Je remercie les éditions Solanhets et Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Ce livre, c'est pour moi un ensemble d'histoires-nouvelles. Chacune se tentant en elle-même, mais qui en fait s'assemblent entre elles et donnent un total méduséen, éthéré, léger, effrayant aussi, troublant...
J'ai plutôt apprécié cet animal. L'auteure a un style très suggéré, avec une accumulation de détails précis et de comparaisons fines, elle permet de mieux cerner et comprendre les personnages et leur donne leur progressive densité. Ces détails sont luxuriants, riches, tout sauf inutiles.
Bémol, ces textes sont donc un peu lents, manque de percussion, un peu comme un petit supplice de la goutte, d'ailleurs on m'aurait dit que ce livre est chinois ou japonais que ça ne m'aurait pas surpris. Mais non, il est Galicien. Ok. La percussion arrive chaque fois avec un gros twist ou un choc terminal, en quelques paragraphes très forts.
Visiblement l'auteure connaît bien les TOC, l'aspect rituel pour combattre les peurs, la peur.
Au fond, ces personnages sont certes seuls, mais pas tant que ça, ils ont peur, d'être seuls, ils ne devraient pas, et faire confiance, dans les autres. Même si la fin du livre ne va pas dans ce sens.
Bref, pas mal de contrastes dans ces textes, qui ne toucheront pas un très grands public, car il faut aimer la subtilité, des textes intelligents qui ne sont pas simples et assez poétiques. Au moment où j'écris poétiques mes doigts ont écrit politiques. Quand on se revendique Galicien, sans doute que c'est inévitable. Dans une grande Espagne, dans une grande Europe, dans un grand Monde, dans un grand Univers, si grand qu'il peut en être effrayant.
Je termine par ce petit exemple de style : "Blanchissant délicatement l'atmosphère humide de la chambre, un éclair solitaire dessinait des fils de lumière méridienne, sur lesquels la clarté avançait comme une funambule intrépide vers les yeux de la fille. Elle léchait les creux des murs de ma petite pièce pour aller se déposer sur les objets avec douceur, avec déférence, en s'excusant presque de sa majestueuse et implacable irruption ; elle voguait dans l'espace avec la maîtrise experte du loup de mer conquérant l'océan réduit de la chambre ; elle bâtissait des nids d'oiseaux de soleil au coeur des cheveux d'aurore de cette femme qui, assise sur son lit, et en dépit de sa certitude macabre, ne perdait pas contenance face à un miroir ovale qui avait décidé de ne plus jamais réfléchir son image.
Bonne lecture !
Commenter  J’apprécie         10
Si elle avait pu échafauder une quelconque hypothèse dans sa tête, Milena Rose aurait trouvé des réponses dans la mort, dan le malheur, dans la barbarie. Si elle l’avait pu, elel aurait rendu grâce de ne pas avoir la faculté d’abstraction, d’intuition, qui conduit les êtres humains à vivre en tirant d’une main sur la corde du passé pour tenter qu’elle rejoigne, toujours, encore et encore et d’infructueuse manière, le fil de l’avenir.
J’avais toujours été terrifiée de ce qui aurait pu m’arriver. C’est étrange car, après tant d’années, c’est la première fois en fait que je n’ai éprouvé aucune peur. Et c’est à cet instant qu’a cessé de m’être interdit le franchissement de tous les déserts, de toutes les rivières foisonnantes, de toutes les contrées inexplorées.
C’étaient des légions de lettres évanouies qui dégoulinaient sur sa peau, comme les vestiges de mots qui n’avaient jamais été écrits.