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Un petit ouvrage très émouvant et ô combien instructif sur une sombre page de notre histoire.
C'est à travers le récit de la déportation des membres de sa famille : père , mère, soeur, grand-mère, tante, oncle, …et des objets qui lui rappellent ces personnes que Marcel Cohen nous livre un récit bouleversant sur l'origine de sa famille de Juifs venus de Turquie vers la France pour un avenir prometteur et qui connaîtront l'horreur de la déportation.
Une écriture fine, précise et touchante.
Une très belle lecture
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Huit noms, ceux de quatre hommes, trois femmes et un bébé, exterminés à Auschwitz. Pour chacun, quelques pages dans lesquelles Marcel Cohen rappelle ses souvenirs de petit enfant – il avait à peine six ans quand tous ceux-là ont été emmenés – et assemble le peu qu'il a pu recueillir auprès des survivants. Des anecdotes, et quelques objets qui ont appartenu aux disparus et qui prouvent à la mémoire qu'ils ont existé.

Avec une écriture complètement épurée, Marcel Cohen fait toucher du doigt, du coeur, l'immensité de ces absences et la détresse, consciente ou non, de cet enfant qu'il a été.

La puissance des mots pour ramener les souvenirs à la lumière du jour, les écrire et les conserver.
L'insuffisance des mots pour recréer une existence disparue, une présence entière, charnelle et spirituelle. Une quête aussi désespérée que bouleversante.
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Du côté de ceux qui jouent pour l'éternité

Comment redonner vie à ces « anonymes », à ces chers disparus, victimes du génocide dans les années sombres du nazisme ? L'auteur, Marcel Cohen, était encore tout enfant quand il a échappé par miracle à la rafle qui a emporté plusieurs de ses parents. Mais « Sur la scène intérieure », il garde encore d'eux une trace précieuse, quelque chose d'impalpable que les nazis n'ont pas réussi à lui enlever. Il les évoque, l'un après l'autre ces parents, chacun avec son prénom, le numéro de son convoi, la date de son décès puis une petite photo en noir et blanc.
Marie, sa délicate et coquette maman… odeur délicate de son sac à main, mélange de poudre de riz et de rouge à lèvres un peu fondu. Jacques, son papa, violoniste à ses heures perdues… L'instrument, qui a miraculeusement traversé les années et échappé au désastre, diffuse encore « l'éclat d'une petite comète » sous les yeux de l'auteur. Jacques l'a entendu pour la dernière fois à Birkenau lorsque les chefs nazis ordonnaient à leurs musiciens de jouer au seuil de la chambre à gaz… de Jacques, il sent encore l'odeur de la gomina sur les cheveux ; il se souvient du « petit vertige » quand le géant soulevait son fils de terre et le mettait sur ses épaules…
De Monique, sa petite soeur déportée à quelques mois, il ne lui reste que la gourmette… de Sultana, sa grand-mère, il perçoit toujours le parfum citronné de l'eau de Cologne et l'odeur âcre de la soupe aux poireaux pommes de terre mangée dans une assiette à bords rouges (ce qui lui a donné à jamais la phobie du rouge)… Ce plat ne valait vraiment rien, comparé aux spécialités turques type « l'imam s'est endormi », que la tendre cuisinière mettait tant de soin à mitonner le dimanche matin… de Mercado, le grand-père, emballé dans s a grosse couverture et plongé dans ses livres, il revoit cette ombre qui lui fait penser à une espèce de vieux sage, à un Mallarmé domestique. Sous le capuchon du grand dossier de son fauteuil, il affirmait tranquillement que personne ne viendrait jamais chercher un seul membre de sa famille, et que la rectitude morale et la droiture intellectuelle mettraient toujours les gens honnêtes à l'abri de tout péril…

Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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Un livre de plus sur la Shoah ? Certes, mais aura-t-on jamais la possibilité de considérer le sujet comme clos ? Non. Nous n'en n'avons pas le droit.

Ce petit livre a été écrit soixante-dix ans après la déportation et la mort de la mère, du père, de la soeur, des grands-parents paternels, de deux oncles et d'une grand-tante de l'auteur. Cela se passait en 1943, autour de son sixième anniversaire. Les huit portraits sont présentés par la juxtaposition des souvenirs d'un enfant de cinq ans et demi et la description des quelques rares objets, odeurs ou photographies que le vieil homme peut percevoir au soir de sa vie.

La force de l'ouvrage réside dans la description presque clinique de ces souvenirs considérés comme des faits, sans qu'y soit mêlée la moindre plainte, le moindre pathos. Tout passe par le non-dit. Si les objets n'ont pas d'âme, ceux qui nous relient aux disparus crient le silence et transmettent ainsi ces petits riens qui s'opposent à l'oubli. Ils sont la très fragile mais indispensable passerelle entre les parents assassinés et leur descendant vivant.

le talent et le tact de Marcel Cohen méritent respect. Ce livre place son auteur au rang de Primo Levi et de Georges Semprún. Comment, quand il n'y a plus de larmes, quand il ne reste plus que la béance du silence, peut-on en quelques lignes transmettre la vacuité ? Ce tour de force, Marcel Cohen l'a réalisé.
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La démarche d'écriture de l'auteur est infiniment touchante. Avec une précision d'entomologiste, il se penche sur les traces infimes laissées par ses proches déportés, qui ne sont jamais revenus des camps.
Il alterne des observations à partir d'objets, de récits , de photographies avec des souvenirs personnels ou plutôt des sensations visuelles, olfactives remontés de sa petite enfance.
Cette quête a une valeur universelle qui va bien au-delà de l'histoire singulière de cette famille. Il n'est certes pas indifférent qu'elle concerne l'horreur de la déportation, certains passages comme celui où l'auteur rend visite à sa mère à l'hôpital Rothschild où elle est "internée" avec son bébé ( Monique, la petite soeur) avant d'être transférée à Drancy est plus que bouleversant, mais ce travail sur les traces interpellera plus d'un lecteur en raison des sujets partagés par tous que sont le manque, le deuil, la perte, l'absence. Chacun a son chemin pour vivre avec. Les moyens mis en oeuvre par l'auteur entre hommage, enquête, récit sans pathos sont tout à fait remarquables.

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Dans ce recueil, Marcel COHEN fait un inventaire de tous les objets retrouvés ayant appartenu aux membres de sa famille déportée. A travers chaque objet, il évoque et raconte la personne disparue et les circonstances de son arrestation. La forme peut paraître froide, mais l'émotion est là et ne demande pas plus pour s'exprimer. On ressent d'autant plus l'horreur et la souffrance de celui qui reste et qui se retrouve dépositaire de cette mémoire. Livre beau et nécessaire.
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C'est un livre que je vous conseille, c'est un très beau portait de famille, qui nous apprend plein de petites choses, qui peuvent paraître anodines vu comme ça, sur le quotidien des familles juives pendant la seconde guerre mondiale. C'est un livre qui malgré le sujet triste, vous laisse avec une agréable sensation de bien être, comme si sa lecture avait redonné le sourire à l'enfant qu'était l'auteur dans les années 40 et que vous lui retourniez son sourire. C'est un très beau moment de partage, comme il est rarement donné d'en lire.
Lien : http://www.lalecturienne.com..
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Un coquetier, un violon, un petit chien fait avec un bout de toile cirée, un sac, un étui à tabac, un ours repose-pipe.
Voici les quelques objets qui restent après la déportation de Marie et Jacques Cohen.
70 ans après, leur fils, Marcel, écrit sur ce vite, cette absence qui prennent toute la place.
Quelques objets pour retracer une mémoire et y remettre de la vie. Quelques souvenirs épars, un peu d'imagination, beaucoup d'amour pour soigner la plaie de l'absence, la disparition qui ne peut cicatriser.
Un très beau livre. une écriture concise, sans effet, sobre, humble, précise, juste, qui sert d'écrin à une humanité blessée.
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Un livre peu attirant sur le présentoir de la médiathèque, sauf qu'il appartenait à la collection L'un et l'autre, gage de qualité*. A feuilleter ce livre peu épais (140 pages de texte)(pas de quatrième de couverture) je tombe sur les titres des parties, et maintenant je les donne toutes, comme une litanie en hommage à des inconnus (je ne me suis pas sentie le droit d'user du etc) : Maria Cohen, née le 9 octobre 1915 à Istanbul. Convoi n°63 du 17 décembre 1943. Jacques Cohen, né le 20 février 1902 à Istanbul. Convoi n°59 du 2 septembre 1943. Monique Cohen, née le 14 mai 1943 à Asnières (92). Convoi n°63 du 17 décembre 1943. Sultana Cohen, née en 1871 à Istanbul. Convoi n°59 du 2 septembre 1943. Mercado Cohen, né en 1864 à Istanbul. Convoi n°59 du 2 septembre 1943. Joseph Cohen, né le 10 août 1895 à Istanbul. Convoi n°59 du 2 septembre 1943. Rebecca Chaki, née le 13 avril 1875 à Istanbul. Convoi n°59 du 2 septembre 1943. David Salem, né le 29 avril 1908 à Constantinople. Convoi n°75 du 30 mai 1944.

Parents, grands parents, tante, oncles et soeur de l'auteur, né en 1937 à Asnières, sont évoqués ici. Laissons-le parler:
"Ce livre est donc fait de souvenirs, et, beaucoup plus encore, de silence, de lacunes et d'oubli. L'espoir secrets serait qu'un usage de ces faits s'impose néanmoins, et en premier lieu à moi-même, comme chaque fois qu'il y a accumulation, rangement, volonté de mettre au net. Une seule certitude : c'est bien l'ignorance, la ténuité et les vides qui rendaient cette entreprise impérative. Aux monstruosités passées, il n'était pas possible d'ajouter l'injustice de laisser croire que ces matériaux étaient trop minces, la personnalité des disparus trop floue et, pour utiliser une expression qui fait mal mais permettra de ma faire comprendre, trop peu 'originale' pour justifier un livre."
Jeunesse des disparus, manque de témoins, ou mutisme de ceux-ci, peu de détails donc. Marcel Cohen s'est basé sur ce qu'on lui a raconté, et, en italique, ses propres souvenirs d'enfant. En fin de volume sont reproduites les photos d'objets retrouvés (parfois 70 ans plus tard, tel le coquetier en bois de la couverture!) appartenant à son passé. Très émouvants, ces objets à valeur sentimentale pour la plupart, qui ravivent les souvenirs, souvenirs par ailleurs incroyablement olfactifs (eau de Cologne, poudre de riz)

Ce livre m'a extrêmement émue en dépit de -ou à cause de - sa volonté de ne pas romancer, de donner les faits, les simples faits. Au détour d'un paragraphe, on est atteint en plein coeur.
Ces juifs originaires d'Istanbul avaient étudié dans des écoles privées catholiques, y apprenant le français et sont arrivés à Paris dans les années 20 (l'on y apprend pourquoi). Lointains descendants des juifs chassés d'Espagne à la fin du 15ème siècle, ils parlaient aussi le judéo-espagnol, "étudié aujourd'hui comme une langue morte, après la disparition dans les camps de la quasi totalité des communautés séfarades De Grèce et des Balkans."
Quant au "pauvre petit David", dont la femme, la seule à être revenue, disait qu'il "a eu une belle mort"?... Découvrez laquelle ... (quelle horreur!)
Et Monique, l'âge de Monique! Pourquoi sa mère et elle partirent-elles avec le convoi 63 au lieu de 59 comme presque tout le reste de la famille? J'ai appris que "de même que les enfants ne portaient pas d'étoile jaune avant l'âge de six ans, la police française ne remettait aux Allemands que les nouveaux nés âgés de plus de six mois. Après son arrestation le 14 août, Marie fut donc internée à l'hôpital Rothschild en attendant que (...) Monique, qui avait alors trois mois, ait l'âge requis pour le voyage vers Auschwitz, via Drancy." Bien gardés, mères et enfants attendaient dans cet hôpital. le jeune Marcel y a rendu visite à sa mère, puis ensuite s'est contenté de la saluer de loin (très très imprudent, car des policiers en civil procédaient à des arrestations dans le quartier à la fin de l'heure des visites ou aux abords du métro le plus proche.)
Pour se remettre (un peu) de ces détails absolument épouvantables, se rappeler comment le jeune Marcel a échappé à la police et a été recueilli et aussi que "autour du camp, à Drancy, des hommes et des femmes de bonne volonté ramassaient les messages jetés par dessus les barbelés, les mettaient sous enveloppe, recopiant l'adresse, collaient un timbre et les postaient."

* L'un et l'autre (texte de second rabat, pour cette collection)
"Des vies, mais telles que la mémoire les invente, que notre imagination les recrée, qu'une passion les anime. Des récits subjectifs, à mille lieues de la biographie traditionnelle.
L'un et l'autre : l'auteur et son héros secret, le peintre et son modèle. Entre eux, un lien intime et fort. Entre le portrait d'un autre et l'autoportrait, où placer la frontière?
Les uns et les autres: aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat le devant de la scène que ceux qui ne sont présents que sur notre scène intérieur, personnes ou lieux, visages oubliés, noms effacés, profils perdus."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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A 6 ans, Marcel Cohen a assisté à l'arrestation de sa famille alors qu'il se tenait sur le trottoir d'en face avec sa nounou.
Chaque chapitre est un membre de la famille, où sont recensés tous les objets qu'il a pu récupérer après la guerre.
Tout est analysé assez froidement. Les sentiments n'ont pas besoin d'être décortiqués, analysés, Marcel Cohen laisse tout la place au lecteur, à lui de se faire une idée des horreurs, de l'abandon, des souvenirs.
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