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Isabelle Maillet (Traducteur)
EAN : 9782264038593
480 pages
10-18 (13/01/2004)
4.24/5   58 notes
Résumé :
Will est un libraire passionné par son travail et proche de sa famille : de sa mère surtout, chez qui se déclarent précocement les premiers signes de la maladie d'Alzheimer, mais aussi du couple que forment Poppy, sa sœur, et son mari, Sandy. D'autant plus proche qu'il entretient avec son beau-frère une relation adultère depuis plusieurs années. Alors qu'il passe des vacances avec ses parents dans un cottage des Corn... >Voir plus
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Patrick Gale est né en 1962 sur l'île de Wight où son père était directeur d'un établissement pénitencier. Il partage son temps entre Londres et la région pittoresque des Cornouailles au charme sauvage, où il vit et où se situe une grande partie de ce roman dans lequel on découvre quelques autres éléments biographiques et souvenirs personnels le concernant.
Chronique : « recueil de faits consignés dans l'ordre chronologique ».
Ici, ce mot aurait pu porter la marque du pluriel, car il n'y a pas une chronique mais deux, à quelques trente-deux ans d'intervalle, qui retracent deux vacances estivales familiales, celles de Julian devenu Will et de ses parents, d'abord au début des années 60 quand il était petit garçon, âgé de huit ans, et qu'il s'éveille à la sexualité, aux penchants homosexuels, en villégiature dans un cottage "L'Ecume des sables" loué pour un séjour de quelques jours sur une petite plage, Polcamel en Cornouailles, et plus tard, dans la « Maison bleue » , une résidence, la même, location offerte comme cadeau d'anniversaire par sa soeur Poppy pour ses quarante ans, alors qu'il a pour amant Sandy, l'époux de sa soeur, venu avec ses deux jeunes enfants . Les parents de Will sont également présents, Frances, sa mère, atteinte par Alzheimer, et John, ancien directeur de prison à la retraite.
Un roman réaliste , construit avec de nombreux analepses, tout en sensibilité, en justesse, en délicatesse, empreinte d'une certaine pudeur , des personnages authentiques, touchants, attachants. Une analyse psychologique délicate d'un homosexuel et des membres de sa famille, confrontés aux réminiscences douloureuses, au fardeau d'un passé sulfureux, aux affres des trahisons, des non- dits, des souffrances latentes. Une étude sociétale intéressante aussi de la décennie soixante où les bouleversements font exploser la société traditionnelle et où la libération de la femme se fait, un peu plus évidente.

477 pages, un beau et passionnant moment de lecture.

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Début des années 2000, pour ses quarante ans, Will, libraire, gay, officiellement célibataire et heureux, se voit offrir un séjour dans un bungalow idyllique de Cornouailles, « La Maison Bleue », par sa soeur Poppy. Malgré les réticences de cette dernière Will se propose d'emmener avec lui ses parents ; Frances, sa mère souffrant d'un alzheimer précoce, il voit là, en plus de retrouvailles familiales touchantes, l'occasion de décharger un peu son père, John, des contraintes et angoisses de la maladie dans un contexte chaleureux et dédramatisant. Et puis, comme le logement semble le permettre il convie insidieusement son beau-frêre Sandy, belle occasion, à son sens, pour enfin s'imaginer vivre au quotidien et presque au grand jour avec celui qui est son amant caché. La présence de ses neveux ne devrait ajouter qu'un peu de piment à la situation...
1968, John, le directeur de la prison de Wandsworth, sous l'impulsion de son épouse, Frances, est bien décidé à donner un nouvel élan à sa petite famille avec quelques vacances en Cornouailles dans un chalet au bord de l'eau baptisé « L'écumeur des Sables ». Sa femme et leur petit garçon de 8 ans, Julian, goutent également le bonheur et tous les espoirs nés de ce changement de cadre, du moins jusqu'à ce que survienne Bill, le beau-frêre américain veuf, et sa fille. Leur apparente liberté bouleverse l'équilibre subtil de la famille de John. Pire, une évasion de la prison contraint le directeur au retour, il laisse derrière lui beau-frêre et belle-soeur en plein désordre émotionnel ; cousin et cousine livrés à une âpre concurrence affective...
Il s'agit de la même famille, à deux moments de son histoire que le roman retisse dans un constant mouvement de balancier ; chapitre après chapitre, il amène la lumière sur ce qui s'est réellement passé entre ces êtres déchirés, écorchés, par 30 années de tromperies, par une culture du mensonge érigé en clé de voûte des relations humaines. Apparaît alors un monde parallèle de non-dits, de silences et de dissimulations, négatif de l'harmonie polie qui semblait unir chacun, la réalité se révèle dans son absolue cruauté, le groupe est constitué de souffrances qui vivent côte à côte, de rancoeurs jamais avouées qui attendent leur heure.
Roman du refoulement plus que du désir, Patrick Gale mène cette introspection collective et individuelle de manière époustouflante, renouant entre eux, avec le talent d'un conteur de génie, les fils de toutes ces histoires en maintenant suspense et humanité à son récit. Très vite cette histoire fascinante ne laisse plus le moindre répit à son lecteur, les liens se font si forts avec les personnages, le besoin de savoir devient si pressent que ce livre ne comporte pas une seule longueur. S'ils s'en sortent, comment pourront-ils s'échapper de la prison qu'ils ont crée autour d'eux à force de se mentir et de se tromper ? Quel choc salvateur, à chacune de ces époques, pour créer chez ces personnages ce besoin de liberté qui leur rendra leur humanité ? D'une prison l'autre, la vérité est quelque part par là, les interventions d'un prisonnier devenu célèbre, montreront symboliquement le chemin à travers des cadeaux plein de sens...
Une très bonne traduction d'Isabelle Maillet, un seul regret ce titre qui n'a aucun sens... surtout au regard du rôle joué par la musique tout au long du roman, il fallait rester dans l'esprit de « Rough Music », le titre original.
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« J'envie les âmes heureuses qui vont lire Patrick Gale pour la première fois (…) Chronique d'un été est son oeuvre la plus prenante, la plus lumineuse : une histoire familiale à suspense, omnisexuelle » écrit Armistead Maupin au sujet de ce roman. Et comme c'est vrai !
Tout se passe ou presque, en Cornouailles, dans une petite maison de bord de mer « La maison bleue », un été, ou plutôt deux étés durant à trente deux ans d'intervalle… le roman est si habilement construit que l'on navigue de l'enfance de Will à l'adulte qu'il est devenu une trentaine d'années plus tard sans que le procédé paraisse le moins du monde superficiel ou agaçant. C'est bien même le contraire, le temps qui passe, les souvenirs, la mémoire sont au centre de cette histoire, de ces histoires qui se déroulent presque simultanément sous nos yeux, un chapitre sur l'enfance succédant à un autre sur l'époque « adulte » et ainsi de suite jusqu'à son aboutissement dans le présent…
Will a quarante tout juste, sa soeur lui offre pour son anniversaire un séjour en Cornouailles, dans une petite maison qu'elle a dégotée dans une agence, un peu au hasard. Elle espère à vrai dire que son frère va enfin trouver l'âme soeur bien que ce dernier ne fasse pas mystère de son homosexualité. le choix de Will sera tout différent, il y voit l'occasion rêvée de s'occuper mieux de ses parents, et surtout de sa mère dont on vient de découvrir les prémices de la maladie d'Alzheimer… Il les invite donc à passer l'été de ses quarante ans avec lui…. Ce qu'il n'avait pas prévu, ce que personne ne pouvait deviner ou même imaginer, c'est que la maison bleue serait la maison même dans laquelle ils avaient passé un été, trente deux ans auparavant, un été terrible, de déchirements et de désillusions. Au début personne n'est sûr de rien, est-ce vraiment la même maison ? Et puis peu à peu les souvenirs affleurent, Frances se souvient, émerge un temps de cette maladie qui la grignote inéluctablement et tout ressurgit.
C'est un livre merveilleux, sensible, d'une très belle écriture, et drôle parfois quand il n'est pas poignant. Patrick Gale manie avec brio le suspens de ces deux histoires « en une » qui finalement se rejoignent…
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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Pour ses quarante ans, Will emmène sa famille en Cornouailles. Sa mère qui a un début d'Alzheimer précoce, son père ancien directeur de prison, son beau-frère avec qui il entretient une liaison. Tout ce petit monde n'échappera pas à la déferlante.

A l'instar de Tableau d'exposition, Patrick Gale s'attaque à nouveau, avec peps et mordant, à la famille. Il en résulte un savoureux plaisir de lecture, des personnages lisses en surface, complexes et rugueux en profondeur.

L'auteur se joue du temps avec une grande maîtrise, les balades entre passé en présent sont étonnantes, les descriptions du paysage vibrantes, tout semble être absorbé dans la spirale du temps, excepté la maison de vacances, témoin silencieux des secrets et non-dits.

Les dénouements, s'ils surprennent le lecteur, sont criants de justesse et de vérité. le passé nous rattrape toujours, plus il est enfoui dans l'inconscient et balayé avec le quotidien, plus il revient avec force. Les crises, même si elles sont douloureuses, permettent d'avancer.

Il y a beaucoup de Maupin chez Patrick Gale. Cette sexualité omniprésente qui, bien sûr, nous détermine mais ne nous définit pas. Cette douceur et cette profondeur dans les personnages qui nous font les quitter à regret. Cette légèreté grave. Ce frémissement solaire et intense.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Ça commençait très mal pour Chronique d'un été, et j'avais très envie de ranger le bouquin dans la bibliothèque sans même vous en parler, mais le fait que ce soit un cadeau d'un lecteur m'a poussé à l'achever. Certes, peu motivé, mais il fallait que je le finisse.

Et bien quelle surprise ! Si la première moitié du bouquin est effectivement assez morne et lente, voire terriblement chiante, d'accord, le rythme s'affole dés le milieu de l'histoire, et on a du mal à fermer le livre sans en lire "encore un chapitre, juste un". La faute de ce rythme un peu mou au départ est sans doute du au fait que le roman est découpé en une perpétuelle alternance du passé et du présent, renvoyant les deux situations l'une en face de l'autre. Un chapitre "passé", suivi d'un chapitre "présent", jusqu'à la fin du bouquin. Au début, on est perdu. Et puis dans le passé, les personnages n'avaient pas les mêmes noms que dans le présent, alors c'est dur.

Et puis plus la fin approche, plus les éléments prennent du sens, plus l'histoire devient belle et touchante, plus on tourne les pages frénétiquement. Un bon roman, finalement, contre toute attente.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Contrairement à la plupart des villages en Cornouailles, qui devaient à l’origine leur existence à la pêche, aux mines ou à l’élevage, Polcamel n’avait pas de passé remontant plus loin que l’avènement du tourisme. Dans les années 1960, les premiers touristes y avaient été attirés par une vaste plage de sable, le Strand, suffisamment éloignée du point où l’estuaires rencontrait la mer pour dissiper toute crainte liée au déversement d’eaux usées ; des chemins panoramiques au sommet de falaises ne nécessitant pas les ascensions laborieuses pour lesquelles la plus grande partie de cette côte était célèbre ; et aussi la possibilité de se procurer poissons et fruits de mer à bon marché. Le chapelet subséquent de villas et de bungalows à l’architecture reflétant la nostalgie des Indes britanniques n’était devenu une véritable station balnéaire avec bureau de poste, boucherie et commerces divers que dans les années trente, lorsqu’un jeune poète issu de Rexbridge et futur lauréat, Ronald Barclay, avait hérité d’une maison à Polcamel, invité ses amis et mis l’endroit à la mode chez une intelligentsia trop pauvre et /ou trop pourvue d’enfants pour s’offrir ne villégiature dans le sud de la France
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Une chaussure dans chaque main, elle avançait sur le sable, attirée autant par l’immense lune bleue au-dessus de sa tête que par le bruit des vagues se brisant sur la plage. L’astre était ceint d’un halo, peut-être de bon augure ou peut-être pas, elle en avait oublié la signification exacte. La fraîcheur de l’écume sur sa peau lui fit l’effet d’un choc. Elle s’immobilisa pour mieux savourer l’agréable mouvement du reflux qui retirait le sable de sous ses pieds. L’eau était aussi froide que la mort. Si je restais ici suffisamment longtemps, songea-t-elle, si je me contentais de rester ici, la mer emporterait de plus en plus de sable sous moi et en rapporterait aussi de plus en plus. Alors, petit à petit, je m’enfoncerais, les chevilles en premier, puis bientôt les genoux, la taille, le ventre… Elle s’imagina enfouie jusqu’à ses seins, parcourus de picotements dans le sable mouillé qui l’aspirait. Lorsque la première vague, désarmante tant elle serait petite, lui frapperait la figure, paniquerait-elle ? Ou au contraire éclaterait-elle de rire, comme ils disaient de façon tout à fait inappropriée ? Elle se mit au défi de ne pas bouger.
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Le désespoir aidant, il avait failli éclater de rire à la lecture d'un article selon lequel l'homme devait persuader sa femme de le chevaucher, de manière qu'il puisse économiser son énergie en vue d'une éjaculation plus efficace. La pensée d'entretenir avec une personne aussi pure que Frances une conversation sur le sexe, et plus encore celle de lui demander d'adopter une position qui était tout sauf soumise et résignée, lui semblait d'une incongruité frisant le ridicule.
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Je vous préviens : je n’ai pas été maltraité. Je n’ai pas été négligé. J’adore mes parents et j’ai adoré mon enfance. Elle a été très, très heureuse.
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