AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 32168 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Meursault est un homme vivant à Alger, indifférent aux autres, aux relations sociales, aux liens d'amitié, d'amour, à la mort même. Il est amoral, il ne vit que par routine, dans le seul but d'assouvir ses besoins naturels et élémentaires.

La mort de sa mère ne l'affecte pas, il n'éprouve aucun chagrin, tristesse ou émotion. Il ne s'intéressait pas à la vie de sa mère et la mort de cette dernière ne changera rien à sa routine. Sa relation avec Marie l'indiffère également, il n'aime personne. L'épouser ou non lui est égal. Il est tout aussi désintéressé par sa carrière.

Il commet un crime, mais rien ne permet de comprendre cet acte. Il est tout aussi absurde que la vie qu'il mène. Il n'a pas de sens. Sa vie n'a pas de sens.

Pour son procès, il ne changera pas d'attitude, il ne confesse aucun regret. Il subit sa détention en s'habituant même à sa privation de liberté, rien ne semble le perturber.

Il sera jugé plutôt pour son indifférence aux normes de la société que pour son crime. Ses actes sont irrationnels aux yeux de la société, ils ne sont pas acceptables, un tel comportement est une menace et il convient de le punir.

Meursault va prendre conscience, à travers sa colère, de l'absurdité de la condition humaine : nous sommes tous condamnés à mourir, de toute façon, quoiqu'on fasse. Cette acceptation de l'inéluctabilité de la mort, le libère. Sans espoir, sans croyance, libéré du fardeau de la vie, il va finalement et paradoxalement s'ouvrir à la vie, au bonheur.

« La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée…Vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. de l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. »

Pourtant il reste séparé des hommes jusqu'à ses dernières heures. le monde qu'il conçoit comme absurde, le condamne à la solitude.

« Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine. »

C'est une lecture dérangeante, car cet homme est détestable. Que serait le monde s'il était empli de tels individus. le monde peut paraitre absurde, ne pas avoir de logique, persister dans son mystère, mais cela n'empêche pas de l'aimer et de chercher en chacun de nous ce qui est le meilleur. À nous de donner du sens à la vie.

Commenter  J’apprécie          4310
"Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut être hier, je ne sais pas."
Une des premières phrases de roman les plus connues.
Roman jamais lu ni étudié au lycée, il fallait bien que j'y pourvoie.
L'enterrement de la mère met déjà dans l'ambiance du roman.
Le héros, Mersault s'ennuie vite, il est froid, distant, il ne s'attache à rien ni à personne, son travail aucun intérêt.
Son seul ami, Raymond, ne lui apportera que des ennuis.
Sa petite amie, la pauvre, je me demande ce qu'elle lui trouve, voir le passage sur la demande en mariage.
Son voisin accompagné de son chien très spécial.
J'ai eu un peu de mal avec la première partie du roman, Mersault est tellement antipathique, il ne donne vraiment pas envie, son absence de réaction et son indifférence sont deroutantes.
Je ne m'attendais pas à la fin de la première partie, du coup, j'ai trouvé la deuxième partie avec le procès, plus intéressante avec ses nouveaux personnages liés à la justice.
Je me doute que le livre renferme beaucoup de sous entendus, j'ai dû en entrevoir certains et pas d'autres.
Dans l'ensemble, une lecture à faire, pour sa propre culture personnelle et pour un style d'écriture différente et quelque peu déroutante au premier abord mais qui mérite de lire ce roman jusqu'au bout.
Commenter  J’apprécie          422
« L'étranger » de Camus … Voilà bien un vieux livre ! Je l'avais lu, scolairement, il y a quelques 45 ans… Je viens de le relire. Édifiant ! L'écriture de Camus a traversé le temps, son histoire tient toujours : un être peut être jugé sans être compris !
Et ce n'est pas à l'heure des « ébats sociaux sur Facebook, twitter ou autres réseaux que l'on oserait contredire la fragilité des jugements péremptoires dont s'empare, souvent sans discernement, la vindicte publique. Car, -et ce n'était pas, dans mon chef, une faute de frappe si je viens de parler « d'ébats sociaux »- pour bon nombre, il s'agit bien plus de s'ébattre, d'éclabousser, « d'éclats-bouser » (si ce néologisme m'est permis) plutôt que de chercher à comprendre, à écouter, à démonter les mécanismes qui se sont mis en place pour donner aux faits, aux gestes, aux propos leurs vraies valeurs !
Camus touchait déjà cette cible quand il dénonçait les travers d'une justice qui condamne un étranger … simplement parce qu'il est étrange à nos yeux, non conforme aux attitudes et déclarations politiquement correctes dans une société qui n'admet pas, ou si peu, la différence !
Sans m'attarder ici sur le style de Camus (on a déjà tant écrit à ce propos!), je veux simplement souligner que bien des auteurs actuels suivent cette écriture qui paraît simple, dénuée de toutes fioritures mais qui, en fait est dense et riche en résonance lorsqu'on veut se laisser prendre par "un essentiel qui, en peu de mots, dit tout".

Camus, avec son roman « L'étranger » paru en 1942, est d'une actualité fascinante. À lire, relire et méditer !
Commenter  J’apprécie          411
"Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : “ Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.” Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier."

Cet incipit, l'un des plus connus de la littérature française, nous plonge d'emblée dans l'oeuvre phare d'Albert Camus. L'Étranger. Une oeuvre connue mondialement, traduite dans plus de soixante-huit langues et qui est, ni plus ni moins, le troisième roman francophone le plus lu dans le monde. Telle une photographie instantanée, les premiers mots de ce livre figent un point de départ précis. Celui d'un homme singulier — Meursault — confronté à la mort.

Dès cette introduction, nous pouvons déjà distinguer une écriture qui contribuera à la renommée de l'Étranger. Les phrases sont neutres, descriptives, dépouillées d'un style particulier. Ce degré zéro de l'écriture (comme l'écrivit Roland Barthes) colle parfaitement à la psychologie de Meursault, le personnage principal. En effet, rien ne l'atteint et c'est spécifiquement sur ce trait de caractère que la société le jugera tout au long du roman. L'écriture d'Albert Camus, qui peut paraître simpliste au premier abord est, en fait, une mise en abyme parfaite pour faire ressentir au lecteur la problématique de l'insensibilité de Meursault.

A ce titre, le titre du livre est on ne peut plus clair quand on sait à quel point l'indifférence est prégnante chez le personnage principal. Il est étranger à lui-même, aux autres ainsi qu'à la société en général. Je ne m'épancherai pas sur le sujet, tant de choses ayant déjà été dites quant à la signification du titre. Je conseille malgré tout l'excellent article de Christophe Junqua Regard sur l'Étranger de Camus qui synthétise avec brio le cas Meursault.

En revanche, Il me semble important de relever quelques détails ou interprétations du roman qui me semblent peu répandus et qui pourront donner un nouvel éclairage sur ce classique de la littérature:

- Plusieurs éléments laissent à penser que le roman Crime et Châtiment de Dostoïevski a laissé de profondes traces dans l'intrigue de l'Étranger. On retrouve dans les deux romans, une personne qui commet un meurtre pour des raisons singulières. L'une pour tester la moralité (sic) et l'autre par pur concours de circonstances. Dostoïevski et Camus partagent aussi le fait de se mettre totalement dans la peau de Raskolnikov et de Meursault. Enfin, la place prise par l'après-meurtre dans l'Étranger n'est pas sans rappeler celle de Crime et Châtiment où une partie conséquente du roman fait la part belle aux questionnements intérieurs du meurtrier. Comme si Meursault était l'antithèse de Raskolnikov.

- Les éléments du soleil et de la mer sont omniprésents dans le roman d'Albert Camus. Il n'y a pas un chapitre sans que Meursault ne fasse référence à la sensation que lui procure un rayon de soleil sur sa peau ou une une baignade en mer avec Marie. Ce n'est d'ailleurs certainement pas un hasard si le nom du personnage principal est la contraction de deux mots Mer-Soleil. Il n'y a qu'à travers ces deux éléments naturels que Meursault fera preuve de sensibilité. Est-ce une coïncidence?

- Enfin, la qualité du roman tient aussi par son effet miroir. Il est composé de deux parties qui n'ont de cesse de se renvoyer la balle à coup de parallélismes et d'oppositions. Cette scission du roman entre l'avant-meurtre et l'après-meurtre en fait presque deux histoires distinctes qui se nourrissent subtilement. le roman aurait pu voir ces deux parties inversées que cela n'aurait en rien changé la lisibilité de l'intrigue.

En guise de conclusion, ce roman est un de ceux qui, j'en suis convaincu, continuent à se bonifier avec le temps. Derrière le cas d'un meurtrier singulier, Albert Camus pose la délicate question de l'individualité dans une vie en société.

A relire.
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
Commenter  J’apprécie          395
L'étranger est un livre particulier, au style narratif volontairement haché, au personnage principal énigmatique, mais avec des réflexions plus que pertinentes, et je comprends qu'il soit devenu un classique de la littérature française.
Meursault, personnage sans véritable ambition ni charisme, étranger à la vie, à sa propre vie, à lui-même peut-être, interroge par ses actes sur le sens de la vie et celui qu'on veut bien lui donner.
C'est un récit au style très brut, haché, qui surprend de prime abord, mais qui finalement sied parfaitement à l'histoire et au propos.
La destinée de Meursault évoque quant à elle la destinée de l'humanité toute entière.
C'est un texte intelligent, pessimiste mais absolument pas pathétique.
La lecture en est très rapide, quelques petites heures suffisent.
Un classique qui le mérite...
Commenter  J’apprécie          382
L'étranger, c'est le narrateur, un homme détaché de ce qui lui arrive. Froid, dépourvu d'empathie, il est plus ému par ses sensations directes que par les souffrances ou bonheurs des autres.
On ne sait presque rien sur lui et son nom, Meursault, n'est évoqué que rarement. Il n'est qu'une voix qui n'exprime pas ses émotions.

Le livre débute avec l'enterrement de sa mère, dont il parle comme d'un évènement ordinaire. Dans un vocabulaire simple, il détaille la cérémonie d'un regard clinique.
Un jour, il va tuer un homme sans véritable raison, si ce n'est qu'il fait chaud (le gars n'est pas émotif mais il ne supporte pas de transpirer).
On assiste alors à son procès qui tourne au ridicule. En effet, Meursault va être condamné pour ce qu'il est (un homme sans remord et pour qui les conventions sociales ne signifient rien) et non pour ce qu'il a fait. Ce qu'on lui reproche le plus, c'est qu'il n'a pas pleuré sa mère. L'enjeu n'est pas la victime (dont on ne sait pas grand chose d'ailleurs) ni le meurtre mais bien la nature du meurtrier. A son absence d'empathie répondent les règles et les idéologies censées canaliser l'individualisme de la nature humaine.

L'étranger est une réflexion sur le fonctionnement de notre société. Comme étranger au monde, le narrateur ne connaît pas le mensonge. Dans son récit, il décrit la société sans artifice ni sentiment. Son regard naïf nous montre la vacuité de la justice, l'absurdité de la société, le ridicule des règles et des institutions, l'inutilité de la religion (rien que ça!).
En nous faisant vivre les événements de l'intérieur, l'auteur nous invite à adopter cette réflexion sur le fonctionnement de la société.

L'écriture simple se contente de phrases courtes qui nous font partager le détachement du personnage. Nous sommes en immersion dans la tête de quelqu'un qui voit défiler sa vie sans vraiment y prendre part. Nous assistons au sacrifice de celui qui, parce qu'il ne sait pas mentir et qu'il fait preuve d'indifférence ne leur ressemble pas. C'est un coupable-innocent. Un homme qu'on rend étranger à son propre procès et qu'on condamne à mort au nom de certitudes.

J'ai beaucoup aimé ce roman, assez déroutant mais très bien écrit. Les interprétations de ce texte sont nombreuses, réveillant nos émotions pour un homme qui n'en exprime aucune.

Ce livre a été adapté au cinéma.
Commenter  J’apprécie          362
L'étranger a eu sur moi le même effet qu'un citron : on grimace puis on apprécie. La seule différence est qu'avec le citron ça pique, ça titille les papilles, ça met les sens en éveil alors qu'avec le début de ce roman à part grimacer d'ennui, il n'y a pas un pépin à se mettre sous la dent. Enfin si, la force et l'originalité de la première page m'ont intriguée mais mon enthousiasme est retombé dès la seconde.
La première partie de ce classique est fade et sans saveur. le texte, écrit à la première personne, est construit avec des phrases courtes et sans émotion. le narrateur raconte la platitude de sa vie à l'image de la platitude de son être. Il est indifférent à la vie, aux autres et à lui-même.
Dans la seconde partie, les phrases deviennent plus longues, plus profondes et moins factuelles. Meursault devient plus « humain » et plus « normal » en éprouvant enfin des émotions. Il confesse sa peur, son espoir et libère sa colère. Confronté à l'absurdité de la condition de l'homme, il finit par se résigner et ne trouve sa place que dans l'environnement qui l'entoure, dans le monde sans ceux qui le compose. Pour lui, qu'importe nos actes, nos erreurs, nos faiblesses, rien n'a d'importance puisque nous sommes tous condamnés.

La lecture de ce court roman ne m'a pas transcendée mais j'aime la réflexion qui s'ensuit. Camus nous amène à juger davantage Meursault pour son absence d'empathie que pour son crime en manipulant nos défauts et notre conditionnement. On le pointe du doigt car il ne fait pas semblant d'être ce qu'il n'est pas, on le condamne de ne pas être ce qu'on voudrait qu'il soit, on l'exclut du nous, on l'exile de tout, on fait de lui : l'étranger.

Merci à Adl pour la lecture commune de ce grand classique.
Commenter  J’apprécie          363
Merveilleusement monstrueux.
Bien évidemment, ce livre n'est pas à prendre au pied de la lettre, sous peine de ressortir choqué, horrifié. Mais cette absence de sentiments, cette absurdité, tout cela est... fascinant.
« L'absurde, c'est la raison logique qui constate ses limites. » comme disait Camus.
Par ailleurs, le style est riche, impressionnant, et la société dépeinte passionnante.
A lire, vraiment !
Commenter  J’apprécie          330
J'en aurai mis du temps avant de me décider de le lire ce roman... Il y a quelques classiques comme ça... peur de trouver ça lourd, de ne pas accrocher du tout au style, à l'histoire... Peur de ne pas m'y retrouver parce que plus d'actualité... Bref, c'est avec appréhension que j'ai ouvert ce bouquin de Camus, que je n'ai jamais lu d'ailleurs... Alors, une première rencontre avec l'auteur, au final, plutôt intéressante. Pas captivante, mais intéressante... Rien de vieillot dans l'écriture, une histoire qui aurait pu se dérouler hier, l'histoire toute simple d'un homme qui tue, comme ça, sur un coup de tête, ou plutôt un coup de chaleur... Et puis son procès, où se succède des témoins contre et pour, qui raconte l'être plutôt stoïque et sans affect qu'est le narrateur... Je ne dis que ce fut la lecture du siècle, mais pour un premier tête à tête avec Camus, je dois dire que ça s'est plutôt bien passé !
Commenter  J’apprécie          330
L'incipit le plus célèbre de la littérature ("tiens, je viens de lire l'étranger" - "ah, oui, aujourd'hui maman est morte" - "oui, c'est ça" (tout le monde connait, mais tout le monde moins quelques uns n'a jamais lu la suite, dont moi, jusqu'à aujourd'hui, ou peut-être hier, je ne sais pas).
Je viens donc de le terminer (juste après l'avoir commencé, tout cela pour dire que ce roman est court, et non pas pour faire le mec nanti et fier qui a compris dans quel sens se lisait un livre) et me voilà sans argument, sans pensée critique, sans avis, sans envie d'analyse. Reste juste une impression étrange. D'écriture maîtrisée, de récit lent mais saisissant, et de tête que plus jamais il ne faudrait trancher.
Une impression de grandeur. Et de respect, monsieur Camus.
Commenter  J’apprécie          330





Lecteurs (140676) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur l´Etranger par Albert Camus

L´Etranger s´ouvre sur cet incipit célèbre : "Aujourd´hui maman est morte...

Et je n´ai pas versé de larmes
Un testament sans héritage
Tant pis
Ou peut-être hier je ne sais pas

9 questions
4781 lecteurs ont répondu
Thème : L'étranger de Albert CamusCréer un quiz sur ce livre

{* *}