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sur 1741 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Partant d'une réflexion personnelle des plus naturelles, Emmanuel Carrère se demande comment aujourd'hui, à l'aube du XXIème siècle, les gens peuvent encore croire, malgré la suprématie des sciences et de la raison, à l'existence d'une divinité supérieure, omnisciente, qui aurait le pouvoir de châtier les mauvais et de récompenser les bons, leur ouvrant les portes de son Royaume pour l'éternité ?


Se basant sur sa propre expérience de chrétien, qui dura quelques années, pendant lesquelles il fut un pratiquant exemplaire, Emmanuel Carrère explore et enquête, avec une véritable curiosité, sur les différents aspects de la foi, comment elle se constitue et ce qu'elle procure. Une entrée en matière qui lui permet de pousser jusqu'aux fondements de cette croyance et de revenir ainsi sur les origines du christianisme.


A partir des évangiles de Paul et de Luc, ainsi que des nombreux textes et essais réalisés au fil des siècles, il reconstitue et imagine (souvent), les vies menées par les deux prophètes à un moment où la notion de christianisme était encore quasi inexistante et ne comptait que quelques adeptes. Il retrace leur quête, à partir de faits, d'anecdotes qui ont traversé les siècles, il imagine leur combat quotidien pour promouvoir un nouvel ordre du monde, Paul le tempétueux, le passionné et Luc, le discret, qui observe et conserve par écrit le changement des mentalités.


A quel point ce que l'on peut lire dans les évangiles tient-il de la fiction, d'une réalité enjolivée afin de mieux servir un message ? Dans « le Royaume », Emmanuel Carrère ne cherche pas à trancher sur la véracité de tel ou tel évènement, mais à nous interpeller sur les étapes qui ont permis de promulguer et de consolider le christianisme jusqu'à en faire l'un des mouvements religieux majeurs des deux derniers millénaires. Tout est dans la subjectivité et l'interprétation, de fait, l'omniprésence du « je » peut parfois agacer… L'auteur rapporte tout à son propre vécu et à sa perception, nous offrant son point de vue sur plus de 600 pages… Si le sujet s'avère réellement passionnant et l'écriture parfaitement limpide et agréable, j'aurais néanmoins apprécié de sentir moins la présence de l'auteur derrière chaque pages… « le Royaume » s'apparente donc davantage à un essai, une introspection plutôt qu'à un roman, et s'avère très enrichissant quand on a, comme c'est mon cas, de grosses lacunes quand il est question de religion !
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Tant d'avis pour ce livre remarqué, judicieusement dans les bacs pour une rentrée littéraire de septembre. Que dire de plus ?

Je me contenterai donc d'affirmer ma fidélité à l'écrivain dont j'aime la plume, empreinte de sensibilité, d'introspection joyeuse, d'autodérision et d'humour. Je l'apprécie jusque dans ses digressions, ses doutes et ses angoisses. Il y a de la générosité dans ce « lâcher prise » envers le lecteur.

« Quand j'aborde un sujet, j'aime bien le prendre en tenaille » avertit Emmanuel Carrere.
En effet, il creuse, creuse…
Plus de 600 pages pour raconter 3 ans de ferveur chrétienne, une parenthèse de vie à décrypter, histoire de comprendre cette crise, cette illumination passagère d'un homme qu'il n'est plus, vingt ans plus tard. Dans le doute on prend la béquille que l'on trouve : psychanalyse, religion…Dieu avait-t-il changé de plan pour un auteur, à l'époque en panne d'inspiration et dépressif ?

« Peut-être veut-il que je cesse vraiment d'être écrivain, que je devienne, je ne sais pas, brancardier à Lourdes »
Le ton est donné…

Il fouille en historien, met en mots en romancier, s'interroge en enquêteur, s'observe en psychanalyste, digresse en narcissique. L'écriture est toujours vivante, le propos intelligent, humoristique et décalé. Il fouille les textes sacrés, donne une densité à ses personnages qu'ils soient humains ou bibliques. Si la thématique chrétienne m'est éloignée, je salue une érudition remarquable et un style didactique jamais pompeux. L'aspect historique est instructif. Et j'ai aimé cette façon de torpiller le « sacré » pour se rapprocher de l'individu dans son humanité. C'est une expérience de foi étonnante, c'est libre, inspiré et vivifiant.

Je reconnais tout de même avoir survolé quelques pages et je n'ai pas d'avis sur le fond, par méconnaissance du sujet. En dépit de cela, je suis et reste une fidèle d'un auteur qui à chaque livre me surprend par son style et par l'originalité des thèmes abordés.
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Cet ouvrage m'a plutôt déçue. Peut-être ne correspond-il pas à l'idée que je m'en faisais : je m'attendais à trouver sans doute un exposé historique visant à montrer une bonne fois pour toute que les fondements du christianisme reposent sur des croyances fausses. Il n'en est rien et peut-être heureusement, par respect pour les croyants d'aujourd'hui. L'auteur expose l'histoire de la religion chrétienne en agnostique, se questionnant et montrant parfois son incrédulité vis-à-vis de certaines scène de la vie de Paul, de Luc, s'appuyant sur les écrits d'Ernest Renan. Exposé au demeurant très intéressant quoique souvent dilué voire ennuyeux. Ce livre ne m'a fait réfléchir ni dans le sens d'un regain de foi, ni dans celui de l'athéisme. Un livre écrit par un agnostique pour les agnostiques et un exposé longuet mêlant aspect historique du christianisme et biographie, doutes, interrogations de l'auteur qui ne se montre pas très clair sur les objectifs de son écrit.
Je préfère sur le sujet, des écrits d'historiens qui adoptent une attitude neutre histoire de conserver au cours de l'exposé, une objectivité permettant à tout lecteur de se faire une idée de la question.
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J'aime toujours autant le style de l'auteur, qui m'a permis d'aller au bout du livre. J'aime qu'il mette toujours de lui dans ses romans, il s'implique toujours personnellement. On découvre un énorme travail de recherche derrière cet ouvrage très fouillé. Cela m'a permis de découvrir des éléments que je ne connaissais pas sur l'histoire du christianisme.
Néanmoins, je mentirais en disant que l'ouvrage m'a passionnée. J'ai dû souvent batailler pour continuer ma lecture, il faut dire que le roman est très long... L'auteur se débrouille pour rendre cela assez vivant, moderne mais cela reste 600 pages sur la naissance du christianisme ! Je salue cette initiative audacieuse mais je ne suis pas conquise.
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Si ce roman m'a fait sourire une ou deux fois, notamment quand Emmanuel Carrère mentionne la bouche en cul de poule qu'on est obligé de faire quand on prononce la deuxième syllabe du mot Jésus, il m'a surtout agacée à plusieurs reprises à cause de la langue relâchée, voire vulgaire qu'Emmanuel Carrère semble se croire obligé d'utiliser pour... mais pour quoi au juste? Pour contrebalancer la sacralité de son sujet? Pour faire de la provocation? Parce que s'il avait écrit ainsi dans ses deux romans précédents, je pense que cela m'aurait gênée aussi. Or je n'ai aucun souvenir que ce fut le cas. Quand il se demande si Marie a joui dans sa vie, je trouve ça inutile, voire déplacé. Quand il parle d'une sculpture et qu'il dise "une femme à poil", ça me gêne. Soyons claire, la vulgarité ne me heurte pas si le contexte la rend nécessaire mais pour moi, c'est ici pure provocation, tout comme l'est le choix de certains mots (je ne vais pas en faire la liste, mais elle est assez longue). Je crois que pour moi, la cerise (pourrie) sur le gâteau fut "Ce n'est pas ma came". Vous avez déjà entendu Emmanuel Carrrère dire ça? Moi, jamais.

Concernant ce qu'il raconte, je ne vois pas l'intérêt de certains passages. Il nous raconte que son ami Hervé et lui sont allés entendre un porte-parole yougoslave de la Vierge et que ce qu'il disait leur a paru menaçant et froid. Et on passe à autre chose. Mais quel est l'intérêt de le mentionner si ce n'est pas pour nous expliquer ce qui fut dit et sur quoi se fonde cette impression?

Dans Limonov, les parties que je préférais étaient celles où Emmanuel Carrère se racontait. Ce ne fut pas le cas ici. J'ai d'ailleurs trouvé le mélange entre sa vie et son sujet, qu'il réussit d'habitude, raté. Pour moi, la sauce n'a pas pris. L'ensemble me semble de ce fait décousu. D'autre part, je n'ai pas toujours cru aux anecdotes qu'il mentionne ou plutôt aux détails qui les font vivre: celle de sa nourrice encombrante et encore pire, celle de l'amie qui invite un clochard qui s'incruste jusque dans son lit.

On sent dans ce livre toute l'ambiguïté qui le lie au sujet de l'un de ses romans précédent, Jean-Claude Romand. On le sent toujours fasciné par cet homme dont on apprend ici qu'il s'est converti au catholicisme et le pratique avec une certaine ferveur. On sent que cet homme qui s'est cousu un manteau de mensonges est un éternel mystère qu'Emmanuel Carrère ne parvient pas tout à fait à percer mais dans sa façon de comparer la foi nouvelle de cette homme à un autre mensonge, tout en refusant de le faire vraiment, il y a quelque chose qui me dérange. D'ailleurs, j'aimerais bien savoir si Carrère a informé Romand qu'il serait à nouveau présent dans son livre et sous quelle forme. J'ai l'impression que Romand est le personnage récurrent et central de Carrère et qu'il est loin d'en avoir fini avec lui.

Je me suis aussi lassée des "je pense", "j'imagine", "il a dû". A un moment, je n'avais plus envie qu'on m'invente ce qu'a fait Luc.

Dernier point et non des moindres, j'ai eu l'impression de lire un livre à charge contre l'apôtre Paul. Soit c'est l'avis de l'auteur lui-même, soit les historiens et les exégètes le pensent et il n'est pas parvenu à me faire croire que c'est le cas.

Pour finir sur la note positive, je me suis instruite et j'ai apprécié de découvrir les débuts de cette secte qui devînt grande mais surtout du monde romain qui s'appropria la culture grecque dont il sentait la supériorité, j'ai découvert qu'être grec n'était pas lié à la terre où on était né, la promiscuité entre chrétienté et judaïsme qui ne sont que deux frères d'une même famille, le fait que les scènes du Nouveau Testament ne sont que très peu représentées en peinture ou que l'idée de la virginité de Marie n'était pas présente aux débuts du christianisme. J'ai aimé comprendre que les chrétiens ne se sont vraiment démarqués des juifs que lorsqu'être juif devînt dangereux pour eux. Ah, une dernière chose, Proust est une sorte de fil conducteur dans ce roman. Il n'a aucun rapport avec le thème, mais ça passe bien tout de même. Et puis, avouons-le, il y a quelques moments de grâce, comme cette fille trisomique qui se met à chanter pour Jésus et dont l'innocence et le plaisir parviennent à faire tomber les barrières qu'Emmanuel Carrère avait décidé d'ériger entre lui et les prières.
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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Un livre que j'ai apprécié et détesté....
J'ai apprécié le travail indéniable de recherche fait par l'auteur...un travail de lecture complète et d'analyse des Évangiles et de l'histoire des débuts du christianisme... Emmanuel Carrère a comparé les divers textes des apôtres pour tenter d'y trouver les points de convergence et les points de divergence, les faits avérés par l'histoire ....un livre qui confirme un point de vue que je ressentais...un partie de ces textes relève du roman, plus que de l'histoire. Certains des apôtres ont connu le Christ et ont écrit sa vie, d'autres en parlent alors qu'ils ne sont que "l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours".. Une analyse troublante, qui rejoint ce que je ressentais depuis mon adolescence après avoir cru ce qu'on me demandait de croire pendant mon enfance. Une analyse de l'histoire des débuts du christianisme qui rejoint même souvent dans les propos de l'auteur celle de l'histoire du communisme...!! Il y trouve des points de comparaison
Par contre j'ai trouvé que le texte manquait de concision, on a souvent l'impression de relire des parties déjà écrites, que l'auteur a voulu remplir à tout prix du papier, faire un pavé, et il y a réussi. Que de digressions, même dans le porno, qui n'ont pas grand chose à faire dans le propos! A mon avis ce texte aurait gagné à être plus court, plus concis.
L'auteur pêche par vanité et orgueil.
Si vous n'avez pas compris à la fin de l'ouvrage qu'il est intelligent, riche, qu'il a fait un travail énorme sur plusieurs années, en compilant des sources innombrables y compris dans des livres chers qu'il a les moyens d'acheter et qui tapissent ses murs...c'est que vous avez lu en diagonale. Oui il a très tôt rempli 18 cahiers d'écoliers...oui il a les moyens d'avoir des propriétés en Grèce ....oui, il parle très bien de lui..On est jamais si bien servi que par soi-même.
Certains livres sont comme certaines pâtisseries, difficiles à avaler à cause de leur consistance épaisse ou farineuse ...... des étouffe Chrétien ...un pari réussi sur toute la ligne !

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Voilà, j'ai terminé ce fameux livre d'Emmanuel Carrère « le Royaume ». Ouf je dirais… car c'est un vrai pavé ! Et ouille ouille ouille pour faire une critique sur un livre aussi foisonnant, différent et parfois tout de même un peu ardu.
Tout d'abord, il est évident que c'est un livre intéressant et on y apprend beaucoup de choses sur les débuts du christianisme et aussi sur cette période au niveau historique (l'empire romain, les Juifs, les Grecs etc.). Car Emmanuel Carrère a fait un sacré gros boulot d'historien, bravo à lui, et c'est une vraie somme de travail de titan et d'analyse. Une chose aussi qui me paraît importante à dire, c'est l'honnêteté totale d'Emmanuel Carrère. Que ce soit au niveau de sa propre expérience de 3 ans de chrétien, de ses états d'âme personnels (j'avoue que parfois, il va loin dans la confidence personnelle et intime) mais aussi au niveau du travail qu'il a fait et ce qu'il nous en dit. Quand ce qu'il dit est prouvé, il nous le dit, et donne ses sources. Quand on ne sait pas, aucune trace historique, et qu'il donne ses propres conclusions ou qu'il invente, il le dit aussi. Ainsi il alterne les faits historiques et une enquête rigoureuse, à des passages purement fictifs de son cru, qui tiennent du roman. Mais il revient toujours à la réalité historique.
J'ai eu une éducation religieuse, mais honnêtement je n'ai jamais lu au complet les Evangiles. J'en ai donc beaucoup appris avec ce livre et souvent j'ai été très étonnée. Emmanuel Carrère se base essentiellement sur les écrits de Paul et ceux de Luc. Tous deux n'ont pas connu Jésus, mais ont vécu à la même époque et se sont convertis. Paul était un Juif, pas Luc. Bien sûr le récit d'Emmanuel Carrère est « traversé » par tous les autres personnages des Evangiles, mais de manière moins appuyée. Dans son récit, Emmanuel Carrère alterne l'érudition, l'Histoire, l'humour… mais toujours avec respect pour le christianisme et les croyants. Il en a d'ailleurs fait partie, même si à priori il ne croit plus actuellement.
La première du livre est d'ailleurs centrée sur son expérience personnelle, son mal être incroyablement profond (Emmanuel Carrère je m'en étais déjà aperçu en lisant d'autres livres de lui –D'autres vies que la mienne, L'adversaire- est quelqu'un de très dépressif, incroyablement compliqué et peu sur de lui) et sa conversion au christianisme jusqu'au mysticisme (oui car il ne fait pas les choses à moitié, non seulement il se convertit, mais il va très loin dans sa démarche, au-delà d'un chrétien moyen) grâce, entre autres, à sa marraine. Comme je vous l'ai déjà dit, il est vraiment très sincère et honnête dans son récit.
Que dire de plus ? Si ce sujet vous intéresse, je pense qu'il faut le lire. On en apprend beaucoup, et malgré la longueur du livre et quelques passages un peu longs qui à mon goût auraient pu être un peu coupés, il est agréable et parfois passionnant à lire. Tentez l'aventure !
Par contre, ne comptez pas sur cette lecture pour vous convertir ou renforcer votre foi si vous l'avez. Je ne pense pas qu'il a été écrit pour cela. Et même si tel était le cas, le but ne serait pas atteint.
Bonne lecture donc !
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Voici un roman d'un style un peu particulier. Un roman en forme d'enquête sur l'histoire de l'évangélisation avec en incrustation des pans de la propre vie d'ex-chrétien d'Emmanuel Carrère. Issu d'une famille russe et croyante (Ah la foi orthodoxe !), il va, à une époque de sa vie, essayer – car c'est bien le terme, il fait ça comme on enfile un vêtement – de croire. En bon intellectuel, il n'y va pas de main morte. Il lit tout, originaux, traductions, il s'imprègne du nouveau testament, prend des notes ( 15 cahiers quand même), va à l'église tous les jours, prie avec ferveur lors de messes célébrées dans une remise à foin « par un homme épuisée pour une poignée de montagnards valaisans et un mongolien ( qui tenait le rôle d'enfant de choeur) dont chaque geste disait qu'il était à sa place et qu'il ne l'aurait échangé pour aucune autre » Bref ! il endosse l'habit du catho. presque parfait mais au bout de 3 ans cette ferveur semble le quitter.

Plus d'une décennie plus tard, il revient sur cet épisode, non pour le remettre en question mais pour – avec la distance d'un historien– explorer, avec les écrits de référence et son imagination de romancier, le nouveau testament et plus particulièrement les épitres de Paul et l'évangile selon Luc. Avec des séquences vraiment hilarantes notamment le passage du recrutement de la nounou de ses enfants, il nous conduit sur les traces des apôtres.

La force de l'ouvrage c'est d'essayer de restituer l'état d'esprit de ces hommes qui partirent dans tous les sens pour livrer une parole, de nous faire voir une époque, une façon de vivre, d'évoluer entre hommes de culture et de religions différentes. Enracinée dans la culture juive, les chrétiens vont s'affranchir progressivement des dogmes du Temple, c'est un va et vient permanent de « on le fait, non on le fait pas ». Les premières communautés chrétiennes - qui ne savent encore qu'ils sont chrétiens – sont estomaquées par le discours sur l'amour du plus faible, sur l'égalité entre les hommes. Autant de concepts qui sont totalement inexistants dans les sociétés grecques et romaines de l'époque. Sociétés dont les religions ont pour avantage d'être permissives là ou la religion juive (la seule à dieu unique à cette époque) est pleine d'interdits.
Carrère nous présente ces pêcheurs modestes et illettrés qui vont changer la face du monde alors que Néron, Sénèque, Flavius Josèphe … qui font aussi partie du paysage, sont aujourd'hui à peine connus. Pour autant, le texte reste à distance de la foi. Carrère n'est surement pas un évangéliste, il s'applique à raconter une époque à remettre les hommes à leur place d'homme. D'ailleurs, ils ne sont pas toujours glorieux ces premiers chrétiens qui se bouffent le foie pour prendre le dessus des uns sur les autres.

Si on n'est pas familier de l'ancien testament et pas passionné (ce qui est mon cas) par les pérégrinations des apôtres la lecture est par moment semée d'embuches. Faut prendre des notes comme Carrère il y a 20 ans ! Comprendre qui faisait quoi et qui allait où aux environs de 60 après JC. est peu motivant même quand c'est Carrère et son style limpide qui écrit. Cependant, oui, Emmanuel Carrère est capable de vous faire avaler 630 pages sur les épitres de Paul et sur l'évangile de Luc sans que vous soyez – comme moi – ni chrétien, ni croyant.

Et puis par moment, pour bien nous montrer qu'il reste un libre penseur iconoclaste, Emmanuel Carrère digresse sur son goût du porno sur Internet. Là, je me demande s'il ne s'amuse pas un peu avec les chrétiens qui vont lire cet ouvrage. Paf ! En plein milieu du livre, on a de belles pages bien claires, de masturbation féminine et sur les modèles qui ont inspiré la peinture sacrée du Caravage. La vierge et la putain, Sacré Emmanuel ! Un peu plus loin, il va faire dans le gore pour expliquer les tortures infligées au premier chrétien. J'avoue que ça réveille son homme surtout après des passages un peu longuets. Certains ont qualifié l'ouvrage de « livre complet », histoire, récit, roman, autobiographie… c'est vrai que chacun pourra y trouver ce qu'il cherche un peu comme dans les écrits religieux.
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Je ne fais pas partie ni de ceux qui adorent Carrère, ni de ceux qui le détestent. Je reconnais la documentation poussée de son ouvrage, encore qu'il arrange à sa manière ce qu'il pas souhaité approfondir. Comme d'habitude, il parle souvent de lui en faisant semblant de parler des autres et même de Dieu. Donc, j'ai trouvé son livre long et lassant jusqu'au dix dernières pages qui rattrapent tout le reste et auxquelles je donnerais volontiers cinq étoiles.
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Ce n'est pas ma première lecture d'Emmanuel Carrère, ce ne sera sans doute pas la dernière, mais je n'ai pas été séduite outre mesure par cette enquête sur les débuts du Christianisme. le style est là, accompagné de l'érudition, d'une pointe d'humour, j'ai beaucoup appris sur Jésus, sa vie, ceux qui l'ont accompagné, ceux qui se sont les premiers revendiqués de lui ; cela m'a amenée à réfléchir à la question de la Religion, de la croyance, des conflits qui en résultent, des interprétations qui en sont faites, de la Foi...
J'ai trouvé intéressantes les anecdotes personnelles de l'auteur , qui font ressortir la sincérité de sa démarche, même si il m'a semblé à certains moments gentiment pédant. Comme une autre lectrice, la surprise m'a gagnée, de lire ses nombreuses comparaisons entre l'Histoire Russe (régime soviétique, Tchétchénie,...) et l'époque tellement lointaine de l'origine de la Chrétienté.
J'ai apprécié par ailleurs la franchise, déniée de tout angélisme, que l'on décèle au fil des épisodes entre fiction et fait historique. Tout le monde en prend pour son grade, c'est osé, mais peut-être salutaire.
Pour conclure, une lecture source de réflexion, mais pas de nuits blanches exaltées ! (pour moi, du moins... ;) )
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