Óláfr continua de se battre sans relâche. Par deux fois, Eiríkr se lança à son abordage et par deux fois il fut repoussé. Óláfr restait sur le gaillard d'arrière, invaincu, bien qu'il eût de moins en moins d'espoir et qu'il fût à court d'aide. Un grand jeune homme, répondant au nom d'Einarr Thambarskjelve, qui deviendrait très célèbre et important en Norvège, et qui était le meilleur archer de son temps, n'arrêtait pas de tirer des flèches. Par deux fois, il manqua toucher le jarl Eiríkr dans son navire. « Tuez-moi cet homme », ordonna le jarl Eiríkr à un archer près de lui et, juste au moment où Thambarskjelve bandait son arc pour la troisième fois, une flèche le frappa en plein milieu et le brisa en deux. « Qu'est-ce qui vient de se fracasser? », demanda le roi Óláfr. « C'est la Norvège, mon roi, qui vient de se fracasser entre tes mains », répondit
Thambarskjelve.
"S'il m'est donné de vivre plus longtemps", ajouta-t-il, "je partirai de cette terre pour aller retrouver des Chrétiens et faire repentance pour ce que j'ai commis contre Dieu. Mais si je meurs dans le pays du paganisme, célébrez mes funérailles comme bon vous semble". Ce sont les dernières paroles de lui qui aient été consignées. Et il fut enterré selon le rite païen et célébré par Eyvindr et les Scaldes, bien qu'il fût lui même un roi chrétien fervent. On le jugera donc digne d'être appelé ainsi : Hákon le Bon. Le chagrin, à la mort de Hákon, nous dit Snorri, était si grand et universel qu'il fut pleuré tant par ses amis que par ses ennemis, et que tous déclarèrent que la Norvège ne connaîtrait jamais plus de roi comme lui"