Piper Donovan, une jeune actrice sans emploi, aide sa mère à la « Cerise sur le gâteau ». Elle réalise la
pièce montée pour le mariage d'une actrice en vue. Ses photos, reprises dans nombre de magazines, lui procurent une prestigieuse commande, celle de Jillian Abernathy dont le père, un chirurgien plasticien de renom, est propriétaire de l'Elysium. Cet hôtel-spa d'élite accueille, en toute discrétion, nombre de vedettes en quête de la fontaine de Jouvence. le contrat prévoit pour Piper, une semaine dans une suite luxueuse avec tous les soins qu'elle souhaite. Comment refuser une proposition aussi alléchante ? A New York on gèle, à Los Angeles, la température est douce. Tout serait idyllique si Jillian n'était pas menacée par un psychopathe qui a déjà attaqué sa domestique avec un jet d'acide.
Le nom de
Mary Jane Clark ne m'est pas inconnu. Plusieurs de ses romans figurent dans ma PAL himalayenne. Pourtant, je n'ai pas encore eu (pris?) le temps de les lire. Aussi, je me réjouis de plonger dans cette enquête.
Je connais bien
Mary Higgins Clark et sa fille Carol, dont j'ai déjà dévoré pas mal de livres. Mais qui est
Mary Jane ? Peu de renseignements sur le net. D'après ces maigres sources, je pense qu'elle a puisé quelques éléments dans sa propre vie pour créer Piper, puisqu'elle-même est la fille d'un policier et s'est récemment lancée dans la création de gâteaux de mariage. Ce qui explique le titre français du roman (je suppose) qui fait référence au glaçage des pâtisseries, mais ne colle pas vraiment à l'histoire. Des crimes, il y en aura plusieurs et ils n'ont rien de glacé. La température extérieure de 21° est bien clémente pour un mois de janvier et un des méfaits du tueur est un incendie. le titre original , « The look of love » me paraissait mieux approprié : il s'agit d'un mariage à l'Elysium, le temple de l'apparence. le sous-titre « une enquête de Piper Donovan » me laisse dubitative, lui aussi. Piper se trouve mêlée aux événements plus ou moins en dépit de sa volonté, mais on ne peut pas vraiment dire qu'elle enquête.
Mary Jane Clark est (ou a été) la belle-fille de la reine du thriller. Et cela se sent. J'ai trouvé plusieurs points communs entre «
Crime glacé » et «
Ne pleure pas ma belle », dont l'action se situe également dans un centre de remise en forme californien pour clients fortunés.
Chez
Mary Jane Clark, pas de suspense insoutenable comme chez sa belle-mère. L'intérêt est ailleurs. Son personnage principal n'est pas une super woman infaillible. Piper est fragile. Elle a connu une déception amoureuse et hésite à s'engager à nouveau.
Piper a des parents. Sa mère, qui travaille dans une pâtisserie, souffre de graves problèmes aux yeux. Son père est un vrai papa-poule. Depuis qu'il est retraité, il passe son temps dans son atelier de bricolage, où il accomplit des petits miracles du quotidien. Par exemple, il réussit à faire disparaître des escarpins vernis de Piper les traces de dents d'Emmett, son turbulent terrier. Dès que sa fille chérie s'éloigne de la maison, il tremble. Quand il découvre qu'elle part dans un endroit où une femme a été agressée, il se transforme illico en clone de
Mr Q et prépare un kit de survie comprenant lunettes et masque de protection, tablier et gants résistant à l'acide, bombe de gaz poivre, comme si Piper partait pour un stage de para-commando et non pour cuisiner un gâteau.
Piper n'est pas sûre d'elle. Elle tourne un bout d'essai pour une publicité et en sort presque en larmes : elle a joué faux, ânonnait le texte, n'a aucune chance de décrocher le rôle.
Piper a bon coeur. Elle croise une patiente qui erre tristement dans les couloirs affublée d'un masque. Piper va spontanément vers elle et lui remonte le moral après son opération esthétique ratée.
Le temps s'écoule comme un compte à rebours avant le mariage de Ben et Jillian. L'histoire dure deux semaines environ, pendant les fêtes de fin d'année.
Piper est invitée à l'Elysium, dont le nom se réfère aux délices promises par les Champs Élysées. Hélas, il ne ressemble pas exactement à l'ancêtre antique de notre paradis !
Contrairement à ce que laissait présager son nom, la pauvre Esperanza Flores n'aura ni espoir ni fleurs, mais un jet d'acide vraisemblablement destiné à sa patronne. L'ancien directeur de l'établissement ne digère pas son licenciement et, sous un sourire de façade, rumine amèrement des idées de vengeance. le masseur chouchou de ces dames cache, sous des dehors affables, des habitudes pour le moins contestables. le chirurgien esthétique a vu mourir sa propre épouse entre ses mains au cours d'une opération de routine et il a malheureusement défiguré une de ses patientes.
Le livre aborde de nombreux aspects de la vie qui n'ont rien d'optimiste : c'est l'apparence qui règne en reine. Certain(e)s sont prêt(e)s à tout pour garder une peau éclatante sans la moindre ride. le luxe tape à l'oeil n'est qu'une façade. A l'intérieur des murs de l'Elysium, personne n'est vraiment heureux. Une enquête secondaire vient se greffer sur la principale et rappelle les vilaines affaires « MeToo » et « BalanceTonPorc ». le népotisme est monnaie courante : Mr Abernathy n'hésite pas à licencier son directeur pour confier ce poste à sa fille. le psychiatre de son empire n'est autre que son beau-fils.
Souvent, dans les livres et films actuels, je remarque que la figure paternelle a été gommée. Ici, c'est le contraire. Vincent se fait un sang d'encre en pensant que sa fille Piper court des risques inconsidérés.
George Ellis cède à tous les caprices de Wendy. Il a tort et s'en mordra les doigts. Devant le désespoir de son enfant, il réussit à faire bonne figure, il joue le rôle du chevalier sans peur. Mais une fois seul dans sa chambre, il lui arrive souvent de pleurer amèrement. Vernon Abernathy regrette le choix de sa fille aînée, cloîtrée dans un couvent. Il tremble à l'idée qu'un fou puisse s'en prendre à Jillian.
Bien sûr, j'ai relevé quelques invraisemblances. Mais c'est souvent le cas dans les romans du genre. Pris par l'histoire, on n'y prête pas attention, on fait semblant d'y croire.
Pour ma part, j'ai passé un très bon moment en compagnie de Piper, seulement frustrée de constater qu'il s'agissait de sa deuxième aventure et que j'avais raté la première, une erreur que je compte réparer dans les plus brefs délais. J'ai dévoré le livre qui m'a bien distraite entre deux lectures plus sévères. En revanche, moi qui ne suis déjà pas tellement attirée par les mets sucrés, je n'ai pas du tout envie de goûter un gâteau au pain de citrouille recouvert d'un glaçage au fromage frais !
J'ai bien aimé cette lecture qui m'a été offerte grâce à l'opération Masse critique sur Babelio, par les éditions de l'Archipel et je les remercie de tout coeur de cette parenthèse agréable dans la grisaille ambiante.