersion du lecteur dans le roman.

Au final, c'est donc une bonne surprise ce roman à mi-chemin entre le roman policier et le feuilleton judiciaire. L'ensemble est d'un réalisme bluffant, l'ambiance est soignée et c'est très (très) prenant. Si vous aimez les romans qui se déroule au sein de la machine judiciaire, c'est un bon conseil de lecture, et si vous souhaitez découvrir ce type de roman, et bien c'est également un bon conseil pour découvrir le genre.
Lien : https://marquepageetexlibris..
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L'instruction d'Antoine Bréa  

Le Quartanier


Dans une autre vie, j'ai été greffière et j'étais fascinée par le travail de magistrat. J'ai eu grand plaisir à retrouver ce monde judiciaire sous cette plume juste et prenante avec la mise en scène des procès, la parade des avocats puis le huis clos des juges.

Patrice Favre reprend le poste d'un juge d'instruction qui s'est suicidé, Herzog. Il reprend les dossiers en cours dont celui de l'agression d'un détenu emprisonné pour crime sexuel sur un mineur. Patrice Favre retrouve les carnets d'Herzog dans lesquels il découvre qu'il se sentait observé. 

Il reprendra l'enquête sur cette agression, remontera les éléments sur lesquels travaillait Herzog, interrogera d'autres témoins, fera d'autres liens. Au cours de ses recherches, c'est aussi un tableau de la justice et des maisons d'arrêt qui se brosse .

C'est une enquête mais le rythme est lent, c'est un autre espace temps, celui de la justice. Tout est réfléchi, le ton est posé. 

Mais au fil de l'enquête, les liens se font, le rythme s'accélère avec de nouveaux éléments jusqu'à un démêlé très surprenant.

C'est un huis clos avec ce jeune juge qui nous entraîne, aussi par ses réflexions, dans son intimité dévoilant ses propres tourments, sa relation avec son père lui aussi magistrat. 

On découvre un rythme particulier, intriguant et immersif qui se déploie dans ce livre.

Une très bonne lecture captivante.

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Un juge d'instruction inexpérimenté reprend une affaire qui avait probablement conduit son prédécesseur  au suicide, dossier que visiblement tout le monde voudrait oublier.
Alternant avec ce récit, une autre histoire , tout aussi sombre et qui, évidemment , va rejoindre la première, la rendant encore plus sinistre.
Plus que le récit c 'et l'atmosphère de délitement généralisé que je retiendrai de ce roman  à l'atmosphère étouffante et quasi désespérée. Un portait de l'univers carcéral, de la justice, de la police d'une noirceur extrême.
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Le procès de la réalité telle qu'on nous la rapporte, l'instruction d'un magistrat égaré entre souvenirs, retour sur un vieux dossier et manière de tension métaphysique insidieuse et prégnante. Roman quasi documentaire, L'instruction brille par son gourmand emprunt d'une langue judiciaire, policière, de celle aussi susceptible de dire les confins et banlieues et autres irréels lointain où nos vies se passent. Antoine Brea surprend et captive par ce roman où le quotidien apparaît sous sa diffuse inquiétude, ou la passionnante enquête dessine en creux une critique politique des plus pertinentes.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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