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EAN : 9791027802692
338 pages
Le Castor Astral (01/10/2020)
4.58/5   6 notes
Résumé :
Et le diable a surgi, révèle enfin la vraie vie de Robert Johnson, pour la première fois, le mythe fondateur de son histoire est remis en question !
- Robert Johnson (1911-1938) aurait vendu son âme au diable, au bord d'une route, en échange de son don pour la musique. Ainsi est née la légende du blues, le fondateur du " club des 27 ".

- Johnson a enregistré seulement 29 morceaux, pourtant il influencera de nombreuses stars dont Bob Dylan, Keit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
le diable m'a titillé de retourner au Sud profond des bluesmen originels, me pencher une fois encore sur la légende Robert Johnson. Et d'y perdre un peu de temps étant donné que le blues ça s'écoute plus que ça ne se lit. Bien fait pour moi. Damn I did'nt need being on the road again. Les auteurs de cette biographie ont compulsé une fameuse documentation. Ces historiens de la musique américaine ont exploité des registres municipaux peu fiables, écouté depuis 40 ans des vétérans de la scène blues du Mississippi de ces années trente, vérifié de multiples sources, ce qui nous vaut de très nombreux fac-similés sans intérêt, et pas mal de photos dont la qualité d'impression est certes médiocre.

Après cette petite méchanceté sur ce livre je veux dire que, bien qu'alourdi de tous ces documents, et débordant de noms de musiciens, villes, lieux-dits, salles de concert, terme bien pompeux pour désigner les jukes, mal famés au whisky frelaté et aux bagarres quotidiennes, Et le diable a surgi. La vraie vie de Robert Johnson.reste un compte rendu intéressant de la vie dans le Sud de ces innombrables guitaristes, harmonicistes (les deux instruments roi du South Blues) traîne-misère, jouant dans la poussière des rues pour quelques nickels, chantant les complaintes la plupart du temps hypersexistes, à grands coups de doubles sens, tant la solitude leur était prégnante. Pour l'élégance du vocabulaire le delta de l'Old Man River n'est pas l'idéal. Une femme y est souvent nommée "my rider", et Robert Johnson n'avait rien d'un romantique se consumant pour une belle. I'm gonna beat my woman until I get satisfied, extrait de Me and the devil blues. On sait que tout cela finira bien mal pour Robert.

du coup c'est le trop-plein d'informations. Bref le livre tient parfois du manuel scolaire indigeste. Mais il a la bonne idée d'insister, en dehors des femmes, du whisky (le moonshine, il y a plein de mots d'argot pour ça aussi), des accordages un peu vicieux sur le manche de l'instrument (sachez que personnellement je ne m'y frotte pas), des querelles et des tabassages ordinaires, sur la grande influence afro-caribéenne, le vaudou, hoodoo, ce culte si bien entretenu par la population noire du Sud. Bourré de magie noire et de symboles sexuels, le blues encore très rural de ce Sud américain n'est pas à mettre entre toutes les oreilles.

Mais tout ça, on l'a compris en une soixantaine de pages. Surtout si l'on a lu le superbe album Love in vain de Mezzo et J.M.Dupont qui en dit autant avec bien plus de plaisir B.D.Blues que je vous invite à (re)découvrir. Enfin et surtout il faut écouter les rares enregistrements du maître qui rencontra le diable à un carrefour par une nuit noire ou étoilée, ça dépend des versions, pour échanger le pacte faustien bien connu. Autre chose bien connue, ici bas quand la légende est belle, on imprime la légende. Voici Terraplane Blues, très riche en métaphores mécaniques à base d'huile et de pistons. "Mother if you read, forgive your son. He met the devil".

Bruce Conforth, fondateur du Rock'n'Roll Hall of Fame, spécialiste de ce qu'il est convenu d'appeler la culture populaire américaine, et Gayle Dean Wardlow, historien du blues et collectionneur, sont les auteurs de Et le diable a surgi. Leur travail a été considérable. Je n'ai pas été tellement tendre avec leur ouvrage. Mais, surely, they've got the blues. 🎸
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Je ne connais rien au blues, je ne connais que peu de chanteurs, mais je suis une grande assidue de France Musique donc ça m'ouvre les oreilles !
Ceci étant, ce n'est pas à cause de France Musique que je suis tombée sur ce livre, non mais à cause d'un comic porté à l'écran en série "HellBlazer" alias Constantine. Un des épisodes parle d'un disque maudit (un 78 tours pour gramophone - an acetate en VO) : le musicien qui l'avait gravé, avait vendu son âme au diable afin de devenir célèbre et le diable venait réclamer son dû à chaque fois que le disque était écouté en tuant l'âme de celui qui l'écoutait et en le gelant.
Avec ce roman biographique, j'ai rencontré le musicien dont parlait selon toute vraisemblance, cet épisode : Robert Leroy Johnson.
Johnson est né en mai 1911, enfant de parents non mariés, noir à Hazlehurst, dans un Mississipi, où la vie était très rude. Son enfance, marquée par la pauvreté de la vie de métayers, l'errance (avec sa maman, Julia, ses frères et soeurs, là où vivait l'homme qui partageait un temps la vie de leur mère), n'est pas très joyeuse et pourtant il y a une chose qui éclaire l'univers de Johnson : la musique, la musique du coin, le blues, celle qu'on appelait la musique du diable.
Au début, Robert n'a pas de guitare, mais il s'en crée une avec des cordes clouées sur une caisse ou sur le mur en bois de la maison où la famille loge (le diddley bow). Il apprend à jouer d'une grande variété d'instruments : harmonica, guimbarde, piano ... Il apprend vite et innove. Et toujours le blues, cette musique qui s'oppose aux chants religieux, aux gospels, qui raconte la vie des uns et des autres, les aventures illégales, les amours illégales, l'alcool, la drogue ... Une musique avec des paroles au double sens, canaille ...
Robert va très vite refuser la vie de paysan qui l'attendait dans les champs (et se faire poursuivre à coup de tout ce qui lui passait sous la main par celui qui incarnait la figure paternelle du moment) pour devenir musicien professionnel. Et il le devient dés 1926 : il a 15 ans. Il va ainsi promener sa grande carcasse séduisante (il séduira toutes les femmes sans distinction, sans arrêt, changeant de donzelle dans chaque nouvelle ville) sur les routes : à pieds, en bus, en train pour rencontrer d'autres musiciens et apprendre, affiner sa technique. Talentueux au possible, avec une oreille exceptionnelle, il inventa de multiples façons de jouer le blues.
Il se mariera, mais son épouse Virginia Travis, et l'enfant qu'elle attendait de lui, mourront : ils étaient l'ancre qui auraient pu stabiliser Johnson. Il a alors 19 ans. Robert Johnson mourra très jeune, 27 ans, pour une bête histoire de fesse. Il avait une descente d'alcool incomparable, ce qui n'aidera pas à ce moment capital de sa jeune vie.
Robert Johnson a enregistré des disques comme on le faisait à l'époque dans des conditions épiques avec si peu de prises qu'il fallait être génial tout de suite, dans des studios où la climatisation se limitait à un bloc de glace et un ventilateur (arrêté lors des prises de son).
Ce livre m'a appris beaucoup de choses sur la condition des personnes noires dans ces années là, sur le noms des maisons/cahutes locales qu'habitaient ceux qui n'avaient jamais beaucoup d'argent, sur ces soirées où musiciens, danseurs se réunissaient dans des maisons un peu plus grandes pour s'amuser et se détendre de leurs dures journées. le livre fourmille de photos très émouvantes de personnes citées (quelles belles mains avaient Robert Johnson), de relevés d'état civil, topographiques, de lieux. le roman remet en place l'époque, les coutumes, la légende, explique comment elle s'est bâtie (même si le bluesman Johnson reste en lui même une légende). Autour des rites vaudou, Hoodoo, de papa Legba, des jeteurs de sort, des rites associés à la communication avec les esprits venus d'Afrique avec les esclaves, du fait que certains bluesmen aimaient jouer dans les cimetières parce que c'était calme et qu'ils entendaient ainsi parfaitement sonner leur instrument, que le carrefour reste associé au diable et au choix qu'il implique (droite-gauche-tout droit) pour avancer, ce roman décrypte la vie de Robert Johnson et lui rend un très bel hommage ainsi qu'aux autres bluesmen, que je ne connaissais pas, mais que j'ai eu grand plaisir à rencontrer. A découvrir !
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Il est le premier des artistes à ouvrir le fameux « Club des 27 », qui regroupe les plus grandes légendes de la musique ayant comme tragique point commun d'être morts à 27 ans. Robert Johnson aurait d'ailleurs vendu son âme au diable à un carrefour contre un talent musical hors du commun. Tout était là pour créer la légende. Deux historiens américains ont consacré plus de cinquante ans de recherches à cette figure du blues pour démêler le mythe de la réalité.

Des ouvrages, des textes ou même des discours à propos de Robert Johnson, il y en a eu beaucoup. Ils ont pu manquer de sources, de précision, d'objectivité, voire même ne pas être factuels du tout. Peu de temps après sa mort en 1938, un discours prononcé pour lui rendre hommage contenait déjà de nombreuses inexactitudes, certaines par ignorance, d'autres pour correspondre à l'histoire que voulait raconter ce spécialiste du blues, pourtant l'un des premiers à avoir défendu Robert Johnson.

Il faut dire que même de son vivant, Robert Johnson était quelqu'un d'assez mystérieux et secret (surtout sur ses techniques de guitare), qui pouvait aussi avoir un caractère très changeant du fait de son vécu et de son alcoolisme. le manque de sources exploitées jusqu'à présent, les mystères déjà présents de son vivant et sa disparition elle aussi mystérieuse et mystifiée ont tôt fait de constituer une légende. Celle de Robert Johnson, virtuose du blues, la musique du diable.

Cette perception du blues au début du XXe siècle, qui lui aura d'ailleurs valu des souffrances et des drames personnels, et le grand secret qu'il entretenait autour de ses techniques de guitare, n'ont fait qu'accréditer la thèse selon laquelle il aurait vendu son âme au diable à un carrefour en échange de ses dons musicaux.

Mais il n'en est rien. Robert Johnson a voyagé dans tout le Mississippi, et dans de nombreuses régions des Etats-Unis pour construire sa carrière puis sa légende. Il a su obtenir de plusieurs mentors un apprentissage de techniques de guitare qu'il a poussé bien plus loin que ceux-ci. Il a lutté contre les préjugés, contre son milieu et contre tous les obstacles qui se sont dressés sur sa route pour devenir un guitariste de blues reconnu et respecté, et pouvoir enregistrer ses chansons. Il s'est aussi consumé de son alcoolisme et de son amour des femmes, qui lui vaudront de se faire assassiner à l'âge de 27 ans.

Bruce Conforth et Gayle Dean Wardlow ont travaillé très tôt sur la légende Robert Johnson, ils ont recueilli des sources dès les années 60, analysé les archives et rencontré des témoins de l'époque avant leur disparition. Après plus de 50 ans d'un travail précis, minutieux et très documenté, ils nous proposent la biographie définitive de Robert Johnson dans ce livre événement déjà primé aux Etats-Unis. Présenté en France par les éditions le Castor Astral, ce bel ouvrage comporte de très nombreux documents d'archives et des photos qui viennent illustrer un travail d'une impressionnante précision. En révélant enfin la vraie vie de Robert Johnson et les circonstances exactes de sa mort, c'est l'histoire du blues qu'ils réécrivent.

C'est un livre passionnant, et très accessible pour quelqu'un n'ayant jamais entendu parlé de Robert Johnson avant. On y découvre la vie difficile d'un musicien passionné qui dès son adolescence s'est battu pour développer un jeu de guitare jamais vu auparavant et qui est rentré dans l'histoire bien au-delà de ce qu'il espérait. On ne peut qu'être reconnaissant envers les deux historiens pour ce travail impressionnant, et le Castor Astral pour cette très belle version française. À découvrir et à dévorer !
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