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EAN : 9782266312691
400 pages
Pocket (07/01/2021)
3.56/5   25 notes
Résumé :
Novembre 1741, sur les quais de Nantes. - Simon Levrault, chirurgien ? Il lut jusqu’au bout, sans se presser, le document que je venais de lui remettre de la part des négociants armateurs Trottignon & Lecourbe : c’était le contrat de mon engagement comme chirurgien sur la Marie-Amélie. - Qu’est-ce que vous connaissez aux nègres ? - Je n’en ai pas encore examiné, je n’en ai même jamais vu ! Mais j’ai appris à palper les corps, j’ai étudié l’anatomie et la p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Novembre 1741, Simon Levrault, jeune chirurgien, s'engage sur la Marie-Amélie. Son travail : vérifier la bonne santé des Noirs achetés en Guinée pour les revendre en Amérique pour les faire travailler dans des champs de coton. Il espère prendre un nouveau départ et oublier les désillusions de ses jeunes années.
J'avais déjà lu des romans sur la vie d'esclaves, en passant par le transport dans un négrier par un homme noir qui l'a subi (comme dans Racines d'Alex Haley) mais dans ce roman, le point de vue est différent. le narrateur, Simon, est un jeune blanc qui croit en tous les préjugés des Blancs sur les Noirs. Cependant quand il les rencontre, il se rend compte petit à petit qu'il doit revoir son opinion. Les Noirs ne sont pas considérés comme des hommes mais de la valeur marchande. Les conditions d'achat, de détention, de vie sont déplorables, on les fouette, on les maltraite pire des bêtes. Cette retranscription de la vie d'un esclave juste avant qu'il soit fait prisonnier puis vendu à un maître de plantation dans les colonies est saississante même si tout à fait écoeurante et horrible. le choix de la narration, alternant passé et présent, ne m'a trop plu, j'aurais préféré les allers-retours moins fréquents même si ça aurait donné moins de force à Jacquet. Mais le récit était trop coupé, on se remettait dans l'histoire, plus lentement. L'histoire est difficile mais j'ai bien apprécié de lire ce roman, même s'il est dur d'encaisser ces moments noirs de l'Histoire. Malheureusement, il reste encore tellement d'injustices sur Terre.
Merci à Babelio et aux éditions Pocket pour cette lecture.


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1740. Saint-Nazaire. Guinée. Saint-Domingue
Simon Levrault envisage d'épurer ses dettes avec un travail lucratif de chirurgien à bord de la Marie-Amélie. Bien que profane dans la traite négrière et la navigation, il s'engage sur ce bateau négrier au départ de Saint-Nazaire. Là, en plus de la surveillance sanitaire de l'équipage, il est responsable d'un négoce rentable d'esclave à partir de son estimation de la marchandise de Nègres. Ainsi, après une escale aux Canaries et un mal de mer violent, Simon s'attelera à la tâche en Guinée.
À l'arrivée, le navire nécessite un aménagement pour remplacer la cargaison de poudre et d'eau-de-vie contre l'entassement d'esclaves. Pendant ce temps, le capitaine présente Simon aux notables locaux, ces Français qui régentent l'omniprésence et le rayonnement de la force royale de Louis XV. Durant cette pause à terre, Simon observe. À sa grande surprise, les Noirs, êtres animés de moeurs et coutumes confirmeraient presque les propos subversifs du père Chabrier. Et malgré son humanité éveillée, Simon met en pratique sa compétence négrière de la sélection consciencieuse des Nègres, Négresses et Négrillons à leur vente aux enchères. Or, au milieu du lot, la prestance de Maüra le fascine.
Alors, après des dysenteries, des vers de Guinée, des pertes de marins et de Noirs, des conditions de vie adoucies entrainant une révolte, le voyage s'achemine enfin aux Antilles. Mais la vente de la cargaison d'esclaves à Saint-Domingue va bouleverser le destin de Simon quand M. Kerouaz enchérit pour acquérir Maüra…
MON AVIS Mon coup de coeur du mois !
Un pan peu glorieux de l'Histoire complète nos souvenirs scolaires parfois limités au « commerce triangulaire ». Ici, de nombreux détails enrichiront notre culture de films, livres ou biographies relative à la réalité douloureuse d'une exploitation outrancière de l'homme : l'esclavage. L'écriture remarquable dans un vocabulaire soutenu et très agréable resitue le contexte économique et social de l'époque. Toutes les étapes subies par des sujets voués à devenir esclaves sont distillées au fil du récit, et l'examen de conscience du narrateur atténuent la déshumanisation ambiante. Cet aspect romanesque procure ainsi l'originalité du « grand voyage » aux Antilles. L'aventure de Simon au caractère peu affirmé en apparence, va nous transporter. En effet, il va révéler une volonté effrontée. Cette illustration romanesque autour d'un fait historique nous éclaire sur une société basée sur un rapport de force humain. On comprend le chemin épineux de la conscience collective à réviser sa politique négrière.

Aussi, le schéma du trafic négrier est décrit au fil des pages. le réalisme s'articule autour d'un éventail de personnages des différentes strates sociales selon l'espace géographie donné. Sans se prétendre être un manifeste pour l'abolitionnisme, cette fresque historique développe les pensées racistes de l'époque basée sur l'idée hypocrite d'une supériorité de la race blanche. Ainsi, l'expérience de Simon a ébranlé ses quelques convictions et se morfond alors de sa participation à une barbarie mondiale.

Il illustre bien le Français moyen indifférent à l'esclavage pratiqué dans des territoires si lointains, et à la provenance de produits alimentaires quand il peut s'en procurer. Pour son enjeu économique, les politiques ont encouragé ce trafic de Nègres géré par quelques affairistes peu scrupuleux. Il a en plus développé certaines villes côtières françaises.

Le narrateur, candide, mais intelligent et romanesque partage son analyse à travers son expérience. Exclure les Noirs du genre humain, en les considérant dépourvus d'intelligence, de sentiments, ou de ressentis, permet de rendre très acceptable ce commerce. Dans le même temps, le rayonnement de l'Europe s'appuie sur la position ambiguë de l'Église — le personnage du père Chabrier est instructif —.

UN GRAND VOYAGE
Nous partons dans un brigantin de l'estuaire de Nantes, pour La Guinée et ensuite les Antilles. Alors, on voit avec quelle ingénieuse modification du navire, celui-ci s'adapte aux différentes contraintes des cargaisons. Mais l'espace confiné et turpitudes météorologiques soumettent les hommes à une hygiène douteuse marquée d'une ambiance malodorante.

Difficile à supporter pour l'équipage, c'est pire pour les esclaves et on comprend les risques de révolte. Les stratagèmes pour rendre la marchandise d'esclaves attrayante sont bien huilés : ils sont « préparés » psychologiquement et physiquement avant de débarquer.

LE COMMERCE TRIANGULAIRE
Le trafic s'organisé autour d'un troc entre trois continents. Armes et alcools s'échangent contre esclaves, revendus contre du sucre et autres fruits exotiques.

Le marché aux esclaves, comme pour une foire aux bestiaux, évaluation et sélection mais il s'agit ici d'hommes, femmes, et enfants selon des barèmes de quotas établis.

Personnellement malgré beaucoup de lectures sur le sujet, j'ignorais ou avais oublié comment certains hommes se retrouvaient vendus et réduits à l'esclavage. Là encore, la soif de pouvoir et de possession quel que soit le système sociétal montre sa cruauté. Contre armes et alcools, les chefs des tribus africaines ennemies vendaient leurs captifs aux Européens, et ces futurs esclaves ignoraient la perspective infernale qui leur était réservée.

L'ÉVOLUTION DES MENTALITÉS
La conscience de Simon chamboulée au fil des pages. On imagine la morale collective à propos d'une race inconnue car lointaine. La condition de l'homme noir, refoulé à la limite celle de l'animal est abolie mais tolérée dans le contexte du livre. La crédulité d'une population manipulée explique ce mépris et méfiance pour cette «marchandise».

L'éclairage du Père Chabrier ouvrira la conscience de Simon malgré son sceptique de prime abord sur le discours subversif. Et peu à peu, au contact de ses protégés sur le navires, et sa rencontre avec Maüza, une nouvelle évidence va devenir une épreuve pour lui !

Mes remerciements au site Babelio.com (opération Masse Critique) pour cette offre de service de presse. Je recommanderai à tous ce roman historique.
Mon coup de coeur du mois du mois !
Lien : https://lesparolesenvolent.c..
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Une lecture instructive peut-être mais loin d'être un coup de coeur…

Si le fond est bien documenté, le style manque clairement de punch et la plume d'âme ; trop mais là vraiment trop de répétitions qui ne font qu'alourdir et allonger le récit inutilement. Aucune empathie avec le personnage principal qui n'est finalement qu'un pauvre couillon qui ressasse sa vie entre deux épisodes de paludisme. Un personnage sans consistance et sans envergure alors que le récit méritait un homme fort de ses convictions, un homme sage qui se remettait en cause et le montrait clairement, un homme de sentiments, sans honte de les montrer et de les exprimer. Même ses deux histoires d'amour sont molles, sans consistance ; une amourette d'enfant coupée dans l'oeuf par le père de la fillette, un amour d'homme évoqué par le contact des yeux n'ayant même pas fait l'effort t'apprendre la langue de sa belle esclave...

L'esclavage et surtout le trafic triangulaire qui a fait la fortune de beaucoup en Europe est un sujet bouleversant et déjà bien décrit dans la littérature. Ce roman n'apporte rien de bien neuf à ce qui a déjà été bien mieux écrit et c'est triste car la société a besoin de ce genre de rappel pour se remettre en question et surtout, ne pas oublier.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Pocket pour cet ouvrage reçu lors de la dernière Masse Critique. Je suis triste de ne pas avoir accroché avec la plume de l'auteur car le sujet est clairement passionnant bien que très dur à appréhender même si rien n'est résolu car la vente d'esclaves existe encore de nos jours sous une forme différente et qui semble plus propre...
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Je remercie Babelio et les éditions Pocket pour l'envoi de ce livre lors de la masse critique.

Dans ce livre, Simon Levrault, jeune chirurgien innocent embarque sur un bateau français de la traite négrière. Il ne sait pas à quoi s'attendre, il remarque simplement que l'odeur du navire - même à vide - est particulièrement tenace et désagréable. Il n'en pense pas grand-chose, il est trop occupé à gérer son mal de mer.
Cette première partie du livre est un peu longue puisqu'elle est relativement inutile dans l'intrigue. N'importe qui peut imaginer que se retrouver au coeur d'une tempête, quand on n'est jamais monté sur un bateau, et qu'en plus nos narines sont emplies d'une odeur nauséabonde ne doit pas être la plus fantastique des expériences. Néanmoins, ça n'a pas été un frein à ma lecture. J'avais plutôt hâte de savoir ce qui arriverait à Simon.

Toutefois, la seconde partie du roman, lors de laquelle Simon arrive sur les côtes africaines s'est avérée plus intéressante. Contrairement à certains lecteurs, le style ne m'a pas dérangé. Je ne suis pas ennuyée lors de ma lecture et j'ai été assez captivée par l'aventure de Simon - aventure tout aussi horrible soit-elle. C'est là que la terrible traite négrière entre en jeu. On découvre les mauvais traitements infligés aux esclaves, le mépris que les blancs ont envers eux, les supplices qu'ils subissent rien que pour être choisi par un capitaine... Ce n'était pas facile à lire. Il faut avoir le coeur bien accroché. La scène qui m'a le plus marqué est celle où les enfants sont séparés de leur mère. J'en ai vraiment eu les larmes aux yeux, preuve que l'auteur a une plume précise et percutante.
C'est bien cette partie qui fait monter ma note pour ce livre.

J'ai cependant été très déçue par la troisième partie.

Je ne suis pas pour autant totalement déçue de ce roman qui reste agréable à lire, comme j'ai aimé le style de l'auteur. Certains passages pourraient même être étudiés à l'école, bien qu'ils soient cruels et contiennent des détails graphiques. Ils reflètent une réalité qui ne peut être oubliée...
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Il y a quelques mois, il y avait eu une polémique autour de la sortie du roman de Timothée de Fombelle : un blanc peut-il écrire autour de l'esclavage, ou bien doit-il laisser la place à des personnes concernées (des Noirs donc, possiblement descendants d'esclaves) pour ce sujet ? Eh bien pour ce roman, l'auteur aurait mieux fait de laisser la place aux concernés.

On suit un jeune chirurgien qui s'embarque sans trop savoir de quoi il retourne sur un navire négrier. Sa tâche principale sera de trier les nègres pour n'emmener aux Amériques que les plus résistants. Déjà, de ce point de vue purement historique, il m'a semblé trouver quelques approximations historiques, qui m'ont chagrinée (elles reflètent tout à fait la bien-pensance dont un historien novice peut faire preuve vis-à-vis des évènements historiques).

Ce qui m'a gênée encore davantage, c'est le point de vue narratif. le roman commence au moment où ce chirurgien s'apprête à démarrer ce "grand voyage". Puis un deuxième chapitre s'ouvre quelques décennies plus tard, alors que le même chirurgien revient sur ce grand voyage en le consignant par écrit. D'emblée, au ton employé, on comprend l'utilisation de ce procédé : le narrateur veut montrer que, s'il était naïf et suivait le mouvement avant d'être confronté à la traite négrière, son état d'esprit a depuis évolué, et il est désormais opposé à cette pratique. Un peu facile comme posture, me semble-t-il.
Autre problème : le narrateur devient le "white savior". On devine assez vite qu'il s'éprendre d'une des négresses qu'il embarque sur son navire, et comme par hasard, c'est seulement à son contact qu'il va prendre conscience de la possible humanité des nègres...

Les deux temporalités alternent selon les chapitres. Et lorsque l'on suit le narrateur plus âgé qui revient sur ses jeunes années, les répétitions sont nombreuses. Même dans les chapitres de "mémoire" d'ailleurs, on a parfois l'impression de phrases rajoutées et reformulées de différentes façons, comme si l'auteur avait parfois voulu meubler.

Bref, c'est une lecture qu'on peut s'épargner, je crois.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[…] C’est justement pour ça que le théâtre existe, pour nous permettre de vivre avec tous les malheurs du monde, toutes les tristesses et en même temps toutes les espérances qui nous traversent. C’est en nous identifiant aux personnages qui devisent sur la scène qu’on trouve la force de vivre et de ne pas sombrer dans le désespoir.
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Et puis, j’ai avalé un petit verre d’eau-de-vie de prune. C’est un remède qui n’a pas prétention à soigner, mais il en vaut bien d’autres qui ne servent à rien non plus.
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p. 97 : Nous avons beaucoup à apprendre des peuples à la peau sombre, me fit encore remarqué le père Chabrier,. mais nous ne voulons rien savoir de ces gens, seulement en faire des esclaves en niant leur capacité à se servir de leur raison et en usant de la ruse ou de la violence pour les soumettre à notre volonté.
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Page 265 : Il n’était pas impossible qu’il fût sincère dans sa prière et qu’il estime que la traite, dans tout son horreur, faisait partie du grand destin voulu par le Tout-Puissant. Il faut toujours se méfier de ceux qui mêlent sans cesse Dieu aux affaires humaines.
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Ceux qui ne veulent rien connaître d’une vérité ont bien le droit de regarder ailleurs, mais alors ils sont complices par le mensonge, coupables d’indifférence et de lâcheté.
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