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sur 1697 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le voilà mon premier coup de coeur de l'année et cela pourrait être MON coup de l'année tout court tellement j'ai été percutée par l'intensité de ce roman dès les premières lignes, terribles, sur l'enfance perdue de Corentin.

Et puis l'Apocalypse. Une implosion, un incendie, un monde rendu stérile, sans couleur, sans soleil, sans plante, sans animaux, une population humaine décimée, la sixième extinction. Corentin a survécu.

Oui, le genre post-apocalyptique est fort encombré et a donné lieu à de grands romans, des chefs d'oeuvre même. La Route ( Cormac McCarthy ), Ravage ( Barjavel ), Je suis une légende ( Richard Matheson ), Les Derniers hommes ( Pierre Bordage ), Dans la forêt ( Jean Hegland ), La Peste écarlate ( Jack London ). La liste est longue, j'affectionne tout particulièrement les romans post-apo. Et ce n'est pas le énième. Il est même plutôt inclassable, même si il est question de survivants errants sur la route, même s'il est question de forêts refuge.

Sandrine Collette opte pour la lignée intimiste, rien n'est spectaculaire, tout est crépusculaire. A peine comprend-on que l'apocalypse est climatique. L'auteure joue sa propre partition en se recentrant sur le personnage de Corentin, comme dans un huis-clos de mots pour dire le vide, la solitude, la disparition des couleurs dans ces jours devenus sauvages que va connaître Corentin. J'ai été prise aux tripes par le destin de cet personnage accroché à la vie, pris dans un combat intérieur entre l'animal et l'humain, au bord de la démence, à la fois lâche et courageux, combatif et désabusé. Que faire de cette vie, de cet espoir qui ne meurt pas, de cet amour à donner encore ? Il n'est pas le seul à m'avoir bouleversé, il y le merveilleux personnage de l'Aveugle, ce chiot rescapé devenu compagnon indispensable.

Si ce roman est aussi puissant, c'est parce qu'il est porté par une écriture superbe, tellurique et poétique, un tour de force. Les phrases sont courtes, avec des renvois à la ligne. Des phrases saccadées, qui claquent, cueillent l'émotion sans esbroufe, sans pathos. Authentiques avec leur syntaxe parfaite pour rythmer le parcours de vie de Corentin et son évolution psychologique dans ce chaos.

«  La seule couleur était celle du sang.
Corentin s'en aperçut en s'écorchant la main à un morceau de bois, un soir qu'il faisait du feu. Cela roula sur sa paume. Cela coula sur ses doigts. Dans son esprit chaviré, cela prit des teintes d'automne flamboyantes, des lueurs de rubis, des incandescences d'un vermillon inouï. Cela refléta le soleil disparu.
Il fut émerveillé.
Il comprit que cela n'existait pas, avant.
A présent, il savait créer la couleur. Il la portait en lui. Malgré tout le malheur, la chose n'avait pas pu détruire ce qu'il à avait à l'intérieur.
Pas la foi.
Pas son âme.
Mais le rouge.
Mais le sang.
Parfois le long de l'autoroute, il piquait sa peau de la pointe du couteau pour être sûr que c'était toujours là. Deux ou trois gouttes écarlates. Il riait tout bas en les regardant. »

Ecriture et récit sont en symbiose parfaite pour nous faire vibrer jusqu'à l'os. Sandrine Collette ne nous prend pas qu'aux tripes, ses mots résonnent jusqu'à notre tête pour nous pousser à la réflexion sur notre société qui gaspille et consomme, responsable du fléau qui s'abat sur Terre. Il ne s'agit pas pour elle de faire de Et toujours les forêts un roman idéologique ou politique, mais à l'heure où l'Australie brûle, ce récit instinctif prend de l'ampleur et terrifie.

Un grand roman noir où brûle la flamme de la résilience, porté par une écriture sublime, épique et époustouflant, bouleversant d'humanité.

Lu dans le cadre du jury Grand prix des lectrices Elle 2020 - catégorie roman.
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Pour découvrir cette auteure, Sandrine Collette, dont je vois souvent passer les livres sur Babelio, avec le plus souvent des avis très positifs (je pense notamment à la critique de Sandrine pour « Juste après la vague » ou encore celle de Céline pour « Six fourmis blanches »), j'ai choisi ce roman « Et toujours les forêts », tout simplement car il s'agit d'un récit post-apocalyptique. Et j'aime profondément ce genre littéraire.

Chaque livre dit post-apocalyptique comporte sa singularité, son ambiance, sa touche personnelle. Certains s'engagent dans la voie de l'exploration spatiale (pour les plus récents, entre autres, Cantique pour les étoiles de Simon Jimenez, le roman de Jeanne de Lidia Yuknavitch ; mais nous pourrions même citer les grands romans de la SF plus classiques, tel que Fondations d'Asimov, dans lesquels la Terre n'est plus et son peuplement plus qu'un lointain souvenir), tandis que d'autres livres, plus réalistes peut-être, nous montrent à voir la vie sur Terre après la catastrophe que cette dernière soit nucléaire, écologique, épidémique. « Et toujours les forêts » se situe dans cette deuxième mouvance et n'est pas sans rappeler fortement Malevil de Robert Merle, le mur invisible de Marlène Haushofer, la Constellation du chien de Peter Heller, Dans la forêt de Jean Hegland, et la Route de Cormac McCarthy. Comme dans Malevil, la catastrophe est un feu (nucléaire sans doute mais rien n'est indiqué) qui a tout dévasté, seules les personnes se trouvant par chance sous terre, dans les caves, dans les sous-terrains à ce moment-là, ont pu survivre. Comme dans le mur invisible la solitude est terrible et les conditions de survie revenues à l'âge médiéval. Nous retrouvons la présence salvatrice d'un chien qui m'avait émue aux larmes dans La constellation du chien. La forêt comme refuge, berceau et possibilité d'enracinement comme dans le beau Dans la forêt. Et enfin, même si c'est le seul que je n'ai pas lu, le roman est sombre, d'une noirceur extrême, et les êtres humains aussi sauvages que des bêtes, comme apparemment dans La route.

Entrelacement de plusieurs références, et non des moindres, Sandrine Colette n'a pas à rougir de s'être essayée à ce genre, son livre est un grand livre, un véritable coup de coeur pour ma part. Et qui a sa touche personnelle, qui apporte sa pierre au foisonnant édifice de ce genre littéraire. D'un réalisme à couper le souffle. D'une beauté noire poignante. D'un pessimisme absolu heureusement teinté d'un espoir grandissant. Et quelle plume, âpre, fluide, touchante ! J'ai fini le livre bouleversée même si le noir, le gris au mieux, les couleurs du livre, ont quelque peu déteint sur mon humeur tant j'étais dans l'histoire.

« Les vieilles l'avaient dit, elles qui voyaient tout : une vie qui commençait comme ça, ça ne pouvait rien donner de bon. Les vieilles ignoraient alors à quel point elles avaient raison, et ce que cette petite existence qui s'était mise à pousser là où on n'en voulait pas connaîtrait de malheur et de désastre ».

Dès le début le roman nous happe tant l'enfance de Corentin est glaçante, terrible, comme placée sous le sceau de la malédiction. Survient la Catastrophe lorsque, jeune homme, il fait la fête dans les catacombes parisiennes. Un brasier qui a tout dévasté, rendu le monde totalement stérile, sans plus aucune couleur, sans plante, sans animaux, sans soleil, sans bruit. Corentin a survécu. Leurs fêtes alcoolisées souterraine l'éloignant du monde l'avaient sauvé, ce monde qu'il ne voulait pas n'imaginant pas un instant que ce serait lui, le monde, qui ne voudrait plus des hommes.

Il y avait bien eu des alertes, des signes avant-coureurs que personnes ne prenaient vraiment aux sérieux, surtout en ville, peut-être faisait-il juste plus chaud chaque année, les saisons étaient déréglées, les températures montaient, les insectes écrasés sur les pare-brise étaient devenus que des souvenirs.

« Mais ça ne se voyait pas que la nature crevait, dans la ville. Ça ne faisait rien au macadam, rien aux réverbères. Ça ne changeait pas le chant des étudiants, ça ne changeait pas le bruit des klaxons. Ça n'atténuait pas les rires ni les cris, le grincement des portes qui s'ouvraient et celles qui se fermaient, pas le ronronnement du métro, pas les sonneries des portables. Ça ne modifiait pas la couleur du ciel – parce que personne ne le regardait. Il y avait trop de lumière devant. Des lueurs artificielles. Qu'on éteigne, suppliait parfois Corentin en silence. le monde comme une ampoule. le monde comme une fête, et il était bientôt minuit ».

L'histoire est ensuite celle de l'errance de Corentin après l'Apocalypse, de la vision de quelques survivants entrecroisés, devenus des êtres sauvages, de celle bien plus fréquente des morts, grillés sur place que l'on ne regarde plus tant cela devient habituel, de l'odeur pestilentielle omniprésente, de son retour aux Forêts, là où habite le seul être qui l'ait vraiment aimé, son arrière-grand-mère de près de 100 ans, des essais pour survivre, des années qui passent, des minces espoirs quand la nature essaie de percer de nouveau, des immenses espoirs placés en sa progéniture. Oui ses enfants aux noms d'étoiles. Je n'en dis pas plus, c'est somptueux…et tout au long de ce roman le gris, uniquement le gris, avec seulement parfois une couleur vive, le rouge, celle du sang.

« La seule couleur était celle du sang. Corentin s'en aperçut en s'écorchant la main à un morceau de bois, un soir qu'il faisait du feu. Cela roula sur sa paume. Cela coula sur ses doigts. Dans son esprit chaviré, cela prit des teintes d'automne flamboyantes, des lueurs de rubis, des incandescences d'un vermillon inouï. Cela refléta le soleil disparu. Il fut émerveillé ».

Certaines scènes me resteront longtemps en tête. Prenez celle, hallucinante, de ce rebut de voiture qui fonctionne encore, pneus et tableaux de bord fondus, la voilà à rouler doucement sur l'autoroute devenue bouillie de goudron, à rouler sur ses jantes…je ne sais pas pourquoi m'est venue alors une image, celle du tricycle rouge sur l'autoroute dans Bruit de fond, cette oeuvre de Don de Lillo qui montre du doigt l'absurdité de notre société de consommation et des enfants rois…l'avant et l'après, en signes ténus. Sortes de clins d'oeil. Lorsque les livres se parlent, s'interpellent, et nous lecteurs de frissonner…

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Sandrine Collette a acquis ses lettres de noblesse en écrivant des polars où " la tendresse " n'est pas vraiment au rendez-vous . On se demande même comment une dame si sympathique peut " renfermer " en elle de telles idées noires ..Bon , retrouvons un peu de sérieux , Sandrine Collette est une auteure remarquable dont j'ai beaucoup apprécié les " polars noirs " et j'ai été un peu dérouté, je dois le dire , par un titre , somme toute assez bucolique qui , lu sans autre " analyse " , ne semblait pas annonciateur d'une quelconque catastrophe .....Le début du roman m'a beaucoup ému à travers cette " enfance particulière " de Corentin qui , néanmoins, avait reçu l'amour " silencieux ", un peu " brutal" mais si sincère de son arriére- grand- mère Augustine , dans un cadre rassurant , les Forêts , dans un village presque mort....Et puis , l'appel de la vie , la ville , les copains et ...le drame. Dés lors l'Odyssée commence vers le seul refuge pour lui , Augustine et les Foréts..... .
Le drame , il est lié à l'environnement même et l'on ignore bien des choses quant à son origine , si ce n'est qu' à partir de là , le talent " mortifère " de l'auteure va s'exprimer jusqu'à l'oppression pour un lecteur attaché " aux basques de Corentin " , partageant ses inquiétudes, ses découragements , ses " rayons de soleil " ( oh , bien peu , il est vrai ) . le tour de force , c'est de nous amener à tourner les pages , sans cesse en quête de recherche d'oxygène , oubliant presque " la lutte et les obstinations " de Corentin , pour nous les approprier , " enfiler son pourtant peu enviable costume de héros ".
L'écriture de Sandrine Collette se met au diapason . Sécheresse. Phrases minimales .. nominales ...verbales ...infinitives . Ça claque . Économie de mots pour un décor où plus rien n'existe et où, donc , les mots perdent leurs sens ...On aura du reste de bons exemples de cette " perte linguistique " plus avant , mais ça, c'est une autre histoire , fort intéressante au demeurant et anxiogène au possible.
Les personnages , peu nombreux , on le comprend , s'imprégnent , en nous au point de nous projeter à leurs côtés , de nous faire partager leurs pensées, leurs angoisses , leurs silences car pourquoi parler lorsque plus rien n'existe . Et puis , l'"aveugle " , quelle trouvaille...
Fort heureusement , la fin entr'ouvrira une porte vers l'espoir à condition d'ouvrir aussi celle de la sagesse ...des hommes . Une interpellation quant à nos comportements , un roman pour réfléchir sérieusement au devenir de la nature et , par la même, de l'espèce humaine .
Comme beaucoup d'entre- vous , j'ai lu quelques romans " de ce type " . Sans doute les ai- je lus comme des projections " farfelues " , de simples " récits de science - fiction " bien éloignés de la réalité....Des péripéties, des divagations d'auteurs à l'imagination fertile .. Il va falloir changer d'optique ..Des romans comme celui de Sandrine Collette enfoncent un clou , nous avertissent encore et encore , nous incitent à prendre très au sérieux ces propos de savants qui tirent sans cesse une sonnette d'alarme , au risque de sonner bientôt le tocsin .....A nous , lecteurs , de " faire " de cet ouvrage un simple roman ou un message , un de plus , un des derniers ?
Avec le célèbre " La route " et bien d'autres , si on ne comprend pas , alors ...c'est " mort " ...
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Que rajouter à ce qui a déjà été dit?
Je ne connaissais pas Sandrine collette mais j'adhère.
Raconter une vie sans lasser le lecteur est pour moi une performance. D'autant plus performant, lorsque dans ce monde post-apocalyptique, l'existence repose sur la motivation de collecter de la nourriture et les naissances. On pourrait s'ennuyer, il n'en est rien... La moindre parcelle d'herbe devient un trésor pour les yeux, le moindre bruit un poème, une ode à la vie.
Tous les personnages sont attachants jusqu'à la présence des chiens, confortables compagnies qui améliorent le bien-être émotionnelle et raccrochent au passé de l'Humanité : le chien est le meilleur ami de l'homme. Ils se protègent mutuellement et fondent chacun une famille. Un monde sans chiens serait-il la preuve de l'anéantissement de l'humanité? La lumière repose dans le regard du chien aveugle, il guide son maître vers l'espérance, le souffle de la vie, celui qui garde le chemin sans se perdre. Et même au moment où il pourrait faillir, les chiens sont là, toujours là pour rappeler où est le chemin de la vie.
Très soignée et touchant, je recommande.
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Dystopie ou fiction post-apocalyptique traitant de l'effondrement d'un monde assez semblable au nôtre, "Et toujours les forêts" est à nouveau une belle réussite pour Sandrine Collette, auteure/autrice que je suis depuis quelques années déjà et que j'ai eu l'occasion de rencontrer lors d'une remise de prix.

De la noirceur, un univers sombre et sans lumière ni avenir et des personnages brisés sous plusieurs angles, c'est ce que nous propose ce roman qui, s'il n'explique pas la raison réelle du chaos et de l'événement qui a tout changé sur Terre (car il y a trop peu de survivants), s'attache à démontrer que la survie, à partir de rien quand on est habitué au confort et à l'opulence, change les hommes.

Sans se forcer de détail sur le réchauffement climatique, Sandrine Collette nous alerte sur le futur risqué qui pourrait s'offrir à nous dans quelques années et tout cela n'est guère réjouissant de s'imaginer vivre comme Corentin et les autres survivants. Un quotidien axé sur la survie et la recherche sans cesse de nourriture et de bois pour se chauffer tant le cycle des saisons a été chamboulé et la nature dévastée si bien qu'aucune forme de vie végétale n'a repris. Un roman sombre qui invite pleinement à la réflexion !



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Vu le nombre de critiques je ne vois pas bien ce que la mienne va ajouter , tant pis.

Quelle formidable bâtisseuse d'histoire à suspense, Sandrine-Collette ! Quel récit , quelle imagination , que d'émotions fortes!

Que de plaisir! d'ordinaire je ne suis pas friande de récit apocalyptique, mais là, j'ai été emportée, bluffée, séduite!
l

Dès le début le lecteur est pris par ce tourbillon très prenant, l'histoire de Corentin le mal aimé , abandonné par sa mère Marie, élevé par son arrière - grand- mère Augustine, parti poursuivre ses études dans la Grande ville . En train de faire la fête avec des amis au fond d'une cave quand survient La Conflagration mystérieuse , qui anéantit toute vie à la surface .
Coûte que coûte Corentin décide de rentrer , n'agissant pas en héros mais en survivant .
C'est ce qui attire le lecteur et nous le rend si proche, on suivra fiévreusement son odyssée .
Ce qui frappe c'est la similitude avec La-route de Cormac-McCarthy,ou -Ravage de René Bar javel même vieilli !

Le style est ramassé, imagé, intimiste , épuré, poétique, mis au service d'une intrigue presque minimale au sens universel.

Les phrases sont courtes , hachées, parfois sans verbe ni sujet: «  «  Pluie froide, »
«  Toute la laideur du monde » ,
«  Il se détestait »
 «  La ville puait la mort » ,
«  Dévasté « 
, «  le silence Terrifiant »., «  La chose » , «  La vie faisait répit »  ...
Ce conte cruel fantastique fait la part belle aux odeurs , aux sens ,aux couleurs : le rouge, le noir , le gris , le blanc , mais surtout le noir....
: « Chairs fondues,
Peaux noires ,et puantes,
Corps tétanisés —-convulsés —— fondus——
Silence Terrifiant —-collines entières et arbres noirs ——
Le mouillé .Remugles —- odeur de charogne et de brûlé—- Puanteur dans l'air ——
Le froid.
Le sang——-
Pas le désir , l'instinct——
La poisse. »
Justement Sandrine Collette assume son histoire en nous montrant qu'au fond la part animale de l'être humain nous entraîne à la fois dans les plus bas instincts mais en même temps nous sauve in extremis de l'adversité.

Quand il ne reste plus rien autour de nous , cette part animale nous permet de survivre .
Cette race humaine ne serait donc pas que mauvaiseté et rancune .
Une quête éperdue avec pour seule obsession la renaissance d'un monde désert et la certitude absolue que tout ne s'arrête jamais définitivement ...
Un Grand Roman puissant, troublant , épique , condensé , bouleversant dont la réflexion et la portée me hanteront longtemps .
Chapeau l'artiste !
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"Et toujours les Forêts" est un roman vertigineux aux allures de mythe prométhéen. En effet, Sandrine Collette signe ici un récit qui fera date. On la connaissait en reine du thriller, elle nous revient avec un récit d'anticipation qui la propulse une nouvelle fois au sommet. On est emporté par le souffle d'écriture, la puissance d'évocation rare qui se dégage avec force de cette histoire qui démarre comme un récit sur l'absence d'amour maternel, l'abandon, la solitude pour aboutir sur une odyssée mythique dans un décor apocalyptique où l'Armageddon a eu lieu. Mais même au milieu de ce désert de cendres, alors qu'il n'y a plus personne, l'instinct de survie qui fait partie de ce qu'il y a de plus profondément inscrit dans nos gènes, nous fait nous dépasser, nous permet d'affronter les plus grandes crises de désespoir. Car à l'heure où tout semble fini, le fil ténu de la vie demeure. Car oui la vie doit reprendre ses droits malgré tout. Roman sur la survie, sur le deuil d'une vie qui ne peut plus revenir sous la forme que l'on a connu auparavant, roman sombre, cri du coeur déchirant où l'on remonte au plus profond de notre animalité, récit aux allures de mythologie dans une humanité post-apocalyptique qui doit tout reprendre à zéro, "Et toujours les forêts" c'est un peu de tout cela en même temps. le soleil n'est plus, le ciel est bas et gris, perpétuellement, les pluies sont torrentielles, le froid, la faim, le désespoir, le désert de cendres à perte de vue, ces cadavres brûlés, carbonisés par une puissance tellurique. La raison vacille, on pense avoir tout oublier de ce qui fait notre humanité, notre essence mais la lutte pour la vie est toujours là, chevillée dans notre coeur et notre corps, consubstantiel. Face au chaos, il faut trouver les ressources pour survivre et pourquoi pas un jour renaître. Corentin, personnage principal de ce livre vit tout ces expériences, ces traumatismes.. Fascinante destinée que la sienne, lui le petit garçon rejeté puis abandonné par une mère indigne et recueilli par Augustine, bloc de chaleur et d'amour. Puis il y aura l'adolescence et ensuite les fêtes étudiantes et l'insouciance du lendemain, la fuite dans les plaisirs éphémères et soudain, alors qu'avec ses amis ils plongent dans les entrailles de la terre l'apocalypse survient. A compter de ce jour, une idée l'obsède, retrouver Augustine et survivre malgré toutes les privations, les blessures physiques et psychiques, la mort qui ne demande qu'à lui ouvrir les bras. La force de ce livre c'est de nous faire à la fois connaître le néant et la vie, l'ombre et la lumière, l'abandon et l'amour. Dans ce combat de tous les instants, on frémit, on est ému comme rarement par l'écriture de Sandrine Colette. J'ai trouvé ce roman absolument génial. On lit de belles choses c'est vrai mais là on franchit un seuil avec "Et toujours les Forêts" qui démontre s'il en était encore besoin le talent immense d'une auteure à son sommet. Lisez le, achetez le, prêtez le, parlez en autour de vous. C'est LE roman de ce début d'année.

Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Roman dystopique qui dès le début nous plonge dans une ambiance oppressante.

Non désiré, le petit Corentin est abandonné par sa mère, celle-ci a été enfermée plusieurs mois en forêt. Elle souhaite quitter ce lieu qui est pour elle est une prison, elle confie son fils à la vieille Augustine qui l'élève du mieux qu'elle peut. L'avenir semble ainsi s'ouvrir à lui.

C'est alors que le destin rattrape Corentin, ainsi que sa bande d'amis étudiants. Alors qu'ils semblent tous apprécier les catacombes de la grande ville, loisir curieux, un jeu pour eux, quelque chose se fissure réellement au-dessus d'eux. Il faut remonter et constater ; une catastrophe s'est produite.

Pris de panique et devant l'incompréhension, ses amis s'enfuient sans lui. C'est alors qu'il se sent abandonné une deuxième fois, Il décide de retrouver Augustine, le seul être qu'il n'ait jamais aimé jusque-là, ce sera le but de son voyage.

Il entame seul, un long périple, à pieds au milieu des paysages dévastés, vers la forêt, sans âme qui vive, dans le silence absolu, la grisaille et l'obscurité quotidienne.

Corentin perd ses repères habituels, ceux de sa vie d'avant, le temps, l'espace, n'ont plus le même visage. le passé est définitivement révolu. Tout n'est que chaos, désordre, le personnage est confronté à la recherche d'un monde qui désormais semble n'appartenir qu'au passé, tout cela se joue sur fond de solitude morale et de dérèglement climatique, la neige en plein mois de juillet fait suite aux fortes chaleurs d'avant la catastrophe.

Il n'y a pas de parole possible, de description de ce qui s'est passé, les personnages ne communiquent pas sur l'événement, nous n'avons pas d'explication, on entend bien certaines réflexions du personnage mais ce n'est qu'à propos de la désolation dégradation de l'environnement. On se retrouve face à la sidération des personnages conséquente au cataclysme.

L'auteur nous livre une véritable vision apocalyptique du monde, la fin de notre monde a sonné, même les forêts qui représentaient l'espoir, le but du voyage pour Corentin, ont disparu. Apocalypse à laquelle on ne s'habitue pas si on y survit à l'échelle de la vie humaine. Car Il est davantage question de survie que de vie, celle-ci ayant quasiment disparue de la surface de la terre. Un nuage de cendres l'a recouverte, on ne voit plus ni les étoiles ni le soleil. Même le temps semble s'être figé. La sauvagerie pointe son nez, les bas instincts remplacent le désir parfois.

Roman qui interroge sur l'apocalypse, la fin du désir, la mort, le devenir de l'humanité et le monde d'après. A partir de là on se demande si une forme de renaissance est possible, après l'extinction une nouvelle genèse aura-t-elle lieu ?

Ce roman peut plaire ou être détesté, en tout cas il ne peut laisser le lecteur indifférent, un récit coup de poing qui nous interpellent sur les problématiques du dérèglement climatique et de ses conséquences extrêmes. Un roman qui oppresse, sa lecture déclenche de nombreuses émotions, des plus négatives à un certain soulagement.

Un véritable roman coup de poing qui titille, susceptible d'éveiller les consciences...et les lecteurs.
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Sandrine Collette nous l'avait confié l'an passé lorsqu'on l'avait rencontré dans le cadre de Quais du Polar : elle ne saurait pas écrire un roman léger et optimiste et ne saurait pas non plus écrire un roman très urbain qui ne met pas la nature ( souvent hostile ) au premier plan.

C'est pour cela que nous n'avons pas été étonnés de voir que son nouveau roman, "Et toujours les forêts," sorti en cet hiver littéraire, est très noir et qu'il met au prise un environnement peu accueillant, isolé dans une ambiance assez post-apocalyptique.

S'il y avait un motif d'étonnement à avoir avec ce nouveau roman de Sandrine Collette, c'est celui de constater qu'elle a changé d'éditeur, ayant quitté Denoël pour JC Lattès, mais elle reste cependant fidèle à son univers de poésie noire dans lesquels les humains ont tendance à revenir à leurs instincts les plus primitifs .

"Et toujours les forêts "est, comme l'est également la majorité de ses romans, une sorte de conte noir assez hynotique et opressant.

On y suit un personnage, Corentin, qui a retrouve sa forêt ou il vivait heureux avec son arrière grand mère, Augustine, mais la retrouve dans un paysage en cendres, dans un monde qui a cessé d'exister, balayé par les flammes.

Comment survivre après une catastrophe et se réappropier des choses naturelles qui semblent ensevelies à jamais? Cette thématique, qui était déjà celle d'après la vague il y a deux ans, est devenu le sujet principal de ce nouveau roman de Sandrine Collette.

Roman sans concession sur les aléas du réchauffement climatique et sur le mal que les hommes font à leur nature, "Et toujours les forêts" est toutefois sans doute un des romans les moins nihilistes de son auteur : malgré une vision assez terrifiante de l'avenir de la planète, subiste toutefois un petit espoir incarné par Corentin en quête d'une hypothétique lumière et qui veut croire en l'amour, celui pour sa grand mère, Augustine, mais aussi celui pour Mathilde jeune femme croisée sur ces lieux de perdition.

Si comme souvent chez Collette, le livre ne nous dévoile pas toutes ses clés, on notera que la dimension anxiogène laisse parfois place une leçon d'humanité, de courage et un (tout petit mais quand même) rail de lumière qui fait du bien à l'âme.

Une chose est certaine : Sandrine Collette a peu être changé d'éditeur mais elle continue à écrire des romans d'une puissance incroyable !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je referme ce livre en ayant l'impression d'avoir passé plus de trois cent pages en apnée… C'est oppressant et angoissant. Oppressant car c'est une quête pour la survie, pour survivre il faut renouer avec ses instincts primaires et ne pas hésiter à user de la violence. C'est angoissant car ce roman post-apocalyptique nous propulse peut-être dans une situation que certains connaitront dans quelques centaines d'années…

Sandrine Collette use, une fois encore, de son style chirurgical et de son écriture ciselée pour captiver et effrayer le lecteur. C'est froid, c'est sombre, c'est glauque et lugubre… Tout y est pour que l'on ne lâche pas ce roman et que l'on arrive au dénouement !

Ce que j'aime, avec cette auteure, c'est que chacun de ses livres invite à un voyage dont on ne ressort pas indemne et ce qu'elle écrit est à chaque fois totalement plausible.

Ce roman est explosif et met le lecteur dans une situation d'inconfort. En effet, à chaque page tournée, on espère une sortie de crise mais, à chaque ligne, on constate que c'est la fin et qu'il n'y a pas d'issue possible.

C'est captivant et extrêmement bien fait ! Ce que j'ai le plus aimé est sans nul doute la fin, je n'ai rien vu venir…

Et vous, vous feriez quoi si la fin du monde arrivait ?
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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