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3,99

sur 621 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Agilulfe Edme Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra est, sans conteste, un soldat modèle ; mais tous le trouvent antipathique". Voici ce que consigne Soeur Théodora dans son manuscrit. Et lorsque Charlemagne passe ses troupes en revue, c'est avec stupeur qu'il découvre que l'armure est vide. Pourtant, ce preux chevalier semble bien exister puisqu'il combat, donne des ordres et veille à la discipline...
La nonne va ainsi mettre en scène des personnages fantasques, comme Gourdoulou, qui s'identifie à tout ce qu'il rencontre. Une scène est particulièrement cocasse : cet homme voit des canards. Il se jette alors à l'eau tout en poussant de tonitruants "coin coin" ! Bien entendu, il deviendra l'écuyer d'Agilulfe, formant ainsi son opposé.

Italo Calvino nous plonge, à travers la plume de Soeur Théodora, dans le monde médiéval. Cependant, s'il parodie avec brio les genres de l'époque, il n'en reste pas moins que sa réflexion va plus loin. Ainsi, il s'interroge sur l'identité à travers l'étroite imbrication de la fantaisie et du réalisme.
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Un chevalier extraordinaire est le héros de ce court roman (ou conte). Un chevalier discipliné, courageux, charismatique, galant; parfait, mais qui n'existe pas! Son armure est vide! de la chevalerie partout dans ce roman; des guerres, de l'amour galant, des couvents, des chevauchés, de la vengeance, de l'honneur, tout cela raconté avec l'humour tout en finesse d'Italo Calvino.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de roman à la Chrétien de Troyes, avec cette atmosphère chevaleresque. Et j'avais lu ce roman sans avoir aucune information à son compte (j'imaginais autre chose) et j'ai été surpris. En plus c'était le roman avec lequel je voulais découvrir le fameux Italo Calvino.

La qualité de ce livre est qu'il nous présente ce monde d'une manière moderne, sans archaïsme; c'est comme s'il traduisait en langue actuel un écrit très ancien de langue française moyenâgeuse, en allégeant le récit de tout ce qui peut ennuyer le lecteur moderne ou le rebuter. J'avais en tout cas cette impression.

Tout en lisant le livre plein de bonne humeur, j'avais en tête ce sourire singulier qu'on retrouve presque dans toute les photographies de Calvino!

Il y a plusieurs niveaux de lecture pour ce roman:
- il peut être lu comme un simple roman moderne de chevalerie, avec une intrigue pleine de rebondissements captivants. (une parodie de chanson de geste)
- comme un conte philosophique (à la Voltaire), car n'oubliant pas que Calvino est considéré comme un philosophe entre autre. Calvino discute l'idée de la perfection de l'homme; faut-il être parfait pour exister dans la société? Non est peut-être la réponse. L'homme parfait n'admet pas l'erreur, or l'erreur est humaine, sinon il est plongé dans la robotisation et se trouve enfin de compte seul, inexistant parmi des gens folâtres, amoureux, fautifs, fous.
- comme une satire de la guerre (qui ne finit jamais), de la discipline exagérée, de la bureaucratie qui rend l'homme moderne comme un singe envoyé dans l'espace pour cliquer machinalement sur des boutons!

Tyler Durden te dit chevalier inexistant: Arrête d'être parfait, arrête de tout contrôler!!
Le sort final de notre chevalier m'a vraiment attristé (je l'avoue, j'avais la gorge serrée). Un contraste avec l'humour de ce récit!
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Ah cette trilogie que constituent "Nos ancêtres" d'Italo Calvino, j'adore. Nos Ancêtres certes mais potentiellement des personnages très actuels.
Bon évidemment le côté "nonsense" existe toujours chez Calvino. Cette fois-ci on a carrément un "chevalier inexistant" ! L'armure est là mais vide ! Et pourtant ce chevalier parle, combat, séduit les femmes.... Cet homme est rigoureux (à la limite de l'excès), honnête, combatif... un homme parfait en un mot ! Et donc inexistant !
Je peux comprendre que le côté totalement décalé peut rebuter. Moi j'adore !
Un dernier mot pour vous encourager à cette lecture : c'est très court, très bien écrit (langage recherché). Aussi appréciable qu'un bon chocolat !

Ah ! la description des religieux chevaliers du Graal toujours en extase, près de Dieu sauf qd il s'agit d'aller massacrer les malheureux villageois voisins !....
Ou celle de la moniale qui n'a rien vu de sa vie à part... suivi d'une longue liste de méfaits et violences en tout genre qui finit par faire rire tant elle est longue (surtout pour une moniale).
Un régal !

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Dans la glorieuse troupe qui accompagne Charlemagne en campagne, il y a un chevalier tout à fait singulier. Agilulfe Edme Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carprentas et Syra, chevalier de Sélimpie Citérieure et de Fez est un chevalier inexistant : dans son armure blanche, il n'y a rien, si ce n'est une voix, un esprit et une morale. « Alors, dans l'armée de Charlemagne, on peut être chevalier, couvert de titres et de gloire, et de plus guerrier valeureux, officier irréprochable, sans avoir d'exister ! » (p. 29) le chevalier est l'incarnation des meilleures valeurs de la chevalerie, mais décidément, il agace tout le monde avec sa rectitude et sa droiture, Charlemagne le premier. Quand un autre chevalier met en doute la légitimité d'Agilulfe, ce dernier part séance tenante trouver la preuve de sa noblesse. Qu'ils prennent garde, les autres chevaliers, Agilulfe va leur montrer ce que c'est d'être un vrai chevalier. « La chevalerie est une belle chose, c'est entendu ; mais tous ces chevaliers sont une bande de grands nigauds, habitués à accomplir de hauts faits d'armes sans chercher la petite bête, comme ça se trouve. Dans la mesure du possible, ils tâchent de s'en tenir à ces règles sacro-saintes qu'ils ont fait serment d'observer : elles sont bien codifiées, elles leur ôtent le souci de réfléchir. » (p. 92 & 93)

Il ne faut pas oublier Raimbaud de Roussillon, jeune chevalier déterminé à venger son père en tuant l'émir Izoard. Évoquons aussi Bradamante, amazone en armure qui n'a d'yeux que pour Agilulfe et qui est dévorée par ceux de Raimbaud. N'oublions pas Gourdoulou, écuyer aux compétences douteuses, à l'esprit benêt, mais à l'identité multiple et internationalement reconnue. Enfin, qui est la narratrice, cette nonne recluse dont la pénitence est de chanter les aventures d'Agilulfe ? « Il n'est pas dit qu'en écrivant, on assure le salut de son âme. On écrit, on écrit, et déjà notre âme est perdue. » (p. 106)

Peut-on exister sans être ? C'est cette question farfelue et hautement philosophique que pose Italo Calvino. La douce et exubérante absurdité de cette histoire n'empêche nullement le texte de prendre les dimensions d'une chanson de geste. Il était grand temps de dépoussiérer les armures et de raconter autrement les hauts faits des chevaliers !
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Ce n'est qu'après avoir fermé le livre que j'ai réalisé que c'était le troisième d'une trilogie intitulée nos ancêtres. Mais ce n'est pas très grave, je ne crois pas que l'ordre de lecture de ces trois romans ait une grande importance, d'autant que les deux autres se passent au XVIIIème siècle et celui-ci au Moyen-Âge. Ici Italo Calvino revisite les récits médiévaux. D'abord, le narrateur s'avère être une narratrice, une nonne livrière, mais la fin du roman révèle au lecteur une nouvelle surprise quant au rôle et à l'identité de celle-ci. le héros de l'histoire, le chevalier inexistant, c'est Agilulfe, qui possède une armure, une voix et des pensées mais pas de corps. Charlemagne lui donne comme écuyer Gourdoulou, sorte de contrepoids puisque lui s'identifie à tout ce qu'il rencontre. Ce point de départ permet de nombreuses scènes pleines d'humour, des situations burlesques, cocasses, voire ubuesques comme le récit d'une torride nuit d'amour entre le chevalier inexistant et une princesse genre Barbe-bleue. Plus sérieusement on peut, au-delà de la parodie des chansons de geste et d'un vigoureux dépoussiérage de l'histoire, y voir une remise en cause de notre perception acquise de l'histoire avec une satire de l'administration et de l'esprit de chevalerie. C'est aussi un joli conte anti-guerre car il montre bien que les guerres de Charlemagne sont aussi sanglantes que les autres guerres. C'est encore un roman sur la quête d'identité, à travers Agilulfe et Gourdoulou bien sûr, mais aussi avec le chevalier Torrismond à la recherche de ses parents. Et puis il y a aussi Bradamante à la recherche du chevalier idéal qui n'existe que dans son imaginaire. Sous couvert d'un roman surréaliste léger et absurde l'auteur a réussi un conte philosophique qui pose quelques questions existentielles. Un délice, à lire et à relire !
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Après avoir beaucoup apprécié le vicomte pourfendu et le baron perché, je me suis plongée avec délectation dans la découverte du chevalier inexistant. J'achève ainsi la lecture de la trilogie d'Italo Calvino intitulée Nos ancêtres. (Je précise que ces trois contes philosophiques sont totalement indépendants les uns des autres.)

Le chevalier inexistant emmène le lecteur à l'époque médiévale. La scène d'ouverture se déroule à Paris, Charlemagne passe en revue les paladins de son armée. Parmi ceux-ci, se distingue une armure d'un blanc immaculé, de laquelle s'élève une voix particulière. Cela sonne creux ... L'armure est, en effet, vide. Agilulfe n'a pas de corps : il n'a pas la faculté de pouvoir dormir, ni celle de manger (en résulte d'ailleurs une scène de banquet et une nuit d'amour qui m'ont fait sourire). le chevalier respecte le règlement à la lettre, il est d'ailleurs fort peu apprécié des autres pour cela. Agilulfe est en quelque sorte l'homme parfait, mais... il n'existe pas.

D'autres personnages font leur entrée au fil de ce récit excentrique dont on apprend qu'il est écrit par une religieuse nommée Soeur Théodora : l'écuyer Gourdoulou est un pauvre hère qui se prend tantôt pour un canard, tantôt pour un être inanimé telle une marmite ou même un mort ; Raimbaut de Roussillon, fils du marquis Gérard, est venu pour venger la mort de son père, mais tombe amoureux ; le chevalier pervenche est l'habile mais désordonnée Bradamante, qui évolue dans ce milieu masculin ; Torrismond remet en question la virginité d'une dame et se met à la recherche des Chevaliers du Graal.

Dans ce récit loufoque, les protagonistes sont à la recherche de quelque chose. Certains nous rappellent que nous préférons souvent le rêve à la réalité. J'ai retrouvé l'originalité de l'auteur, une écriture pleine d'ironie et plaisante. L'imaginaire dépeint par Italo Calvino dans ce conte philosophique emmène le lecteur dans des péripéties médiévales attrayantes, nous fait voyager et découvrir des personnages plus farfelus les uns que les autres. Outre le plaisir de l'intrigue, ce livre interroge sur des messages plus profonds : la recherche de l'idéal et de l'amour, l'embrigadement, la démocratie, et propose une réflexion sur les guerres qui font s'affronter les hommes. Impossible de ne pas trouver un lien avec l'actualité dans ce conte chevaleresque.
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« C'è o non c'è ? » Je crois que c'est ce que demande Charlemagne à propos du chevalier Agilulf lorsqu'il passe en revue ses troupes. Comme beaucoup de romans italiens, j'ai lu celui-ci il y a quelques décennies, en VO. Cette question, « Il existe, oui ou non ? », est toute la problématique du roman. Sur fond de guerre médiévale, On suit les tribulations du chevalier avec son écuyer, qui guerroient aux côtés de l'empereur. Roman parabole sur la guerre, sur l'Homme, sur l'angoisse existentielle.
Dans un style complètement burlesque, ce roman picaresque se lit d'une traite, comme un jet de lance au cours d'un tournoi, dans un grand éclat de rire. Ne pas oublier que Calvino était membre de l'Oulipo, et jouait énormément avec les mots. On retrouve donc dans ce roman toute cette distance avec la langue. Calvino est un génie !
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Quelle Histoire mais quel bonheur ! Lire Italo Calvino, c'est redécouvrir la joie de lire comme lorsqu'on était enfant. On plonge dans ce livre comme dans un coffre à jouets. Et on s'amuse vraiment !
Surprenant, ébouriffant, haletant, étonnant, désopilant, insolent, et très très inventif .
Il y a un très bon génie là dedans !

« Il cavaliere inesistente ! », le chevalier inexistant !
Comme disait mon ancêtre : «  c'est pas la boite qui fait la sardine ! ».

De la guerre à la légende, il en faut des mensonges ! Pour la déclarer, pour la faire, pour se la raconter.
«  Il n'y a pas de défense, pas d'offense...Rien n'a de sens ».
A croire qu'on la fait pour s'amuser !
« Ces baudruches gonflées de vin de Bordeaux, de rodomontades, de projets mis au passé sans jamais avoir été présent, et de légendes qui, à force de se voir attribués à tel ou tel, finissent toujours par trouver le personnage qui fait l'affaire. »...

Entre celui qui existe sans sans douter, et celui qui s'en doute sans exister, et bien, mon colon, il y a une sacrée route !

Ça se bat, ça s'embroche, ça se cavalcade, ça se culbute, ça ingurgite, ça chute, ça galope, on ne sait plus qui on vient d'aimer, qui on ira demain estourbir, vers où maintenant courir, dans quel bateau sauter, dans quelle gamelle laper, de quel bourbier se tirer !

Paladins, chevaliers du déclin, délirants du Graal, et adjudants de la mangeaille, écuyer bouffeur de fange ! Quelle Histoire !

Et dire que tout cela a germé en sous pente dans l'esprit très chaste d'une jolie nonne...

Allons en selle, lecteur existant ! Ne sois point pénitent, deviens... conquérant !

Un livre pour un royaume ! Voilà ce qui s'appelle savoir bien mener son âme !

«  Chaque page ne vaut que lorsqu'on la tourne et que derrière il y a la vie qui bouge, qui pousse et qui mêle inextricablement toutes les pages du livre. La plume vole, emportée par ce plaisir même qui nous fait courir les routes. »

Astrid Shriqui Garain
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LE CHEVALIER INEXISTANT d'ITALO CALVINO
Un livre aux aspects surréalistes évidents qui pose des questions existentielles sous couvert d'une absurdité jubilatoire. Réflexions sur la guerre et revisite du monde médiéval . Se lit facilement avec un grand plaisir. Fait parti d'une trilogie.
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Voici un récit parodique très agréable à lire.
Il y est question de « l'existence » du personnage de fiction. le lecteur est amené à s'interroger sur l'acte d'écriture, et sur le rapport entre l'écrivain et ses personnages.
Voici deux passages particulièrement savoureux: le récit de la bataille, et celui de la nuit d'amour.

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