Libération (6 juillet 2010)
Au gymnase Gérard-Philipe, voici donc "
Un nid pour quoi faire", récit loufoque de l'exil d'un roi et de sa cour dans un chalet de montagne. Ou comment maintenir l'étiquette et l'illusion du pouvoir, alors qu'évidemment, tout fout le camp . Clin d'oeil à Ubu roi, le roman de Cadiot suit un fil embrouillé mais cohérent, où l'hyperréalisme et l'absurde se côtoient, et où, de digressions en coq-à-l'âne, tout finit toujours par faire sens, quitte à ériger le quiproquo en modèle de logique.
Au chalet où débarque un nouveau «conseiller en image», chacun vaque à ses petites occupations, tiraillé entre sa fonction (chambellan, médecin, grand écuyer, princesse royale…), ses pulsions (notamment sexuelles) et ses aspirations, peu conformes à cette vie d'enfermement. le ton est moins celui de la farce que d'une folie douce, sautant de l'un à l'autre comme le saphir d'un vieux tourne-disque.
Lagarde explique bien ce qu'il a voulu faire : «Croiser énormément de genres, dit-il dans le programme, le burlesque, le boulevard, la cérémonie d'apparat, la scène de ménage, le rituel de cour, l'orgie, le film de montagne,
Providence à la Resnais, etc.» Encore aurait-il fallu les coudre.