Bernard Clavel est un écrivain dont j'admire l'oeuvre : façonnée en permanence à son image, elle touche de nombreux sujets et toujours avec une vision qui toucherait à celle du bon sens paysan. Il y a une proximité avec la terre dans l'oeuvre de Clavel, mais aussi une simplicité des hommes, une cohésion des milieux et une humanité qui n'est ni belle ni laide. Je ne peux qu'aimer cet auteur !
Ici, il s'attachera à parler, encore une fois, de son amour pour la terre de Franche-Comté, ses rivières et ses habitants. Mais en plus de ses descriptions qui fleurent bon le terroir, de ses digressions sur le monde rural et ses personnages qui ne peuvent se permettre d'avoir des émotions quand bien même ils en éprouvent, pointe la critique que Clavel va mener en bon humaniste : celle de l'euthanasie. Tout le roman tourne autour de cette image du suicide assisté et de la volonté de mourir. le personnage principal n'étant que l'instrument de cette mort, non le destinataire, nous allons avoir droit à une réflexion profonde sur ce que c'est. La réflexion ne s'arrête pas à des banalités et touche réellement au sens que cela apporte à nos vies, de tuer un être qui le demande. C'est profond, alors qu'en même temps la majorité des idées reposent sur les non-dits et les sous-entendus (chose que
Bernard Clavel adore faire). L'auteur ne tranchera jamais pour l'une ou l'autre des idées, mais l'on sent l'humanisme qui déborde derrière l'auteur et son attachement à l'humain. C'est un plaidoyer en même temps qu'un livre qui sent le Clavel dans chaque phrase. On peut ne pas aimer son style et sa façon de faire. On peut être rebuté par le côté paysan, attaché à la terre et aux hommes et femmes rudes des campagnes.
Mais il faut reconnaitre qu'il arrive à transmettre son amour pour tout cela, qu'il insuffle un peu de la passion qui l'anime quand il parle d'eux. Et qu'il sait nous raconter une histoire aussi rude que la vie, encore une fois, pour finir par nous livrer un message de tolérance sur l'humanité. Malgré ses défauts, malgré ses rudesses. Et là-dessus, je le rejoins complètement.