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3,99

sur 623 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu en version originale et en traduction française.

Quel don que celui d'Italo Calvino, je ne m'en lasse pas ; il vous met devant des situations totalement irréalistes, et à partir de là en imagine, de manière logique, les conséquences.

Il nous présente l'empereur Charlemagne passant ses paladins en revue, s'arrêtant devant un chevalier à l'armure toute blanche et à la mise impeccable, l'entend se présenter : « Agilulfe Edme Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra, chevalier de Sélimpie Citérieure et de Fez », lui demande pourquoi il ne montre pas son visage, et l'entend répondre : « C'est que je n'existe pas, Sire. ».

Quelle entrée en matière !

S'en suit une succession d'épisodes captivants où l'auteur fait intervenir des personnages tout aussi particuliers….

Nous voilà plongés dans les guerres, leurs ravages, l'ordre et la discipline militaire, l'esprit de vengeance, un coup de foudre, la passion amoureuse, la mort, un couvent, et j'en passe …

Ce n'est pas Candide, ce n'est pas Zarathoustra, mais cela s'en rapproche, c'est de la même veine, mais en plus extravagant, une sorte de conte philosophique que j'ai dégusté avec plaisir !

Un dernier point : j'adore ce qui est dit sur l'écriture :
« Chaque page ne vaut que lorsqu'on la tourne et que derrière, il y a la vie qui bouge, qui pousse et qui mêle inextricablement toutes les pages du livre. La plume vole, emportée par ce plaisir même qui nous fait courir les routes. »
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Imaginez Charlemagne, l'Empereur des Francs à la barbe fleurie, en train de passer ses troupes en revue au début du 9ème siècle. Nous sommes à Paris, les troupes sont rassemblées dans un ordre impeccable et chaque chevalier à la tête de ses troupes, soulève son heaume, annonce son nom et cite les gloires de sa famille ainsi que ses hauts faits d'armes.

Tous s'exécutent, recevant en général un petit mot bienveillant de Carles, tous sauf un.
Celui-là refuse de montrer son visage et décline ses nom et titres : Agilulfe Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra, chevalier de Sélimpie Citérieure et de Fez ! Ouf ! Son identité est mieux nourrie que sa personne car... sous l'armure immaculée, rien ! Ni corps ni visage.
Placide, Charlemagne enregistre cette bizarrerie et poursuit le passage en revue de ses troupes.

Ainsi commence cette étrange aventure, qui mêle roman de chevalerie, roman courtois, roman picaresque, épopée, quête du Graal, histoire d'amour saugrenue et fantastique.
Les personnages y sont truculents, inquiétants, toujours surprenants. Un jeune chevalier à l'initiation laborieuse, Raimbaut, rencontre un étrange garçon soi-disant fils des chevaliers du Graal (tous, ensemble!), se place sous l'autorité du Chevalier-sans-figure Agilulfe, s'éprend d'un chevalier mystérieux qui s'avérera être une paladine du nom de Bradamante, sulfureuse et pleine de promesses.

Mais d'où peuvent bien sortir tous ces personnages loufoques ? En fait, ils vivent sous la plume effrénée d'une religieuse, soeur Théodora, qui n'a pas fini de nous surprendre.
Déjanté, plein d'humour et de vie, ce roman est un vrai plaisir de lecture ! A charge pour le lecteur de réfléchir aux non-dit du livre, en fait une critique de certains travers de notre propre société.
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C'est un conte burlesque, je ne vois pas d'autre manière de le qualifier, que ce Chevalier inexistant d'Italo Calvino. le conte (son thème, son but), on en suit le fil au début, du moins le croit-on.

L'homme parfait, celui qui montre tant de bravoure en toute chose, qui n'échoue jamais et réussit tout à la perfection, mais aussi applique toutes les règles, tous les principes, tous les préceptes, même les plus absurdes, n'existe pas. du reste, quand il se manifeste sous la forme du chevalier inexistant, il agace ses comparses, qui l'évitent et l'ignorent. Et, au fond, le détestent. Car ce parangon de vertus n'a aucune empathie pour son prochain. Se tenant sur le droit fil de l'exact vérité des circonstances et des faits, dénué d'humour et de souplesse, il est d'une froideur mortelle, incapable de sentir ni l'amour ni l'amitié d'autrui. En un mot, il ne vit pas.

Il a son exact opposé. Son écuyer Gourdoulou vit tout et adhère à tout ce qui l'entoure. Etre fantasque et sympathique, il est tant attiré par la vie qu'il s'y vautre sans retenue et s'y perd. Si le chevalier sait qu'il n'existe pas, Gourdoulou ne sait pas qu'il existe. L'un a une conscience trop aigüe de lui-même, qui ne le rend pas heureux, l'autre en manque dramatiquement, et ne peut profiter de son bonheur d'être.

On aurait pu s'arrêter là. Mais Calvino complexifie son petit théâtre. Il y a aussi l'apprenti chevalier Raimbaud qui admire celui qui n'existe pas, rêverait d'être comme lui, et va de déception en déception en tentant de gagner son amitié. Et puis, pour boucler la boucle, il y a encore Bradamante, femme guerrière, amoureuse de celui qui n'existe pas. Amoureuse d'une image, donc, et non d'un homme, perdue dans sa croyance que cet homme idéal, fantasmé et rêvé, existe bel et bien en la personne du chevalier inexistant.

Je vous passe Thorrismond et Sofronie, qui surgissent au milieu du récit pour le relancer (il en avait un peu besoin…) et qui, de fil en aiguille, dénouent un imbroglio dans un twist final digne d'une pièce de boulevard. La toute fin amène notre Bradamante, en un nouveau twist, à comprendre que l'homme idéal n'existe pas (de fait, le chevalier inexistant, etc, mais je crois que vous avez compris…) et de se tourner enfin vers le jeune Raimbaud, qui est un homme véritable avec toutes ses imperfections, mais qui fera bien l'affaire.

J'ai lu cette trilogie d'Italo Calvino (le vicomte pourfendu, le baron perché, le chevalier inexistant) au début des années 80, à une époque où on portait aux nues ces courts récits. J'avoue avoir été un peu déçu. Je me suis ennuyé. le texte a vieilli. Il n'a pas la force que je croyais y voir dans ma jeunesse, ou bien j'ai perdu la capacité de percevoir cette force. Allez savoir.
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Un très charmant conte philosophique mais très loufoque.
le titre est explicite: Calvino va bien mettre en scène un chevalier Agilulfe (un nom à coucher dehors et encore je vous laisse découvrir la suite du patronyme) qui n'existe pas, entourés de personnages non moins étonnants et une intrigue qui laisse rêveur.
Bref Agilulfe est un beau chevalier à l'armure blanche, au panache arc en ciel ( peut-être un précurseur des LGBT ? ) porteur d'un écu avec blason à motifs récursifs ( qu'on appelle effet Droste ou « vache qui rit » chez nous) qui laisse supposer une certaine profondeur de l'individu bien que.. l'armure soit vide et animée
Parfait chevalier et pointilleux sur les faits et donc un peu casse-pied ce qui lui vaudra une mise à l'épreuve. le  « vaillant chevalier qui n'est pas manchot » comme dirait P.Perret va arpenter notre douce France (et l' Océan à la manière de Nemo) à la recherche d'une dame

Gourdoulou (aux mille noms, gouilloussouf pour les sarrasins) pittoresque écuyer qui « existe sans se douter » dixit Charlemagne contrairement à Agilulfe son maître qui « doute sans exister » dixit le même. Pittoresque car doué de mimétisme (on pense aux geckos mais là non on est plutôt dans le canard ou le poirier): un sujet idéal. Okayyyyyyyy

Bradamante guerrière à la lance redoutable et amante forte et passionnée qui ne peut que chercher l'amour qui n'existe pas.

Deux jeunots en apprentissage de la vie , recherche de parentèle, d'amour, de vengeance, de Graal qui vont se trouver à la croisée des chemins et entraînés de fait dans le sillage d'Agilulfe

Soeur Théodora barde cloîtrée qui doit conter par pénitence la bataille qui se déroule sous ses yeux et une histoire qui lui échappe un peu. Pleine d'interrogations devant sa page blanche mais pourtant écrivaine féconde en imagination elle nous glisse ses méditations et pensées subtiles


Sans vouloir trop en dire car le roman est court (trop même) il m'a fallut quand même présenter ces personnages hors du commun car ils le méritent et Calvino aussi
Ils m'ont fait penser à Don Quichotte avec Pancha abracadabrantesque personnage le plus ancien, parfois aussi à Godefroy Amaury de Malefète, comte de Montmirail, d'Apremont et de Papincourt, dit « le Hardi » , capitaine de Louis VI le Gros (là je n'ai pas lésiné sur le patronyme) des « visiteurs » avec Jacquouille, dit « la Fripouille », au chevalier noir des Monty Python Une brochette de personnage improbables hauts en couleur et disons-le très sympathiques et inoubliables
Une jolie satire des contes anciens de surtout de la vie des hommes et femmes pris dans le tourbillon de la vie, pleine de sensibilité et très juste.

Voilà une bien belle fiction au sens premier du terme c'est à dire une oeuvre d'imagination : la vraie

Pouah ! Ça puire bon !
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On aime Calvino pour sa liberté, son inventivité, ses histoires à dormir debout qui nous tiennent éveillés, la précision de sa langue et parce qu'il nous entraîne là où personne ne nous entraîne.
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Acheté lors des vacances à Rome (je ne pouvais décemment pas repartir d'Italie sans ce classique), fini depuis quelques jours déjà, je n'avais pas encore pris le temps de rédiger mon avis sur le chevalier inexistant d'Italo Calvino.
C'est ma toute première rencontre avec l'auteur. C'est l'un des plus chouettes aspects du challenge solidaire, on fait plein de nouvelles découvertes, on trouve des pépites que l'on n'aurait jamais lues sans ce challenge.

Le chevalier inexistant nous plonge dans un Moyen-Age fantastique. Italo Calvino reprend le genre du roman de chevalerie pour mieux faire passer son message sur l'être et le paraître.

Agiluf est un chevalier plein de noblesse, de belles valeurs, il incarne LE chevalier. Mais ce n'est pas seulement pour ses grandes qualités qu'Agiluf se fait remarquer par Charlemagne quand celui-ci passe en revue ses troupes. Non, c'est pour une raison bien étrange. Agiluf est là mais ne l'est pas. Rien dans son armure. Il parle, il enchaîne les exploits et pourtant il n'a pas de corps. Existe-t-on sans corps ? Il semblerait que oui.
Agiluf se verra accompagné par un écuyer en tous points son opposé. Gourdoulou est bien là lui, il a bien un corps mais est totalement dénué de conscience (la scène avec les canards est juste hilarante). Faut-il savoir que l'on est pour être ?
Dans ce roman aux allures de conte philosophique on rencontre également Raimbault venu venger la mort de son père et Bradamante, une jeune guerrière pleine de fierté et d'orgueil.
Raimbault tombe follement amoureux de Bradamente qui, elle, ne voit que par Agiluf.
Tous vont nous embarquer dans une aventure des plus rocambolesques.

Ce fut une lecture étrange et merveilleuse.
Italo Calvino m'a totalement envoyée au Moyen-Age, j'ai retrouvé tout le bonheur que j'ai pu éprouver en lisant Chrétien de Troyes mais avec de l'humour, de la malice et une pointe de philosophie en plus.
La plume est totalement accessible contrairement à certains classiques et je lirai un autre titre de l'auteur avec grand plaisir.
Lien : https://demoisellesdechatill..
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Sous l'aspect d'un roman de chevalerie, il s'agit d'un conte philosophique plutôt déroutant qui veut nous amener à réfléchir sur l'être et le paraître, le vrai et le faux.

Le chevalier Agilulf est un des meilleurs éléments de l'armée de Charlemagne, il a une magnifique armure blanche étincelante, mais il a la particularité de ne pas avoir de corps, son armure est vide. Il compense son inexistence physique par un esprit très pinailleur que ses collègues n'apprécient pas, surtout quand il remet en question les aspects légendaires de leurs exploits. Même l'empereur est agacé par son caractère et lui confie de nombreuses petites tâches très ennuyeuses pour le décourager, mais Agilulf a un sens du devoir à toute épreuve et s'en acquitte parfaitement.

On lui donne comme écuyer Gourdoulou, un homme qui existe mais ne le sait pas, s'identifiant à tout ce qui l'entoure, ce qui donne une scène très amusante quand il croit être un canard. L'écuyer est très connu tant des chrétiens que des sarrazins, au contraire d'Agilulf. le jeune Raimbaud rejoint l'armée impériale dans le but de venger son père, puis se retrouve sans but une fois son projet accompli par le plus grand des hasard. Il tombe rapidement amoureux de Bradamante l'intrépide guerrière déguisée en chevalier, qui elle n'aime que l'insaisissable Agilulf. Mais un jour un chevalier anglais remet en cause le premier exploit d'Agilulf, celui qui lui a donné son titre de noblesse. Tous deux s'embarquent pour des aventures rocambolesques. afin de prouver leurs affirmations.

Ce roman peut être lu à différents niveaux, du simple roman d'aventures à la fable philosophique. Les apparences ne sont pas toujours ce qu'on croit. le texte est agréable à lire, il y a beaucoup d'humour et passablement d'absurde. Tous les personnages sont pris dans la dialectique de l'être et du paraître chacun à leur manière. Un classique de la littérature italienne que j'ai eu grand plaisir à redécouvrir.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Agilulfe Bertrandinet des Guildivernes est un preux paladin de l'empereur Charlemagne, très à cheval sur la discipline, sur les règles et la bonne tenue des armées en campagne, rien ne lui échappe. L'homme est un brin pédant et pontifiant malgré sa courtoisie et la dévotion exquise qu'il porte pour le sexe faible. Une particularité et non des moindres est que ce chevalier est inexistant en ce sens qu'il est privé de corporéité, sous l'armure étincelante, personne. Très conscient de ses prérogatives, il est un jour mis en difficulté lors d'un banquet à propos d'une question de la plus haute importance et qui pourrait mettre en cause tous ses titres; ni une ni deux Agilulfe enfourche son destrier et s' en va par monts et par vaux accompagné de Gourdoulou, son idiot d'ecuyer, défendre son honneur en péril.

Derrière cette histoire sympathique et haute en couleur Italo Calvino, dans ce troisième volet de la série nos ancêtres, aborde des sujets inhérent à la condition humaine, comme la mort et la vie, l'identité et l'altérité, l'amour et l'écriture. Distrayant et subtil.

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Oyez, oyez bonnes gens, soeur Théodora va vous conter la geste du bon et vaillant Agilulf Edme Bertrandinet des Guildivernes et des Autres de Carpentras et Syra, chevalier de Sélimpie Citérieure et de Fez, accompagné de son brave écuyer Gourdoulou, à moins que ce ne soit Homobon, ou peut-être Martinol, enfin cela dépend de l'endroit où l'on se trouve !
Quoi qu'il en soit, ces deux là étaient faits pour se rencontrer. Songez donc, il est logique qu'un être dépourvu de forme soit accompagné d'une forme dépouillée d'être. Vous me suivez, n'est-ce pas ?
Et bien entendu, ils vont vivre de guerrières aventures sans queue ni tête, à l'époque de Charlemagne l'empereur à la barbe fleurie, qui était totalement imberbe au demeurant !
Pourfendre le maure, traquer l'infidèle, délivrer la belle opprimée, voilà les nobles tâches que devra, entre autres, accomplir le preux chevalier !

Ah que voici une aimable farce, un joli conte, ou encore une bonne et belle fable dont nous réjouit le coeur le sieur Italo Calvino et ce, avec une verve truculente doublée d'une imagination délirante, dans un Moyen-Age de pacotille.
Mais comme dans toute fable qui se respecte il y a beaucoup plus que les fantaisies dont nous régale l'auteur, le lecteur pourra y trouver matière à réflexion sur le sens de la vie, la portée de nos décisions, la responsabilité de nos actes, la conquête de notre indépendance, les dérives sectaires ....
A lire en souriant et méditer !
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Charlemagne fait le tour de ses troupes quand il s'aperçoit que l'un deux est, un chevalier revêtu d'une impeccable armure blanche, est inexistant ! Bien que l'armure soit vide bien, elle est bien animée de vie et douée de parole. En outre, Agifulfe Edme Betrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra va se distinguer de ses partenaires par son extrême rigueur, sa précision de haute volée et son sens du dévouement sans failles. La noblesse de la chevalerie en prend grandement pour son grade dans ce roman irrésistible de drôlerie où à la paillardise des troupes viles, paresseuses et dégénérées s'oppose l'obsession des règles et de la droiture pour cette armure sans corps mais pas sans esprit. La loufoquerie est reine tout au long de ce récit court et rythmé dont chaque personnage possède une logique interne qui ne cesse de nous surprendre. En filigrane se dessine l'absurdité de la guerre et de ses règles, ainsi qu'une réflexion salutaire sur l'existence et ce qui la compose.
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