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sur 9896 notes
Il est de ces oeuvres reconnues, qu' "il faut avoir lues", qui nous tombent immédiatement des mains, que le cerveau original du lecteur ne digère pas, n'ingère même pas... c'est ce que fut Voyage au bout de la Nuit pour moi.
Le "style élliptique littéraire emprunté à l'argot", moi, je le trouve à la fois vulgaire... et artificiel : le docteur Destouches "fait peuple" uniquement pour mieux administrer au patient français qu'il veut sauver de la gangrène un "remède de cheval"... ou peut-être même pas : juste lui diagnostiquer un cancer en phase terminale, pour le plaisir de lui annoncer qu'il va crever...
On me dit qu'il a révolutionné la langue française, anarchiste créant un style plus direct, immédiat, moi cette écriture m'ennuie ; elle n'exprime qu'un nihilisme nombriliste. Certes non dépourvu d'humour, son cynisme traduit surtout un pessimisme, une profonde frustration et un dégoût général... communicatif.
J'aime pourtant assez, habituellement, la révolte ou le pastiche en littérature, mais, là, j'ai eu la même impression que Sartre et S. de Beauvoir : ils sont au service d'un "mépris haineux des petites gens". je reconnaîtrai comme seul mérite, historique, celui de montrer comment les souffrances endurées par le jeune Adolphe ou le jeune Louis dans les tranchées de 1914 expliquent en partie -sans les excuser- la haine des autres et la violence qu'ils ont exprimées par la suite.
Non, décidément, on peut très bien vivre sans avoir lu Voyage au bout de la Nuit, et je regrette presque d'avoir fini le bouquin. D'un Château l'Autre, par contre, au bout de cinquante pages, s'est mystérieusement égaré... qu'il reste là où il est.
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On prévoit de relire certains livres mais devant la pléthore de propositions, on lit toujours du nouveau.
Il y a 32 ans, la lecture de ce livre, dans la collection Futuropolis illustrée par Tardi, m'avait marqué… à emporter sur une île déserte !

Cette relecture “du voyage” tiendrait-elle la rampe de l'agréable souvenir d'un style dont l'auteur dit lui-même : “Dans le voyage, je fais encore certains sacrifices à la littérature, la “bonne littérature”. On trouve de la phrase bien filée. A mon sens, au point de vue technique, c'est un peu attardé ?” Je le cite - car je ne me serai pas permis ! - lui qui écrit entre deux crachats : “Nous effectuions comme des progrès de poésie rien qu'à l'admirer d'être tellement belle…”

Comme je connaissais l'histoire ! je savais que je pouvais lire par petites lampées, à pousse-chapitres, quitte à revenir en arrière comme pour me délecter des phrases.
Je lisais d'autres romans en parallèle qui risquaient la fadeur !

J'ai retrouvé cette écriture intemporelle et finalement moderne, ce regard exacerbé sur la vie de ses congénères dont il bat en brèches les valeurs : "Lâches ou héros, c'est le même homme".

J'ai mieux compris l'idée générale du voyage : “La manie qui me tracassait de foutre le camp de partout”, quitte à renoncer à l'amour de Molly. Il a la bougeotte, comme un routard à l'ancienne car “à mesure qu'on reste à un endroit, les choses et les gens se débraillent, pourrissent et se mettent à puer.”

Je ne sais pas ce que j'ai aimé le plus des descriptions, des dialogues ou des pensées … Il se branle l'imagination. Et quelle imagination dans son texte !
Aucune répétition de phrases ou de vocabulaire, une invention permanente.
Il réussit à faire de la littérature parlée qui s'affranchit de certaines règles de syntaxe.

J'ai mis quelques longues citations à partager, pour le plaisir de m'appesantir dessus et de les garder sous le coude de la relecture.
En les titrant, je prends connaissance de leur richesse dans la diversité : sur Proust, sur le navire l'Amiral-Bragueton, sur le crépuscule en Afrique, sur Molly, sur une déclaration surprenante d'amour, sur le déniaisement de Robinson, sur la pratique de la médecine, sur comment baiser à Paris, sur le changement des objets, sur les jeunes et l'amour, sur la constipation, sur les rivières du sud de la France, sur la belle Sophie et Sophie endormie…

Quel plaisir en attendant les feuillets inédits récemment retrouvés !


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Le choc des mots.
Dire que j'ai attendu si longtemps pour découvrir ce chef d'oeuvre... Une prose impertinente, vivante, réaliste, un langage cru, un cynisme cinglant, une vision très sombre de l'être humain. La première guerre mondiale, l'Afrique, l'Amérique, la banlieue parisienne, et partout la misère. Mon passage préféré reste le séjour à New York.
Il va me falloir un moment pour me remettre de cette lecture inoubliable et de nombreux romans pour me rappeler qu'il existe autre chose que douleur, vieillesse et mort.
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Ne prend pas de gants avec le patriotisme qu'il rabat, il butte les colonies, il herse le capitalisme, la banlieue est taillée et le métier de médecin est jeté au compost. Céline est donc ce jardinier acariâtre qui, avec un style vif et ...fleuri, a planté des lis perpétuels poussant sur un sol désolé mais résistants au gel et à toute épreuve et ne craignant aucune maladie. Et ma foi, ces plantes vivaces se nourrissant de fumiers et de pourritures ont des coloris riches et variés.

Céline s'est bien sali les mains pour planter des lis perpétuels qui n'en finissent jamais de fleurir.
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Ce livre est une claque.
Céline sait raconter la misère, sa plume est incisive et n'épargne personne. Il nous fait le portrait d'un anti-héros qui porte ses valeurs, son mépris pour la guerre, le colonialisme, le capitalisme...
Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. Sa langue, la rythmique de ses phrases prend à la gorge, oppresse parfois. Elle écrase, sans relâche et sans pitié. Et dans tout cela, l'auteur nous offre une vision tellement noire de l'Homme et du Monde que l'on se réjouirait presque d'avoir fini.
Céline était sans aucun doute méprisable, mais ce Voyage au bout de la nuit est un véritable tour de force.

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Vraiment grandiose, ce livre! Céline nous embarque dans trois continents dans lesquels nous découvrons trois différentes misères au début du XXe siècle. Si le monde est en feu, l'homme en lui même est une véritable misère. Si l'Europe est broyée par la première guerre mondiale, l'Afrique est sous l'emprise du colonialisme et l'Amérique est envahie par des hommes avides de gains qu'ils octroient aux ouvriers juste de quoi ne pas succomber au quotidien. Ce qui est magnifique dans ce livre c'est que Céline se place du coté du plus faible, le plus innocent, comme quoi, de quoi je m'en mêle dans toutes ses misères. Si les forts se battent, ce sont des innocents qui en périssent, si ces innocents renonçaient à combattre ou à soutenir les forts, qu'adviendra-t-il? C'est ce qui se lit dans l'esprit qu'on dirait vraiment trop lâche du soldat Bardamu, pendant les grande guerre, qui ne cherchait que des hôpitaux proches du front plutôt que de chercher le camp des ennemis. L'ironie qui se dégage de ce personnage nous égaie forcement, ça nous étonne, ça nous éloigne carrément de l'idée de l'héroïsme, hé oui, finis les héros de guerre, c'est juste une percutante image de la genèse crue de notre société contemporaine! Et puis, quel parcours sinueux allons nous connaitre avec Bardamu, dans ses voyages, dans ses aventures, il est à chaque fois dans le peu et c'est à chaque fois toute une philosophie de beaucoup qui se révèle à nous! Les magouilles des colons entre eux, l'exploitation de l'homme par l'homme sur une terre dite de liberté, incroyable personnage que Bardamu qui se faufile astucieusement entre les mailles de toutes ces misères. Même quand il devient médecin, une fois revenu de ces périples, il porte en lui l'Europe qui vit en paix mais pas encore guérie de ses blessures intérieures! J'ai aimé ce livre en ce qu'il éveille plusieurs émotions à la fois, plusieurs sensations, plusieurs contradictions. Le style qu'emploie l'auteur est tellement incoercible que ça vous titille, ça vous provoque, ça vous fascine, ça vous pince, ça vous envoûte....
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Céline :Après des années d'hésitation, dues à sa renommée d'antisémite violent, j'ai enfin décidé d'ouvrir ce livre en m'efforçant de n'y voir qu'un roman comme un autre et sans à priori. Ce n'est pas un roman comme un autre, ça, non, j'en ai pris plein la figure.
Style unique, phrases denses, serrées, vocabulaire argotique, grossier, merdique, parfois jusqu'à l'ecoeurement, qui m'a emportée presque contre mon grè jusqu'au bout de ce voyage épouvantable et fascinant
La guerre "cet abattoir international en folie", le colonialisme triomphant, l'Amérique esclavagiste du petit blanc, la misère, la maladie, la folie d'une population banlieusarde de Paris, font que Barnabu le héros ne songe qu'à fuir, s'échapper de ce monde pourri jusqu'au bout de la nuit.
Dire que j'ai aimé, ce n'est pas le terme approprié, mais je ne regrette pas le voyage. Unique, exceptionnel sont les deux mots qui me viennent à l'sprit pour qualifier cetteoeuvre.
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Moi aussi, je remercie Nastasia de m'avoir fait découvrir cet auteur incontournable.
J'ai assez peiné pour faire ce Voyage jusqu'au bout du livre !
Je n'ai pas aimé, sauf la première partie :
" la chair à canon-pendant que les Parisiens font la fête" est un beau procès fait aux riches et aux dandys.
La partie africaine, puis américaine m'ont paru ubuesques, j'ai trouvé la partie "docteur de banlieue" sordide, comme le voulait l'auteur, je pense.
Pour moi, Céline n'est pas la plume magique du XXè siècle.
.
Mais, même si j'aime son style "de quartier" parfois vulgaire et provocateur, il ne m'a pas apporté grand chose.
Cependant, c'est un auteur qui marque au fer rouge, car je me souviens de cette lecture sans relire mes notes deux ans après, et c'est peut être à cela que l'on reconnaît un "grand" ?
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Quel incroyable livre!
Le parti pris d'associer le graphisme gras, trivial, sommaire et réaliste de Tardi avec la plume si particulière de Céline est une réussite. le dessin a été pour moi une courbe d'élan pour me noyer dans l'écriture oppressante et l'univers dantesque de la période de la guerre.

On aime ou pas Céline, on crie au génie ou à l'imposture mais il est indéniable que c'est une figure littéraire incontournable du 20ème siècle. Si aborder son oeuvre peut en freiner certains, cet étonnant volume est sans doute un moyen plus aisé.

J'ai pris le problème à bras le corps, et par petites touches de lecture. J'avoue même ne pas avoir encore ingurgité totalement le pudding mais mon impression est déjà faite.
C'est noir, morbide, lugubre.

Une adaptation graphique remarquable pour un texte intemporel.
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J'ai longtemps hésité avant de me lancer dans la rédaction de cette chronique. Parce que Céline a déjà été commenté maintes et maintes fois par des spécialistes et que je ne me sentais pas de taille à me plier à l'exercice. C'est toujours un peu comme ça lorsqu'on lit un monument de la littérature, ça intimide. Et lorsqu'en plus c'est un coup de coeur, on est au bord du découragement.
Et puis bon, je me dis que si je réussissais à convaincre quelqu'un passant par ici à se lancer dans cet incroyable roman alors ça n'aura pas été vain.

Voyage au bout de la nuit. Même une fois le livre terminé, ce titre me laisse perplexe. Comment l'interpréter ? Comme un voyage à travers la noirceur humaine dans laquelle on s'enfoncerait de plus en plus, une forme de descente aux enfers. Il y a de ça. Ou bien considérer la nuit comme symbolisant la vie qui nous conduit, nous pauvres voyageurs impuissants, vers ce bout obscur, la mort ? Il y a de ça aussi.

Ferdinand Bardamu est l'un de ces pauvres voyageurs. Son périple nous conduit à la guerre puis en Afrique coloniale, ensuite à Détroit aux USA pour enfin revenir en France. le point commun à toutes ces étapes est la détresse et la misère de la condition humaine. La guerre, l'esclavagisme, l'exploitation ouvrière, la pauvreté sont autant de thèmes abordés. L'être humain y est présenté comme un individu privé de liberté propre et perpétuellement soumis à une autorité supérieure qui lui dicte et impose sa conduite : la Patrie, le colonisateur, le patron d'usine, le capitalisme, la maladie, la propriété, l'argent et l'amour même !
Face à ces entités dominatrices, Ferdinand oppose une unique réaction qu'il revendique : la lâcheté et la désobéissance. Il refuse de donner sa vie pour la Patrie, pour ces Grands qui ont décidé de tous les envoyer à l'abattoir pour leurs propres intérêts. Il refuse de servir l'administration coloniale qui le contraint à des conditions de vie inhumaines. Il refuse de s'asservir à engraisser un patron grâce à la sueur de son front et sa santé pour une paie misérable en retour. Il refuse et il refuse. Fuir et se sauvegarder sont ses mots d'ordre.

« – Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat…
– Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans… Je ne la déplore pas moi… Je ne me résigne pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux plus mourir.»

Sur sa route, il croise de nombreux personnages hauts en couleur. Princhard, pauvre bougre pensant échapper à la guerre en volant des conserves. Lola, Musyne et Molly ces femmes que sa lâcheté repoussera ou le poussera à les quitter. La famille Henrouille obsédée par l'argent. Parapine, le chercheur qui en a marre de chercher. Baryton, le directeur d'asile qui décide de tout plaquer. Madelon, l'amoureuse prête à tout. Et surtout le meilleur ami de Ferdinand : Robinson qui ira véritablement tout au bout de la nuit. Tous sont intéressants, tous ont leur rôle bien défini et tous sont pour Céline l'occasion de développer une idée.

Les idées de Céline, on y adhère ou pas. Pour ma part, j'y adhère en partie. Je n'évoquerai pas cette histoire de pamphlets antisémites car il n'est aucunement question d'antisémitisme dans ce livre. Seule l'image péjorative des « nègres » et des arabes pourrait être relevée mais elle reflète malheureusement un point de vue courant à cette époque.
Non, Voyage au bout de la nuit dénonce la misère, le colonialisme, la bêtise et les tares humaines, l'absurdité de la vie, de la société.

« C'est comme les cochonneries, les histoires de bravoure, elles plaisent toujours à tous les militaires de tous les pays. Ce qu'il faut au fond pour obtenir une espèce de paix avec les hommes ... c'est leur permettre en toute circonstance de s'étaler, de se vautrer parmi les vantardises niaises. Il n'y a pas de vanité intelligente. C'est un instinct. Il n'y a pas d'homme non plus qui ne soit pas avant tout vaniteux. le rôle de paillasson admiratif est à peu près le seul dans lequel on se tolère d'humain à humain avec quelque plaisir. »

Et c'est surtout un texte magnifique, des propos cinglants, des sorties jubilatoires ( je n'aurais pas pensé que Céline pourrait me faire rire) et des tirades monumentales au point que je m'amusais à les relire à voix haute. Je vous mets ici ma préférée : le discours de Princhard, une vraie claque pour moi ! Denis Podalydès la lit très bien d'ailleurs. Il fait bien ressortir la force et la puissance de ce texte qui exprime de façon grandiose la hargne et la colère, l'exaspération et l'impuissance.

http://www.youtube.com/watch?v=pJc6hUIaDaE

Et enfin le style de Céline ! Une merveille ! Il s'agit d'un langage très oral, argotique, plein de sonorités, de rythme. C'est un style très vivant et d'une grande force d'évocation. Je comprends que le côté argotique puisse être rebutant au début mais on s'y fait rapidement et il est tellement raccord avec le propos que ça ne pouvait pas être écrit autrement.
Ceux qui connaissent Michel Audiard et ces célèbres dialogues de films cultes comme Les tontons ou Les Barbouzes, s'y retrouveront avec délectation. Sachez qu'Audiard admirait beaucoup Céline et que c'est le style de Céline qui l'a influencé. Je l'ignorais avant d'avoir terminé le livre et je me disais bien, à la lecture de certains passages, que ça sonnait comme Audiard mais en fait c'est Audiard qui sonne comme Céline !

Bref, j'ai adoré ce roman qui pourtant me faisait très peur. C'est très noir, pessimiste et sans aucun espoir mais c'est un chef d'oeuvre ! La première moitié sur la guerre, l'Afrique et l'Amérique est un pur régal. La seconde avec le retour en France est un peu moins captivante, Céline nous fait un peu baisser les armes pour mieux nous estomaquer avec son final.

Je crois avoir lu dans un des livres du grand Bukowski une citation d'Hemingway qui disait que pour bien écrire il fallait parler de ce que l'on connaît. Lorsqu'on sait que l'oeuvre de Céline est fortement inspirée de sa propre vie, cela n'en donne que plus de sens et de poids à ses propos. J'ai maintenant très envie de lire les autres écrits de Céline. le Voyage restera un de mes livres de chevet.
Lien : http://booksandfruits.over-b..
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