Il y a des souvenirs de lecture qui ne peuvent s'effacer. On oublie un peu l'histoire, mais on garde quelques images, quelques traces. On ne s'en rend pas compte tout de suite. Les années passent et parfois on se souvient. Au détour d'une couverture, d'un mot.
Et alors on remercie l'auteur. On sait qu'il est devenu un ami. de ceux qui ont laissé leurs traces sans le savoir, sans même qu'on s'en aperçoive nous même. Et comme avec les amis, on n'est pas d'accord avec tout ce qu'ils disent, mais on écoute, on entend. Et on suit. de livres en livres Cauvin a parlé de lui, de sa vision du monde, et il a légué le testament de son époque sous la forme sans prétention de petits livres qui se lisent comme autant de conversation entre potes autour d'une bière. Si vous avez la chance d'avoir un copain qui autour du feu, avec quelques munitions, peut vous raconter une histoire qui vous fera regarder les étoiles autrement, vous connaissez alors un frangin de Cauvin.
Les livres de
Patrick Cauvin (de son vrai nom Claude Klotz) sont frais, léger, doux, souvent humaniste, souvent il place ses personnages face aux choix de la vie. Il s'agit souvent d'amour. Roman de midinette ? Probablement un peu. Mais derrière la façade de facilité, de livre de plage, il y a un océan. Et on prend la mer avec plaisir. Parce qu'il s'agit de plaisir, d'émotions. Pas de grandes phrases à l'emporte pièces, mais des images, des odeurs, des sensations.
On sent dans son écriture, que sa vie en banlieue a laissé des traces. Claude Klotz a été de 1964 à 1976, prof de français dans des lycées de la région parisienne, notamment dans des lycées techniques. Il a vécu dans des H.L.M. à Sarcelles. Je précise cet aspect de sa bio, parce qu'on retrouve dans ce roman, l'expérience du prof en lycée technique. On retrouve l'ambiance d'antan de la banlieue. le livre pourrait paraître daté, mais le fond, lui n'a pas bougé. Cauvin, amateur de cinéma, disait de son travail ;« Mon ambition, c'est de faire du lecteur un spectateur. À coups de dialogues qui sont mes moyens à moi de faire des champs et contrechamps. »….
Dans un de ces livres, il faisait dire à un des ses personnages ; « Il y a la vie qu'on rêve et la vie qu'on vit, c'est la première qui est la vraie. »
Et il n'y a pas loin à penser qu'il le disait pour lui-même…
Alors si vous cherchez du lyrique passez votre chemin, si vous voulez de la grande littérature passez votre chemin. Aucune autre ambition que d'être un raconteur d'histoires, un ami qui vous prend par la main. On ne demande pas aux amis d'être dans l'excellence, on ne leur demande rien, juste d'être là… Autour du feu en notre compagnie.