Citations sur La femme de hasard (66)
- Je lui ai dit : Alors, c'est quoi, le fin mot de l'histoire ? Qu'est-ce que je devrais faire, d'après toi ? Comment tu envisages les perspectives de carrière qui s'offrent à quelqu'un comme moi, toi qui vois ça de l'extérieur ? En tant qu'observateur impartial ? Toi, tu ne te laisses pas bouffer par tout ça, je le vois bien, j'ai ajouté. Allez, quel est ton secret ?
- Et qu'est-ce qu'il a répondu ?
- Il s'est plus ou moins étiré sur mes genoux, il a ronronné, il a pris appui sur mon bras et il a rentré et ressorti ses griffes.
Il existe entre les gens, un certain type de silence, où les mots ne sont pas nécessaires, et qui signale non la fin mais le début d'une entente.
"Mais quand tu l'entends mastiquer, dit-elle, tu n'as pas envie de le
poignarder avec le couteau à viande ?"
Sarah, croyant qu'elle plaisantait, sourit.
"Bien sûr que non.
- Et il n'y a rien chez lui que tu trouves répugnant ? Quand vous couchez ensemble, par exemple ?
- Maria !
- Chaque fois que je voyais Martin nu, j'avais envie de la lui couper. Je n'ai jamais rien vu d'aussi grotesque.
... il persistait à pérorer sur l'étrangeté du passage du temps, oubliant apparemment que les choses seraient bien plus étranges encore si le temps ne passait pas ...
Quelques semaines passèrent, car les semaines passent, qu’on le veuille ou non.
Elle n'avait personne à qui se confier, car Martin et elle vivaient à présent dans l'Essex, où elle n'avait pas d'amies sinon quelques voisines, des femmes généralement plus âgées qu'elle, qui passaient parfois le matin prendre le café, et l'après-midi prendre le thé, mais qui ne se risquaient jamais à demander si les marques sur son cou étaient un signe de passion sexuelle ou simplement de colère; d'ailleurs, Maria aurait sans doute été incapable de répondre. Non, leur conversation portait essentiellement sur le prix des légumes, les mérites respectifs de telle ou telle marque de lessive, et les avantages et inconvénients de se maquiller.
Maria n’avait rien pour ou contre le téléphone en tant que tel, mais en l’occurrence en avoir un la contrariait, car cela donnait à Ronny un nouveau moyen de la contacter. Ronny était inscrit à Balliol College. Avant l’installation du téléphone, il s’était contenté de rendre visite à Maria tous les jours, ou simplement de lui envoyer un cadeau, des fleurs par exemple, qu’elle disposait dans le salon, ou bien des chocolats, qu’elle donnait à Charlotte, ou bien l’assurance de son amour, qui ne pouvait servir à personne.
Quelques semaines passèrent, car les semaines passent, qu’on le veuille ou non.
Quand Maria repensait à ses années à Oxford – ce qui, soyons juste, était très rare –, elle les revoyait constamment baignées de soleil. Nous pouvons affirmer, je crois, que la réalité fut tout autre, mais la réalité n’est pas notre problème, ni le sien d’ailleurs. Puisque Maria se souvient d’un Oxford ensoleillé, autant respecter ses souvenirs, sauf peut-être dans certains passages du troisième chapitre, dont l’ambiance sera quelque peu automnale. Je ne dis cela que pour vous donner une idée de la tournure probable des événements.
Nous faisons des choses simplement pour avoir un jour, peut-être dès demain, le plaisir de nous en souvenir, je ne vois pas d’autre raison.