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Le mythe d'Icare : Traité du désespo... tome 1 sur 1
EAN : 9782130447702
Presses Universitaires de France (22/10/1993)
3.95/5   10 notes
Résumé :
Ce 'Traité du désespoir et de la béatitude' a été publié dans la collection Perspectives critiques en deux volumes : 'Le mythe d'Icare' et 'Vivre'. Ces livres ont été les premiers succès de l'auteur encore jeune professeur de terminale. Ils sont devenus des classiques pour tous les apprentis philosophes préparant le bac. L'auteur y préconise l'invention d'une sagesse matérialiste, une sagesse sans désespoir, une sagesse pour notre temps. Le tout constitue une éthiqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
André Comte-Sponville explore les limites de la finitude, expose la vanité des savoirs. Je n'arrive pas à comprendre qu'il refuse de croire.
Tout, dans ses derniers écrits, montre qu'il bute sur l'absence de perspective de la vie humaine. Est-il capable de consentir à se convertir ? C'est là qu'est pour lui pourtant, la porte au fond de l'impasse.
Dans son dernier article sur le COVID 19, il contemple d'un air narquois la panique et le refus devant la mort, présents à l'esprit de nos contemporains. Vous savez, cette folie qui conduit certains de nos contemporains à tout quitter, tout laisser pour chercher un avenir ailleurs, et qui parfois sombrent au fond de la Méditerranée.
Personnellement je pense que l'acte de foi qui vous met en mouvement et vous fait choisir la vie vaut plus que l'étalage d'une culture littéraire qui vous entretient dans le néant de votre finitude.
A quand cet acte de foi et cette recherche chez M. Comte-Sponville ?
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
« À l’assaut du ciel... ».
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« Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; celui qui le monte s’appelle « Fidèle » et « Vrai », il juge et fait la guerre avec justice. Ses yeux ? une flamme ardente ; sur sa tête, plusieurs diadèmes ; inscrit sur lui, un nom qu’il est seul à connaître ; le manteau qui l’enveloppe est trempé de sang ; et son nom ? le Verbe de Dieu... » 1. Mais le militant matérialiste - s’il en existe - n’a pas les mêmes armes : pas de Dieu pour le soutenir ; pas de Vérité pour lui donner raison ; pas de Bien pour le justifier. Il se bat tout seul et fait ce qu’il peut. Il n’a ni diadèmes, ni cheval blanc. Il sait qu’il n'a pas raison, ni tort, que sa force n’est au service que de son désir, et que son désir n’a de droit que sa force... Il est lucide et désespéré. Son action n’a pas de fin, et l’histoire n’a pas de sens. Ni finalisme, ni justifications. Il sait qu’il n’y a de finalité que du désir 2, et de sens que du discours 3. Il ne se réclame d’aucune révélation. Point de ciel pour lui qui s’ouvre, point de Verbe qui raisonne. Il n’a de ciel que celui qu’il s’invente, que l’espace vide de son action, que l’horizon de son rêve. Il n’a de verbe que sa parole, singulière et fragile... Il a compris qu’aucun combat n’est le bon - pas même le sien -, ni aucun parti le meilleur. Il n’est pas triste. Il n’est pas résigné. Il a le courage de son désespoir, et la joie de sa force. Dans le silence de Dieu et le brouhaha du monde, il assume jusqu'au bout la solitude de son désir. (1. saint-Jean, 2. Spinoza, 3. Lévi-Strauss, p.125-126)
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Courbet disait à ses élèves :"Cherche si, dans le tableau que tu veux faire, il y a une teinte encore plus foncée que celle-là ; indiques-en la place, et plaque cette teinte avec ton couteau ou la brosse ; elle n'indiquera probablement aucun détail dans son obscurité. Ensuite, attaque par graduations les nuances les moins intenses, en t'essayant à les mettre à leur place, puis les demi-teintes ; enfin tu n'auras plus qu'à faire luire les clairs.." Cela vaut aussi pour la pensée. Il faut commencer par le plus sombre, chercher "le vide, et le noir, et le nu", et dégager progressivement la lumière. Car la nuit est première. On n'aurait pas besoin autrement de penser. Il faut commencer par le désespoir.
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C'était dans les années trente. Caillois appartenait alors au groupe surréaliste. Voilà qu'on trouve -ô merveille! - des haricots sauteurs, tout droit venus du Mexique. Imaginez: des haricots qui sautent ! Du mystère à l'état pur... On devine la joie de Breton: un légume surréaliste ! Comme hasard objectif, on ne pouvait espérer mieux... Caillois, positif, propose: "on ouvre, et on regarde". Patatras! Voici comment Caillois raconte la chose:

" Le 27 décembre 1934, je saisis l'occasion d'une discussion survenue la veille au café de la place Blanche où nous nous réunissions chaque soir, pour informer André Breton que je renonçais à faire partie du groupe. Nous n'avions pas été d'accord sur l'attitude à tenir en face de fèves agitées de soubresauts dont la turbulence nous déconcertait. Je supposais qu'elles contenaient quelque larve et qu'il suffisait d'en ouvrir une pour s'en assurer. Breton s'indigna d'une proposition qu'il tenait pour sacrilège. Je m'indignai de son indignation, estimant que le merveilleux, pour rester digne de ce nom, devait offrir un peu plus de résistance à l'investigation. L'échange de vue en resta là...".

Le mystère avait gagné, au sein du groupe, contre l'intelligence... Tout ce qu'il y a de petit chez Breton se révèle ici: sa mentalité de pape ou d'adjudant ("cet air de chef, comme dit Aragon, et l'aspect "majoritaire" de son comportement..."), son esthétique de pacotille ("le merveilleux est toujours beau, n'importe quel merveilleux est beau, il n'y a même que le merveilleux qui soit beau"), et les limites même de sa grande intelligence (tout le monde n'est pas Hugo, dont Breton disait qu'il "est surréaliste quand il n'est pas bête"; il arrive à Breton d'être bête même quand il est surréaliste...), tout se condense ici et s'avoue: clinquant, toc, faux mystère et merveilleux de bazar... Quand les religions ne croient plus en Dieu, les haricots sauteurs remplacent les sacrements, et le marché aux puces tient lieu de pèlerinage. On a la religion que l'on mérite. Narcisse a le mystère facile, et le culte petit.
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Ce "progressisme" d’Épicure est d'autant plus remarquable qu'il ne s'appuie sur aucune téléologie historique. L'histoire n'a pas de sens. Elle ne poursuit aucune fin qui transcende en quoi que ce soit les désirs, individuels ou collectifs, de l'humanité. L'épicurisme n'est pas une utopie. Le progrès ne justifie rien, et l'histoire n'est promise qu'à la mort. Il n'y aura pas d'âge d'or. Le monde, comme tout ce qui vit, mourra. C'est toujours le désordre qui a le dernier mot: "L'espace, l'immensité du vide, ne manquent pas où puissent s'éparpiller les remparts du monde...". Cette certitude quasi entropique - ce désespoir - interdit de trop rêver. L'entropie désamorce l'utopie. Ce pourquoi on n'imagine pas un terrorisme épicurien: si la fin du monde est inéluctable, tout fanatisme est dérisoire. Tout disparaîtra; à quoi bon la terreur ? Il n'y aura pas d'âge d'or; miséricorde. Car le seul âge d'or, mais il n'est qu'individuel, c'est la sagesse, et celle-ci n'est pas d'ordre politique... La pensée d’Épicure est donc, sur ce point, le contraire d'un dogmatisme.
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La première évidence, dans la pensée politique d’Épicure, c'est que l'idéal n'existe pas. "Rien n'est juste par nature", "la justice n'est pas un quelque chose en soi", "l'action injuste n'est pas un mal en elle-même...". Désespoir: rien n'est juste, rien n'est injuste; il n'y a de réel que les atomes et le vide, et point de justice pour eux, point d'injustice... La philosophie politique d’Épicure est donc essentiellement matérialiste (...) Il n'y a que l'histoire et l'évidence des corps. C'est pourquoi le commencement est toujours en deçà de toute valeur spirituelle ou sociale: il n'y a d'abord que la force et le désir. Les premiers hommes, dit Lucrèce, menaient "une vie vagabonde, semblable à celle des bêtes... Incapables d'envisager le bien commun, ils n'avaient ni coutumes, ni lois pour régler leurs rapports; mais chacun emportait la première proie que la fortune lui offrait, instruit qu'il était à vivre et à user de sa force à sa guise et pour lui-même...". L'histoire commence au plus bas.
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Vidéo de André Comte-Sponville
Lundi 18 décembre a eu lieu la première "Fabrique des idées", la série de masterclass philosophiques que nous avons initiée dans le cadre de la nouvelle formule de Philosophie magazine.
Pour cette première édition, André Comte-Sponville s'est entretenu avec Martin Legros pendant 2 heures au Club de l'Étoile, à Paris, et a également répondu aux questions des participants. L'événement, qui était accessible en présentiel ou par visioconférence, était gratuit pour les abonnés.
Pour voir ou revoir la masterclass d'André Comte-Sponville, cliquez sur ce lien :
https://www.philomag.com/articles/replay-revivez-la-masterclass-dandre-comte-sponville-pour-philosophie-magazine
Bon visionnage !
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