C'est l'histoire d'un garçon de huit ans, Che, élevé à New-York par sa grand-mère très bourgeoise. Cela se passe au plus fort du mouvement hippie, fin des années 60, début des années 70. Les parents de Che impliqués dans des actions terroristes ont disparu depuis son plus jeune âge. Lorsqu'une jeune femme vient le chercher chez sa grand-mère, il est persuadé que c'est sa mère. Il va en découler une cavale jusqu'aux confins de l'Australie.Là tous les deux se cachent dans un camp de marginaux. Ils vont devoir se faire accepter. Cet enfant précoce qui espère toujours retrouver le père qu'il n'a jamais connu, ne craint pas de se rebeller contre les adultes qui l'entourent pour arriver à ses fins. L'émotion est au rendez-vous pour qui prend la peine de s'accrocher au style incisif, télégraphique parfois, mais toujours poétique.
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Même adulte il croirait que quelque chose était physiquement resté en lui – petit, poli, pas une perle, plus éclatant, plus miroitant, une sorte de graine dont il ferait semblant de croire que c’était un simple souvenir, rien de plus, qu’il garderait tout au long du chemin semé de débris qui allait être la comédie et quelquefois le désastre de sa vie.
Elle le suivit tel un agneau dans les lantaniers hirsutes, les fougères chuchotantes, amorphe, sans même la volonté de fuir. Criminel à cran, il courut sur le tronc horizontal d’un arbre renversé, se plia en deux et s’insinua à l’intérieur comme un oppossum, un furet, une bête étonnamment souple et agile, muscles et tendons jouant sous la peau.
Il était vraiment superbe. Il avait toujours été ainsi naturellement, mais Dial voyait à présent qu’il aimait le garçon, non pas d’un amour adulte et mesuré, mais d’une bonne façon quand même. Ce n’était pas un ennemi et elle consentait à arrêter son regard sur sa peau, ses yeux bleu pâle et limpides, adorables.
Le garçon sentit le produit chimique froid se répandre sur son crâne et il n’eut peur ni de ça ni de rien. C’était le destin qu’on lui avait prédit. Il passait à la télé maintenant. Il allait être obligé de rester avec son père, sa mère, comme il se devait. Un de ces jours, tu vas te réveiller en chantant.
L’eau de la douche était comme une promesse facile, ruisselant sur le tronc élancé de son corps solitaire et blanc, retombant, plus fraîche, en flaque autour de ses pieds si laids. Telles étaient ses pensées. Jadis elle avait été aimée.
Peter Carey au Sydney Writers' Festival en 2010. Discours de clôture sur les médias, la démocratie et le niveau d'alphabétisation.