Le mendiant de Jérusalem /Élie
Wiesel/ Prix Médicis 1968.
Dans ce récit se rapportant à la Guerre des Six Jours de juin 1967 et plus particulièrement à la bataille pour la réunification de Jérusalem,
Elie Wiesel rassemble des personnages présents ou rêvés, vivants ou morts, au pied du mur des Lamentations.
Devant ce Mur situé en haut du Har Habayit, les « mendiants » parlent tel un choeur antique qui commente et se fait témoin de la prise de Jérusalem. À la tradition hassidique riche d'histoires et de légendes se mêlent des récits se situant lors de l'Holocauste et des temps d'occupation.
Jérusalem, ville emblématique, fait la matière du livre : chacun y vient en mendiant pour en repartir plus riche d'une foi et d'une histoire éternelle. « Jérusalem : la face visible et secrète, le sang et la sève de ce qui nous fait vivre ou renoncer à la vie. L'étincelle qui jaillit dans le noir, le murmure qui traverse les clameurs d'allégresse, de bonheur. Pour les exilés, une prière. Pour les autres, une promesse. Jérusalem : cité qui miraculeusement transforme tout homme en pèlerin ; nul ne peur la visiter et s'en aller inchangé. »
L'auteur écrit : «
le jour où, me trouvant dans la vieille ville de Jérusalem, j'ai vu des milliers d'hommes et de femmes défiler devant le Mur, seul vestige
Du Temple, je fus frappé par l'étrange recueillement qui les pénétrait » Personnellement, je me trouvais au même endroit quelques jours après la fin de la Guerre des Six Jours, et je peux témoigner d'avoir vus ces milliers de personnes, frappées d'humilité ou d'extase, certains récitant la Amida, cette prière murmurée respectant la Halakha, devant ce même mur. Il faut se rappeler les rois et les prophètes, les guerriers et les prêtres, les poètes et les penseurs, les riches et les pauvres qui, à travers les siècles, ont mendié ici un peu de tolérance et de fraternité. Que d'émotion ce jour-là en regardant le Mur…
L'histoire du Mur certes mais aussi pour les croyants la Shekhina, la présence divine qui rôde en ces lieux et qui rend le Zohar, commentaire de la Torah, plus accessible. Jérusalem, la porte du ciel…
David est le narrateur et cite comme un leitmotiv ou comme un témoin, le nom de son ami Katriel dont il rencontre la veuve, Malka, après la fin des hostilités, au pied du Mur. Lorsqu'au terme de la bataille de Jérusalem David parvient devant le Mur, il est comme paralysé, étranglé par l'émotion et regarde le Mur comme s'il regardait un être vivant dont il aurait été longtemps ou depuis toujours, séparé. Il ne l'avait jamais vu auparavant, et pourtant il le reconnait.
Un livre fort, poignant, empreint de spiritualité, mettant en scène de nombreux personnages à différentes époques se rapportant à l'histoire du peuple juif.