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EAN : 9782869301894
215 pages
Payot et Rivages (01/10/1988)
4.06/5   9 notes
Résumé :

James Read Cole brigue un second mandat de Gouverneur de l'Ohio. Cole se dit libéral, mais il est le candidat des conservateurs.

Son adversaire, le radical bec d'aigle" Fielding, spécule sur la crise économique et le mécontentement des paysans. Pour gagner, Cole doit agiter la menace de troubles sociaux, voire de guerre civile.

Ne va-t-il pas, du même coup, provoquer lui-même la tempête ?
Est-il de la race des prés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Paru en 1936, King Cole reste d'une actualité brûlante. Cette chronique découpée en 5 jours d'une campagne électorale dans l'Ohio durant la grande dépression et au moment de la montée du nazisme en Europe, pourrait très bien être celle de n'importe quelle autre campagne idéologiquement déviante et verbalement outrancière en vigueur de nos jours.

 
Deux candidats s'affrontent pour rafler le poste de Gouverneur. D'une part, James Read Cole, en place, brigue un second mandat. Il est présenté comme un républicain libéral, n'a pas commis dans l'exercice de son premier mandat de graves erreurs, ni obtenu d'éclatants succès. Politicien habile, opportuniste, il connait toutes les réponses qui ne répondent à rien. Il est entouré de conseillers, d'amis, de sympathisants empressés, qui parlent haut et avec familiarité pour marquer leur hypocrite connivence.


Face à lui, Asa Fielding, vieux briscard démocrate surnommé Bec d'aigle. Présenté comme un radical, fauteur de troubles, organisateur de grèves, pourfendeur de la loi et de l'ordre, destructeur des classes sociales, défenseur de syndicalistes emprisonnés. Dans l'Ohio, les chômeurs sont légions, la misère est galopante, des gens meurent de faim, et beaucoup parmi ces déclassés voient en lui un sauveur qui entend leurs voix désespérées, qui apportera des changements dans leur condition et leur rendra leur dignité.


L'écart entre les deux candidats s'amenuise, les républicains sont dans la mouise. La tension monte, soigneusement entretenue par l'Examiner et l'Independant, influents, qui attendent le nom du gagnant pour se rallier avec finasserie à lui. le vote des fermiers, fort nombreux dans l'Ohio est incertain. Traditionnellement républicains, ils ne font plus, en raison de leurs difficultés, confiance à l'administration en place et attendent eux aussi des changements. le vainqueur des élections sera forcément celui qui obtiendra leurs bulletins décisifs. C'est le début d'un magouilles-blues à l'air bien connu. Read Cole, rompu aux techniques les plus basses de la politique applique une intemporelle et infaillible méthode : effrayer l'électorat. Assisté par son directeur de campagne et quelques miliciens sûrs, il braille dans une vaste salle un discours aux accents mussoliniens et hitlériens, provoquant sciemment la violence d'un paisible auditoire, pour que ses nervis entrent en action. Il n'a plus qu'à brandir la menace de l'état d'urgence, de la loi martiale, de la troupe pour rétablir l'ordre. le gagnant des urnes laisse dans le sillage de sa campagne morts et blessés.


Dans la lignée des grands romans noirs, King Cole  bouleverse par sa force, son réalisme, sa lucidité, son modernisme, mais aussi par son écriture nette et sans bavure, dans laquelle aucun mot n'est à ajouter ou à jeter. Aux urnes citoyens !
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Le candidat sortant mène campagne dans le but de se faire réélire.
Face aux arguments socialisants de son adversaire, il brandit la menace terroriste pour effrayer l'électorat et le rallier à sa cause, nourrie de promesses d'ordre et de sécurité...

États-Unis, élections présidentielles de 2000 ? de 2004 ?
France, élections présidentielles de 2007 ?

Nooooonn... État de l'Ohio, début des années 30, l'enjeu étant le mandat de gouverneur actuellement détenu par James Read Cole. le compte à rebours des jours menant à l'élection voit l'affrontement entre les deux candidats se parer d'une tension grandissante, au point de frôler l'explosion, Cole évoquant un risque de guerre civile provoqué par les discours "radicaux" de son outsider, Fielding Asa.

"King Cole" est donc une sorte de thriller politique qui n'a rien à envier, en matière de suspense, aux meilleurs polars. Figure centrale de l'intrigue, James Read Cole est un personnage atypique aux yeux des hommes fortunés qui financent sa campagne, pontes issus de grandes familles du cru, qui font la pluie et le beau temps sur l'économie locale. Car Cole, lui, vient d'un milieu plutôt modeste. Il ne doit sa réussite qu'à lui-même, et ne s'est jamais senti très à l'aise parmi ses mécènes. Ces derniers lui reprochent d'être trop raisonnable, trop lisse, ce qui pourrait le desservir face à l'adversaire à la fois éloquent et sanguin qu'est Fielding.
Mais James a un plan...

William R. Burnett nous immerge au coeur même de la course au pouvoir, dont il sait rendre toute l'ampleur du cynisme. Ce n'est pas le bien-être de ses concitoyens qui motive son héros, seules comptent sa réélection et les stratégies qu'il peut utiliser pour y parvenir, même si cela implique d'étouffer les scrupules qui parviendraient presque, parfois, à faire vaciller sa belle assurance.

En une succession de dialogues percutants, utilisant une écriture efficace, voire sèche, l'auteur nous tient en haleine jusqu'au bout, même si l'issue du combat est prévisible..

Et une fois n'est pas coutume, je reprends ici une affirmation de la quatrième de couverture à laquelle je souscrit totalement : "Plus que jamais d'actualité" !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Il avait remarqué que ces temps derniers il pensait beaucoup aux femmes. Pas à une femme. Aux femmes en toute simplicité. Ça le préoccupait. « J’ai 43 ans, se disait-il. Je ne suis pas exactement un jeune homme. J’approche de ce que l’on appelle l’âge critique. Si je n’y prends pas garde, je vais me retrouver dans des histoires. Ce qui sera très désagréable. Si je suis réélu, je deviendrai une importante personnalité. Je compterai à l’échelle de la Nation. Je pourrai même prétendre un jour à la présidence, comme certains de mes prédécesseurs, Gouverneurs de l’Ohio. Mieux vaudrait que je fusse marié. Épouser Eileen. Pourquoi pas ? (Il eut un rire moqueur pour lui-même). Si je suis réélu. Bien évidemment ».
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Read se demandait fréquemment quelle serait la réaction de Miss Wilson si, brusquement, il l’attirait à lui et l’embrassait. Se soumettrait-elle, par sens du devoir sacré – bien que des plus ennuyeux – ou bien adresserait-elle aussitôt un rapport aux services compétents. Il penchait pour la deuxième hypothèse.
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Était-ce si important le simple fait de revoir cette fille aux cheveux bouclés ? Qui n’était pas plus âgée que sa fille, plus jeune peut-être. Il ignorait même son nom ! Il se hâtait, assez désinvolte à l’endroit de sa conscience. « Quel fou tu fais ! Du moins pourrais-tu attendre le lendemain des élections ».
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Durant les émeutes, et ultérieurement, durant la grande grève, ces mêmes journalistes l’avaient approché presque tous les jours, mais aucun n’avait le sentiment de le connaître. Ils avaient la pratique de l’homme politique régional ordinaire, des charlatans issus de la campagne, des parvenus de la grande cité, qui, pour la plupart faisaient passer avant tout leurs intérêts personnels, se remplissaient les poches, assouvissaient leurs rancunes. Les journalistes considéraient ceux-là sans hostilité ni sympathie mais avec une nuance de mépris.
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Il prétendait être un grand écrivain méconnu. Et lorsqu’il avait bu, ce qui lui arrivait souvent, il barbait tout le monde avec sa culture littéraire et se baptisait lui-même le Balzac en herbe du Midwest. De taille élevée, gracieusement surmontée d’un sombre visage plutôt beau, il avait à la fois l’air jeune et turbulent. Il avait servi en Europe dans le même peloton que le Gouverneur. Célibataire faisant preuve – selon les critères moraux du Midwest – d’une moralité douteuse.
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