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EAN : 9782226068866
231 pages
Albin Michel (29/03/1994)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Quel étonnant destin découvre Philippe, venu à Spolète admirer les Madones de Fra Filippo Lippi ! Moine et peintre du Quattrocento, homme de Dieu et amant de la belle Lucrezia dont il eut deux enfants, Lippi n'a-t-il pas réussi à réconcilier l'art, l'amour et la foi en peignant la Mère de Jésus sous les traits de Lucrezia, faisant ainsi de son existence de religieux un hymne à la beauté et à la liberté créatrice.
Par-delà le temps, une irrésistible connivence... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Fra Philippo Lippi a vécu à Florence, sous la Renaissance où la religion et l'église imprégnaient tout ; orphelin très tôt et pris en charge par le couvent des Carmes de Florence, les religieux découvriront qu'il était doué pour la peinture et s'intéressent d'autant plus à lui, c'est très important pour l'église d'avoir un artiste, (les dominicains avaient Fra Angelico par exemple), et à 15 ans, ils lui font prononcer des voeux, ce qui n'était semble-t-il pas rare à cette époque. Il rencontrera Masaccio et le verra travailler à la chapelle Brancacci. Mais il quittera le couvent et mènera une vie peu monacale. Il passera ensuite au service des Médicis, de Cosme et de son fils Pierre le goutteux. Puis ce sera sa rencontre avec la jeune et belle Lucrezia dont il fera son modèle favori et qui lui donnera deux fils, une rencontre semble-t-il décisive pour lui-même et pour son art, mais ce qui bien sûr à l'époque fit scandale.

L'auteur lui, Alain Chapellier, est né dans les Yvelines, à Houdan en 1946. Il entre au séminaire à Rome, à 25 ans, y demeure six ans, puis occupe diverses fonctions diocésaines dans le 78, curé de Houdan, vicaire, aumônier de prison…

Dans ce roman, écrit en 1994, il croise le destin de Philippo Lippi peintre et religieux qui tombe amoureux d'une jeune nonne, et celui d'un prêtre d'aujourd'hui, Philippe, qui en contemplant les oeuvres du peintre et en essayant de décrypter sa vie, y confronte sa propre existence, sa propre foi, ses doutes et ses tentations.

Difficile de ne pas y voir là une démarche autobiographique, tant l'auteur insiste sur le caractère de Philippe qui entend vivre sa foi librement, loin des dogmes et du poids des contraintes, et revenir à l'essentiel du message divin, d'amour et de partage.

L'auteur poursuivra sa réflexion, puisqu'en 2003 il écrira « le Christ nu » où semble-t-il il s'interroge sur ce qu'est devenu le message christique au cours des siècles « Alain Chapellier a découvert un jour ce Christ nu de Michel-Ange, à Florence. Depuis, cette image le poursuit et l'obsède ; deux mille ans de christianisme n'ont cessé de "rhabiller" le Christ, d'affubler Jésus des oripeaux de la peur, de la violence, de la médiocrité, de la laideur, d'encombrer sa Parole et son Évangile de rajouts, ou d'interprétations frileuses trop souvent confondues avec la " Vérité ". »

En 2010 ensuite, il publiera « Ne m'appelez plus Père ». La réflexion a mûri. « Pour lui, le langage de l'Église, déconnecté des réalités humaines, travestit davantage qu'il ne sert le message évangélique. Aujourd'hui libéré de ses engagements, il porte un regard lucide et sensible sur les
dysfonctionnements du clergé, les servitudes du sacerdoce et les « vicissitudes de la foi. Au-delà de l'anecdote personnelle, son itinéraire accuse le fossé spirituel qui se creuse chaque jour un peu plus entre la communauté des fidèles et une Église catholique figée dans la tradition. »
Puis enfin, comme tout un chacun répondant de son itinéraire personnel, il annoncera prendre ses distances pour faire le point sur son avenir, sur le chemin qu'il a suivi jusque-là, en un mot, il s'interroge s'il entend finir sa vie avec le costume de prêtre.

Concernant la vie de Philippo Lippi elle y a une part somme toute assez sommaire dans ce roman, une trame d'appui en sorte, mais assez tout de même pour m'avoir donné le goût d'en connaître d'avantage. Aussi en fouillant, j'ai téléchargé un bouquin d'un certain Igino Benvenuto Supino (1858-1940), historien et critique d'art, directeur du Musée Bargello à Florence : « Les deux Lippi » qui j'espère comblera mon attente.

Quant à Alain Chapellier, il écrit avec talent et sa pensée me plaît, je mets deux de ces bouquins dans mon pense-bête. Tant pis si ma PAL prévisionnelle 2020 s'en trouve encore un peu chahutée.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En même temps, il fallait réussir, travailler, encore, toujours, apprendre, amasser. Etre au tableau d’honneur. C’est pour ton bien. J’y croyais. De toutes mes forces. Je faisais confiance.

Oui, cloîtrés dès l’enfance. Préservés de l’air libre, de l’aventure, du risque. Baignés dans un monde d’idées éprouvées, ressassées, suffisamment contradictoires en apparence pour nous donner le sentiment d’avoir un choix. Obligés sournoisement de nous prosterner devant toutes les idoles du monde, efficacité, travail, réussite, bien-être, sécurité.

Moyennant quoi, hier comme aujourd’hui, on obtenait survie, tranquillité. On se savait dans la norme, important, adapté, conforme. On donnait le bon exemple. Enfant modèle, enfant modelé.
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Mais lorsque je suis sur ma couche, moi Filippo, vêtu du seul parfum de la peau de l'aimée, le cou réchauffé par son souffle, les flancs habillés de ses bras, de ses mains qui m'étreignent, moi Filippo le pauvre, moi, Filippo le scandaleux, le moine au froc-en-l'air, je suis mieux vêtu que le Maître de Florence, le Père de la Patrie. Car le dernier des humbles de la terre, lorsqu'il aime la femme qu'il a choisie, est riche cent fois plus que les seigneurs du monde qui caressent leurs joies sur commande avec des pincettes d'argent.
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On fait sa connaissance, on rompt la glace dans une grande circonstance, une de ces minutes douloureuses ou simplement difficiles, où l'on se croit seul à pleurer, et où un geste, une parole permettent de prendre conscience de ce fait très simple et très merveilleux qu'un frère, un seul peut-être, mais cela suffit à rompre le cercle de l'infernale solitude, a compris.
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Comment, si c'est nécessaire ! Mais que fais-tu donc des liens sacrés du mariage ! Tu vis doublement, triplement dans le péché, au vu et au su de toute la population, et tu demandes s'il est nécessaire de régulariser cette situation ! Tu as perdu le sens, Filippo !
- Messer Cosimo. Si cela est nécessaire pour apaiser les esprits et vous donner de la tranquillité, certes,faites. Mais pensez-vous que nous tromperons Dieu aussi facilement ? Ou bien nous sommes pécheurs pour avoir trahi nos engagements, ou bien nous ne le sommes pas. Si l'Eglise a pouvoir de tout bien arranger, par un de ces tours de passe-passe dont elle a le secret, qu'elle le fasse. Mais croyez-vous vraiment que nous serons plus purs et moins pécheurs qu'aujourd'hui pour autant ? Et pensez-vous vraiment que Dieu nous pardonnera davantage sous prétexte que nos vœux seront annulés par le pape ou qui que ce soit ?
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Le bonheur était en moi, coulait avec mon sang. Simplement j’avais besoin de l’attribuer à quelque chose. C’est si souvent comme ça. On va de point d’attache en point d’attache, et on croit en avoir besoin. Et puis vient le malaise. Alors on s’aventure, de libération en libération, de cime en cime. Et plus on monte, plus le paysage est vaste. Et plus on se voit haut, plus on se sait petit. Et plus on est libre. Et plus on est seul. Et plus on l’accepte. Alors seulement on peut aimer vraiment, largement, librement.
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