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EAN : 9782908138634
47 pages
Centre Régional de Documentation Pédagogique (CRDP) Montpellier (01/01/1997)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Jouez jouez harpes d’Éole
Mon cœur est fort comme un bison

Immortel ! et c’est moi qui vous fais cette aumône
De chanter en métrique !

Car - vous aviez encore la morve
Au nez
Gueules de mi-carême
Petits esclaves - fœtus torves
Que déjà je volais vers des immensités

Et vous plantais - vivants - au milieu du
Poème !

Halte-là !
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La poésie. La poésie et Louis Calaferte. Ni décors, ni dentelles, ni jolies façons, non, la poésie est ici toute crue. Avec son désordre, ses brûlures, ses beautés, sa colère, sa douceur.
Zéro. Point, seuil, niveau ?
«  Je parle ! Alors-debout ! ».
Voici donc l'impératif du verbe aimer. Oui, aimer. Que dit il d'autre  ? même lorsqu' il colère, tempête, contre cette fâcheuse face d'humains.
La passion selon Calaferte c'est : ne rien concéder, ne rien lâcher.
Il appelle au réveil, il secoue l'armature du verbe, à coup de gueule, à coup de désespoir parfois.
«  dites-vous bien que le génie est une teigne, je vous en parle d'autant mieux que j'en suis un . Je vous en parle du fond de ma solitude, bonnes gens, d'autant plus libre que j'en suis un. »
Seul et certain.
Ni dieu, ni fric. Ici, on ne vend pas monsieur, ici, on vit, on écrit. On forge.
« Je mets l'arbre dans le poème et tout à coup c'est le printemps ».
On écrit. Il écrit. Il écrit qu'il connaît «  des millions qui vont mourir de faim. »
Et il en souffre. Et nous en mourrons.
Non, il n'aime pas trop le bourgeois. C'est un fait. Faut dire, faut bien dire que Louis Calaferte a du apprendre très tôt qu'une vie ce n'est pas toujours le printemps.
Non il n'aime pas celui qui conserve, qui maintient, qui oppresse, qui comprime le plus faible de tout son gras.
« Frileux dans leurs petits gilets / Amenuisés dans leurs pantoufles/ Avec leur gosses qui sont laids/ leurs conjugales qui s'essoufflent/Et leurs bouts d'âmes en guenilles /Et plus c'est bête et plus ça copule et fourmille ».
Le portrait dans le vif du sujet.
Au clou couronne, médaille, et pension à la veuve.
Bim. Prends ça.
Alors , tout cela me direz vous, tout cela pour faire naître quoi ?
Oh..juste ...un peu de beauté, de fragilité, d'évanescence, tout cela, pour nous montrer autre chose que le noir de nos fumées , et nous murmurer tout bas à l'oreille :
«  Sortez de la hutte en béton/Venez voir le soleil candi/ il fait beau ! » ,
«  Venez voir ! C'est gratuit ! La coccinelle vient de naître ».
Oui, tout cela pour nous montrer ce qui n'a pas de prix. L'émerveille.
Alors chez Louis Calaferte il y a la colère, l'indignation, mais il y a également ses gestes d'enfant, cette bouleversante candeur, de celle qu'on voit dans les yeux brûlants de certains gamins. Louis Calaferte revendique, défend la Poésie. La sève poétique coule dans son encre . Décapitez un fleur, coupez un chèvrefeuille, et tous les coups vous tuez un homme.
Zéro est un recueil très « remuant » qui met en lumière une colère, celle d'un poète qui ne veut pas nous laisser basculer dans les abîmes. Alors, oui, il gueule, il insulte, il secoue, mais à l'entendre nous secouer tellement fort on aime penser qu'il a du nous aimer véritablement , très sincèrement.

Astrid Shriqui Garain

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je parle !
Alors - debout !

Lâchez votre os et votre vieux journal du soir
Les nouvelles sont périmées
Depuis le temps que l’on imprime
Il ne s’est rien passé que votre mort vivante
Votre trépas à petit feu
Au petit pied et à la petite semaine
Crabes crabes dans vos marais
Modernes à dix-huit étages
Mais ça on ne l’imprime pas
Et vous n’y serez plus pour lire la rubrique
Des macchabées du jour
Quand votre nom y fleurira

Lâchez votre os votre écuellée
Vous avez passé l’âge
Fantômes survivants
Un coup d’œil s.v.p. du côté du miroir
A quoi ressemblez-vous vieux grimes
Timides-sans-amours tâtillonneux-sans-haines
Crabes crabes dans vos marais
Modernes des craintifs et ternes désespoirs

Je parle !
Alors - debout !

Race cadavérique
Je connais un certain séjour
Où nul autre que moi n’ira

Or donc - je n’ai rien à vous dire

Dormez !
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Un mot - encore
Pour ceux qui ne m’ont pas compris



Je n’ai pas parlé des tulipes
Ni des grands arbres ni des plaines
Sous le vent - ni le soir de fumer une pipe
Quand il a fait beau tout le jour - l’âme sereine



Je n’ai pas parlé des eaux claires
Ni du nénuphar des étangs
Dans l’ombre d’un après-midi que juin éclaire
De ces rouges moissons de coquelicots sang



Je n’ai pas parlé des montagnes
Ni des lourdes forêts de pins
Ni des soirs à troupeaux qu’un enfant accompagne
Avec des angélus de village sans fin



J’en parlerai une autre fois…
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C’est bête et ça copule
Enormément - ça fait d’innombrables familles

Grosses taupes et petits rats
A lunettes et à barbiches
Qui trottez et rampez à ras
De terre en vos univers chiches

C’est bête et ça copule
Depuis l’aube des temps de famille en famille

Frileux dans leurs petits gilets
Amenuisés dans leurs pantoufles
Avec leurs gosses qui sont laids
Leurs conjugales qui s’essoufflent

Et leurs bouts d’âmes en guenilles

Et plus c’est bête et plus ça copule et fourmille
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Videos de Louis Calaferte (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louis Calaferte
Virginie Despentes accompagnée par le groupe Zëro : Éric Aldea (guitare), Ivan Chiossone (claviers), Frank Laurino (batterie) Son : Wilo
Depuis Baise-moi en 1994, Virginie Despentes s'est imposée comme une écrivaine majeure avec notamment Les Jolies Choses (prix Flore 1998), Teen Spirit, Apocalypse bébé (prix Renaudot 2010) ou encore son essai King Kong Théorie. C'est qu'il y a chez elle une énergie d'écriture salutaire et sans concession, mais aussi une intelligence rare. L'acuité de son regard sur le monde contemporain (tantôt hilarant, tantôt glaçant de vérité), on la retrouve dans la « série » Vernon Subutex, fresque incroyable en trois tomes. Personne n'échappe à Virginie Despentes et, en même temps, elle sait très bien qu'il est jouissif de canarder à tous crins. Elle s'efforce donc de prendre à bras-le-corps, et d'aimer aussi, cette galerie de personnages ultramodernes qu'elle met en scène.
Ce soir elle vient accompagnée du groupe de rock Zëro pour payer une dette littéraire : celle qu'elle doit au mythique Requiem des innocents de Louis Calaferte.
À lire – Virginie Despentes, Vernon Subutex 3, Grasset, 2020. À écouter – Zëro, « Requiem des Innocents » (avec Virginie Despentes), 2LP Ici d'Ailleurs, 2020.
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