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EAN : 9782708237957
114 pages
ATELIER (03/03/2005)
3.5/5   1 notes
Résumé :
L'aide au tiers-monde est-elle vraiment utile ? Ne sert-elle pas à cacher des vérités inavouables ? Le Sud a versé plusieurs fois plus d'argent au Nord qu'il n'en a reçu. L'argent donné ou prêté est souvent détourné au profit de gouvernants corrompus, quand il ne sert pas à maintenir des dictatures. Alors, que faire ? Miser davantage sur l'aide des organisations non gouvernementales (ONG) ? C'est oublier que Faction de ces ONG développe un marché concurrentiel souve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce court essai fut tiré d'une conférence remontant à 2004, dont les intervenants, Sylvie Brunel, Pierre Kipré et Marc-Antoine Pérouse de Montclos, sont tous reconnus pour leurs travaux ou réflexions sur l'Afrique contemporaine.

La question débattue est celle de la pertinence de l'aide humanitaire en faveur des pays les moins développés, et dans quelle mesure cette aide leur permet (ou non) une impulsion pour leur développement. La structure retenue est une sorte d'interview de chacun des intervenants, suivie d'un débat mené par Alain Houziaux.

Sylvie Brunel revient sur la genèse après-guerre de l'aide publique au développement, et sur ses fluctuations philosophiques et leur application économique, elle rappelle également les risques de se substituer à un Etat dès lors privé (avec ou sans consentement) de ses obligations régaliennes, et souvent gangrené par la corruption. Sa proposition de choisir les bénéficiaires selon des critères précis, et de mettre en place des "CDD", des contrats de développement durable, qui engageraient à la fois le bénéficiaire et le bailleur, est intéressante, bien que peu novatrice.

J'en ai plus appris sur les différences entre aide publique et aide privée et les prêts à intérêts extrêmement élevés qui se cachent sous l'appellation "d'aide", mais qui recèle parfois d'une réelle logique de rentabilité. L'éclairage apporté sur les pays ayant le plus bénéficié de l'aide, et sur les sommes remboursées par rapport aux sommes prêtées, est également bienvenu, et l'on se demande ce qu'il en est aujourd'hui.

Enfin, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, dont j'avais déjà lu l'ouvrage l'Afrique, nouvelle frontière du djihad ?, revient sur la difficulté d'apporter de l'aide dans des zones de conflit sans venir en aide même indirectement à un des deux belligérants, réduisant par là-même l'éventualité d'une paix rapide. Loin d'être circonscrites à l'Afrique, ces thèses reprennent aussi des exemples des deux Guerres mondiales, et fournissent une synthèse concise mais éclairante des problématiques de l'aide et de ses acteurs, qui forment désormais un groupuscule économique à part-entière, avec ses logiques compétitives et stratégiques.

Profondément déprimant, ce petit essai a le mérite de poser la houleuse question du bien-fondé de l'aide, et de la nécessité qu'il y aurait dans certains cas à n'apporter aucune aide pour que le conflit cesse plus rapidement, plutôt que d'en apporter et de permettre aux belligérants de se concentrer uniquement sur la guerre.

Éclairant, malgré sa quinzaine d'années !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Faciliter une victoire militaire en vue de mettre plus rapidement fin aux combats ? La question ne paraît pas incongrue quand on sait que, depuis la Seconde Guerre mondiale, plus des trois quarts des conflits recensés se sont conclus par des victoires militaires, et non par la négociation. Si tant est que le but premier de l'aide soit bien de sauver des vies, alors une intervention militaire de la communauté internationale peut paraître plus efficace lorsqu'elle raccourcit effectivement la durée des hostilités et permet d'éviter des morts inutiles.
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On considère souvent que l'aide au tiers-monde a des relents de colonialisme et qu'on secourt les pays du tiers-monde pour mieux pouvoir les exploiter et exiger d'eux qu'ils produisent ce qui nous est utile. De fait, on aide les pays du tiers-monde à condition qu'ils entrent dans le système libéral, l'économie de marché, et accessoirement dans celui de la démocratie et des droits de l'homme.
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Du début des années 1950 à la fin des années 1980, les pays qui ont été les plus aidés sont, pour les États-Unis, bien plus Israël ou l’Égypte que le Bangladesh, et pour la France, bien plus le Gabon et la Côte d'Ivoire que le Burkina Faso.
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Or, les ONG ont tendance à discréditer l'acteur premier du développement qu'est l'Etat, se substituant à lui pour conduire des programmes dans des secteurs où il est défaillant - d'autant plus défaillant qu'on l'a largement démantelé !
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Pire encore, en assurant la gestion des hôpitaux ou des écoles, les ONG déchargent les belligérants de leurs obligations sociales en la matière, et permettent donc de concentrer toutes les ressources locales sur l'effort de guerre.
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Videos de Sylvie Brunel (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvie Brunel
Avec Sylvie BRUNEL, professeure à Sorbonne Université, ancienne présidente d'Action contre la Faim
Les confinements ont donné des envies de nature aux citadins du Nord, faisant naître un nouvel engouement pour la ruralité. Pourtant, le travail paysan a toujours été vécu comme pénible, précaire. Au nouvel exode urbain des pays riches s'oppose la poursuite de l'exode rural au Sud. L'agriculture mondiale se trouve ainsi à un tournant : qui cultivera demain la terre et comment ?
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