La ville est un échiquier

La Ville est un Echiquier est un exercice de style qui ne pouvait être relevé par un des meilleurs auteurs de la nouvelle SF anglaise... (même si je n'aime pas les étiquettes).

Insérer une partie d'échecs tout en racontant une histoire qui tienne la route... Pari gagné.

Je ne suis pas un joueur d'échec, je ne sais même pas comment on déplace les différentes pièces... mais ce n'est pas grave vu que le roman est très bien construit. D'ailleurs, si on ne dit pas au lecteur qu'il assiste à une partie d'échecs, il peut l'ignorer tout à fait. Cela dit, tout roman policier ne tient-il pas de la partie d'échecs, avec son lot de bluff...? Bien sûr que si.

Boyd Hakluyt, le "héros", est pris dans un engrenage qui le dépasse, entre deux clans pour lesquels tous les coups sont permis. Assez peu (voire pas du tout) orienté SF, cela dit.

Trois ans avant Tous à Zanzibar, John Brunner construisait La Ville est un échiquier sur le modèle d'une véritable partie d'échecs (celle entre Steinitz et Tchigorin à La Havane en 1892, plus précisément), à la différence que le plateau est une mégalopole d'Amérique Centrale et les pions, ses habitants, « joués » par le pouvoir en place.
En résulte un roman très ambitieux et rigoureux, abordant des thématiques sociales comme souvent avec Brunner.
Très bon !
(Et nul besoin de connaître les règles des échecs avant de s'y lancer, ouf!)

Un roman assez impressionnant de modernité et de lucidité, notamment grâce au prisme singulier de son héros, régulateur de trafic.
John Brunner y rappelle fort justement que le science de science-fiction peut et doit aussi s'intéresser aux sciences sociales pour raconter des choses pertinentes à propos de nos sociétés passées, présentes et à venir.
Pas dénué de défauts liés au temps passé, mais dans l'ensemble assez bluffant.
Lien : https://syndromequickson.com..