Citations sur La femme de hasard (66)
Le poème concernait, entre autres choses, le contact de flocons de neige embryonnaires avec une joue consentante, le geste de gravir une côte sans y penser, la texture d’une lueur de réverbère à son point de fusion avec le ciel d’hiver, et le réconfort puisé dans les états de solitude. Jamais Maria ne se sentait plus heureuse que lorsqu’elle était seule, globalement, mais l’idée d’être toujours seule la terrifiait, car elle était humaine après tout, ce qui était, pourrait-on dire, la source de tous ses problèmes.
Mais ce sera agréable, se dit-elle, rien qu’une fois, d’essayer non d’oublier le passé, mais de le recréer, et ainsi, peut-être, de se réconcilier avec lui. Vous remarquerez donc que Maria n’a toujours pas appris grand-chose, mais les gens sont comme ça, même elle est comme ça.
Et elle parlait toute seule, aussi, pour ne pas perdre la main. Il lui semblait absurde de perdre la faculté de parler par simple manque de pratique, on ne sait jamais, ça pourrait lui être utile un jour.
C'était quelqu'un d'ouvert, d'heureux, d'épanoui et de confiant, qui croyait en la bienveillance divine, la sainteté du mariage, et la bonté innée de la nature humaine. Sa stupidité ne s'arrêtait pas là.
On dit toujours : "Vous voulez monter prendre un café ?" comme s'il était moins pénible d'avouer notre dépendance massive aux stimulants que notre dépendance, si minime soit-elle, à la compagnie de nos semblables.
Jamais Maria ne se sentait plus heureuse que lorsqu'elle était seule, globalement, mais l'idée d'être toujours seule la terrifiait, car elle était humaine après tout, ce qui était, pourrait-on dire, la source de tous ses problèmes.
Honnêtement , je commence à en avoir marre de Maria et de son histoire. Le peu de plaisir qu’on pouvait lui trouver, et y trouver, semble avoir complètement disparu, et je ne serais pas surpris d’apprendre que tout ce qu’elle désire, c’est que son histoire connaisse une fin rapide et sans douleur.
Alors, je lui ai lancé un regard qui disait: Melle Ballsbridge, je crois que vous savez que je crois que les chemins de nos vies sont appelés à se confondre. Et elle a répondu par un regard qui voulait dire, j'en jurerais, Charlotte, je sens et je crois que tu sens, et je sens que tu crois que je sens, une étrange complicité pour laquelle ces mots ne sont qu'un déguisement. C'était un moment chargé d'émotion, j'allais lui lancer un regard qui dirait: Melle Balbridge, je suis prête, je n'attends que votre signal, mais on a été interrompue et l'occasion ne s'est pas présentée.
Donc, assurément, je vous ai dit tout ce qu’il y avait à dire. Et pourtant, en le relisant, ce chapitre me paraît assez court. Mais bon, il n’y a pratiquement pas de dialogues, donc vous en avez quand même pour votre argent, si l’on peut dire. Honnêtement, je commence à en avoir marre de Maria, et de son histoire, tout comme Maria commence à en avoir marre de Maria, et de son histoire. »
“On dit toujours : « On va boire un verre ? » comme si boire était la raison d'être du rendez-vous et que la compagnie importait peu, tant nous craignons d'avouer notre besoin d'être ensemble.”