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EAN : 9782841148141
328 pages
Ramsay (19/09/2006)
4.1/5   25 notes
Résumé :

" A l'approche de son dernier soupir, les souvenirs s'accumulent à notre insu, la mémoire est perpétuellement envahie par l'imagination et la rêverie ", dit Luis Bunuel, comme en s'excusant. Voici un " livre semi-biographique où il m'arrivera de m'égarer comme dans un roman picaresque, de me laisser aller au charme irrésistible du récit qu'on n'attendait pas ". L'auteur du " Chien andalou ", de " L'Âge d'or ", ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Chef d'oeuvre atypique du genre, ce livre de Mémoires est , comme le dit son auteur: "semi-biographique où il m'arrivera de m'égarer comme dans un roman picaresque, de me laisser aller au charme irrésistible du récit qu'on n'attendait pas".
Certaines vies sont un roman, celle-ci est un film, qui se déroule devant le lecteur avec la force des images que reconnaîtront les admirateurs du Chien Andalou, de l'Age d'or, de l'Ange exterminateur, Cet obscur objet du désir, le charme discret de la bourgeoisie, Belle de jour, le fantôme de la liberté..liste de chefs-d'oeuvres, non exaustive!. On y trouve notamment de très beaux portraits de Dali, Garcia Lorca, mais aussi une description hallucinante de l'Espagne des rois catholiques et de Franco, voir notamment le court chapitre intitulé Souvenirs du Moyen Age, qui permet de comprendre des thèmes et obsessions récurrentes dans l'oeuvre du poète-cinéaste que fut Bunuel. L'écriture du livre a été confiée à un auteur, Jean-Claude Carrière, qui a su rester fidèle à l'originalité du ton et du personnage, car on oublie vite qu'il s'agit d'un livre écrit par un autre pour se laisser porter par la qualité évocatrice de ce portrait arraché à l'oubli, aux vérités et aux mensonges, aux lacunes, mais aussi fait d'affirmations, dans le fracas des Tambours de Calanda.
A lire, c'est bien d'un magnifique livre qu'il s'agit.
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Une belle anecdote :
[Buñuel raconte : dans les années 50 à Madrid, le metteur en scène] Nicholas Ray me dit :
- « Comment faites-vous Buñuel pour réaliser des films assez intéressants avec d'aussi petits budgets ?
Je lui dis que pour moi le problème ne se posait pas. C'était ça ou rien. Je pliais mon histoire à la somme d'argent dont je disposais. Au Mexique je n'avais jamais dépassé vingt-quatre jours de tournage [ ]. Mais je savais que la modestie de mes budgets était la condition de ma liberté. Et je lui dis :
- Vous qui êtes un metteur en scène célèbre (il traversait sa période de gloire), faites donc une expérience. Vous pouvez tout vous permettre. Essayez de gagner cette liberté. Vous venez de tourner par exemple un film pour cinq millions de dollars. Tournez maintenant un film pour quatre cent mille dollars, et vous verrez, pour vous-même, la différence.
Il s'écria :
- Mais vous n'y pensez pas ! Si je faisais ça, à Hollywood tout le monde penserait que je dégringole, que ça va très mal pour moi ! Je serais foutu ! Je ne tournerais plus jamais rien !
Il parlait très sérieusement. Conversation qui m'attrista. » p234

Hélas, les fragments comme celui-ci, me permettant un bref aperçu derrière les coulisses, sont particulièrement rares.
C'est pour cette raison que j'ai été déçue.

J'ai attendu un témoignage sur la genèse de ses films, le tournage, le travail avec le chef opérateur et avec les acteurs, sur sa vision du cinéma. J'ai trouvé uniquement des miettes.
En revanche j'ai appris des choses sur Buñuel et son époque ; mais voilà, mon intérêt pour l'homme Buñuel est tout à fait secondaire.
Certes, le créateur est empreint de modestie et il a traversé une époque formidable.
Mais pour découvrir des choses sur sa manière de travailler je dois chercher ailleurs.
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La comtesse Dubarry a dit et très bien dit l'essentiel mais mon challenge Monopoly m'amène à parler de ce livre.
Ces mémoires, lues il y a fort longtemps m'avaient laissé un souvenir ébloui. On suit Luis au Mexique, en Espagne et en France.
Pas une seconde d'ennui . Jamais là où on l'attend .
J'ai donc appris que Jean-Claude Carrière avait « scénarisé » la vie de Luis Bunuel .
Avec des personnages de ce calibre, on s'assoit, on lit et on savoure l'intelligence et l'ironie sans pédanterie . Ils étaient d'ailleurs particulièrement amusés par les interprétations diverses et variées de critiques cinématographiques cherchant à toute force à décrypter ses scènes de film les plus étranges .
Rappelez vous la scène de la réunion de notables où les gens sont assis sur des sièges de toilettes et vont au cabinet pour manger. Pas si absurde que ça au fond( si j'ose dire)
Pourquoi mettre au premier plan des relations sociales telle fonction organique plutôt que telle autre. Si , en plus on peut choquer le bourgeois, pourquoi se priver.
Mais, là, je fais mon critique cinématographique !
Même si vous n'êtes pas un fanatique de ses films , vous trouverez votre compte à suivre la vie de Luis Bunuel , un créateur( génie cinématographique, terme qui l'aurait ricaner je pense) hors normes du 20ème siècle.
Une seule autre autobiographie m'a autant fasciné : Les mémoires de Groucho Marx mais c'est une autre histoire .
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Ce sont les mémoires d'un homme attachant que l'on aimerait avoir rencontré: subversif mais horrifié par les cruauté des Républicains pendant la guerre civile, hédoniste mais dormant par terre et peu vêtu dans la froidure de l'hiver, souvent amoureux mais chaste, poète mais plongé dans la réalité sociale, sincère mais secret, et par dessus-tout un certain regard détaché sur la vie et les hommes lui qui confie: " J'ai adoré les Souvenir entomologiques de Fabre. Pour la passion de l'observation, pour l'amour sans limite de l'être vivant, ce livre me semble inégalable, infiniment supérieur à la Bible. Pendant longtemps j'ai dit que je n'emporterais que ce livre sur une île déserte; aujourd'hui j'ai changé d'avis: je n'emporterais aucun livre".
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
A l'époque de notre jeunesse, l'amour nous semblait un sentiment puissant, capable de transformer une vie. Le désir sexuel, inséparable pour lui, s'accompagnait d'un esprit d'approximation, de conquête et de participation qui devait nous élever au-dessus du simple matériel et nous rendre capables de grandes choses.

L'une des enquêtes surréalistes les plus célèbres ont commencé par cette question: «Si je l'aime, tout l'espoir, sinon l'amour, non » « ? Quel espoir, vous met dans l'amour » je l'ai dit, aimer nous a semblé indispensable à la vie, pour toute action, pour toute pensée, pour toute recherche.

Aujourd'hui, si je dois accepter ce qu'on me dit, il en va de l’amour comme de la foi en Dieu. Il a tendance à disparaître, du moins dans certains médias. Il est généralement considéré comme un phénomène historique, comme une illusion culturelle. Il est étudié, analysé ... et, si possible, il est guéri.
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Aujourd'hui, à Calanda, il n'y a plus de pauvres qui sentent les vendredis à côté du mur de l'église pour demander un morceau de pain. La ville est relativement prospère, les gens vivent bien. Le costume typique, la ceinture, le cachirulo à la tête et le pantalon étroit ont disparu depuis longtemps.

Les rues sont pavées et éclairées. Il y a de l'eau courante, des égouts, des cinémas et des bars. Comme dans le reste du monde, la télévision contribue efficacement à la dépersonnalisation du spectateur. Il y a des voitures, des motos, des réfrigérateurs, un bien-être matériel bien préparé, équilibré par cette société à nous, où le progrès scientifique et technologique a relégué dans un lointain territoire la morale et la sensibilité de l'homme. L'entropie - le chaos - a pris la forme de plus en plus effrayante de l'explosion démographique.
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Steinbeck ne serait rien sans les canons américains. Et je mets dans le même sac Dos Passos et Hemingway. S'ils étaient nés au Paraguay ou en Turquie, qui les lirait? C'est la puissance d'un pays qui décide des grands écrivains. Galdos romancier est souvent l'égal de Dostoïevsky. Mais qui le connaît en dehors de l'Espagne?
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De toutes les questions inutiles qui m’ont été posées sur mes films, une des plus fréquentes, des plus obsédantes, concerne la petite boîte qu’un client asiatique apporte avec lui dans le bordel. Il l’ouvre, montre aux filles ce qu’elle contient (nous ne le voyons pas). Les filles refusent avec des cris d’horreur sauf Séverine, plutôt intéressée. Je ne sais combien de fois on nous a demandé, des femmes surtout : « Qu’est-ce qu’il y a dans la petite boîte ? » Comme je n’en sais rien, la seule réponse possible est : « Ce que vous voudrez ».
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Puis, après 1934, je me suis installé à Madrid. Je n'ai jamais voyagé pour le plaisir. Cet amour pour le tourisme, si répandu pour moi autour, c'est inconnu pour moi. Je ne ressens aucune curiosité pour les pays que je ne connais pas et que je ne rencontrerai jamais. Au contraire, j'aime retourner aux endroits où j'ai vécu et à ceux qui lient mes souvenirs.
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Videos de Luis Buñuel (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Luis Buñuel
Sébastien Brebel L'Appartement - éditions P.O.L- où Sébastien Brebel tente de dire de quoi et comment est composé son livre "L'appartement", et où il est notamment question d'un appartement haussmannien et d'un frère et d'une soeur, du temps qui passe et d'une inondation, de personnages et de décor, de psychologie et de lieu, du "Miroir" d'Andreï Tarkovski et de "L'Ange exterminateur", de Luis Bunuel, du dehors et du dedans, de l'3inquiétante étrangeté3 et du fait qu'on est jamais chez soi, à l'occasion de la parution de "L'Appartement" aux éditions P.O.L à Paris le 24 octobre 2023
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