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EAN : 9782707317346
252 pages
Editions de Minuit (25/01/2001)
3.54/5   25 notes
Résumé :
Seul maître à bord avant Dieu. Tulipes dont on se munira par bottes dans le rôle de cuillers à soupe. Moutons dont le décompte amoindrit ou fortifie l'existence. Arbre mis en exergue par l'éclair qui le foudroie. Marmottes agglutinées au sortir de l'hibernation, autant d'ours en devenir. Une famille s'entredévore, le cardiologue a le cœur calleux et l'incertain est qu'un nuage n'ait encore jamais joué Hamlet. Ér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Questionner l'usage de la langue, sonder les métaphores, autour de l'absent James Cook.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/05/21/note-de-lecture-les-absences-du-capitaine-cook-eric-chevillard/
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Autre grand amateur de réalité, le comte de La Pérouse, dont l’inclination était si bien connue que Louis XVI, flattant royalement sa marotte, lui donna mission, en 1785, de rechercher toutes les terres ayant échappé à l’attention de Cook. Il n’avait pas fini sa phrase que La Pérouse s’embarquait, levait l’ancre, hissait les voiles et cinglait vers le large, poussé par les alizés, bonne marche, fière allure, la poudre et les armes à l’abri dans la cale avant, les tonneaux solidement arrimés, les ballots recouverts de toile goudronnée, les rouleaux de cordage très exactement comme des pythons ou des boas lovés sur le pont, les cris perçants des mouettes, le lendemain, plus loin dans la mer, direction N.-N.-E. quart N., à tirer des bordées, la brise trop légère, les vergues grinçant sur les drisses, trois jours de calme plat, l’ennui à bord, le rhum seul déferlant, ciel plombé, silence oppressant, chaleur moite, vivres avariés, dix barils de lard putréfié, nervosité, un peu de roulis, tiens, grondements là-haut qui s’amplifient, rafales soudaines, forte houle traversière, les cœurs se retournent comme à la manille sur les matelas d’étoupe de l’équipage, navire bord à bord, vagues très exactement comme des montagnes, paquets de mer, tous lessivés jusqu’aux os, un malheureux sur le gaillard d’avant emporté par une lame, voiles déchirées, la brigantine en lambeaux, sinistres craquements, premièrement le petit foc, deuxièmement le grand foc, troisièmement le clinfoc, enfin le faux-foc, comme des fouets très exactement les filins rompus, le canon renversé démolit les plats-bords, les tonneaux détachés roulent, écrasent, explosent, tandis que le grand cacatois, flots mugissants, revanche des éléments, furie, spectacle grandiose et terrible, le navire très exactement comme un bouchon danse, agrippés tous aux galhaubans, mais le mât de misaine, tout à coup, puis la corne d’artimon, le grand perroquet d’une part, d’autre part le petit perroquet, les trois chaloupes en morceaux, droit sur les récifs écumants, or le petit cacatois, alors que le beaupré, au moment même où la trinquette, c’est la fin cette fois, la déferlante, les brisants, à bas le grand hunier et le petit hunier, fracas épouvantable, adieu La Pérouse, tous mourir contre l’écueil qui avait échappé à l’attention de Cook, tandis que voici comment notre homme procède, lui, sa méthode : il étale et punaise une carte du monde sur un mur de sa chambrette, puis il recule de dix pas, se bande les yeux et lance avec force en direction de ce mur une fléchette de son jeu d’enfant, aux ailettes de plumes vertes, qui se fiche en plein océan, au cœur d’une île – dont elle figure très exactement le palmier central – inconnue des géographes et des marins, où nul bateau n’a encore abordé, où les oiseaux n’ayant point appris à craindre l’homme viennent lui picorer dans la main, aussi bien est-ce facile comme tout d’attirer contre soi le dronte, puis rôtir ce stupide dindon, et les fruits de même se laissent cueillir aisément, abondants, savoureux, l’eau de source est sans doute ici la seule créature fuyante, encore ne le fuit-elle pas par peur ni par méchanceté mais pour le surprendre : soudain, elle lui tombe dessus par-derrière et glisse ses longues cuisses fraîches de chaque côté de son cou tout en lui massant doucement le visage, et quand la solitude lui pèse, il peuple son île, il n’a qu’à le vouloir – sachant que la dépeupler est chose plus vite faite encore que de gagner un coin tranquille ou simplement fermer les yeux. Son séjour là-bas est un enchantement. Les terres ayant échappé à l’attention de Cook, il les connaît comme sa poche (dans laquelle ses doigts inlassablement jouent avec un petit crayon), toutes, elles sont placées sous son autorité souveraine.
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La tulipe, quand elle n'a plus qu'un pétale, fait une fort belle cuillère à soupe extrêmement peu commode, en revanche, car la tige devenue manche demeure souple, trop souple.
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C'est d'ailleurs l'occasion de faire une observation qui intéressera, en tout cas, la physique : un éternuement humide dans l'air saturé de chaleur produit le même son exactement qu'un charbon ardent soudain plongé dans l'eau.
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Notre homme garde tous ses livres, y compris les plus mauvais, considérant que peut-être, un jour, ils seront justifiés, si le contexte change. Leur sens, leur justesse, et leur nécessité pourraient bien apparaître à la faveur d'une nouvelle combinaison de hasards.
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CHAPITRE DIX-HUITIEME

Qui relance opportunément l'action. [...] On propose à notre homme d'apprendre à surmonter son vertige, il refuse arguant avec raison que surmonter son vertige : ce serait l'effroi redoublé.
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