Fuir le bonheur

J'ai reçu ce livre des Editions Slatkine sans l'avoir sollicité et c'est une très bonne surprise pour laquelle je leur dis un grand merci. Après un livre très sombre, ce voyage en compagnie d'Elise m'a fait le plus grand bien.

Elise est invitée au mariage de sa soeur Myrianna. Leurs relations ne sont pas bonnes, Elise est l'ainée, elle est professeur de lycée et plutôt introvertie, alors que sa cadette est extravertie et dominatrice. Elle veut toujours imposer ses volontés à Elise, mais comme elle l'a choisie comme témoin, elle est bien obligée de se rendre au mariage et en plus de rédiger un discours. Dès son adolescence, Myrianna a décidé de se marier chez leur tante Clo, au fin fond de la campagne française à des centaines de kilomètres de Paris. Et elle se tient à son choix le jour venu, ce qui oblige Elise à traverser la France. Elle n'a aucune envie d'arriver et traîne en route, s'arrête dans un café, prend un auto-stoppeur en chemin. Ce voyage est surtout l'occasion de raconter sa famille, son passé et un secret que sa soeur ignore. A son arrivée, elle raconte les histoires de ses amis ou de la marraine de sa soeur.

Il y a assez peu d'action, c'est un roman d'ambiance. Et j'ai justement beaucoup aimé cette atmosphère douce amère, cette relation à la fois tendre et très conflictuelle entre les deux soeurs. Myrianna la dominatrice semble tout réussir haut la main et illuminer la famille de sa présence solaire, pourtant les écueils se dresseront aussi sur sa route. Elise est lucide et ne se laisse pas tromper par les apparences, elle voit sa famille comme elle est et non comme elle paraît, j'ai beaucoup apprécié ce personnage. On rencontre d'autres protagonistes, les amis de la famille ou des rencontres imaginaires. Certaines histoires sont plus touchantes que d'autres.

Il n'y a pas vraiment de thèmes dominants dans ce livre, on voyage juste dans les pensées et la vie d'Elise, comme si on partageait un moment à bâtons rompus avec une copine. En ce moment de semi-confinement si pesant, j'ai trouvé ce moment vraiment agréable, j'avais l'impression de connaître Elise et Myrianna, de les avoir croisées à maintes reprises dans ma vie. J'ai aussi aimé la part de mystère que garde certains personnages, comme Susanne, la grand-mère qui a perdu son fiancé au début de la dernière guerre et dont on ne sait pas vraiment si elle est devenue héroïne de la Résistance ou maîtresse d'un beau soldat allemand tondue à la Libération. S'il y a finalement un thème dominant dans ce livre, c'est celui de la complexité des relations familiales et amicales et l'aspect trompeur des apparences.

Merci pour ce beau roman que je recommande chaleureusement, il sort de mes habitudes et j'ai beaucoup aimé ce voyage.

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Fuir le bonheur, Francine Burlaud aux éditions Slatkine &Cie.
Elise va au mariage de sa soeur, Maryala. Bien obligée, elle est le témoin de la mariée. bien obligée de "faire un effort" même si cela la fait suer, et encore je suis polie!.
le chemin est long parce que le mariage a lieu au fin fond du cul du monde. mais Maryana voulait cela et rien d'autre et quand Maryala décide cela se fait. Tout est fin prêt ou le sera, les invités sont arrivés , ne manque plus que le marié et son témoin. Une histoire de mariage? Pourquoi pas en ce moment se faire une douce folie et voir du monde.
Que nenni ... Elise nous parle de ses ex, des rencontres sur le chemin, écoute les informations et rêve éveillée, nous entraîne dans un patchwork de récits divers et variés , certains burlesques d'autres touchants. A chacun son lot de ragots c'est la vie et le regard des autres tue.
Une lecture en demi-teinte bien loin de mon attente.la plume alerte de l'auteure n'a pas suffi à me convaincre et Je referme ce roman avec l'étrange sensation de n'avoir rien compris au film , dommage.
Il me reste à remercier les éditions Slatkine & Cie pour ce partage

Rentrée littéraire 2020

Parmi les livres de la rentrée, j'ai choisi celui-ci car il disait parler de l'individu fondu dans le groupe, en l'occurrence, au cours d'un mariage. Je pensais que le récit aurait une certaine profondeur et révolutionnerait toutes les apparences. C'est en partie cela qui s'est passé, mais je suis un peu restée au bord. La narratrice est Elise qui se rend au mariage de sa soeur Myriana avec Victor, son ex toujours amoureux d'elle.

Dans les premières pages le roman part dans tous les sens. Cet assemblage de récits ressemblent à une rêverie. La vision très piquante de la narratrice, donne un côté assez varié à tout ça : humour, romantisme, ou encore drames. L'esprit qui plane sur le roman est fantaisiste, moderne, léger.

Il y avait un petit encart cartonné volant en forme de menu de cérémonie, pour aider le lecteur à se repérer parmi les personnages. Pourquoi pas, après tout.

Élise, la narratrice, est en route pour assister au mariage de sa soeur, Myriana. Si seulement, elle pouvait se perdre. Elle n'a pas envie d'y aller, tous les prétextes sont bons pour arriver le plus tard possible. Ce qui ne peut qu'énerver Myriana, elle qui a tout prévu, tout minuté et qui a décidé, à l'âge de quinze ans, du lieu de réception. Alors que sa soeur « rêve sa vie, elle la décide. » La pression monte pour Élise, qui n'a même pas préparé de discours, alors qu'elle est témoin.


Pendant le trajet, ses pensées vagabondent. Elle nous présente les invités et des personnes qui ont croisé sa vie, à travers des évènements de leur histoire. En passant de l'un à l'autre, elle entretient un mystère au sujet de certains d'entre eux. Ce sont des bouts de vie, des faits qui révèlent l'essence de ceux qu'elle évoque, à travers leurs choix. Certains passages sont tendres, d'autres sont tragiques. Il y a aussi de la nostalgie ou des hasards qui font sourire, parce qu'ils sont à l'origine de belles histoires. Élise décrit ces tranches de vie avec beaucoup de dérision : elle semble, parfois, un peu sarcastique, cependant, sa manière de raconter m'a bouleversée. Les mots sont brodés autour de ce qui n'est pas dit clairement et qui est le coeur du sujet. C'est ainsi qu'elle dépeint le destin dramatique de Thomas, celui de Anne et de celui de Bogart : le vide est plus fort que les mots précis. En passant de l'un à l'autre, Élise alterne entre les pensées amusantes, dans lesquelles on peut reconnaître un membre de notre famille, à celles plus douloureuses. Puis, il y a Victor, le futur marié, qui n'a pas tout dit…


Fuir le bonheur peut surprendre par sa narration, qui peut sembler décousue, cependant un fil invisible relie les différents personnages : cette notion de choix qui a déterminé leur existence. Pour moi, ce roman est un petit bijou qui m'a amusée et émue.


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« Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve pas » Francis Picabia. « Fuir le bonheur » est de loin le plus bel espace pour affronter ses doutes. Ce roman bleu nuit, très beau est mené d'une main de maître. D'une main guidée par tous les fondements mêmes de la vie. Des questionnements, des turbulences amoureuses. Ce pas trop vite franchi, ce pas incertain, ce pas révélateur, ce pas fragile. « Fuir le bonheur » est à contrario lumineux. le plein de midi dans cette écriture époustouflante, traîne de mariée. Dans cette teneur aérienne, quasi solaire, risquée car délicate, frappant les drames de plein fouet. On aime les protagonistes. Élise la narratrice, « l'ex » du futur marié, mais bien plus que cela encore, Élise analyse la cartographie des êtres qui l'entourent, et ceux de son vaste horizon. le silence aura sans doute raison du mariage ou pas… Myriana, l'amoureuse, la petite soeur. Celle qui pense vivre un jour de gloire. Mais rien ne va se passer comme prévu. La chute n'est pas là où le lecteur l'attend. Je ne dirai rien. Ce livre est aussi le kaléidoscope de chacun prônant une place certifiée dans « Fuir le bonheur ». Francine Burlaud est douée. Croyez-moi ce récit est majeur. Il est de cet intuitif, battements d'ailes de colibri, parfois tragique. « Fuir le bonheur » est un huis-clos familial et amical. L'auteure bouscule les codes, brise les non-dits. Chacun (e) est dévoilé (e) au grand jour. Elise arrime les douleurs existentialistes. Elle contre les vents et les turbulences dans cette dignité quasi hors-norme. Ce récit est un drame familial, authentique, superbe, révélateur, et contemporain. « Fuir le bonheur » est le livre de l'année 2020, celui qui fera écho à tous. Palpitant, prenant, fort comme un café serré, il est aussi de ce charme alloué au roman cahier du jour. Puissante l'histoire est la notre tant elle captive son auditoire. « Fuir le bonheur » est un bouquet de mariée lâché en plein vol. A noter une première de couverture sublime, un arrêt sur image. Publié par les Éditions Slatkine & Cie.