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sur 320 notes
Chessex brise le silence

Dans ses dernières années, Chessex brise l'omerta et raconte l'indicible de ces contrées reculées.

Au-delà de l'histoire effrayante, on découvre une Suisse certes pétrie de religiosité, de pauvreté, d'isolement, mais qui bénéficiait également d'un système psychiatrique plutôt moderne dans les toutes premières années de ce 20e.


Ou ce livre vient-il en contrepoint du Moravagine de Blaise Cendrars qui s'est inspiré de l'histoire d' Adolf Wölfli, psychopathe et artiste brut ?
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Ropraz, c'est une petite commune Suisse du canton de Vaud.
En 1903, il n'y fait pas trop bon y vivre et encore moins y mourir.
Malheureusement, comme partout à cette époque on y trépasse beaucoup de méningite ou de tuberculose. Des filles, des jeunes, des belles…

Ames sensibles s'abstenir ou bien se tenir surtout si vous avez l'imagination fertile.
Cet auteur Suisse, Goncourt 73 pour l'Ogre a toutes les qualités pour insérer entre deux points rapprochés l'horreur d'une profanation, l'effroi d'une violation de cadavres avec mutilation.
Des filles, des jeunes, des belles…

Jacques Chessex a aussi le talent d'exprimer sans hypocrisies ni simagrées la rudesse d'une région, la raideur des calvinistes, la souffrance des êtres mal-nés et la violence des moeurs dans les fermes isolées.

C'est une lecture courte mais dense, abrupte où les mots sont choisis pour frapper et finalement m'avaler le peu d'oxygène qui subsiste à la fin de chaque phrase ou dominent l'austérité, l'âpreté et la cruauté.

Bien sûr, il y aura un présumé coupable, un certain Charles-Augustin Favez, à la vie cabossée dès qu'il est né, le docteur Albert Mahaim éminent psychiatre tentera de le disculper.
Les preuves manquent et le doute persiste mais que peut-on contre la vindicte populaire qui réclame une vengeance ?

Je n'ai rien révélé d'essentiel, dans ce roman c'est l'atmosphère sordide et l'ambiance glaçante qui sont importants et surtout, un final génial surgi du diable vauvert qui m'a scotché.

C'est une histoire Suisse mais c'est en France qu'elle trouve un dénouement vraiment étonnant et quasiment risible si ce n'était pas si délicat.


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J'ai un faible pour les fictions s'inspirant de faits réels. Ou qui sonnent comme telles. L'exercice n'est toutefois pas aussi simple qu'il n'y paraît.

J'ai récemment lu Nickel boys inspiré d'un centre de redressement pour jeunes "délinquants" dans l'Amérique des années 60. J'avais été plutôt séduit, mais il me manquait quelque chose.

Et ce quelque chose, je l'ai trouvé dans le (court) roman de Jacques Chessex. Ce quelque chose, c'est un côté viscéral. Des tripes... il y en a dans le Vampire de Ropraz, au propre comme au figuré.

Le fait divers: 1903, Haut-Jorat vaudois, 3 corps de jeunes filles récemment inhumées sont sortis de leur cercueil et sauvagement violentés. Sperme, mutilations post-mortem, décapitation, j'en passe et des meilleures... puis le corps est remis dans sa boîte de sapin. Après quelques errements, l'enquête s'oriente sur un jeune homme inadapté, désociabilisé, pris en pleine copulation avec une vache. Avoir un coupable, c'est le souhait de tout le monde, du peuple au magstrat. Et si en plus il n'a pas toutes ses frites dans le même sachet, c'est encore mieux. Tout va lui être imputé, et même davantage. Et qu'importe s'il a subi des viols répétés à l'âge de 4 ans dans la famille où il a été placé...

Jacques Chessex n'est pas complaisant. Non, pas du tout. Un chat s'appelle un chat. Et les scènes sont crûment décrites. Comment pourrait-il en être autrement, d'ailleurs?

Condamné à la perpétuité, Charles-Augustin Favez ira dans un centre psychiatrique, comme objet d'études. Cette science en est encore à ses balbutiements. Quelle aubaine que ce Favez. Mais il s'évadera. Chessex le place alors dans la Légion étrangère, aux côtés de Blaise Cendrars... Imagination débordante de Chessex. Sublimation de déviances. Convergences de destins... J'adore.

Et le style. Que dire du style... Chessex évolue d'un récit façon fait divers, froid et factuel, à des successions d'images impressionnistes, voire de récits façon "histoires racontées à la veillée un long soir d'hiver". On se balade dans l'hiver 1903 à la façon d'un colporteur fourbu qui affronte les rigueurs de la montagne.
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Il me fallait un roman avec un vampire pour le challenge multi-défis… Je ne suis pas déçue : Jacques Chessex met en scène un vampire bien réel, qui a existé et qui a terrorisé le village de Ropraz et ses environs, là où habitait l'écrivain, justement. Si vous voulez des détails sur le fait divers, suivez ce lien : https://www.le-courrier.ch/sur-le-vampire-de-ropraz-et-environs/. Oui, mais bien qu'inspiré d'un fait divers réel, il s'agit vraiment d'un roman comme c'est mentionné sur la couverture. C'est dans la volontaire confusion entretenue entre roman et réalité que réside en partie la force de ce petit livre.
***
En 1903, Rosa Gilliéron, 20 ans, belle comme un coeur et vertueuse, forcément vertueuse, meurt d'une méningite foudroyante. Comme en plus elle appartient à une famille riche, c'est l'émoi, et tout le canton de Vaud ou presque se précipite à son enterrement. Deux jours plus tard, on retrouve la tombe profanée. On exhume le corps et on découvre horreur après horreur : le cadavre a été violé, la main gauche coupée, la tête mordue, mâchouillée à différents endroits, quasi détachée du corps et enfoncée dans le tronc, quant aux seins et au sexe, les outrages qu'ils sont subis vaudront au coupable son surnom dans les journaux dès le lendemain de l'horrible découverte. Ajoutons que le coeur a disparu. Les mêmes abominations se reproduiront sur les cadavres de deux autres femmes le mois suivant, dans cette même région du Haut-Joraz. On soupçonnera plusieurs hommes, souvent pour des motifs plus fallacieux les uns que les autres, et voilà qu'on surprend Charles-Augustin Favez, garçon de ferme, colosse alcoolique et simplet, « en train de s'exécuter sur une génisse entravée »… Son compte est bon malgré les doutes du psychiatre qui l'a rencontré…
***
Le vampire de Ropraz raconte d‘horribles événements et Jacques Chessex, avec son grand talent de conteur, nous fait partager la suspicion qui s'installe entre les villageois, la peur du lendemain, et même une certaine empathie envers « ce malheureux » vampire ou donné comme tel. le narrateur réveille les superstitions, fait revivre des pratiques catholiques disparues de ces contrées depuis des siècles, et réussit à nous entraîner encore plus loin dans les croyances populaires. Parce qu'enfin, cette dame blanche, visiteuse du vampire, est-elle bien réelle ou est-elle l'annonciatrice de la mort telle qu'on la rencontre dans les légendes ? En plus d'être magnifiquement écrit et malgré les sordides événements racontés, ce roman m'a parfois fait sourire : le regard que porte le narrateur sur les différents intervenants est plein d'un humour contenu auquel l'auteur laissera enfin libre cours ; le clin d'oeil à Cendrars et à Moravagine ainsi que la pirouette finale sont de vrais petits bijoux. Il y a des années que je ne m'étais pas replongée dans cet auteur (1934-2009). Un plaisir à redécouvrir…
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Basé sur un fait divers qui a bel et bien existé, ce roman nous emmène à Ropraz, un petit village près de Lausanne, en Suisse en 1903.
Dans le canton de Vaud, les gens vivent un peu en autarcie et dans une grande misère intellectuelle. Les histoires de famille, les incestes, les jalousies, animent les commérages et le quotidien est empli de vampires qui rodent la nuit, de superstitions qui persistent malgré le protestantisme.
La tombe d'une jeune fille décédée quelques jours auparavant est profanée, son corps violé et mutilé. Cet événement fait les gros titres des journaux, suisses et étrangers, et cette abomination se répétera encore deux fois.
L'auteur s'en est donné à coeur joie pour les descriptions gores et a ajouté un petit clin d'oeil sympathique à Blaise Cendrars.
Une lecture étonnante mais très sympathique qui m'entraine maintenant vers Moravagine !
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Après ma lecture-choc d'Ohio de Stephen Merkley, il me fallait absolument un roman qui allait supporter la comparaison. Et je l'ai trouvé dans le récit de Jacques Chessex. Ce livre présent dans ma bibliothèque avait été lu et adoré par mon cher et tendre et je ne m'étais toujours pas décidée à le découvrir avant que Lolo Coste ne le présente lors du challenge Les Classiques c'est fantastique. Quel heureux hasard : le Vampire de Ropraz m'a tenu en haleine et m'a surtout donné l'occasion de faire le deuil d'Ohio toujours bien présent dans mes pensées.

Jacques Chessex s'intéresse ici à un fait divers dramatique qui s'est véritablement déroulé au début du 20e siècle, en Suisse. Un cercueil nouvellement mis en terre a été ouvert, et le corps de la jeune fille violé, en partie dévoré et souillé. L'effroi touche le village et c'est la course au Monstre. L'enquête piétine et deux tombes sont de nouveau prises pour cible. Encore des jeunes femmes enterrées depuis peu.
C'en est trop pour ces villageois qui voient là l'oeuvre du Diable ou plutôt les méfaits d'un Vampire. La rumeur est lancée, la chasse est ouverte.
Je ne vous dévoile pas le reste du roman car tout se joue en peu de pages et c'est là tout le talent de l'écrivain qui a pu étaler tant d'horreur et de frissons en 96 pages. Aucun détails n'est oublié, les sévices sont décrits, les pensées des personnages également, ce qui ne fait que renforcer le dégoût.

Lien : https://pagesversicolores.wo..
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Dans ce bref roman de 2007, Jacques CHESSEX (1934-2009), peu avant sa mort, exhume celles de jeunes filles dans le canton de Vaud, Suisse romande, au tout début du XXe siècle. CHESSEX s'est en effet intéressé à un fait divers rural survenu tout près du lieu où il avait décidé de vivre dès 1978, Ropraz.

Début 1903, dans cette région protestante de Suisse, Rosa Gilliéron, 20 ans, fille d'un juge de paix et député, meurt d'une méningite. Elle est enterrée dans le cimetière de Ropraz. Mais deux jours plus tard, son corps a été exhumé et profané. de nombreux soupçons, de nombreuses rumeurs enflent sur les habitants des environs. Une véritable psychose collective s'empare des villages.

Moins de deux mois plus tard, à huit kilomètres du drame, même scène d'horreur, rapidement suivie d'une autre, toujours dans le même secteur, une semaine après. La suspicion devient généralisée, de nombreux pays s'intéressent à ces sordides faits divers, jusqu'en Amérique du nord. Les vieilles querelles de clochers réapparaissent dans une région où la misère sexuelle est totale et les croyances ancestrales bien ancrées, « Car partout on a ressorti le Christ qu'on gardait des temps catholiques. Dans tous les villages, les hameaux, maintenant sont accrochés aux cadres des fenêtres, aux espagnolettes, aux linteaux, aux balcons, aux grilles, même aux portes dérobées et aux caves, des guirlandes d'ail et de saintes images qui révulseront le monstre de Ropraz. À nouveau se dressent dans ce pays protestant où on ne les voyait plus depuis quatre siècles ».

La série semble ne plus vouloir s'achever, des vaches sont retrouvées violées, la morbide surenchère est lancée. Un suspect est cependant arrêté : enfance dramatique, parcours chaotique, puis la dérive avec l'alcool comme seul compagnon de route. L'homme est tout d'abord incarcéré puis orienté vers un hôpital psychiatrique. La peine de mort est pourtant abolie mais les « bons citoyens » suisses, avides de « justice », la réclament pour l'accusé.

Dans cette région fortement troublée par l'alcoolisme et la violence, les esprits s'échauffent, les coups bas pleuvent. CHESSEX raconte cette affaire sans nous épargner les détails horribles, sanguinolents, inhumains. Il déroule son histoire à la manière journalistique, joue avec l'affect, devient grinçant, provoque son lectorat qui se questionne. Certes le texte est bref, mais ponctué d'atrocités avant une fin éblouissante où la petite histoire locale rencontre la grande tragédie mondiale de 14-18, nous laissant hagards, une fin digne de ce nom qui marque pour longtemps, qui ne cesse de hanter notre quotidien à propos d'une célébration toute française dont je vous laisse découvrir la teneur.

CHESSEX est reconnu comme l'un des plus grands écrivains suisses, malgré ses excès (il a beaucoup écrit sur le sadisme par exemple), il est aujourd'hui placé presque aussi haut que son aîné helvétique Charles Ferdinand RAMUZ, il est une figure littéraire majeure de ce pays neutre et indépendant. C'est à jour le seul auteur suisse à avoir obtenu le prix Goncourt (en 1973 avec « L'ogre », un texte sur son père suicidé, tragédie qui le dévorera toute sa vie). « le vampire de Ropraz » constitue l'un de ses chefs d'oeuvre, brillamment maîtrisé, rédigé un siècle après l'une de ces affaires qui rongent un pays entier pour très longtemps.

Ce roman me paraît définitivement associé à un autre des grands textes de CHESSEX : « Un juif pour l'exemple » pour plusieurs raisons : brièveté du récit, l'un et l'autre ayant comme point de départ une histoire vraie, l'un et l'autre âpres et fortement dérangeants, l'un et l'autre survenus sur des terres qu'a ensuite beaucoup arpenté Jacques CHESSEX, tous deux écrits vers la fin de sa vie, à deux ans d'intervalle. Et à titre personnel, il m'est difficile de dissocier ces deux oeuvres, puisqu'elles me furent offertes le même jour, il y a de cela quelques années, par un proche, l'un de ceux qui aiment nous pousser dans vos derniers retranchements, vous tirer sans ménagement aucun hors de votre zone de confort littéraire, c'est-à-dire résolument vers le haut. Et il faut bien reconnaître que ce cadeau a parfaitement fonctionné.

En 2009, Jacques CHESSEX est inhumé dans le même cimetière où Rosa tente de trouver enfin la paix.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

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Ah que c'est merveilleux quand dans notre entourage l'amour de la littérature se partage, ça nous permet comme ici de découvrir des auteurs et des romans qu'on aurait jamais pensé lire. Et pourtant parfois ce sont de véritables pépites.. Ce livre est extrêmement court et pourtant il contient bien des sujets qui en derangeront plus d'un, le tout avec une pointe d'humour comme je les aime ! Je ne savais pas à quoi m'attendre en ouvrant ce livre mais cette histoire tirée d'un fait divers m'a emporté et je l'ai dévoré
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Un livre que j'ai oublié. J'ai lu ce livre il y a quelques mois et je l'ai déjà oublié. Un livre qui ne m'a pas marqué. On en revient toujours à la référence : Dracula de Bram Stocker.
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Pour son roman « le vampire de Ropraz » Jacques Chessex s'inspire d'un véritable fait divers. Au début du 20ème siècle, un maniaque a terrorisé une région rurale de Suisse en profanant des tombes de jeunes femmes fraîchement décédées, profanations particulièrement sordides puisque nécrophilie, mutilations et nécrophagies sont au rendez-vous. Très vite, les soupçons se portent sur un garçon de ferme surpris dans une étable en train de se livrer à des actes contre-nature.

Prendre comme point de départ ce fait divers aurait pu donner lieu à un roman vraiment intéressant, et ce d'autant plus que l'auteur semble vouloir adopter un point de vue assez compassionnel envers le jeune homme. Pourquoi pas en effet ?! Favez, le jeune homme en question, a vécu une enfance misérable et a subi d'abominables sévices, ce qui explique sans doute qu'il soit devenu un dégénéré. Voilà qui aurait pu aborder le thème de la responsabilité tout en s'inscrivant dans une peinture d'une époque et d'un lieu donnés. Mais pour ça, il aurait fallu que le roman adopte un point de vue narratif, ce qu'il ne fait jamais. Il s'agit pourtant bien d'un roman puisque Chessex invente certains faits. Mais le récit se contente d'une énumération chronologique assez clinique des faits. Il n'y a aucune ambiance dans le roman, aucune émotion ne le traverse et il semble inhabité, la faute à des personnages à la caractérisation quasi-inexistante.
Par ailleurs, j'ai été assez gênée par une vision assez méprisante, voire insultante, de la ruralité de l'époque lorsque l'auteur parle de Favez comme « victime d'une ruralité misérable » dans une région où « l'alcool, l'inceste et l'illettrisme sont des plaies ataviques ». Je ne dis pas que ce genre de choses n'a pas existé mais les présenter comme inhérentes à la société rurale de l'époque, je trouve ça réducteur et assez injurieux.

Bref, je n'ai pas aimé ce livre. Je voulais lire un roman, « le vampire de Ropraz » est présenté comme tel, et j'ai eu l'impression de lire un article de journal sans âme et un brin racoleur.
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