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La maison du sommeil », c'est Ashdown, troublante demeure anglaise perchée sur une falaise. Dans les années 1980, c'est une résidence étudiante où loge une bande de copains en dernière année d'études : Sarah, une narcoleptique qui ne distingue pas ses rêves de la réalité, fascine son petit ami Grégory, qui se sert de son cas pour rédiger sa thèse… Véronique, une féministe un peu marginale qui deviendra la petite amie de Sarah quand Grégory aura dépassé les bornes… Robert, l'amoureux transi de Sarah, son confident qui sait tout d'elle et la protège à sa manière. Et puis Terry, le cinéphile un peu rebelle qui cherche des films perdus et passe le reste de son temps à dormir.
Mais dans les années 1990, Ashdown est devenue une clinique unique en son genre, dont la spécialité est encore très peu prise au sérieux à l'époque : le sommeil. Ca tombe bien, Terry n'arrive plus à dormir : Il est devenu journaliste et vient de se prêter à l'expérience d'un marathon cinéma dont le but était de rester éveiller 3 jours et 3 nuits. Il a éveillé l'intérêt du Directeur de la Clinique qui l'invite à venir se faire examiner de plus près. Pourtant, Terry a une drôle d'impression en y arrivant : Des têtes lui sont familières sans qu'il sache pourquoi, une lettre anonyme lui demande d'enquêter sur le cas d'un patient décédé, le Directeur semble manquer de sommeil voire frôler la folie… Terry découvrira bientôt qu'Ashdown est le lieu de terribles expériences… Et surtout, que tout commença 10 ans plus tôt, lorsque le comportement d'un seul homme a entraîné le bouleversement des vies de chaque étudiant présent dans ce microcosme… !
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Avec une aisance rare et une habileté démoniaque, l'auteur nous balade ainsi entre ces deux époques pour mettre en lumière des coïncidences troublantes… Quel est le rapport entre cette Clinique du sommeil et nos anciens étudiants ? C'est ce que vous devez absolument découvrir en lisant ce roman !
Jonathan COE parvient à nous raconter son histoire en conservant le suspense jusqu'à la fin, puisque les révélations du passé et les rebondissements actuels s'alternent de manière très régulière et opportune, nous permettant d'entrevoir, d'imaginer… mais jamais de savoir exactement où il veut en venir. Jusqu'à ce qu'il nous le dise.
« le langage est un traître, un agent double qui traverse subrepticement les frontières au coeur de la nuit. C'est une tempête de neige dans un pays étranger, qui dissimule les masses et les contours de la réalité sous un épais manteau de blancheur nébuleuse. C'est un chien impotent jamais vraiment capable d'accomplir les tours qu'on lui ordonne de faire. C'est un biscuit au gingembre, trop longtemps trempé dans le thé de nos attentes, et qui se dissout et se désintègre dans le néant. C'est un continent perdu. »
Les deux époques s'entremêlent pour un enchainement parfait, l'histoire se reconstitue sous nos yeux nous interrogeant sur la suite, mettant tour à tour en avant l'un ou l'autre personnage comme autant de pièce de puzzle : Chacun possède un bout de l'histoire et c'est en se rencontrant et en se parlant qu'ils peuvent comprendre le sens de leur histoire commune. En attendant, il est bien difficile de fermer les pages de livre pour aller se coucher ! Un roman que j'ai adoré (Mention spéciale à l'article de journal rectifié par l'héroïne dont le résultat est hilarant, ainsi qu'à l'analyse du cas de Sarah par le psy à la conférence : passages savoureux du livre s'il en est !) et avec lequel vous passerez assurément un bon moment.
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