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Les Ferrailleurs tome 1 sur 3
EAN : 9782253066040
480 pages
Le Livre de Poche (13/04/2016)
3.77/5   311 notes
Résumé :


Au milieu d’un océan de détritus composé de tous les rebuts de Londres se dresse la demeure des Ferrayor. Le Château, assemblage hétéroclite d’objets trouvés et de bouts d’immeubles prélevés à la capitale, abrite cette étrange famille depuis des générations.

Selon la tradition, chacun de ses membres, à la naissance, se voit attribuer un objet particulier, dont il devra prendre soin toute sa vie. Clod, notre jeune héros, a ainsi reçu u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (89) Voir plus Ajouter une critique
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En attaquant cette trilogie, je m'attendais à une lecture décalée et plutôt originale et je n'ai pas été déçu.
Pour parler de l'atmosphère, il y a du Tim Burton ou encore un peu de "Famille Addams" dans ce récit, c'est gris et "so British" avec un humour un peu grinçant que j'apprécie beaucoup, c'est une histoire dont on peut dire d'une certaine façon qu'elle est en noir et blanc, oui côté ambiance c'est plutôt réussi.
Les Ferrayor ont le monopole des détritus de la ville de Londres et de ses environs et il s'agit d'une dynastie autoritaire et impitoyable, on naît et l'on meurt ferrayor.
Chaque enfant reçoit à sa naissance un objet dont il ne devra jamais se séparer et devra obéir aux rituels de sa famille dont celui du passage à l'âge adulte.
L'auteur nous propose un univers fantasmagorique et résolument fantastique assez original et passionnant à découvrir car très cohérent.
Ajoutons une intrigue subtilement amenée ainsi qu'un lourd secret jalousement gardé et nous avons là une histoire à laquelle on n'a aucun mal à s'intéresser, pour ma part je suis convaincu ;)
A noter également une superbe illustration pour chaque chapitre, ce qui est un vrai plus pour se transporter dans le récit.
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Peut-on se définir par un objet ? C'est une question intéressante pour des citoyens d'une société de consommation, qui entassent toujours plus d'objets inutiles en en achetant de nouveaux, persuadés que ceux-ci les représenteront mieux que les précédents, vous ne trouvez pas ? Entasser, c'est précisément ce qui se produit chez ces ferrailleurs anglais du 19ème siècle : Leur royaume est une décharge à ciel ouvert, leur métier, de génération en génération : trier. Leur demeure : un château fait de bout de bâtisses londoniennes récupérées, déplacées et réassemblées en patchwork.


Les objets et ce qu'ils représentent pour l'Homme, aussi bien que notre manie de les thésauriser, sont des sujets qui semblent tenir à coeur à cet auteur : Dans son premier roman l'Observatoire, il explorait déjà cette thématique, ainsi que celle de la solitude et du rapport à l'autre. Au fond, les objets peuvent-ils combler cette solitude ? Est-ce le rôle que nous leur prêtons, ou l'un des rôles, ajouté à la représentation, comme un totem ? Un nouveau sac à main qui représente mieux mes goûts actuels, de nouvelles fringues qui me mettent plus en valeur, des tas de livres que je n'aurais jamais le temps de lire, et tout ce petit monde qui vient habiter mon univers, masquer ma solitude, occuper mon espace vital et mes pensées… Privilégier les objets aux humains est un mal contagieux, de nos jours. On ne devrait jamais laisser les objets prendre le dessus sur nous… Au final, ils seront peut-être tout ce qu'il reste de nous, mais même eux peuvent se briser et disparaître.


Si je devais chercher au fond de mon coeur l'objet qui parle le plus de moi, ce serait je crois une luciole, que le père noël avait accroché au sapin quand j'étais toute petite et qui m'a suivie toutes ces années : machouillée, recollée, perdue, retrouvée, mais jamais oubliée, comme les souvenirs qui s'y accrochent. Et puis cette lumière qui vous tient compagnie et vous éclaire aux moments les plus sombres : quel symbole ! Si elle pouvait parler, elle raconterait certainement quelques secrets. Elle nous dévoilerait peut-être son petit nom, elle aussi, si nous pouvions l'entendre. Ce qui est impossible n'est-ce pas, parce les objets, ça ne parle pas… Si ? Ah, vous aussi vous les entendez chuchoter à leur passage, murmurer à vos oreilles qui possèdent encore la conscience pure des enfants ! Vous me rassurez, je croyais que j'étais folle.


Vous êtes donc comme Clod Ferrayor : A lui aussi les objets lui parlent. Particulièrement les objets de naissance. Vous savez, cet objet qu'un proche vous offre à votre venue au monde, et qui vous suivra toute votre vie, vous représentera aux yeux des autres : un arrosoir, une pince à épiler, un napperon, une poignée de porte, un robinet, ou encore une bonde universelle… La bonde de Clod s'appelle James Henry. Mais Clod connaît aussi les noms de tous les objets de naissance des gens qui l'entourent, puisqu'ils les entend se nommer à tout bout de champ. Un don rare et perturbant, qui sera mis à contribution lorsque Alice Higgs, la poignée de porte de la tante Rosamund, disparaîtra : Il est indispensable de la retrouver rapidement car, sans son objet de naissance, un Ferrayor n'est plus rien et dépérit ! C'est la règle : on ne se sépare jamais de son objet de naissance. Pourquoi ? A vous de le découvrir ! Des objets comme des talismans, à qui l'on pourrait aller jusqu'à prêter une âme… Alors quand des objets et des personnes commencent à disparaître dans le château, c'est le début d'une chasse au trésor géante… et dangereuse !


Dès les premières pages, on se laisse prendre au piège de cette ambiance steampunk très réussie, et de cet univers original et inventif à souhait à la Alice au pays des merveilles. Les pages se tournent toutes seules, au rythme des portraits de chaque personnages qui nous sont physiquement dessinés au crayon, avant de nous être mentalement brossés par les mots. L'histoire nous est racontée tour à tour par Clod Ferrayor puis par Lucy Pennant, la nouvelle servante un peu rebelle qui refuse de perdre son identité en se fondant dans la masse des domestiques et, pour ça, cherche un objet à s'approprier et auquel se rattacher - quitte à le voler, ce qui la mettra en fâcheuse posture. J'ai été émerveillée ou plutôt admirative de cet univers original. Mon bémol, c'est peut-être qu'à vouloir instaurer la solitude et le formatage, j'ai lu l'histoire à petite distance de mes personnages au début, avant de m'y attacher au fil des pages. Ajoutez à cela un enfermement total du début à la fin dans une demeure gémissante croulant sous des tonnes étouffantes d'objets divers et bruyants : Autant vous dire que les claustrophobes peineront peut-être à avancer dans cette histoire, tant l'enfermement de ce huis clos se resserre de plus en plus jusqu'à la fin : on est enfermés dans ce château, par tradition mais aussi à cause d'une tempête d'objets, qui nous ensevelissent de plus en plus jusqu'à ne plus pouvoir ouvrir les fenêtres ni bientôt respirer… ! Etant moi-même condamnée à l'enfermement en ce moment, j'avais hâte de sortir de cette maison de fous ! Aussi, je ne sais pas si je poursuivrai avec les deux tomes suivants mais j'ai apprécié la découverte (merci Yaena !).


Et vous, chers babélionautes, quel est cet objet de naissance qui vous caractérise, et que j'entends déjà murmurer à mon oreille...? Approchez, là, encore plus près, que je saisisse son petit nom…
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« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? »
Non, je ne vais pas ce soir vous déclamer du Alphonse de Lamartine, mais plutôt du Edward Carey.
Approchez, venez, entrez chers amis, que je vous fasse visiter le lieu.
Ici c'est bien un château, le château des Ferrailleurs.
Il sera dit qu'un dieu facétieux m'aura jeté un sort, celui d'être condamné à passer de maison en maison durant mes lectures estivales, ce qui sera d'ailleurs le cas aussi pour la toute prochaine à venir...
Nous voici aux confins de Londres, en plein XIXème siècle. Sur un océan formé par tous les immondices de la capitale jaillit non pas une île, mais un château, la demeure des Ferrayor. Oui c'est le nom de cette terrible dynastie qui règne en maître depuis des générations sur un superbe dépotoir et qui n'a rien à envier à la famille Adams.
Sur cet océan de gravas et de rebuts, il est difficile voire impossible de pousser une barque. Alors il faut y aller presque en apnée.
On pourrait se demander, en contemplant ce dédale de détritus, où commencent les fondations de cette étrange demeure faite de bric et de broc, construite à partir de morceaux de maisons prélevées dans la capitale, assemblés selon une logique qui rendrait fou tout architecte digne de ce nom.
Autre caractéristique de cette famille : chaque Ferrayor, à la naissance, se voit attribuer un petit objet appelé l'objet de naissance, qui l'accompagnera partout et toujours.
Ainsi, voici surgir dans le texte une bonde universelle à chaînette, un robinet, une poignée de porte en cuivre, une pince coupante, une tasse repose-moustache, un sifflet en forme de groin, un chausse-pied en écaille de tortue... J'en oublie forcément.
Il y a les Ferrayor d'en haut, les maîtres et il y a les Ferrayor d'en bas, ceux qui servent les maîtres. Ici on ne mélange pas les robinets et les crachoirs en argent... Quand on entre dans cette maison, on devient Ferrayor...
Tout commence le jour où la poignée de porte appartenant à Tante Rosamud disparaît ; les murmures des objets se font de plus en plus insistants ; dehors, une terrible tempête menace ; et voici qu'une jeune orpheline se présente à la porte du Château… Elle s'appelle Lucy Pennant. Elle semble sortir tout droit d'un récit de Charles Dickens.
Et voici que Clod Ferrayor, quinze ans et demi, petit-fils de celui qui règne sur cette dynastie, va être ébloui, troublé par la présence de Lucie Pennant, cette jeune fille fragile et lucide, déterminée...
Pour son malheur et pour notre bonheur, Clod Ferrayor a reçu un don singulier : il est capable d'entendre parler les objets, qui ne cessent de répéter des noms mystérieux…
Plus rien ne sera comme avant...
Il est souffreteux, elle a les yeux verts, ils vont s'aimer. Ce sont eux qui vont nous lier à cette histoire, nous faire traverser la maison, traversant le récit, traversant notre coeur au passage, franchissant les zones qu'ils n'ont pas le droit de transgresser... Ces deux-là, on imagine que Shakespeare les aurait adorés, sorte de Roméo et Juliette de la ferraille, des décombres et du gothique.
Voici un conte fantasmagorique à la poésie baroque, mêlant délire fantastique et lucidité grinçante.
Au fil des pages, de nombreuses questions se posent sur ces mystérieux objets, qui ne sont peut-être pas si inanimés que l'on voudrait le croire, et leur lien avec les habitants des lieux.
J'ai posé mes bras, mes mains sur les murs de cette maison. Je l'ai étreinte. J'ai entendu sa respiration. Elle m'a secoué de ses convulsions. J'entendais les bruits métalliques et les cris des objets. J'entendais des voix remonter des ordures et de la puanteur. Je sentais ses odeurs. J'entendais les battements de coeur de Lucie Pennant, crasseuse, souilleuse, mais si lumineuse et la course des pas douloureux de Clod Ferrayor à sa recherche effrénée.
Il y a dans ce texte que j'ai adoré pour son enchantement quelque chose de cruel et de dérangeant, car on se dit qu'il y a un côté absurde et monstrueux de notre monde à la dérive qui ressemble peut-être à cela.
Et puis, objet parmi tous les objets, il y a ce livre, l'objet papier avec des dessins fabuleux réalisés par Edward Carey lui-même, ouvrant de manière magique et ténébreuse chaque chapitre.
Bon, je vous laisse, je suis à la recherche de ma tasse repose-moustache, pas question de trouver le sommeil sans avoir remis la main dessus...
Quoi ? On me dit qu'il y aurait deux autres volumes à lire, car c'est une trilogie ? Alors, j'y cours, j'y cours... Vite, mon chausse-pied en écaille de tortue...
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Après avoir lu « L'observatoire », c'est avec beaucoup d'empressement que j'ai retrouvé l'univers d'Edward Carey dans le premier tome de la trilogie des Ferrailleurs.
On y retrouve tous les ingrédients que j'ai pu apprécier dans « L'observatoire », à commencer par une imagination débordante, un monde original et excentrique, une ambiance gothique empreinte de magie, une écriture sombre et mélancolique, une famille décadente et des personnages bien marqués.

L'auteur nous immerge dans un monde qui rappelle Londres à l'époque Victorienne mais également un monde futur déprimant dans lequel nous serions noyés dans nos propres déchets. Cet anachronisme m'a particulièrement plu.

*
Le rôle principal a été donné aux objets usés, cassés, oubliés, abandonnés, perdus, jetés qui se sont accumulés au fil des décennies, formant des montagnes de déchets instables et dangereux qui affluent, débordent, se meuvent, ondulent, formant un océan d'immondices en mouvement.
La toile de fond que constitue Londres sous cette gigantesque décharge à perte de vue est saisissante. Elle nous amène à réfléchir aux conséquences environnementales de nos modes de consommation et de production et de notre culture du jetable.

Au milieu de ce paysage de grisaille formé de vagues de décombres, s'élève le château des Ferrayor, un ensemble architectural étrange et bizarre. Cette habitation labyrinthique est la demeure d'une famille qui s'est enrichie au fil des générations, grâce à la collecte des déchets de tout Londres : les Ferrailleurs.

« le répugnant et le malodorant, le brisé, le fêlé, le rouillé, l'usé, l'endommagé, le puant, le laid, le toxique et l'inutile, nous les aimions tous, avec quel amour nous les aimions ! Il n'est pas de plus grand amour que celui des Ferrayor pour les rebuts. Tout ce que nous possédons est grisâtre et terreux, poussiéreux et malodorant. Nous sommes les rois de la pourriture et de la moisissure. Je pense que nous les possédons, oui, vraiment. Nous sommes les nababs de la putréfaction. »

*
On découvre ce monde peu à peu, avec ses règles, ses interdits, ses mystères, ses secrets.

La particularité de chaque membre de la famille des Ferrailleurs, nous l'apprenons dès les premières lignes du roman, est qu'ils sont liés, dès leur naissance, à un objet dont ils ne doivent absolument pas être séparés. J'ai eu très vite, envie d'en savoir plus sur cette famille étrange, sur leurs objets de naissance qui parlent.

L'immense maison des Ferrailleurs est tenue par une armée de domestiques. Privés de leur nom de famille, leur mémoire et leurs souvenirs s'effacent peu à peu. Ils font partie de la maison et sont presque assimilés à des objets.

*
Le récit alterne deux voix narratives : celle de Clod, un jeune Ferrailleur, né avec le don rare d'entendre les voix des objets de naissance ; et celle de Lucy Pennant, une jeune orpheline du monde extérieur qui travaille au château depuis peu comme servante. L'arrivée de la jeune femme dans le château va coïncider avec la survenue d'étranges évènements qui vont bouleverser le monde de Clod.

Les deux histoires s'entrelacent, révélant dans une alternance, le monde du bas, celui des serviteurs, et le monde d'en haut, celui des maîtres. Leur rencontre va tout changer.

« Je t'ai donné une bonde, Clodius Ferrayor, ton objet de naissance, pour que, sang de mon sang, tu fasses un choix entre deux choses. Tu nous contiendras, telle une bonde, tu nous garderas en sécurité, tu seras une barrière entre nous et l'inquiétant trou d'évacuation. Ou bien, inversement, telle une bonde qu'on retire, tu nous laisseras tomber, nous écouler vers le rien, nous réduire à néant, nous noyer, nous épancher, dégoutter, ruisseler, tu nous détruiras tous ! »

*
J'ai été immédiatement happée par le monde qu'a créé Edward Carey, à la fois étrange et si crédible. L'écriture de l'auteur imaginative, foisonnante, captivante, nous plonge dans les méandres de ce château mystérieux, impénétrable qui semble avoir une âme.

J'aime beaucoup les histoires de maisons. Sa construction est originale, faite d'un assemblage de maisons collectées, démantelées, insérées, assemblées, à l'architecture existante, créant un ensemble difforme et extravagant.

« Notre château était une mosaïque de cabanons et de palais. C'était une énorme bâtisse, faite de beaucoup d'autres. Mais la structure d'origine, presque impossible à retrouver maintenant, abritait notre famille depuis des siècles. »

En y regardant de plus près, la château des Ferrayor dégage aussi plusieurs impressions : elle apparaît comme un phare au milieu de l'océan, à la fois refuge et soumise aux éléments extérieurs. Elle semble également, tour à tour, majestueuse et imposante, mystérieuse et secrète, fragile et vulnérable par ses fondations qui se craquellent, sombre, dangereuse, ou funeste.

« La maison parlait ; elle chuchotait, jacassait, gazouillait, criait, chantait, jurait, craquait, crachait, gloussait, haletait, avertissait et grognait. Des voix jeunes, hautes et gaies, de vieilles voix, brisées et tremblantes, des voix d'hommes, de femmes, tant et tant de voix, et pas une seule qui vînt d'un être humain, mais des objets de la maison qui s'exprimaient, une tringle à rideaux par-ci, une cage à oiseaux par-là, un presse-papiers, une bouteille d'encre, une latte de plancher, … »

*
Edward Carey révèle tout son talent d'illustrateur en incérant au début de chaque nouveau chapitre, des portraits saisissants des occupants du château avec leurs objets de naissance. Les illustrations donnent l'impression de traverser une galerie de portraits de famille.

Le monde étrange d'Edward Carey rappelle celui de Tim Burton, par son esprit décalé et gothique, par les illustrations en noir et blanc, les personnages dont l'aspect apparait un peu maladif.

*
Pour conclure, ce roman est très différent de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent.
Edward Carey a su créer un récit intrigant et prenant, une atmosphère fascinante et menaçante.
Ce premier tome m'a emportée dans le monde des Ferrailleurs et l'épilogue particulièrement bien réussi, totalement inattendu, ne peut qu'inciter le lecteur à poursuivre avec le second tome.

Si vous pouvez envisager une histoire surprenante où les objets ont des noms et chuchotent, où la mer est faite de détritus, alors ce beau roman ne peut que vous séduire.
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Entrez, entrez, gentils lecteurs.Venez visiter le château des ferrailleurs. Pénétrez dans son antre et découvrez ses pièces grinçantes, grouillantes. Écoutez le respirer, chuchoter, sentez son coeur qui palpite, mais prenez garde ! Restez discret car seuls les Ferrayor de sang peuvent en arpenter les couloirs. Je doute que vous en soyez ! Car dans ce château, amalgame de vieilles bâtisses, bric à brac de grandes demeures et de bicoques vivent les Ferrayor. Des résidents aux allures de Famille Adams pour qui l'ordre, la hiérarchie et l'hérédité sont essentiels. Ouvrez l'oeil, vous les repérerez facilement, ils sont toujours accompagnés de leur objet de naissance. Bonde à baignoire, robinet, crachoir de poche, chaussure esseulée…, non vous n'êtes pas dans une quincaillerie.

Ce château aux allures Victorienne trône au milieu d'un océan de de détritus, une gigantesque décharge : le trésor des Ferrayor. Drôles de gens n'est-ce pas ?En effet, peu sympathiques avec leur allure d'aristocrates des poubelles ils sont craints et respectés. Parfois au milieu des ordures se cache un trésor. Ici c'est Clod. Un jeune Ferrayor qui accompagné de son cousin Timmus dénote étrangement. Clod a un petit truc en plus. Sous ses airs d'oisillon gringalet se cache un petit gars déterminé. Alors quand sa route croise celle d'une orpheline rebelle l'ordre séculaire qui régnait entre les murs du château en prend un sacré coup dans l'aile !

Ces Roméo et Juliette à la sauce Tim Burton vont mettre leur nez partout et tenter de découvrir quels sombres secrets abritent la vieille demeure. Mais tout cela a un prix !

Edward CAREY dés les premiers mots entraîne le lecteur dans un univers sombre et fantasmagorique aux accents steampunk. Un conte ténébreux, parfois cruel qui happe le lecteur entre ses griffes et ne le lâche plus. Les dessins en noir et blanc sont un vrai plus qui renforce le sentiment d'immersion. Quand arrive la dernière ligne il n'y a pas d'autre choix que de se plonger dans le tome II. Mais attention cher lecteur c'est à vos risques et périls...
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critiques presse (2)
eMaginarock
27 décembre 2019
L’ensemble du livre est extrêmement étrange : difficile de ne pas penser aux personnages de Tim Burton, qui semblent avoir transmis à Clod leur nostalgie poétique. D’un bout à l’autre de l’œuvre tout est bizarre, et c’est très dérangeant car cela reste malgré tout assez crédible. On en ressort un peu déboussolés par cette atmosphère étonnante.
Lire la critique sur le site : eMaginarock
Chro
09 avril 2015
On peut difficilement rester insensible au charme obscur et drolatique de cet univers à mi-chemin entre Edward Gorey et Roald Dahl.
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Tout commença, toute cette terrible histoire qui s’ensuivit, le jour où la poignée de porte de Tante Rosamud disparut. C’était la poignée de porte de ma tante, une poignée en cuivre. Et cela n’arrangeait rien qu’elle ait déambulé la veille avec sa poignée dans tout le manoir, cherchant des raisons de se plaindre comme d’habitude : elle avait monté et descendu tous les escaliers, parcouru tous les étages, raide comme la justice, ouvert les portes sous n’importe quel prétexte, inspectant, trouvant à redire à tout.
Elle insistait sur le fait que, durant tout le temps de son inspection, elle avait bien sa poignée de porte sur elle, et que maintenant, elle ne l’avait plus. Quelqu’un, hurlait-elle, l’avait prise.
Il n’y avait jamais eu un tel remue-ménage depuis le jour où mon grand-oncle avait perdu son épingle à nourrice. Lors de cet événement, on avait fouillé tous les étages pour découvrir en fin de compte que le pauvre vieil oncle l’avait toujours sur lui ; elle avait glissé dans la doublure de la poche de son veston.
C’est moi qui l’avais trouvée.
Ils m’ont tous regardé ensuite d’une façon étrange, ma famille, je veux dire, je dirais même encore plus bizarrement que d’habitude, car on ne m’avait jamais fait confiance, et on me chassait souvent d’un endroit à un autre. Ma découverte de l’épingle à nourrice sembla confirmer, pour certains membres de ma famille, qu’il y avait chez moi quelque chose d’anormal, et certaines de mes tantes et certains de mes cousins me fuyaient, ils évitaient de me parler, tandis que d’autres, mon cousin Moorcus par exemple, me cherchaient.

(Incipit)
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James Henry était une bonde, une bonde universelle qui pouvait s’adapter à n’importe quel trou de lavabo ou de baignoire. Je la gardais dans ma poche. James Henry était mon cadeau de naissance.
À chaque naissance d’un nouveau Ferrayor, la coutume familiale voulait qu’on lui offrît quelque chose, un objet spécial choisi par Grand-Mère. Les Ferrayor jugeaient toujours un Ferrayor à la façon dont il prenait soin de l’objet de ses jours, comme ils l’appelaient. Nous devions tout le temps le garder sur nous. Chaque objet était différent. Pour ma naissance, on me donna James Henry Hayward. Ce fut la première chose que je connus, mon premier jouet et mon premier compagnon. Il était accompagné d’une chaîne de deux pieds de long qui se terminait par un petit crochet. Quand je commençai à marcher et à m’habiller tout seul, je portais sur moi ma bonde universelle avec sa chaînette comme tant d’autres personnes auraient porté leur montre à gousset. Pour le protéger, je cachais James Henry Hayward dans la poche de mon gilet. Sa chaîne dessinait une boucle en forme de U sur ma poche, et son crochet était attaché au bouton central de mon gilet. Je me trouvais très heureux avec l’objet de mes jours, car, comparé à d’autres cadeaux de naissance, le mien, c’était du gâteau.
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Je t’ai donné une bonde, Clodius Ferrayor, ton objet de naissance, pour que, sang de mon sang, tu fasses un choix entre deux choses. Tu nous contiendras, telle une bonde, tu nous garderas en sécurité, tu seras une barrière entre nous et l’inquiétant trou d’évacuation. Ou bien, inversement, telle une bonde qu’on retire, tu nous laisseras tomber, nous écouler vers le rien, nous réduire à néant, nous noyer, nous épancher, dégoutter, ruisseler, tu nous détruiras tous !
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Puis le mal se déclara. On l'observa sur les choses, sur les objets qui cessèrent de se comporter comme ils le faisaient habituellement. Quelque chose de solide devenait glissant, quelque chose de brillant devenait peluche. Parfois, on regardait autour de soi et les choses n'étaient plus là où on les avait mises. Ça ressemblait un peu à une blague au début, personne ne pouvait entièrement y croire. Mais la situation dégénéra, on ne la maîtrisa plus. On ne pouvait plus faire faire aux choses ce qu'on voulait, il se passait un phénomène étrange : elles se cassaient sans discontinuer. Et certaines, je ne sais comment le dire autrement, certaines semblaient se sentir si mal qu'elles frissonnaient et transpiraient, elles avaient même des plaies, des boutons ou d'horribles taches brunes. On sentait vraiment qu'elles souffraient.
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Il y avait un lieu pour les enfants comme moi, ceux que la maldaie avait rendus orphelins. Il était situé contre une partie du mur d'entassement qui aurait, selon la rumeur, été construit juste après l'époque d'Actoyviam. Parfois, si une grosse tempête soulevait cette mer d'épaves, il arrivait que quelques objets soient violemment projetés sur le toit. C'était un lieu saturé de pleurs, de cris et de jurons, c'étaient des pièces souillées, habitées de tremblements et de recroquevillements.
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