J'avais repéré ce livre à la très jolie couverture lors d'un de mes derniers passages en librairie (qui commence à dater, puisque j'ai désormais un pied dans le plâtre depuis plus de 6 semaines, et ne suis plus entrée dans la moindre boutique depuis lors, avec ma mobilité devenue très réduite à cause de cette circonstance). C'était, une fois de plus, l'un de ces livres qui attire mon attention, mais que cela ne suffit pas pour me décider à l'achat. Ainsi, en le voyant sur Lirtuel, cette bibliothèque virtuelle belge francophone, je me suis instantanément décidée à l'emprunter pour le découvrir plus avant.
Je ne partage pas tout à fait l'enchantement que ce livre semble avoir suscité auprès de ses quelques lecteurs (25 sur Babelio à ce jour, et seulement 4 sur Livraddict), et en tout cas je ne lui attribuerai pas une note aussi élevée que sa moyenne actuelle (entre 4,12/5 et 17,5/20 sur les deux plateformes précitées) ; j'en ressors néanmoins avec le coeur plein d'émotions.
C'est que ce livre, outre son côté « secrets de famille » parfaitement assumé, frôle aussi la tendance des ouvrages de développement personnel, avec un tas de phrases qui deviennent aussitôt des citations possibles, du type de celles que l'on trouve à foison sur ces (nombreux) sites Internet ou pages Instagram dédiées au bien-être et autre épanouissement de soi. le seul problème, en réalité, c'est que j'avais donc emprunté ce livre, or j'ai été assez bête pour oublier de noter lesdites « citations » au fur et à mesure, et entre-temps mon emprunt a expiré ! Or, le prochain exemplaire ne sera disponible qu'en septembre prochain… Bref, je n'ai – hélas ! - pas le moindre exemple à vous proposer, pourtant j'avais surligné toute une série de phrases, de celles-là même dont je me méfie spontanément quand je les trouve sur Internet ou sur Instagram - c'est que les pseudo-psychologues sont légion, et potentiellement dangereux, surtout quand on est un peu fragile… -, car elles entraient en résonnance avec mes pensées du moment, et dès lors semblaient importantes et/ou juste à propos et/ou tout à coup magnifiques ! Elles sont surtout perdues, désormais…
Cela dit, je ne peux dire si c'est un bien ou un mal, puisque je me méfie malgré tout de cet aspect « philosophie de vie » d'un tel livre, qui est cependant contrebalancé (ou devrais-je dire « harmonisé » ?) par l'histoire même. En effet, en quelques chapitres initiaux qui font des allers et retours dans le temps, pour finalement se stabiliser à notre époque et suivre un schéma plus linéaire, nous rencontrons trois générations de femmes, trois d'entre elles étant liées par ce tronc commun que sont les liens du sang, dans une filiation qui s'établit de mère en fille, de Gisèle à Barbara, puis de cette dernière à Mila ; tandis que les pères sont les grands absents de cette histoire, pour diverses raisons. Autour d'elles, ou plus lointaines dans une histoire qui semble d'abord tout à fait « à côté » (mais on comprend très vite qu'il y aura un lien tôt ou tard), gravitent quelques autres femmes, dont certaines sont plus proches, plus intimes des premières que ne le sont souvent ceux qui font partie d'une famille par ces fameux liens du sang. C'est le cas de Sybille, amie de coeur de Gisèle depuis de très nombreuses années, et marraine de Mila. Sybille elle-même n'a pas eu d'enfant, mais a élevé sa belle-fille Cynthia, avec qui la relation est plus que compliquée, Cynthia oscillant jusqu'à l'âge adulte entre acceptation de cette femme qui lui a donné tout l'amour qu'elle a pu, mais qui ne pourra jamais remplacer sa propre mère, décédée alors qu'elle n'avait que 3 ans… Et en parallèle, c'est Noémie qui nous est présentée : cette dernière vit à Londres et affronte le « syndrome du nid vide » alors que son petit dernier vient de partir en stage dans un cabinet d'avocats à Paris, tandis que ses deux aînées ont déjà famille et vie professionnelle.
Les liens entre ces quelques femmes sont explorés à travers toute une série d'anecdotes, de bouts de vie qui forment peu à peu un schéma général – et il faut se laisser le temps de bien assimiler qui est qui, parmi ces quelques femmes fortes et faibles à la fois, entourées de quelques personnages secondaires, dont quelques hommes. Ils sont quant à eux rares mais heureusement plutôt sympathiques, voire idéalisés, apparaissant comme des soutiens infaillibles, (presque) toujours discrets et disponibles – à tel point, finalement, qu'on ne sait pas très bien si ce roman se veut féministe en mettant ainsi les femmes en avant-plan, ou s'il penche vers un certain sexisme en montrant des hommes presque « parfaits » face à des femmes pleines de questionnements et autres hésitations ! Mais là n'est pas le sujet, je dirais que c'est peut-être une certaine maladresse, ou tout simplement ma façon de ressentir les choses, mais qui n'aurait en rien été voulue par l'autrice ?...
Quoi qu'il en soit, quand la plus jeune de ces femmes, Mila alors tout juste adulte, lors d'un week-end entre copines, fait un test ADN gratuit en ligne « pour rire » : c'est le drame ! Elle découvre ainsi qu'elle aurait des ascendants ashkénazes, lien qui ne correspond à rien de la légende familiale, qui bouleverse sa mère Barbara, tandis que Gisèle et Sybille s'enferment dans leurs incompréhensibles silences respectifs…
Mon principal reproche, qui fait indéniablement baisser la note que je donne finalement à ce livre, c'est que l'autrice « traîne en longueur », comme disait autrefois ma maman quand elle lisait un livre où le dénouement n'en finit pas d'être retardé, alors que le lecteur a compris le pourquoi du comment depuis des pages et des pages, à l'exception d'un petit détail ici ou là, mais tellement mineur qu'il ne sert presque plus à rien quand il est révélé ! Je ne peux en dire plus sans risque de divulgâcher, mais c'est exactement ce qu'il s'est passé ici, et à plusieurs reprises : l'autrice parvient à amener les différents éléments de son histoire par petits morceaux, tout est dans une certaine suggestion qui semble a priori maîtrisée, comme on dépose ses cartes sur la table et qu'on les retourne peu à peu face au joueur « adverse » (qui serait alors le lecteur). Sauf qu'elle les retourne trop tard, ses cartes : c'est bien de suggérer (et même plutôt habilement), mais si on laisse trop traîner les choses, ça finit par lasser, on trépigne alors qu'on a déjà deviné, et quand vient la révélation, l'autrice a perdu une bonne part de notre attention.
Pour le reste, comme je disais, c'est à mon sens les nombreuses émotions que dégage ce livre qui fait l'essentiel de son succès. À vrai dire, je ne me suis réellement attachée à aucune des personnages (et encore moins aux quelques personnages masculins !). J'ai certes éprouvé une certaine tendresse pour Sybille en particulier, un sentiment plus mitigé envers Gisèle, de l'empathie pour Barbara avec qui je me suis peut-être trouvé quelques points communs, mais tout cela n'est pas encore cet attachement indéniable que l'on peut parfois ressentir pour des personnages de roman !
Ce sont d'abord les lieux – et, partant, l'ambiance générale - qui m'ont beaucoup touchée : c'est que l'autrice est belge, et si une partie de son histoire se passe dans les Ardennes belge, tandis que plusieurs passages ont lieu dans l'Oise en France ou à Londres, c'est à Bruxelles, et précisément dans la commune de Forest, que vivent nos trois femmes principales. Mais c'est chez moi ! L'usine Audi dont il est question, tout près de chez Gisèle, on passe à côté à chaque fois que l'on prend l'autoroute pour aller vers le sud du pays ; l'avenue Albert où habite Mila, est l'une des perpendiculaires à ma propre rue ; le tram 4 qui passe devant chez elle (et qui est également cité, donc), je le prends tous les jours ou presque pour aller vers le cours de danse de ma fille dans un sens, vers le centre-ville et le boulot dans l'autre sens… Or, l'autrice parvient à restituer cette ambiance tellement « de chez moi » comme si on y était – l'exemple du tram 4, justement, étant l'un des éléments qui rendent les choses parfaitement réalistes, et tout à coup on est aux côtés de nos héroïnes, on partage leur quotidien dans le plus intime, et en plus on y est plutôt bien !
À côté de ça, ce sont les interactions entre nos quelques protagonistes, leurs vies bouleversées et relatées avec justesse, bien plus que les personnages elles-mêmes, et malgré les quelques longueurs mentionnées plus haut, qui sont réellement touchantes, et même parfois bouleversantes – j'ai lu le dernier quart du livre avec un paquet de mouchoirs sous la main…
Ainsi, que ce soit à cause de ces (nombreuses) phrases qui ont un petit air de maximes de développement personnel mais toujours très justes, grâce à l'ambiance des lieux qui me parlent particulièrement (on est chez moi !), ou à travers les interactions entre nos protagonistes, alors que j'ai n'ai pu m'attacher à aucune d'elles individuellement, on a un livre qui traîne un peu trop en longueur sur une grande partie, mais qui se révèle finalement touchant, dans une histoire alambiquée mais non moins tout à fait plausible de secrets de famille qui bouleversent tout quand ils éclatent !
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