Pour découvrir
Willa Cather, et avant de me lancer dans une oeuvre plus longue, j'ai découvert cette nouvelle de 85 pages. Elle met en scène deux artistes, Hedger d'un côté, Eden Bower, de son vrai nom Edna Bowers (oui, il faut choisir un nom qui fasse plus "star").
Chacun a sa vision de ce qu'un artiste doit être, et le fait que leur point de vue soit diamétralement opposé causera une scission entre eux. Il est dommage que le quatrième de couverture le dise d'entrée de jeu, gâchant ainsi, un peu, le plaisir de lecture. Tous les deux sont des artistes, pas de doute là dessus. Eden est une cantatrice, et, par le narrateur omniscient, par de nombreuses anticipations, et par une ellipse de vingt ans entre l'avant-dernier et le dernier chapitre, nous saurons qu'Eden deviendra une cantatrice adulée, honorée en Europe, et qu'elle gèrera avec soin sa carrière et son argent. Nous saurons qu'Hedger deviendra un peintre reconnu, à sa manière, c'est à dire celle d'explorer toutes les formes de son art, sa volonté de ne pas se répéter, au grand dam de ceux qui exposent ses oeuvres, au grand dam aussi d'Eden, qui aurait bien aimé le voir percer.
Hedger n'est pourtant pas un artiste maudit, il est un solitaire qui se contente de très peu pour vivre - payer son loyer, avoir de quoi manger, de quoi nourrir son chien aussi, dont il prend grand soin. Ce trait dominant de son caractère est à recherche dans son enfance - abandonné, il n'a pas connu ses parents, et il doit à la bienveillance d'une personne que la vie aura mis sur son chemin d'avoir pu se cultiver, accéder à l'art. Autonome, il lui manque cependant quelques "codes", et si espionner sa voisine ne le questionne pas du tout, ne lui pose aucun problème moral, le narrateur omniscient est là pour nous rappeler que non, ce comportement est tout sauf "normal".
Edna, elle, apparaît comme différente des autres membres de sa famille, mais elle a aussi su très tôt comment tout mettre en oeuvre pour parvenir à vivre de son art. Etre une cantatrice, oui. Etre une courtisane, une femme que l'on ne respecte pas, non.
A découvrir, même si ce n'est pas forcément la meilleure oeuvre de
Willa Cather.