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EAN : 9782743647988
264 pages
Payot et Rivages (08/05/2019)
4.16/5   29 notes
Résumé :
Ce chef-d'oeuvre de Dorothy B. Hughes raconte l'histoire d'un homme qui a tourné le dos à la violence et va être rattrapé par elle. Il a donné lieu au film Le Violent  de Nicholas Ray. Ce livre est réédité dans une nouvelle traduction qui rend justice au texte original. 
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Voici 2 bonnes raisons pour lire ce livre : il s'agit du meilleur roman de Dorothy B(elle) Hughes et dans le film qui en a été tiré, "Le violent" par Nicholas Ray en 1950 on peut admirer Humphrey Bogart dans un de ses meilleurs rôles, selon des critiques professionnels.

Quelques années après la dernière guerre mondiale, 2 potes qui se sont connus comme pilotes d'avion de chasse en Angleterre se rencontrent par hasard à Los Angeles. L'un, Brub Nikolai, est devenu inspecteur de police et s'est marié avec la distinguée Sylvia dont il est fort amoureux. L'autre, Dix Steele, un loup solitaire, est en train de pondre péniblement un roman. C'est ce dernier que Bogart incarne à l'écran.

Au moment de leur rencontre, à L.A. le corps de la jeune Mildred Atkinson, une sténodactylo sans histoires de 26 ans, est découvert. Il s'agit de la 6ème victime d'un étrangleur en série.
Un égorgeur comme Jack l'Éventreur de Londres en 1888 qui avait fait 5 victimes, connues, l'Étrangleur de Boston, Albert Desalvo (1931-1973), qui suivra dans les années 1960 avec 13 victimes, et une décennie encore plus tard le "clown tueur" John Wayne Gacy de l'Illinois exécuté par injection, le 10 mai 1994, pour avoir commis 33 meurtres.

L'originalité de ce roman réside dans le fait que le gros du récit est situé dans la tête du tueur ou plutôt dans son esprit tourmenté. Donc pas de folles poursuites, d'actions spectaculaires, ou d'échanges de coups de feu. Non, un voyage sobre à l'intérieur d'un personnage angoissé, troublé et ...dangereux.

Une approche qui nécessite évidemment une super solide dose ďe psychologie de la part de l'auteur, ainsi que de solides dons de conteur pour rendre ce trip mental captivant.

Dorothy Belle Hughes, née Flanagan à Kansas City en 1904 et décédé 88 ans plus tard en Oregon le 6 mai 1993, a tenu ce double pari haut la main.

Dans une postface de 10 pages, l'écrivaine Megan Abbott, auteure d'entre autres "Adieu Gloria" et "Avant que tout se brise", présente une fine analyse de la place qu'occupe Dorothy B. Hughes dans l'histoire de la littérature policière américaine, mais personnellement je trouve que la grande valeur de "In a Lonely Place" (le titre original) de 1947 est qu'il s'agit d'un roman intemporel.

Un classique dans son genre que les futures générations apprécieront sûrement autant que nous autres aujourd'hui.

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Même si l'on n'est pas forcément un adepte de mouvements sociaux comme #MeeToo, il importe tout de même de se questionner sur la représentativité des femmes, ceci notamment dans le domaine de la littérature noire pour débuter cette année 2020 en évoquant l'oeuvre de Dorothy B. Hugues, romancière méconnue dans nos contrée francophones, qui fut une contemporaine d'auteurs tels que Hammett, Chandler et Goodis. A une époque où le pulp était une affaire exclusivement d'hommes et où l'on célèbrait les détectives privés désabusés, Dorothy B. Hugues se distingue avec des récits centrés sur des individus tourmentés dont la destinée vire au tragique comme c'est le cas avec Un Homme Dans La Brume qui fait l'objet d'une nouvelle traduction nous permettant de découvrir ce qui apparaît comme l'un des premiers thriller psychologique en nous confrontant aux réflexions d'un tueur psychopathe sévissant dans les rues de Los Angeles, alors que la seconde guerre mondiale est à peine achevée.

Ancien pilote de chasse démobilisé au terme de la seconde guerre mondiale, Dix Steele est un homme solitaire qui arpente les rues de Los Angeles. En quête d'inspiration pour l'élaboration d'un roman policier, l'homme apparaît comme désoeuvré en profitant de l'appartement de Berverly Hills que son ami Mel lui a prêté avant d'entamer un long séjour au Brésil. Au cours de ses pérégrinations nocturnes, Dix se rend à Santa Monica pour retrouver son ancien camarade de combat Brub Nicolai qui a intégré le LAPD en tant qu'inspecteur à la brigade criminelle et qui semble avoir trouvé le bonheur en épousant Sylvia. Mais avec un prédateur rôdant dans les rues de la ville en étranglant des jeunes femmes, Dix perçoit l'inquiétude qui ronge le couple. Les victimes se succèdent sans que l'on ne parvienne à identifier le tueur. Des victimes que Dix a croisées sur son chemin.

Porté à l'écran en 1950 par Nicholas Ray, avec Humphrey Bogart en vedette, le Violent est une adaptation du roman de Dorothy B. Hugues qui s'intéresse davantage sur l'envers du décor des studios hollywoodiens avec un scénariste en proie à des accès de violence incontrôlable. le récit de la romancière s'articule sur un tout autre registre en se focalisant sur la confrontation des genres à une période où l'homme, après des années de conflit, doit retrouver sa place au sein d'une société où les femmes se sont émancipées en occupant des emplois habituellement destinés à la gent masculine. Personnage central de l'intrigue, Dix Steele incarne ce ressentiment larvé à l'égard des femmes qui vire à la folie furieuse au gré de réflexions et de préjugés misogynes. Alors qu'il côtoie Sylvia, l'épouse de son ami Brub Nicolai ou sa voisine Laurel qu'il veut séduire à tout prix, on perçoit cette colère et cette frustration vis à vis de femmes émancipées qui n'entrent clairement pas dans l'idée qu'il se fait d'une caste féminine qu'il juge forcément à un niveau inférieur. Il faut dire que Dix Steele apparaît comme un individu égocentrique et antipathique qui devient franchement inquiétant tandis que l'on retrouve des jeunes femmes étranglées dans les rues de Los Angeles. Mais tout en suggestion, notamment pour tout ce qui a trait aux meurtres, Dorothy B. Hugues prend soin d'entretenir le doute avec cet individu ambivalent dont on perçoit les fêlures et même le désarroi à mesure que les soupçons convergent vers lui. C'est une espèce de voile qui se déchire lentement pour distinguer la véritable personnalité d'un homme solitaire qui a perdu tous ses repères sans vouloir réellement l'admettre en se complaisant dans le costume d'un personnage idéal qu'il a façonné de toute pièce.

Ainsi, dans cette inquiétante comédie de moeurs hollywoodienne, le lecteur découvre donc un individu qui entretien les apparences derrière une façade de faux-semblant au delà de laquelle on distingue les affres de la solitude et de la rancoeur dans une ville de Los Angeles rutilante qui prend la forme d'un labyrinthe dantesque et étouffant où proies et bourreaux se rencontrent dans la lumière des néons des dîners et autres clubs selects pour disparaître dans cette brume qui emporte tout.

Bénéficiant d'une nouvelle traduction de Simon Baril, on ne peut que saluer l'initiative des éditions Rivages qui ont su mettre au goût du jour Un Homme Dans la Brume, un roman à la fois saisissant et subtil qui n'a pas pris une ride et qui résonne même curieusement dans l'actualité évoquant la parité entre hommes et femmes.


Dorothy B. Hugues : Un Homme Dans La Brume (In A Lonely Place, 1947). Rivages/Noir 2019. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Simon Baril.

A lire en écoutant : Ruby My Dear de Thelonius Monk. Album : Thelonius Monk with John Coltrane. 2016 Concord Music Group, Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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La Seconde Guerre mondiale s'est achevée et, peu à peu, les vétérans sont rentrés au pays. Parmi eux Dickson « Dix » Steele, ancien pilote de chasse. Installé seul dans la maison d'un ami à Beverly Hills, il se prétend aujourd'hui écrivain. En réalité, il écume les rues de la ville et, régulièrement, étrangle de jeunes femmes. Un soir de solitude, il découvre que son ancien compagnon d'armes, Brub, vit près de chez lui. Il le contacte, le retrouve dans sa maison près de la plage. Brub est marié à une femme charmante. Surtout, Brub, depuis sa démobilisation, est devenu inspecteur de police. Il travaille sur l'affaire de l'étrangleur.
Initialement paru en 1947, Un homme dans la brume est un des premiers thrillers psychologiques modernes. Si le récit est à la troisième personne, Dorothy B. Hughes choisit d'enfermer le lecteur dans la tête du tueur. C'est à travers le regard et les pensées intimes de Dix que se dévoile l'histoire. le voyage n'est pas forcément confortable mais il est indéniablement passionnant. Dorothy B. Hugues gratte petit à petit le vernis de civilité d'un Dix qui révèle progressivement sa monstrueuse nature ou, plutôt, qui la laisse le dominer car, de fait, il y trouve un certain confort. L'arrivée dans sa vie d'une jeune femme dont il tombe amoureux ne fait que ralentir momentanément cette mue. Car dès lors, Dix doit encore plus mentir et dissimuler qui il est vraiment. Autant dire que pour un homme doté d'un tel ego, l'exercice est une torture. On voit donc avec une certaine fascination, le vernis se craqueler et tomber. Avec bien entendu des questions lancinantes : quand son entourage va-t-il s'en apercevoir ? Et que feront-ils ? Ou même, auront-ils le temps de faire quoi que ce soit ?
On ne peut qu'être admiratif de la manière dont Dorothy B. Hughes dresse avec finesse et précision ce portrait de tueur en série sans jamais se laisser aller à un sensationnalisme morbide facile. Ce faisant elle instaure une tension croissante qui devient oppressante sur la fin du récit.
Et puis, derrière tout cela, on divague dans ce Los Angeles des années 1940, sa bonne société très attachée aux apparences… Aussi, Dorothy B. Hughes pose dès le début, à travers une citation de John Millington Synge (« Lorsqu'on est aussi seul, il faut bien parler à quelqu'un, se lancer à la recherche de quelqu'un, une fois la nuit tombée. ») une thématique complémentaire qui est celle de la solitude et de la manière dont peut n'être qu'un ombre dans la grande mégapole californienne. C'est le drame de Dix Steele en même temps que son atout pour se dissimuler dans les ombres et la brume mais aussi, lorsqu'il le faut, en pleine lumière.
Autant dire qu'avec cette nouvelle traduction effectuée par Simon Baril, les éditions Rivages nous offre un écrin de valeur pour découvrir ou redécouvrir ce petit chef-d'oeuvre du genre.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Dix est un héros de la seconde guerre mondiale ; pilote dans l'armée de l'air, il a remporté de nombreux combats aériens. Après sa démobilisation – basé à Los Angeles dans un appartement prêté par une connaissance – il lui reste encore une bataille à mener, la plus difficile et dangereuse : il s'agit du combat intérieur contre lui-même, contre ses pulsions meurtrières.


Dorothy B. Hughes invite le lecteur à partager les tourments de Dix, en prise directe dans son cerveau détraqué. Page après page, la façade de celui qui donne le change, pratique avec talent la courtoisie sociale, se fissure et sans aucune scène explicite – tout le talent de l'auteure s'exprimant dans la suggestion et l'ambivalence -, l'on comprend qu'il est le tueur de femmes qui sévit à L.A. Son instabilité apparaît peu à peu, un seul mot comme « sécurité » le met en colère ; son amour pour sa voisine est possessif ; sa jalousie explosive. Un hasard permet à Dix de rencontrer un ancien copain de l'armée devenu policier, exacerbant son goût pour le jeu, sûr de lui, persuadé qu'il est capable de prendre des risques sans commettre d'erreurs. Il titille son ami, cherchant à lui extorquer des informations sur l'enquête, mais la police patine, les rares témoignages évoquant un homme jeune, plutôt grand à l'air normal. Les seules certitudes sont qu'il n'a qu'une seule tête et ne porte pas de crocs. Et puis, les policiers cherchent un fou, incapables d'imaginer qu'un homme puisse tuer pour une autre raison que la folie.


Ces errances renforcent la confiance de Dix, son intelligence supérieure, son sentiment d'impunité. Il ne travaille pas, vit aux crochets d'un vieil oncle lassé par sa feignantise. Il hante les clubs, les bars, persuadé que pour obtenir de l'argent – sésame pour avoir des filles – il suffit de côtoyer ceux qui en ont. Dix est un homme seul qui en veut aux femmes, toujours à se mêler de ce qui ne les regarde pas, à imposer leurs envies aux autres, à s'exprimer sur des lieux communs, à proférer des mots à double sens ; elles sont des tricheuses, menteuses, putains. Même les pieuses sont prêtes à mentir et à se prostituer. Aucune ne vaut la peine qu'on se rende malade pour elle. Dix est un homme misogyne dont la masculinité est assiégée, croit-il, comme le rappelle fort justement Megan Abbott dans une postface passionnante.


Un homme dans la brume, paru pour la 1ère fois en 1947 est un roman fascinant, d'une intemporalité sidérante, baignant dans une atmosphère progressivement de plus en plus asphyxiante. Rarement, un cerveau tourmenté a été décrit avec une telle justesse chirurgicale. Dorothy B. Hughes écrit avec un scalpel, ses phrases sont nettes, ses mots précis, ses coupes franches. Un roman fondateur de la littérature noire qui ravira tous les amateurs du genre. Et les autres...
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A la lecture de cet ouvrage, il est difficile de s'imaginer qu'il a été écrit en 1947 tant son style est moderne et actuel. Hughes nous narre l'histoire d'un ex-pilote de guerre manipulateur, paranoïaque, instable, dangereux !
Le fait que nous passions la plus grande partie du livre dans la tête du tueur lui donne cet aspect terriblement actuel et abondamment utilisé aujourd'hui (L'empathie pour n'en citer qu'un). C'est en lisant la postface que j'ai appris que Dorothy B. Hughes est considérée comme la mère de ce type de romans et d'écriture où nous partageons les pensées, les dérives et les délires du tueur. On n'est donc pas étonné d'apprendre qu'elle a largement inspiré des auteurs tels que Patricia Highsmith, Jim Thompson ou encore Brett Easton Ellis pour son célèbre American Psycho
Je recommande sans réserve !
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
D’une certaine façon, il trouvait amusant que Brub Nicolai puisse le joindre à sa guise. Oui, c’était amusant et plus excitant que tout ce qui lui était arrivé ces derniers temps. Le chasseur et la proie bras dessus, bras dessous. La chasse rendue plus savoureuse encore par le danger. En haut de l’Incline, il replongea son regard vers les maisons, le sable et la mer. Mais, désormais, ils étaient tous hors d’atteinte, perdus dans la brume.
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Elle avait un visage plus élégant que joli, un visage avec des traits accusés, des pommettes hautes et un nez bien droit. Ses yeux étaient beaux, bleu océan avec de longues paupières évoquant des ailes, et ses lèvres décrivaient une courbe harmonieuse. Pourtant, elle n’était pas belle ; dans une pièce remplie de jolies femmes, dans un bar ou une boîte de nuit, ce n’était pas elle qu’on regarderait. On ne la remarquerait pas ; elle serait trop discrète ; elle avait de la classe, le genre de classe des femmes qui ne tiennent pas à ce qu’on les remarque.
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Il vit à nouveau son visage lorsqu’elle passa sous la lumière jaune du réverbère, il vit qu’elle n’aimait pas les ténèbres, le brouillard, l’isolement de cet endroit. Elle s’engagea sur la California Incline, la passerelle qui menait vers la plage ; il l’entendait claquer fort ses talons contre le ciment déformé du trottoir, comme si ce bruit la rassurait.
Il ne la suivit pas immédiatement. En réalité, il n’avait pas eu l’intention de la suivre. Ce fut sans le vouloir qu’il se retrouva à descendre la route sinueuse.
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Nous sommes une génération qui se pique d’être désinvolte, Dix, nous ne voulons pas que les gens sachent que nous saignons si on nous blesse. Mais l’autodéfense est l’un des derniers instincts primaires qui nous restent. Et, malgré tout ce qu’on a pu en dire, c’était bien de ça qu’il s’agissait. De légitime défense.
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Ses mains étaient pressées, mais il referma la porte avant de déplier le journal. Il n'y avait rien d'inhabituel en première page. Grandeur et décadence de la civilisation, conflits internationaux et nationaux, guerres et grèves, propagande politique.
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In a Lonely Place (1950)
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