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EAN : 9781091416024
La Grande Ourse (17/01/2013)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Par fidélité à son amie Irène, écrivaine oubliée qui vient de mettre fin à ses jours, Éliane, correctrice dans une maison d’édition parisienne, propose bénévolement ses services de nègre littéraire à une richissime Américaine. Chaque jour, Éliane se rend docilement dans la cage dorée de Virginia. Là, prise au piège dans les serres de l’Américaine, la correctrice, pour mieux supporter la tyrannie qui lui est infligée, se persuade que Virginia est le spectre d’Irène e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Si l'opération Masse Critique me fait souvent aller vers des livres que je n'aurais peut-être pas choisi parmi 1000 autres en librairie, c'est très avidement que j'ai cliqué sur "Délivrance brisée", tant le descriptif qui en était fait et le sujet traité m'attirait. Un grand merci à Babelio comme à la Grande Ourse (éditeur à garder à l'oeil) pour l'avoir fait tomber quelques semaines plus tard dans ma boite aux lettres.

A l'issue de ma lecture, je n'avais absolument aucun doute sur le fait que Chantal Chawaf (que je découvrais ici) est absolument brillante. Pour autant, malgré un sujet qui ne pouvait pas plus me parler, le traitement m'a pour sa part laissée parfois perplexe...

Le découpage narratif du livre, pour le moins particulier, nuit un peu à mon sens à son équilibre, à son rythme surtout. Passée une introduction présentant de manière très maline mais un peu longue le personnage d'Irène, écrivain rongée par les névroses, on suit les échanges entre Virginia, grande bourgeoise dont les aspirations littéraires n'ont pas forcément beaucoup à voir avec la littérature, et d'Eliane, son nège un rien masochiste qui espère, en aidant VIrginia, honorer la mémoire d'Irène, décédée à l'issue du prologue.

La construction du roman m'a évoqué une sorte de spirale, où l'on tournerait en rond en changeant de diamètre, au final, un peu fatigante dans cette description à rallonge des rapports Virginia / Eliane. La thèse est très intéressante, mais l'exécution répétitive, l'auteur abusant de ses (brillants) procédés narratifs jusqu'à ce qu'ils finissent par lasser. On le ressent dès le prélude, tant de coups de fil étaient-ils nécessaires ? Beaucoup de paragraphes finissent par n'être que des occasions d'aligner de (certes très belles) phrases, sans réellement apporter à l'histoire. Cet aspect "étirage" est poussé au paroxysme dans la suite, la répétition n'étant pas juste narrative mais aussi stylistique, le personnage déclinant souvent ses pensées en plusieurs paraphrases ou métaphores. C'est extrêmement bien écrit, mais cela aurait gagné à subir quelques coupes, à se voir un peu élagué, tant la progression de l'intrigue se fait sur un nombre de page un peu disproportionné.

Au final si je pense creuser la question et tenter d'autres ouvrages de C. Chawaf, je ne suis pas certaine d'avoir réellement aimé cette "Délivrance brisée". J'y ai vu une intelligence folle, et l'amour de la Langue, j'y ai vu une foi certaine en la littérature, mais d'une définition de Littérature sans doute trop restreinte à mon goût. Me manquait peut-être juste cet amour pour les Histoires, pour l'acte de les raconter.
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Vous le savez, après avoir envisagé mon avenir dans la distribution de crème glacée puis dans l'élevage d'homo sapiens à poil court (aussi nommés "élèves"), j'ai décidé de vivre la grande aventure de la réorientation. Pensant quitter le purgatoire pour enfin accéder au nirvana professionnel, je n'aurais jamais pensé atterrir dans un endroit qui ferait pâlir d'horreur Sodome et Gomorrhe, tant la perversion est y ancré. Aujourd'hui, petite immersion dans le terrible milieu de l'Édition grâce à l'ouvrage de Chantal Chawaf, Délivrance brisée.

Bien que, dans l'idéal intellectuel, le milieu de l'édition se doit d'être un Eden de culture éloigné des basses considérations du marché, celui qui parvient encore à croire sincèrement qu'il n'est pas un commerce comme un autre s'illusionne quelque peu. Dans l'imaginaire collectif, l'éditeur, roi en son pays, dirige despotiquement ses auteurs pour gagner consommateurs et chiffre d'affaire, faisant fi des exigences d'une Littérature de qualité. Malheureusement, les récents succès d'ouvrages comme Fifty shades of Grey, en plus de perturber le repos éternel du Marquis de Sade, ne semble pas démentir ce fait. Les écrivains de talent, artistes maudits par excellence, désarmés face à ce monstre éditorial aux dents longue, ne peuvent que plier ou laisser pourrir son manuscrit, se retrouvant donc promis, quelque soit l'option choisie, à une déchéance irrémédiable. Lorsque j'ai lu le descriptif du roman de Chantal Chawaf, je m'attendais à voir reproduite cette fresque quelque peu manichéenne du monde de l'édition:

"Par fidélité à son amie Irène, écrivaine oubliée qui vient de mettre fin à ses jours, Éliane, correctrice dans une maison d'édition parisienne, propose bénévolement ses services de nègre à une richissime Américaine. Chaque jour, elle se rend docilement dans la cage dorée de Virginia. Prise au piège dans les serres de l'Américaine et épuisée par le travail, la correctrice ne renonce pourtant pas, au cours de ces neuf mois, à tenir son engagement. Malgré leurs différences, les deux femmes sont unies par un désir de création plus fort que tout. Virginia, entre voyages, cocktails et séances de travail avec Éliane, dilapide des fortunes pour régaler les journalistes et les éditeurs, convaincue que c'est le seul moyen d'arriver à ses fins. Chantal Chawaf brosse, avec une sensibilité pénétrante, un portrait à la fois subtil et décapant de l'édition et des médias en pleine mutation."

Mais là où Beigbeder avait tiré les grosses cordes de l'exagération et du comique pour sous-entendre une réalité de l'édition, Chantal Chawaf a préféré utiliser une toute autre subtilité pour brosser la peinture de ce milieu. Par le regard d'Éliane, nègre grimée sous les traits de traductrice, plus qu'une critique du système éditorial, c'est les relations complexes entre deux femmes que presque tout oppose qui nous sont données à lire. Créature d'une sensibilité exacerbée qui tour à tour m'a agacée et attendrie, elle parvient, au fil des pages, à donner une poésie que je ne pourrais nier à l'histoire qu'elle raconte. Des séances de corrections en compagnie de Virginia aux soirées mondaines que cette dernière multiplie, suivant le fil d'une décrépitude que l'on pressent dès le début, j'ai été ballottée entre les portraits aigres-doux des différents personnages et les étranges moments de soumise complicité des deux femmes.

Par son roman, Chatal Chawaf fait preuve d'une qualité d'écriture sans conteste. Mais sa plus grande réussite restera selon moi le personnage de Virginia. Fac-similé imparfait d'un Gatsby le Magnifique, l'auteure américaine échouée en France impressionne par sa profondeur. Cette femme horripilante et magnifique est, à mon sens, dans l'erreur tout au long du roman et lire son histoire, c'est être témoin d'une déchéance dont elle est l'actrice principale. Les codes de la publication, imposés par l'éditeur, sont effectivement un frein à l'entreprise créatrice d'Éliane et de Virginia mais la question de l'écriture va bien au delà de cela avec Délivrance brisée. Derrière ce titre de roman digne des meilleurs romans à l'eau de rose, se cache l'histoire de deux enfants voulant jouer à un jeu d'adulte dont ils pensent maîtriser les règles. La cage dorée éditoriale dans laquelle s'enferment les deux protagonistes a été construite par celles-là mêmes, rendant le récit encore plus amer et appréciable.

Avec Délivrance brisée, nous comprenons que le monde de l'édition contemporaine est autant fait d'éditeur que d'auteur. L'ironie de l'histoire de cette écrivaine, aléatoirement candide et cynique, pestant contre un système qui ne laisse pas de place à la véritable créativité mais auquel elle participe avec un sourire non feint, peut certes très vite lasser le lecteur. Pourtant, ce roman reste d'une qualité indéniable pour qui veut aller au delà des clichés éditoriaux.



Je tenais pour finir à remercier Babelio qui dans le cadre de sa Masse Critique m'a fait parvenir ce roman. Pour ceux qui ne connaissent pas encore (honte à vous!) ce réseau social de lecteurs, je vous invite à rapidement vous y rendre et à participer à cette belle aventure de partage. Car même si Werber disait que «Le monde se divise en deux catégories de gens : ceux qui lisent des livres et ceux qui écoutent ceux qui ont lu des livres», ce genre d'initiative tend à le contredire.

Et toc, Werber!
Lien : http://lamediathequedebabel...
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Lors d'un vernissage d'une exposition de photos, Eliane reconnaît sur un cliché Irène, une amie de jeunesse, écrivaine, qu'elle avait perdue de vue. Leurs vieux liens vont se renouer, et Irène, auteure tombée dans l'oubli, persuadée qu'elle est en train d'écrire "LE" best-seller de sa vie, va appeler Eliane jour et nuit, lui demandant son aide, la refusant… Ses appels sont au diapason de son humeur, parfois elle est sûre d'elle, enjouée et parfois, elle est au bord du gouffre, persuadée que son mari plus jeune qu'elle cherche à la tuer, que son éditeur la persécute… Et les monologues d'Irène laissent filtrer toute son angoisse de se retrouver seule et oubliée de tous, jusqu'au moment où elle "va mettre un point final", sans terminer SON livre. Pour Eliane c'est "une part de moi venait de mourir", elle est hantée par le remord de ne pas avoir pu la sauver. Se présente alors Virginia, riche Américaine envoyée par son éditeur, qui a besoin d'un nègre pour finir son livre, Eliane accepte, pensant ainsi pouvoir guérir sa culpabilité vis-à-vis d'Irène. Au fil des jours se crée entre Eliane et Virginia un lien fait de jalousie, d'admiration. D'un côté Virginia, sûre de son bon droit du fait de sa richesse, et de l'autre, Eliane, qui est là, pense-t-elle, pour faire son mea culpa et être corvéable à merci. Mais peu à peu on se demande qui domine qui, qui a le pouvoir, Virginia ou Eliane ? Virginia est persuadée que sa richesse va lui apporter la gloire, gloire qui passe par la sortie de son livre, d'où des invitations à n'en plus finir, rassemblant tout ce qui compte dans le domaine de l'édition. Et là, on entre dans un milieu où se côtoient pseudo-intellectuels, écrivaillons de toute sorte, attachées de presse… le tout se pressant à "une soupe populaire de grands bourgeois". Et Virginia va tantôt les porter aux nues, tantôt les exécrer, tandis que Eliane va se laisser porter par cette déferlante. Et quand arrive la fin, c'est à nouveau pour Virginia une débauche de voyages, cocktails… Et pour Eliane à nouveau, le vide, l'absence "Que me reste-t-il du rêve de vivre ?".
Chantal Chawaf dresse des portraits assassins sans aucune concession de cette cour qui gravite autour de Virginia et nous décrit un milieu littéraire où "le texte ne joue plus aucun rôle, il suffit de travailler la promotion. Tout est dans le look et dans le réseau", ce qui appelle réflexion… Elle nous fait entrer dans l'intimité de deux femmes que tout oppose mais qui sont tellement semblables de par leur fragilité et leurs doutes, on les aime sans aucune limite : elles sont agaçantes, ridicules mais tellement touchantes. le tout est servi par un style qui happe le lecteur dès la première phrase sans jamais le lâcher. Un superbe roman à ne manquer sous aucun prétexte.
Lien : http://leschroniquesdu911.bl..
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Un livre très beau, qui dans la très belle langue de Chantal Chawaf, s'attache à décrire les ressorts d'un milieu littéraire parisien qu'elle connait bien. Quelques portraits au vitriol.
C'est aussi une très belle histoire entre deux femmes qui s'aident et se jalousent sur le terrain de la création, une française gratte papier et une riche américaine. Un roman tout à fait réussi.
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C'est le premier livre que je lis de Chantal Chawaf et j'ai été très impressionné par la richesse de la langue et le sens de la formule, on peut dire de mille manières la même chose, il s'agit d'une véritable démonstration. Un véritable orfèvre de la langue. On rit en entendant Virginia et son accent américain dressant des portraits acidulés du monde de l'édition et du monde tout court, elle se plaint, elle vitupère et en face d'elle Eliane subit encore et toujours. Conclusion: Chantal Chawaf est un grand écrivain, je recommande.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"le texte ne joue plus aucun rôle, il suffit de travailler la promotion. Tout est dans le look et dans le réseau"
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