Six journées de marche à travers l'Auvergne, du Mont-Dore aux confins du sud du Cézallier, à travers deux départements, Puy-de-Dôme et Cantal, contées par un moine écrivain,
François Cassingena-Trévedy.
Il déroule son voyage réalisé vers la fin du mois d'octobre, entre monts et vallées, d'abord sur la thématique de la nature qu'il sanctifie pleinement, que ce soit dans le déploiement des couleurs, celles des hêtres et des frênes, des prairies givrées au petit matin vers le nord au début se son périple, abritant encore de rares grillons tout au sud de celui-ci. Il ne passe jamais à côté du moindre détail du paysage, le fixant dans sa mémoire sans la moindre photographie, laissant s'incruster lentement ces visions inoubliables, des herbes les plus modestes aux horizons majestueux.
C'est un homme de religion, un vrai religieux même, et il a choisi de ponctuer son récit, adroitement, tels qu'ils les sentaient venir en lui, de passages de la Bible, que ce soit des psaumes, des extraits d'Evangile, sans jamais lasser, à petites doses; il ne cherche nullement à convertir, il ressent, il admire, il exprime. Son texte peut aisément être lu par tous et, surtout, ne voir aucun frein dans son statut, il est avant tout un homme de sensibilité et de sentiments qu'il fait partager modestement, mais avec un talent littéraire magnifique.
S'il m'a fait souvent fait penser à l'agnostique Tesson que j'aime beaucoup lire, qui d'ailleurs éprouve bien souvent des sensations analogues aux siennes, il m'a fallu de temps à autre le dictionnaire car son vocabulaire est aussi recherché que celui de Sylvain. Se connaissent-ils, pourraient-ils écrire ensemble un tel récit, pourquoi pas?
Deux autres thèmes reviennent au fil de son parcours : la peinture et la musique. Pour la peinture, c'est plutôt l'art sacré qui est évoqué, et, pour la musique, Vivaldi, Beethoven, avec le largo de l'Hiver ou les notes de la cinquième lors de son cinquième jour de marche.
Et puis, les rencontres, souvent de gens qu'il connaît, lors des étapes, car sur les chemins dans cette région, au coeur de l'automne, il n' y a plus de randonneurs. C'est bien sûr un homme d'écoute et de partage, il entend les joies du quotidien, garde pour lui les épreuves qui lui sont confiées. Il aime également partager les repas, il est souvent invité, sinon il se contente de son ordinaire devant les braises d'un feu qui l'incite encore à la méditation.
Son livre est peuplé de nombreuses descriptions qui portent le vécu : fils de givre dans les herbes, les toiles d'araignées ou les barbelés, mémoire de l'éclatement des gousses des genêts en plein été, miroirs des lacs, agilité des ruisseaux, ciel, vent, nuages, horizons, ces trois derniers le fascinant visiblement et le menant bien au-delà du voyage accompli.
Un livre riche, empli de nature, d'émotions, d' humanité, avec une écriture splendide qui vous porte aux côtés de cet homme que l'on a du mal à quitter une fois parvenu à la dernière page.