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Jean-Michel Marchetti (Illustrateur)
EAN : 9782913465091
La Dragonne (18/11/2002)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Ce roman aux allures de fable s"attache à de pittoresques personnages qui font battre le cœur du Barrio Flores, bidonville à l'improbable géographie. « Petite musique », espiègle gamin des rues, sert ainsi de trait d’union entre les différents habitants du quartier, jamais à court d’idées pour égayer le quotidien…
Texte et photographies suggèrent ainsi une même émotion dans l'éclat de ce double regard, plein d'humour et de tendresse, porté sur les "petites g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le Barrio Flores, c'est un quartier de Buenos Aires. C'est aussi l'image vivante de la pauvreté, mais les habitants sont des pauvres à la crasse glorieuse, à la fatigue sublime. « Nous vivions au fond d'une petite ruelle du Barrio, sous du fer ondulé et de grands cartons d'affiches déchirés que nous cousions ensemble avec du fil de pêche trouvé près du port, à même la terre moins battue que nous. Les gouttières nous servaient de douche. » (p. 20) Juanito est le narrateur : il a connu le Barrio enfant, puis l'a quitté pour faire des études. le retrouvant, des années plus tard, il se souvient des figures marquantes du quartier et en dresse des portraits aussi pittoresques que tendres. Il y a Pepe Andillano, l'homme qui l'a recueilli, joueur de billard imbattable. Il y a la jolie Flores Nubia qui, un jour, a cessé de parler. Il y a cet homme qui voulait épouser son âne. Il y a Jacintho, l'écrivain et lecteur public. Il y a sa petite soeur, celle qui n'a jamais eu de nom et s'est éteinte dans un souffle. « Ce n'est pas si facile de vivre avec la mort quand on n'a que six ans, il faut bien s'inventer des histoires. » (p.63)

Agrémenté des portraits en noir et blanc de Jean-Michel Marchetti, le texte de Philippe Claudel cherche la magie dans les petites choses. le Barrio Flores, quartier figé dans le temps, est presque un lieu caché, un lieu secret, un lieu mythique. En très peu de pages et avec une remarquable économie de mots, l'auteur partage sa tendresse pour les petites gens et tous ceux que le monde ne voit pas ou ne veut pas voir.
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N°627– Février 2013.
BARRIO FLORES – Philippe Claudel – Éditions La Dragonne.


Dès la première ligne, l'auteur donne le ton : « Les habitants du Barrio Flores sont passés dans le monde et le monde ne les a pas remarqués. ». Pourtant lui choisit de porter sur eux un regard plein de tendresse et les photos en noir et blanc de Jean-Michel Marchetti leur donnent un relief tout particulier.
Le décor, une sorte de bidonville plein de soleil, de vie, de misère mais aussi de sourires, à l'écart d'une grande ville probablement située dans une Amérique hispanique où Juanito, un jeune enfant de huit ans confié à Pepe Andillano, a écrit cette « Petite chronique des oubliés » qui est plus qu'un hommage à ses habitants Pour ce vieil homme à la jambe raide mais qui gagnait sa vie en jouant au billard, il sera « petite musique » parce qu'il est « plus léger qu'un violon et plus rieur qu'une flûte ». Ensemble ils rêvaient de partir sur le pont d'un navire, pas pour faire le tour du monde, mais « juste une bordée, le temps de dormir une nuit ou deux sur le pont du plus grand des paquebots... et, au matin ce sera l'Amérique, New-York ou Babylone, en tout cas un pays formidable où les bons joueurs de billard sont nommés généraux et où les jambes mortes peuvent ressusciter ». C'est à travers ses yeux que le lecteur découvre cet univers un peu à l'écart. Il était certes fait des traditionnels personnages incontournables, les putains, les cocus, les femmes infidèles mais il y avait surtout Flores Nubia, une petite fille espiègle et belle qui aimait tant jouer à la marelle et dont Juanito était évidemment amoureux. Il lui offrait « des bouquets de rien, des rubans défraîchis, des heures admirables ». Pourtant cette jeunesse insouciante a prématurément été interrompue et Flores est devenue silencieuse, vieille et absente mais elle a continué de hanter les rêves du garçon.
Juanito avait une petite soeur, si jeune qu'on n'avait pas eu le temps de lui donner un nom. Elle accompagnait son frère pour mendier dans le quartiers des riches parce qu'elle faisait pitié et qu'ainsi ils rapportaient de l'argent. Pourtant « son coeur qui se précipitait de vivre en quelques mois une vie entière » s'était arrêté.
Parmi ces habitants il y avait aussi Garrancho Mindo, « Petite tête simple » dont tout le monde se moquait, qui parlait à son âne et voulait l'épouser. Ce décor ne serait pas complet sans le cireur de chaussures, mais celui-là non seulement faisait reluire les souliers de ses clients mais servait surtout d'écrivain public. Tout le monde lui faisait confiance pour rédiger des lettres importantes ou futiles, des lettres d'affaires ou d'amour, sur du papier à en-tête d'une entreprise d'engrais qui avait fait faillite depuis longtemps. On les encadrait même sans jamais les envoyer et ainsi elles faisaient partie du paysage. Sauf que leur auteur ne savait pas plus lire et écrire que ses clients du quartier et qu'il se contentait de reproduire dans ses missives les mots des annonces publicitaires qui s'étalaient sur les murs autour de lui ! Plus tard, Juanito devenu grand et instruit parce qu'il avait appris à lire dans les livres et non plus dans les flaques d'eau et dans les étoiles comme au Barrio, a vu la supercherie mais l'a gardée pour lui et a su reconnaître dans cet homme « un grand poète », en tout cas un de ceux qui ont suscité chez lui cette envie d'écrire à son tour [« C'est sans doute grâce à lui que m'est venue aussi à moi l'idée d'écrire, de caresser les mots, de dire des histoires »].
Il y avait aussi le « docteur » ainsi appelé parce qu'il avait un jour « confessé » pendant trois heures un vrai médecin dépressif et qu'il avait décrété qu'il en savait autant que lui au terme de cette discussion. Il recevait ses patients, vêtu d'une blouse qui avait jadis été blanche, ne guérissait personne parce que ses remèdes tenaient uniquement de l'improvisation, mais tout le monde y croyait et le respectait.

Il y a dans ce « Barrio Flores » toute la poésie de « café de l'excelsior » qui m'avait tant plu (La Feuille Volante n° 620). Ce n'est pas exactement un roman, peut-être un recueil de nouvelles, une galerie de portraits, une chronique de ce quartier rebaptisé par l'auteur du nom de cette petite fille, un amour de jeunesse, celui qu'on n'oublie jamais.


©Hervé GAUTIER – Févrer 2013.http://hervegautier.e-monsite.com



Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Ce beau petit livre est de la même veine que Café de l'excelsior;
C'est par les yeux d'un enfant surnommé "Petite musique" par Pepe Andillano, le vieil homme avec lequel il vit, que s'offre à nous tout le petit peuple haut en couleur du Barrio Flores, bidonville où règne la misère, la souffrance mais où l'amour et le sourire ne sont pas absents.
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« Dans le barrio Flores, on ne savait pas écrire. L'école n'existait pas ; ou plutôt si mais il n'y en avait qu'une, sans maîtres, à ciel ouvert, toujours pleine de centaines d'élèves dissipés qui ne jamais ne la quittaient car ses leçons étaient sans fin : cette école c'était la rue, qui apprend toutes les choses, , bonnes ou mauvaises, la vie et la mort, les sourires et les larmes. »

Les courts ouvrages de Philippe Claudel ont la particularité d'être particulièrement soignés ; tant sur le plan du contenu que du contenant.
Après le café de l'Excelsior, Quartier, Barrio Flores est le troisième petit bijou paru chez cet éditeur nanciéen.
Philippe Claudel s'associe pour la seconde fois avec le photographe Jean-Michel Marchetti dont les clichés accompagnent sans ostentation les instants de vie du Barrio Flores, quartier aux allures de bidonville de Cuba. Ces chroniques sont autant de clichés empreints d'une infinie tendresse pour ses habitants dont la misère ne parvient à atteindre ni la bonne humeur, ni la débrouillardise.
Sous la plume de « petite musique », un gamin espiègle au doux nom de Juanito, nous faisons connaissance avec ces oubliés, ces petits, les sans noms, "les pas grand-chose" des favelas, ces petites gens qui pourraient tout autant être ceux à nos porte que l'on ne voit plus.
Dans cette atmosphère nostalgique, la vie, l'amour, les sourires ne sont jamais bien loin.


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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La ville parvenait alors à ne plus faire qu'un bruit de dormeuse. Le vent ramenait par bouffées les odeurs d'huile chaude, de moteurs et de friture, et celles des grands eucalyptus des collines de Plateria. Pepe parlait toujours et j'écoutais sa voix. Je m'endormais en le suivant dans les salles des académies, puis les rêves me prenaient doucement, jusqu'au matin, et je savais que je pouvais sans crainte me donner à eux, sous le regard de Pepe, contre son coeur qui tapait comme une boule d'ivoire contre une bande de bois, et contre son odeur de bête un peu blessée.
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Dans le barrio Flores, on ne savait pas écrire. L’école n’existait pas ; ou plutôt si mais il n’y en avait qu’une, sans maîtres, à ciel ouvert, toujours pleine de centaines d’élèves dissipés qui ne jamais ne la quittaient car ses leçons étaient sans fin : cette école c’était la rue, qui apprend toutes les choses, , bonnes ou mauvaises, la vie et la mort, les sourires et les larmes.
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Je devins la Petite musique de Pepe Andillano. Je suivais sa jambe morte sur les trottoirs brûlés de midi et dans les torrents d'eau des fins de jours. Nous étions le petit couple bizarre du Barrio Flores. Nous n'existions que pour nous-mêmes, c'est-à-dire à peine, c'est-à-dire pas du tout pour tout ceux que nous croisions parfois et qui marchaient bien droits et le ventre plein de haricots et de boeuf au piment rouge, heureux de leur sourires en or et de leurs enfants en dentelle.
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Le billard, c'est comme le grand poème des bars, Petite musique... Les mots, je n'ai jamais su les faire chanter, ils s'écorchent sur mes chicots ou s'étouffent dans mes gencives, tandis que les deux blanches et la rouge, tu les a vues courir pour moi et glisser sur le tapis, rouler sur elles-mêmes comme des valseurs viennois, ça c'est du grand art...
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C'est sans doute grâce à lui que m'est venue aussi à moi l’idée d'écrire, de caresser les mots, de dire des histoires
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