La thématique des jeux vidéos est importante dans ce roman, avec la construction de civilisations.
J'ai donc beaucoup pensé à un jeu réel : "Civilization". Dans celui-ci, le joueur est responsable d'un peuple, qu'il doit faire évoluer de la Préhistoire à l'ère atomique et aux voyages dans l'espace. Pour gagner une partie, il faut à la fois avoir une armée suffisamment évoluée pour résister aux attaques des pays étrangers, ou être capable de les envahir, mais il faut également développer la science pour progresser plus vite, tout en investissant dans la culture, l'art, les monuments, pour être capable d'influencer les autres peuples.
Ce mécanisme de jeu se retrouve dans
le Problème à Trois Corps. Les scientifiques, les militaires, les policiers, ont tous une vision différente du problème, et donc une solution différente. Cependant, l'auteur semble oublier les sciences humaines et les artistes - les rares philosophes ou écrivains sont rapidement déconsidérés. Sur Trisolaris, il n'y a pas de place pour la culture, pour l'art, et donc pour l'amour.
Cette thématique est très intéressante, les parties du jeu m'ont fortement intéressée. Dommage cependant que les récits de parties, ainsi que les événements de Trisolaris ne soient pas racontés dans un autre style, voire un autre genre - l'auteur varie les genres, du rapport des services secrets à l'article scientifique, de l'interrogatoire policier au thriller, et du roman historique au récit mystique. J'aurais bien vu le genre de la fable ou du conte pour ces passages.
Mais plusieurs choses m'ont gênée : je suis loin d'être une scientifique, mais j'ai trouvé que les descriptions des propriétés de l'Intellectron relevaient plus du "Miracle" (pour employer une expression du Chancelier) que de la science. Ensuite, l'important est plus l'intrigue que les personnages, qui ne sont pas très approfondis - à part Wenjie, dont le contexte historique particulier apporte les motivations. Wang Mio n'est qu'un transmetteur d'informations, le policier est caricatural... Une bonne chose cependant, les femmes sont montrées comme aussi compétentes, voire plus, que les hommes, et ne sont pas des objets de désirs mais de savoirs - il n'y a cependant aucune femme, ou créature féminine, évoquée sur Trisolaris... Mais ces personnages peu travaillés empêchent de ressentir une forme d'empathie ou d'émotion - à part une nouvelle fois Wenjie et le guetteur 1379. Je n'attends donc pas forcément avec angoisse pour les personnages l'arrivée de la flotte de Trisolaris - je pensais à Spin de R. Wilson, où je trouvais que c'était les personnages, et leurs relations, qui faisaient la force du roman.
Je ne vais donc pas forcément me précipiter pour lire la suite.