C'est d'abord la couverture du roman qui m'a accroché l'oeil : l'homme invisible en costume chic avec chapeau haut de forme. le nom de l'auteur ne me disait rien jusqu'à ce que je réalise qu'il s'agissait de la fille d'une de mes photographes favorites
Diane Arbus (cf la photo des jumelles, image qu'on retrouve dans "Shining" de Kubrick et l'enfant à la grenade (factice certes, mais saisissante entre autres photos). C'est le premier texte de
Doon Arbus peut être que d'autres suivront, en tout cas, j'ai beaucoup apprécié celui-ci.
C'est l'histoire d'un homme, un dilettante, doué pour tout, mais qui ne s'engage dans rien, jusqu'à la mort d'un homme, Charles A. Morgan, dont il est le plus grand admirateur et son entretien pour devenir
le gardien du musée/maison dudit grand homme. le voici donc, devenu
le gardien (un peu semblable en cela au caretaker (gardien, celui qui prend soin) de "Shining" (encore) qu'incarne Jack Nicholson, écrivain incapable d'écrire qui s'enfonce dans la folie d'un hôtel enseveli sous la neige) d'un lieu où rien ne doit changer, mais où tout doit respecter le strict ordonnancement mis en place par le défunt.
Tandis que les curieux défilent et que les années s'écoulent, il y a ce moment où un monolithe bascule (toujours Kubrick mais là "2001, l'odyssée de l'espace") et un autre où c'est notre héros qui bascule.
Que voila un livre surprenant où l'on se sent comme Alice, ou plutôt un roman d'
Edgar Allan Poe. J'y ai trouvé une grande connexion avec les romans gothiques et leur ambiance si particulière. La maison/musée m'a fait penser au Sir John Soane's Museum situé à Londres et que j'ai eu le grand plaisir de visiter il y a quelques années : un lieu grouillant d'antiquités, d'artefact plus étranges, les uns que les autres dont un sarcophage, des chaînes d'esclave, un Canaletto et un série de tableaux de
William Hogarth racontant les aventures d'un jeune noble débauché et qui finira ruiné (une BD du XVIIème siècle).
le Gardien est un roman à découvrir aussi fascinant que le générique de
Saul Bass et la musique de
Bernard Hermann dans "Vertigo".