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"La langue sauvée" est le premier volet des récits autobiographiques d'Elias Canetti, consacré à ses souvenirs d'enfance de 1905 à 1921. de sa naissance à Roustchouk, en Bulgarie, sur le Danube, jusqu'à son départ de Zurich. Elias Canetti nait dans une famille séfarade de riches négociants. Son grand père paternel, aussi charismatique qu'autoritaire , a gardé la culture orientale des juifs séfarades de l'Empire ottoman. Mais Ses parents, qui ont étudié à Vienne, en Autriche, s'exprime le plus souvent en Allemand et c'est dans cette langue que Canetti écrira plus tard, sous l'impulsion de sa mère qui lui communique très tôt son goût pour la littérature. Dans "La langue sauvée" Canetti évoque longuement la relation qu'il eut avec sa mère, une relation fusionnelle et parfois très conflictuelle, d'autant plus que le père d'Elias meurt brutalement à Manchester où la famille s'était installée. Elias passe les années de guerre à Vienne puis à Zurich, où sa mère, malade, finit par entrer dans un sanatorium. Ses frères sont envoyés à Lausanne tandis qu'Elias reste près de Zurich, dans un pensionnat. La Suisse lui apparaît alors, dans une Europe déchirée, comme un paradis. Elias se montre très précoce intellectuellement : il est vif et curieux, se passionne pour la littérature et les sciences naturelles, avec une sorte de naïveté qui déplait de plus en plus à sa mère, marquée par ces années de deuil et de guerre.
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Cet auteur nobelisé que je découvre revient sur son enfance, entre la Bulgarie où il est né, dans une région très cosmopolite où il n'est pas rare d'entendre une dizaine de langues différentes - l'Angleterre où il a passé quelques années jusqu'à la mort de son père, Vienne et Zurich, pendant et après la première guerre mondiale. Baigné dans des langues et des cultures différentes, auprès de parents cultivés, amateurs de théâtre et grands lecteurs, Elias Canetti tente, par ce retour sur cette enfance, d'expliquer ce qui la construit, a fait de lui la personne qu'il est devenu.
Sa relation priviligiée avec sa mère, dont il est devenu très proche après la mort de son père qu'il adorait plus que tout, l'a poussé à la rigueur, la curiosité et les remises en question. Quel personnage que cette femme! Quittant son milieu aisé en Bulgarie pour suivre son mari, elle s'occupera de ses trois fils avec une certaine exigence sans nier sa personnalité complexe.
Un roman d'apprentissage intéressant plongé dans une période tourmentée pour l'Europe. Mes connaissances sur la Bulgarie, l'Autriche et la Suisse sont clairement lacunaires, ce qui m'a enlevé du plaisir à la lecture.
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« Witz créait sa propre atmosphère et m'y entraînait à sa suite... je continuais à en disposer quand il avait disparu ». Cette phrase tirée de la langue sauvée je pourrais la faire mienne, elle s'est imposée à moi immédiatement.
Titre insolite faisant référence à un rêve d'une violence sanglante dans l'enfance. Une langue – l'organe - menacée d'être coupée. On comprendra plus loin la signification de ce cauchemar récurrent.
Juif séfarade né au bord du Danube en Bulgarie le jeune Élias émigrera en Angleterre, puis en Autriche et en Suisse de 1911 à 1921.
La partie la plus réussie pour moi est sans contexte les toutes premières années à Roustchouk dans un milieu cosmopolite où « l'on pouvait entendre parler sept ou huit langues différentes dans la journée ». « Un pays des melons, des pêches et du raisin ». Une enfance probablement en partie fantasmée qui confère à l'écrivain un ancrage patriarcal fantasque et riche. Un cocktail d'Orient, de Balkans, d'une vie animée qui tranche sur les années qui vont suivre, celles de l'exil.
Un exercice intime auquel Canetti se livre, un enfant pudique toutefois qui intègre le poids des interdits édictés par une mère fusionnelle à qui il rend compte de tout.
J'ai lu ces écrits sur son adolescence comme le témoignage vivant d'une époque encore heureuse malgré un père bienveillant trop tôt, trop vite et étrangement disparu, avec et malgré une mère ambivalente. Canetti s'étend longuement sur ses années de formation intellectuelle, son appétit insatiable pour l'écrit et la connaissance, ses enseignants, ses camarades, des anecdotes, des écrits académiques au départ puis plus novateurs pour l'époque, tout ce qui constituera sa formation personnelle et culturelle. Il convoque régulièrement son imaginaire prolifique, sa capacité à créer des univers dès son enfance, même si au final Canetti n'écrira qu'un seul roman.
Une enfance essentiellement livresque évoquée avec lucidité. L'auteur reconnaît son orgueil. Son côté « singe savant »  se gonflant d'importance, le rendant impopulaire auprès de ses proches. Ce retour sur lui-même honnête tend à atténuer l'impression constante d'avoir affaire à un enfant exceptionnel.
L'un des aspects des plus personnels est sans doute son rapport avec la langue allemande. L'apprentissage est forcé et brutal exigé par sa mère. Une langue secrète car parlée au début par ses seuls parents, dont son père tant aimé. La découverte puis son usage quasi exclusif est une fenêtre ouverte, une proximité avec une Mitteleuropa où tous les grands noms de l'époque sont présents.
Un « paradis perdu » à Zurich qu'il devra quitter à 16 ans sur injonction de sa mère.
Une autobiographie captivante que je poursuivrai.
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Premier tome de la vaste et admirable oeuvre autobiographique de Canetti. Je l'ai lu plusieurs fois, et c'est sans doute celui que je préfère. On y découvre le crépuscule de ce cosmopolitisme ottoman, même dans sa périphérie bulgare, qui a le droit d'être considéré comme ce modèle incomparable qu'il fut de tolérance à l'égard des minorités et des immigrés pendant tant de siècles. Y est représentée aussi la vie d'une famille juive très bourgeoise que des désastres intérieurs (la mort du père) et extérieurs (la guerre de 14) vont complètement ruiner. Surtout, du point de vue intime, on a le témoignage précieux (surtout pour les polyglottes de naissance) de la valeur sentimentale incontournable de chacune de nos langues, de son rôle unique et intime, mieux expliqué que par des dizaines de traités de psycholinguistique. Les relations de l'auteur avec sa mère, qui seront explorées de façon plus "dramatique" dans les tomes suivants, sont ici déjà esquissées, dans tout ce qu'elles laissent prévoir de névrotiquement "excessif". La personnalité de l'auteur et sa prodigieuse ténacité dans sa vocation de lettré, commence à devenir évidente dès ces pages mémorables.
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Le titre "La Langue sauvée" est resté jusqu'à la dernière page du livre, pour moi, un mystère.

De langues, il en est beaucoup question dans l'ouvrage. Canetti est né à Routschouk "Ruse", Bulgarie, sur les bords du Danube, dans une famille de négociants séfarades. Sa langue maternelle, fut donc le Judéo-Espagnol, à cinq ans ses parents déménagent à Manchester où naquirent ses deux frères avec qui il utilisa longtemps l'Anglais même après l'installation à Vienne. L'Allemand était la langue que ses parents utilisaient pour parler de théâtre et de musique : c'est donc la langue de la culture, la langue que Canetti utilisera pour écrire. le grand père, figure impressionnante, se vantait de parler dix-sept langues quoique qu'il n'en lisait qu'une : l'Espagnol écrit en caractère hébraïques.

De Routschouk, Canetti raconte la maison donnant sur le jardin fruitier, la variété des gens qu'il rencontrait, à la maison et la boutique : Juifs de sa famille, petites bonnes bulgares, Tsiganes qui venaient mendier tous les vendredis, l'Arménien triste, les amis Russes de sa mère...

"

C'est donc l'histoire d'une jeunesse cosmopolite et européenne. L'enfant prit la place du père, décédé jeune, il entretint avec sa mère très jeune des conversations intellectuelles de haut niveau : Shakespeare, Schiller ou Dickens était le sujet de leurs entretiens.

Ils ont traversé la Première Guerre Mondiale, à Vienne, en Bulgarie puis à Zurich. Bien que les Canetti avaient des passeports turcs, que la Bulgarie se soit rangée du côté des Empires Centraux, la mère et le fils se refusaient à soutenir François Joseph comme on l'exigeait de l'enfant à l'école. Ils tenaient l'Autriche pour responsable du conflit, ne pouvaient se résoudre à être en guerre contre la Russie qui avait toujours soutenu les Bulgares contre les Turcs, ayant ds amis russes, et vénérant Tolstoï. leur situation d'"Anglais" à vienne devenant inconfortable , ils déménagèrent à Zürich. On y croise Lénine.

En Suisse, le jeune Canetti élargit sa société à celle de ses camarades d'école, de ses professeurs au lycée. Il ne se borne plus à la littérature classique, aux Grecs et aux explorateurs comme pendant sa prime enfance. La lecture de ses mémoires est donc une promenade littéraire. de son côté, la mère se passionne pour Strindberg et Schnitzler. Au lycée, il découvrira des écrivains Suisses (que je ne connais pas) aussi Werfel et Wedekind. Il rencontrera aussi l'antisémitisme.

La maladie mettra fin au tête à tête jaloux de la mère et du fils. Cette dernière partira en sanatorium. 1921: la mère décide d'arracher son fils à son paradis zürichois et de partir en Allemagne pays marqué par la guerre, se mesurer à la réalité et quitter des études trop douces.






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La /une langue sauvée par l'amour de la vie : l'allemand apprise avec difficulté au marteau de la discipline de fer imposée par sa mère, mais finalement bel et bien ingurgitée car représentant la langue de séduction du père (le père et la mère parlaient de grands auteurs de langue allemande, en allemand , quand ils étaient jeunes) mais pas pour cette unique raison (cf la lecture du livre).
Un roman foisonnant d'une vie riche et cosmopolite à une époque où parler plus de trois langues n'était pas curiosité mais le lot presque banal de toute une partie de la population de ce qu'on appelle la Mitteleuropa.
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Canetti inédit dans la langue de Cervantès
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