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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Petits contes cruels dans l'Angleterre post-Blair, reliés entre eux très indirectement par des détails hasardeux et par le numéro 11 (tantôt le numéro d'une ligne de bus, tantôt celui d'un conteneur ...). Au départ un peu moins emballée que d'habitude, un peu moins séduite que par les romans - j'ai toujours un peu de mal avec les formats courts.

Anyway : cela reste du bon, du très bon Jonathan Coe, avec des récits très variés qui traversent la société britannique, au contact de ses exclus comme de ses super-riches. Au final je n'ai boudé mon plaisir, entre critique acerbe de l'Angleterre libérale, humour férocement noir, avec une mention spéciale pour les cocasses coïncidences qui lient les intrigues entre elles et ajoutent un piment savoureux au récit. Et toujours ce désenchantement mi-amer mi-tendre, qui donne un charme fou à tout ce qu'écrit Coe.
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Voilà un roman à la construction a priori un peu foutraque, mais ce serait mal connaître Jonathan Coe que d'y voir un manque de maîtrise. Si "Numéro 11" nous fait naviguer d'un personnage et d'une époque à l'autre parfois sans transition ni fil logique apparent, nous n'y sommes, grâce au talent de conteur de l'auteur et à la cohérence thématique de son texte, jamais perdu.
2003. Rachel, la narratrice, est une enfant scolairement précoce mais naïve et un peu immature. le roman s'ouvre sur l'épisode d'un séjour estival chez grands-parents à l'occasion duquel elle fait plus ample connaissance avec une voisine effrayante et mystérieuse qu'elle surnommait jusqu'alors "la folle aux oiseaux". D'un point de vue national, c'est l'été de la perte, pour une génération d'Anglais, de son innocence. Un été marqué par la mort suspecte et irrésolue de David Kelly, inspecteur de l'ONU et informateur d'un journaliste de la BBC ayant enquêté sur la falsification d'un rapport du gouvernement Blair sur les armes de destruction massive en Irak. C'est aussi l'été où Rachel prend conscience que son amie Alison, qui l'a accompagnée chez ses grands-parents, est noire -en réalité métisse, sa mère étant blanche-, ainsi que le lui font remarquer certains adultes.

Quelques années plus tard, nous retrouvons Alison, jeune artiste qui cumule les critères d'exclusion, puisqu'elle est noire, homosexuelle et handicapée (suite à une maladie, elle a été dotée d'une jambe artificielle). Sa mère Val, qui a connu une brève heure de gloire comme chanteuse d'un unique tube désormais daté, espère renouer avec la célébrité mais doit se contenter de flirter avec la précarité, les restrictions budgétaires publiques réduisant peu à peu les heures de son emploi de bibliothécaire à peau de chagrin. Aussi, quand on lui propose de participer, pour pallier un désistement, à une émission de téléréalité qui « recycle » (le but étant surtout de les tourner en ridicule) quelques stars du passé aux côtés de jeunes vedettes ayant le vent en poupe, elle saute sur l'occasion.

Nous croiserons également au fil du récit Laura, enseignante à l'université et veuve d'un passionné du monstre du Loch Ness ou Pilbeam, surnommé par ses collègues le « flic de la situation » qui met sa redoutable intuition au service d'une enquête sur des meurtres d'humoristes. Nous retrouverons Rachel en professeure particulier de la progéniture d'un couple richissime. Nous aurons même quelques nouvelles de l'inoubliable clan Winshaw, si férocement mis en scène dans « Testament à l'anglaise », en la personne de la fille d'Hillary tentant de suivre les traces de sa mère dans le monde de la presse à scandales.

Chaque évocation d'un personnage, des situations qu'il subis, du contexte dans lequel il évolue, est pour l'auteur l'occasion d'exercer son cynisme, sa férocité et son humour envers l'envahissement par la marchandisation et la course au profit du moindre pan de nos vies. L'accès aux soins pour les malades est déterminé par leur pouvoir d'achat ; l'enseignement est devenu un produit financier censé rapporter des dividendes et non plus élever les esprits ; les banques alimentaires n'ont jamais accueilli autant de bénéficiaires alors que la frange aisée de la population n'a jamais été aussi riche, s'adonnant à des débauches d'argent aussi absurdes qu'indécentes.

L'influence des médias au sens large du terme et le manque de discernement du public face à cette influence sont aussi les cibles d'une critique acerbe, de la manière dont la télévision manipule voire réécrit la réalité pour la faire coller à ce qu'en qu'attend le spectateur, à l'utilisation des réseaux sociaux comme exutoires à la haine et/ou à l'angoisse face à l'incapacité à comprendre le monde.

On sort de cette lecture avec des sentiments quelques peu contradictoires, à la fois réjouis par la férocité du trait et la facilité avec laquelle on a embarqué dans ces histoires aux côtés de héros à la singularité palpable, et en même temps un peu désespéré par le portrait que ce roman dresse d'une société où l'iniquité grandissante est occultée par l'abrutissant intérêt que ses victimes prêtent à une industrie du divertissement opportunément distrayante…
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Rachel et son amie Alison ont 10 ans lorsque leur amitié débute. Elle sont en vacances dans une petite ville du Yorkshire chez les grands-parents de Rachel. Leurs pérégrinations vont les conduire à s'intéresser à une demeure mystérieuse au 11 Needless alley.
La mère d'Alison, chanteuse des années 80 sur le retour, trouve refuge dans le bus no 11 après son travail à mi-temps.
Après ses études à Oxford, Rachel est embauchée en tant que préceptrice dans une richissime famille londonienne qui a décidé d'agrandir sa maison en creusant 11 étages.
De mystérieuses disparitions ont lieu après une soirée au 11 Downing Street...
Le roman tourne autour de ce chiffre 11 et de la vie de quelques personnages dans le Royaume Uni de 2003 à 2014.
Jonathan Coe utilise ces vies entremêlées pour tisser une satire de la société anglaise d'aujourd'hui, et nous balade des quartiers pauvres où l'on croise chômage et attente à la banque alimentaire aux quartiers huppés de Londres où on achète des maisons à coup de millions de livres en simple investissement.
On y retrouve la famille Winshaw qui a infiltré toutes les couches de la politique et du business telle une énorme araignée qui tisse sa toile.
Divertissant, politiquement pertinent et parfois surprenant, Numéro 11 est une agréable lecture.
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Pas mon préféré et il faut le dire de suite : lire son "testatement à l'anglaise" aide bien à la compréhension.
Néanmoins, on retrouve certains de ses sujets et thèmes de prédilection tels Birmingham, casse sociale post- Thatcher, imposture Blairiste qui débouche sur une satire féroce du Royaume-Uni de nos jours (assez facilement transposable ailleurs) quoiqu'amoindrie par le côté pastiche et mise en abyme du roman (ce n'est pas mon côté préféré, mais pourquoi pas ? )
Grand lecteur de cet auteur, le temps aidant, certains nouveaux thèmes apparaissent selon l'actualité toujours dans la continuité cependant mais ça reste un régal de lecture et de compositions temporelles comme sociologiques (sans égaler le diptyque/triptyque "bienvenue au club")
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L'auteur Jonathan Coe nous prend dans son jeu au travers des différents chapitres qui alternent entre présentation et action, toujours avec cet humour grinçant et piquant qui nous fait rire. Une fois encore, il nous emmène dans son Angleterre bien-aimée, toujours contrôlée par les descendants des Winshaw. Les riches sont bien sûr détestables, les pauvres pathétiques ; comme le monde est mal fait. Heureusement, un peu de magie vient se mêler à l'histoire pour rétablir l'équilibre. Amis fortunés, méfiez vous des araignées !
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En voilà un roman atypique ! Quel virtuose exercice de style que ces cinq histoires qui s'entrecroisent autour d'un point central , l'amitié de deux jeunes filles, Rachel et Alison tout en suivant le fil rouge des aventures de la famille Winshaw .
S'agit-il d'une suite du célébrissime "Testament à l'anglaise " (perso j'aurais adoré !) ? Pas du tout !
D'abord rappelons nous que ces méchants qu'on adore détester ont été quelque peu décimés à la fin du roman, mais tel un virus résistant qui se transforme par mutations, les descendants du clan continuent de sévir et croisent le chemin de nos deux gentilles héroïnes .
Tout les oppose, Rachel la diplômée BCBG bien propre sur elle et Alison la rebelle qui cherche à relever les défis. Leur amitié est pourtant solide et résistera envers et contre tout.
Les cinq histoires qui se succèdent tournent autour du chiffre 11 et elles illustrent chacune une facette de l'Angleterre contemporaine croquée avec une ironie féroce. Jonathan Coe porte sur ses contemporains un regard aiguisé et toujours très juste qu'il s'agisse des excès des ultra-riches, des dérives de la télé-réalité, de la détresse des plus démunis et la drôlerie de la narration n'enlève rien à sa pertinence.
Je reste plus mesurée sur les incursions de l'auteur dans le domaine du surnaturel qui me paraissent vraiment sonner faux (et pourtant j'ai lu le livre à la période d'Halloween !) et s'éloignent vraiment trop du coeur de cible dans lequel il excelle.
Ce numéro 11 chiffre fétiche qui apparait dans chaque histoire renverrait-il en écho à la série TV britannique "Number 9" sommet de l'humour noir qui a parait-il , fait un carton chez nos voisins d'Outre Manche ?
Mr Coe livre une fois de plus avec cet ouvrage une critique amusante de la société britannique et donne à coup sûr envie de se replonger dans la trilogie "les enfants de Longbridge" dont le dernier volume intitulé "le coeur de l'Angleterre" est paru depuis peu.
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Jonathan Coe nous introduit dans l'Angleterre des années 2010, celle d'une classe moyenne éduquée et plutot mal dans sa peau. Une classe moyenne de ce début de 21-eme siecle, jamais tres loin des allocations chomage et de l'assistance sociale alors que les nouveaux milliardaires enrichis par la spéculation vivent dans leur bulles d'or et d'indifférence pour tout ce qui ne conforte pas leur égo surgonflé. L'auteur a dit quelque part que ce roman est une réflexion sur la peur et le paradis perdu.

La peur, quand ce n'est pas celle de la précarité matérielle, est celle du surnaturel un peu inquiétant qu'affectionnent les Britanniques. le paradis perdu, c'est celui de l'enfance et, partant, d'une société heureuse. L'auteur fait dire a l'un de ses personnages que le charme de l'enfance tient a ce que, contrairement a l'adulte, le petit enfant n'est pas obligé tout le temps de faire des choix puisque ses parents prennent la plupart des décisions pour lui. Cet état d'irresponsabilité hédonique permet a l'enfant (a l'enfant suffisamment privilégié, bien-sur) de se concentrer sur les aspects de la réalité qui lui font plaisir. le mal-etre des adultes en conséquence provient en bonne partie de la nécessité de faire des choix, de devoir prendre des décisions pour assurer le quotidien, en particulier dans un contexte de crise économique plus ou moins larvée.

Ce roman de Jonathan Coe m'apparait donc a la fois comme une critique sociale teintée d'humour britannique et un roman a l'ambiance évoquant a l'occasion Sherlock Holmes ou les nouvelles de H.G. Wells. le récit est d'ailleurs parsemé de clins d'oeil a des romans et des films plus ou moins célebres. Numéro 11 est un roman attachant, difficile a lacher en cours de lecture. Merci, Mr Coe.
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Plus atypique que cette couverture,on a du mal à trouver ,et plus étrange encore ce roman.
Nous sommes à mi-chemin entre la réalité et le fantastique.En lisant ce roman ,j'avais l'impression de regarder dans un kaléidoscope. le fil conducteur est le numéro onze,car tout se joue autour du chiffre onze,ainsi que l'amitié unissant Rachel et Alison. Nous allons les suivre de leur enfance à leur vie de jeune femme.
Ce roman se divise en cinq histoires qui toutes nous ramèneront par des voies détournées à Rachel et Alison.Mais sous ces histoires se cache une brillante satire sociale enveloppée d' humour grinçant de la société anglaise actuelle.C'est terriblement bien construit ,original,et parfois déroutant,mais je ne veux pas en dire plus ,si ce n'est que ce livre m'a quelque peu envoûté par sa construction et l'histoire très " bizaroïde".J'ai beaucoup apprécié cet auteur et je recommande ce " numéro11" chaleureusement .
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Quel étrange livre. Je l'ai terminé hier et je ne sais pas quoi en penser.
On suit Rachel (de loin) de son enfance à son premier boulot dans une famille riche à s'occuper de leurs insupportables gamins gâtés.
On suit également son amie d'enfance, Alison ; elles se perdent un moment de vue suite à un quiproquo assez invraisemblable.
Alison et sa mère ne sont pas gâtées par la vie.
Il y a aussi une bête étrange qui fait très peur.
C'est une critique de la société anglaise et des "laissés pour compte" mais franchement ce n'est pas l'essentiel.
Malgré cela, ce n'est pas désagréable à lire si on aime ce qui est décousu et loufoque.
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Ayant découvert Coe avec ce Testament et l'ayant particulièrement apprécié, j'étais très curieuse de me plonger dans ce onzième roman de l'auteur, roman qui porte bien son nom de fait ! Après ma légère déception avec le recueil de nouvelles Désaccords imparfaits, je voulais voir si l'un de mes auteurs britanniques préférés était toujours au niveau. Verdict : oui, of course !

Si je parle dans le pitch de Testament à l'anglais, soyez complètement rassurés : si vous ne l'avez pas lu, vous pouvez tout à fait lire Numéro 11. Au pire, vous ne saisirez pas toutes les références qui sont faites au précédent, mais en aucun cas vous ne vous sentirez largué dans cette lecture. Car avec Numéro 11, Jonathan Coe relate cinq histoires plus ou moins indépendantes les unes des autres, qui s'articuleront en fait au cours de la dernière, et qui auront quelques points commun, comme Rachel et Alison, deux amies qui vont se perdre de vue, ainsi que la fameuse famille Winshaw au coeur de Testament à l'anglaise. Pour tout vous dire, cela fait tellement longtemps que j'ai lu le premier, que j'ai refait des incursions dedans après cette lecture pour saisir deux ou trois références qui m'avaient échappées !

Les cinq histoires qu'il nous livre ici sont, une fois de plus, ancrée dans l'époque, dans ce monde en pleine crise économique, dans lequel le capitalisme écrase les plus faible, l'image et les clichés prévalent sur la profondeur et l'analyse. Il n'hésite pas à exagérer, à créer des concepts qui pourraient paraître ahurissants (comme l'Institut pour l'Evaluation de la Qualité chargé de donner une valeur monétaire à toute chose, émotion, voire même personne...) mais qui, si on y réfléchit bien, ne sont peut-être pas tant déconnectés que ça de notre monde...

Le seul bémol sur ce roman que j'ai littéralement dévoré en une journée est sa fin, qui fait appel à une dimension fantastique qui, me semble-t-il, n'était pas forcément nécessaire. Je pense que Coe aurait pu achever son intrigue avec un final réel et réaliste qui aurait, à mon avis, rendu son roman encore plus puissant et d'actualité.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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