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EAN : 9782889441365
457 pages
Slatkine et Cie (04/02/2021)
3.84/5   66 notes
Résumé :
Une guerre sanglante éclate dans les rues de Bari suite à l’enlèvement du fils de l’un des parrains de la ville…

Été 1992. Meurtres, attentats, enlèvements : la Mafia fait régner la terreur dans les rues de Bari. Quand il apprend qu’un enfant a été kidnappé, le maréchal Pietro Fenoglio sait que le point de non-retour est atteint : il s’agit du fils d’un des parrains les plus puissants de la ville. La guerre est déclarée. Le chef du clan rival, qui sen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 66 notes
L'été froid, c'est cet été 1992 durant lequel la guerre de la mafia a atteint son comble tragique avec les assassinats des juges Falcone puis Borsellino à Palerme. le récit commence en fait en mai et nous plonge dans les Pouilles italiennes, dans un Bari rongé par une ambiance chaotique nourrie de tirs, embuscades et enlèvements.

Gianrico Carofiglio n'est pas un écrivain italien comme les autres. Il est procureur , conseiller du Comité anti-mafia au Parlement, il a été sénateur. Autant dire que son expertise est absolument irréfutable et elle transparait avec évidence dans son roman qui reconstitue de façon fidèle et précise le fonctionnement du système pénal italien ou toute l'organisation de la Mafia ( rites, hiérarchies, carrières, codes, justice interne et activité ). Mais là où le roman impressionne, c'est dans l'équilibre trouvé entre la réalité et la fiction, sans que l'un ne prenne l'ascendant au détriment de l'autre. le romanesque est très présent, baigné dans une rigueur documentaire. Et c'est passionnant.

L'auteur a trouvé un rythme parfait pour construire un récit très fluide articulé autour d'une enquête pour déterminer qui a enlevé et tué le jeune fils du parrain local, Don Grimaldi. le principal suspect, Lopez Vito, est celui qui a déclenché une guerre des gangs meurtrières pour détrôner Don Grimaldi. le récit rebondit de faits d'enquête en longs extraits de l'interrogatoire de Lopez Vito, le repenti qui collabore avec la justice, avec notamment une superbe scène : lorsque la procureure, en train de l'interroger, apprend que Falcone vient d'être assassiné, qu'elle est saisie d'un trouble si fort qu'elle ne peut qu'ajourner l'interrogatoire, se voyant potentiellement elle aussi dans une tombe.

Le choix des deux personnages principaux, le carabinier et le repenti, est très judicieux et apporte beaucoup de caractère. le carabinier, le maréchal Fenoglio, ne tombe pas dans le stéréotype du flic fracassé par la vie mais prend toute la lumière avec son extraordinaire dignité, son humanité et sa mélancolie. Cet homme de principes laisse la place au doute, sait regarder les choses déjà vues d'un oeil neuf, sans porter de jugement moral car il a conscience de la fragilité de l'être. le personnage du repenti est tout aussi réussi, tellement loin des clichés que cela en devient déstabilisant de le voir aussi calme et humble, sans excès ni fanfaronnade.

C'est un roman finalement très cérébral. S'il ne déchaîne pas les émotions, il génère une réflexion forte sur notre capacité à voir la réalité en face, même les plus déplaisantes, sans détourner la tête. En fait, progressivement, c'est tout le roman qui bascule dans une zone grise faite d'ambiguïtés dans laquelle il devient difficile de distinguer le Bien du Mal.
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Bari, au début des années 90. Des morts, des disparations qui s'accélèrent,, la zone contrôlée par le gang du blond est soumis à la plus grande des paniques. D'autant plus que les morts appartiennent tous à ce clan. Alors quand le gamin de Grimaldi disparait, on peut s'attendre à une pluie de cadavres...

Très bon polar , à la construction laissant une grande part aux explications sur l'implantation de la mafia dans les Pouilles . le pédigrée de l'auteur , né à Bari, ancien procureur et juge anti mafia, laisse peu de doutes quant à la crédibilité de l'histoire.
Les techniques usitées par les mafieux rappellent les propos de Saviano dans Gomorra et la fiction rattrape sans doute un peu la réalité.
Toujours est il qu'à travers deux carabinieri et une juge intègres , l'auteur dresse un portrait saisissant de la mafia au début des années 90, années qui virent les exécutions des magistrats Falcone et Borsellino en Sicile, mais aussi sans doute le début de la fin des Corleone comme le rappelle l'auteur.

Bon , mais l'énigme ? Bien , bien , on n'a pas affaire à des tocards , ni à des poules mouillées et il faut bien ça pour régler les problèmes que pose le clan Grimaldi.
Bien construit, instructif sur la mafia, ce livre est aussi la preuve que les frontières entre le bien et le mal sont vraiment ténues. Et pour ne rien gâcher, on voit passer quelques pizze , quelques vini bianchi ...
Très belle découverte.
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✨Ce que j'ai ressenti:

« Ce qu'elle voulait dire par là, c'était: il ne faut pas tenir les émotions et les sentiments pour acquis, il faut les partager, les décrire et les rendre tangible. »

Je vais donc vous les partager, parce que cette lecture laisse une forte impression. Rien n'est acquis dans cette vie, mais je vais devoir avouer que j'ai une admiration sincère pour la plume de Gianrico Carofiglio. Tout est en nuances, en subtilités. J'aime l'intelligence et la tolérance qu'on y décèle. Avec cette enquête passionnante et tragique au sein de la mafia italienne, on frôle le Bien et le Mal, pour se retrouver dans une « zone grise », où toute la complexité de l'être humain se révèle. Les règles et les frontières sont floues, mais il y a encore un peu d'espoir, puisque certaines personnes se dispensent de jugements hâtifs et réducteurs pour comprendre qu'il y aura toujours cet espace intangible qui abrite le noir et le blanc, et les mélange en fonction des circonstances…L'angle d'approche du duo Feneglio/Pellacchia et cette tolérance envers les failles humaines rend cette lecture profondément touchante. On sent l'expérience, le vécu, la réalité derrière la fiction. Et c'est pour cela, que j'ai ressenti cette admiration d'une part pour cette histoire en plusieurs actes, mais aussi pour la manière dont l'auteur nous la rend captivante et intense.

C'est l'été 1992, c'est un été froid, c'est ce qu'ils vont en retenir pour cette enquête qui portera ce nom. Ce n'est pas qu'une affaire de météo, c'est surtout que l'ambiance de Bari est particulièrement tendue avec la Mafia qui sème la terreur dans les rues: les corps refroidissent et les coeurs gèlent, et surtout, un enfant a été kidnappé…C'est l'effervescence, autant du côté des carabiniers que dans celui des mafiosos. Au travers des procès verbaux, et des scènes de violences explosives, le chaos s'invite à toutes les strates du système. Tous autant qu'ils sont, ne sont que des morts qui marchent encore, mais pour plus très longtemps…L'urgence est de mise, et ce qui fait que ce polar est haletant et addictif. Impossible de le lâcher!!!

En fait, je ne lui trouve pas de défauts à ce roman. Il a de la profondeur, de la dynamique, du sens, de l'humain, une philosophie inspirante, des mensonges et des vérités qui coûtent, de la mélancolie et des cappuccinos, un duo de personnages que j'adorerais retrouver, la culture comme point de mire: c'est l'Italie avec son essence. Et pour moi, c'est un coup de coeur. J'espère juste avoir réussi à décrire, à rendre tangible les émotions et les sentiments que j'ai pu ressentir. À vous de voir, si vous me faites confiance…

« Question- Pourquoi?

Réponse- Parce que faire confiance c'est bien, mais ne pas faire confiance c'est mieux, dottoressa. »
Lien : https://fairystelphique.word..
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Gianrico Carofiglio, procureur, ancien Sénateur, conseiller du comité anti-mafia au Parlement italien, sait de quoi il parle.

* * *

Il délaisse son héros récurrent, Guido Guerrieri, avocat solitaire, décalé, boxeur à ses heures perdues, grand lecteur aux heures… gagnées, pour nous livrer sous forme de dialogue avec une Juge, la confession de Lopez, mafioso «repenti » parce qu'en danger de mort : le petit garçon du chef du clan rival a été tué malgré le paiement de la rançon sollicitée, et Lopez, soupçonné d'avoir commis cette atrocité, est en ligne de mire.

Des crimes, Lopez en a commis beaucoup, mais pas celui-là.

* * *

Le livre oscille donc entre le récit de Lopez, et l'enquête menée par Fenoglio, carabinier désenchanté.

* * *

La partie « mafia » s'inscrit dans l'été 1992, qui fait suite à l'assassinat du Juge Falcone, les attentats, le début de la fin pour la mafia des Carleonesi.

* * *

La partie « enquête » est plus classique, Fenoglio ressemble étrangement à Guido Guerrieri, l'humour en moins. Mais c'est le sujet qui veut ça, la mafia, la mort d'un enfant… C'est L'été « froid », allusion à la météo, qui se cale, dans le roman (pas si romancé que ça) sur les aveux terribles et l'élucidation clinique de la mort du petit. Froid. Glacial.

* * *

Glacial, mais pas seulement. Les tirades de Fenoglio « diffusent » ce qu'il faut de chaleur et d'espoir.

* * *


(Dialogue entre le capitaine et Fenoglio)

« - (Le capitaine) Je ne pense pas que je serai officier des carabiniers toute ma vie. Je me suis retrouvé là par hasard mais, dès le départ, je me suis dit que je n'étais pas fait pour ça.

- (Fénoglio) C'est peut-être de la philosophie de bas étage, mais moi, je crois que certains métiers devraient être exercés par ceux qui ne se sentent pas faits pour ça, pour employer votre expression. Se sentir un peu déplacé rend plus vigilant. Par exemple, quelqu'un qui se sent totalement fait pour ça ne remarque pas l'absurdité de la manière dont nous rédigeons les procès-verbaux. Il ne remarque pas les détails importants. »

* * *

(Dialogue entre la Juge et Fenoglio)

« - Vous aimez être carabinier ?

- Il y a beaucoup de choses que je n'aime pas, dans le métier. Mais il y en a aussi d'autres qui me plaisent.

- Qu'est-ce que vous n'aimez pas ?

- Je n'aime pas la brutalité. Je n'aime pas les abus, surtout ceux qui sont commis au nom d'une prétendue justice. Je n'aime pas certains de vos collèges, et il y a beaucoup d'avocats que je n'aime pas non plus- mais en revanche, il y en a que j'aime beaucoup- , je n'aime pas la hiérarchie et je n'aime pas certains officiers. Evidemment, je n'aime pas les délinquants. Certains sont vraiment répugnants.

- Il doit y avoir quelque chose que vous aimez vraiment beaucoup, pour compenser tout ça.

- J'aime découvrir ce qui c'est passé - dans les limites du possible. J'aime que les gens me fassent confiance et décident de me raconter ce qu'ils savent, même dans les situations les plus inattendues. J'aime quand ce que je fais - ça arrive parfois- rend un peu de dignité à la personne qui l'a perdue. Cela donne un sens au chaos. Et puis j'aime certaines personnes avec lesquelles il m'arrive de travailler. Certains de vos collègues, certains des miens. Quelques repris de justice aussi, il y en a qui sont sympathiques.

(Il fit une pause, étonné de ce qu'il venait de dire.)

Quelle petite tirade pathétique !

- Non. Pas du tout. J'aime bien ça l'idée de donner du sens au chaos. »
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Ce roman nous offre une plongée radicale dans les arcanes de la mafia italienne et plus particulièrement celle basée à Bari ,au Sud de l'Italie ,dans la région des Pouilles en ce printemps 1992.
Il est vrai qu'en tant que procureur et conseiller anti-mafia au Parlement italien , Giancarlo Carofiglio est bien placé pour connaître certains de ses rouages et comme certains de ses membres .
Nous faisons la connaissance du maréchal Fenoglio . le sous-officier des carabiniers fait partie de la Division des Affaires criminelles dirigée par le capitaine Valence qui vient juste de prendre le poste . Ce dernier compte beaucoup sur l'expérience du maréchal dans « le milieu » de la criminalité de la ville pour l'aider à comprendre les forces en présence . Et justement l'un des clans qui tient la ville , celui Nicola Grimaldi , voit plusieurs de ses lieutenants se faire assassiner . Ces tueries sont peut-être dues à une scission interne du gang , dont un certain Vito Lopez et ses sbires seraient la branche dissidente .Une guerre ouverte qui ne semble pas vouloir s'arrêter alors même que le fils de Nicola Grimaldi a disparu . Probablement un enlèvement dont tout porte à croire qu'il est l'oeuvre du groupe Lopez .
Les carabiniers vont-ils se contenter de compter les points et les morts ou la soudaine reddition de Lopez va t-il permettre de voir sous un jour nouveau les rapports complexes qui unit les différents membres de la Societa Nostra et mettre en lumière leurs terribles faits d'armes ?

Pour ceux qui découvriront avec ce roman l'organisation des différents groupuscules mafieux , vous allez être comme moi , surpris .
L'auteur nous dresse ici une société hiérarchisée , entre membres à part entière , chacun ayant une « qualité » définissant son niveau dans le clan et des sympathisants qui aident occasionnellement ou régulièrement les membres dans leurs actions illégales . Des actions dont le « terrain de jeu » est très vaste : trafics en tous genres , extorsions, prostitution, jeux clandestins, corruption à tous les niveaux de la société italienne et en particulier dans les partis politiques et la Police .
En face d'eux on découvre un membre des forces de l'ordre atypique : lettré , amoureux de musique classique et profondément humaniste mais souffrant de solitude depuis que sa femme lui a demandé de faire une pause dans leur relation .
Pour lui ce métier est un sacerdoce qui doit se faire dans les règles de l'art tout en respectant le droit des délinquants . Car pour lui chaque être humain doit avoir une seconde chance sauf si il a tué un enfant , un acte impardonnable pour lui .
L'auteur nous montre toute l'étendue de l'immoralité des membres de cette mafia et , sans aucun filtre, les pires de leurs crimes . La vengeance est pour eux une nécessité comme celle de se faire respecter quitte à rendre pour cela un innocent handicapé à vie ou rayer de la terre un potentiel futur ennemi .
Ce roman , grâce à une écriture dynamique et efficace , ne nous cache rien de leur cruauté même si le portrait de Fenoglio ,en total contrepoint avec les criminels qu'il pourchasse , une belle âme au milieu des requins , nous donne quelque espoir de croire encore en l'humanité .
Comme tout bon polar qui se respecte, il vous réservera également un rebondissement d'une sacrée ampleur dans sa dernière partie .
Je ne peux que recommander .



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critiques presse (2)
LeMonde
26 avril 2021
L’auteur de ce polar, natif de Bari et ex-magistrat antimafia, connaît son sujet. Ses livres s’en ressentent : « L’Eté froid » est bien glaçant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
26 février 2021
Dans la longue confession qu’il délivre au magistrat, l’homme retrace sa propre aventure criminelle dans un conte hypnotique animé par une force vivante.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il n'y a rien de plus inacceptable qu'un enfant qui meurt avant ses parents. Quand cela se produit, l’illusion d'un quelconque sens dans ce monde s'écroule comme le plus banal des châteaux de cartes. La mort d'un enfant ouvre un abime de douleur et de folie dont il est impossible de voir le fond.
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Le sens commun suggère que , si nous nous trouvons à proximité d’un épisode dramatique, nous ne pouvons que nous en rendre compte. Mais en réalité, les gens sont généralement concentrés sur leurs problèmes ; l’attention et la perception sont subjectives, et la capacité à saisir les modifications du rythme ordinaire des choses dépend de nos prédispositions et des circonstances. Bref, il n’est pas du tout surprenant que des faits très importants se déroulent sous les yeux de tous sans que personne s’en aperçoive.
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La frontière séparant les fous des gens normaux nous semble nette, solide et difficile à franchir. Or elle est très mince, et à certains endroits -à certains moments- elle s’estompe sans que nous nous en apercevions. Nous nous retrouvons dans un territoire de fous sans comprendre comment cela s’est produit -du reste, les fous savent-ils qu’ils sont de ce côté-là?
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Chaque fois on se dit qu'on a l'habitude, chaque fois, on se dit que rien ne parviendra plus à nous toucher et nous surprendre, et pourtant chaque fois, on tombe sur quelqu'un qui nous tape encore plus sur les nerfs, pensa Fenoglio.
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À la réflexion, le problème était peut-être plus grave encore, et c’était plus que l’impossibilité d’avoir des enfants. D’ailleurs, elle venait de le dire : il ne faut jamais rien tenir pour acquis. Ce qu’elle voulait dire par là, c’était : il ne faut pas tenir les émotions et les sentiments pour acquis, il faut les partager, les décrire et les rendre tangibles. Il ne faut pas tenir l’amour pour acquis.
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La raison du doute - Gianrico Carofiglio Margue Page 05-10-2010
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