L'océan dans la rizière

L’égalité des sexes est une baliverne. Elle suppose une véritable réciprocité. Or, pour des raisons biologiques et de pure physique mécanique, ce n’est pas possible : l’homme perce, pénètre et ensemence, et quand il s’est rincé la verge plus rien n’y paraît ; la femme est pénétrée, déchirée et ses tissus intimes sont imprégnés de semence, et tout cela est indélébile.

Les gens se retenaient alors de manifester leur joie trop bruyamment, par pudeur et par égard pour ceux, plus nombreux, qui continuaient à attendre et qui ne recevaient pas de message, leur portable restant désespérément muet bien que les communications aient été rétablies.

Les choses sont ce qu’elles sont. Ce qui est arrivé est arrivé. Ce qu’on aurait pu faire, ce qu’on aurait dû faire, ce que l’on n’aurait pas dû faire, ce qu’on n’a pas pu faire : quelle importance ? Les gestes que les uns ou les autres ont ou n’ont pas accomplis, comment ils ont réagi ou n’ont pas réagi, se sont comportés ou ne se sont pas comportés, rien ne peut être jugé ou reproché. Il n’y a eu ni héros ni salauds, ni courage ni couardise, rien que des êtres humains ballottés par la monstrueuse colère de la nature.

D’un côté il y avait cette vie intacte d’un petit paradis tranquille, de l’autre le chaos de l’enfer. Le contraste était si saisissant qu’on aurait pu croire que nous avions rêvé ce que nous avions vécu, que nous étions en train d’émerger d’un long sommeil peuplé de cauchemars qui allaient s’effilocher au contact de la réalité.

Un homme peut ressentir pour deux femmes différentes un amour vrai, profond, sincère. Cela n’en fait pas pour autant un traître ou un voyou.