Quel plaisir de retrouver la plume efficace d'Éric Chassé après ma découverte de cet auteur d'Otterburn Park, originaire de Sorel-Tracy, il y a exactement deux ans avec
Un mensonge de trop que j'avais beaucoup aimé.
D'entrée de jeu,
Toute la rancune du monde, son quatrième roman, est un excellent thriller noir. À la fois stressant et divertissant. Une violence psychologique indéniable sans giclées d'hémoglobine malgré quelques morts brutales. Un parfait équilibre.
L'action se déroule dans un environnement que connaît bien l'auteur, à moins de cinq kilomètres de son lieu de résidence. Ce dernier se démarque comme habile architecte du drame qu'il a imaginé à partir de scènes de la vie quotidienne de deux couples, un de la classe moyenne, l'autre plus fortuné, installés dans une municipalité de banlieue paisible, Mont-Saint-Hilaire, en bordure de la rivière Richelieu, au pied d'une des neuf collines montérégiennes situées près de Montréal au sud-ouest du Québec.
Ce qui semble une histoire des plus banales nous accroche dès les premiers chapitres et nous tient en haleine jusqu'au dernier mot de la dernière page.
Éric Chassé qui, comme le mentionne son éditeur, « se distingue par son style franc, son humour noir et ses descriptions douloureusement justes de l'humain ordinaire et des drames qui le guettent » installe lentement les événements de plus en plus inquiétants qui s'enchaînent au fil du récit. de sorte que la tension monte d'un cran d'un chapitre à l'autre suggérée par des phrases annonciatrices telles que :
« Hélas, le destin pouvait se montrer parfois bien cruel. Émilie allait vite réaliser qu'on ne choisissait pas les gens de son quartier. »
« Thomas répliqua qu'en effet, la chute de Sandrine serait terrible. Et il n'aurait su mieux dire. »
« La guerre venait d'être déclarée. »
« Rien ne serait plus jamais comme avant. Jamais. »
« Dans sa tête, le déclic se fit à cet instant précis. »
« Émilie n'aurait pu mieux dire. »
Au point où il difficile de faire une pause en cours de lecture en se demandant à plusieurs reprises : « Qu'est-ce qui pourrait bien arriver de pire ? » le tout truffé de quelques épisodes angoissants, comme celles de la piscine ou de l'épicerie, dignes de scénarios de films à sensations.
Les personnages de
Toute la rancune du monde sont des plus crédibles. Ils pourraient être vos voisins d'en face. Les dialogues naturels avec des niveaux de langage reflètent la personnalité de chaque protagoniste.
Vous y découvrez probablement comme moi le concept de « parents hélicoptères », une réalité qui a inspiré l'auteur, une situation vécue dans son quartier qu'il a décidé d'extrapoler comme il l'a déclaré dans une entrevue.
La chute finale n'est pas du tout celle que j'avais imaginée. La dernière ligne de dialogue ouvre grand la porte à une suite logique. Éric Chassé saura-t-il nous surprendre ?
Merci à Guy
Saint-Jean Éditeur pour le service de presse. Bravo pour la mention en page liminaire que « Ce livre a été entièrement imaginé, créé et fabriqué au Québec »!
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : *****
Intrigue : *****
Psychologie des personnages : *****
Intérêt/Émotion ressentie : *****
Appréciation générale : *****
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