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3,87

sur 1286 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre est ma première lecture de Konrad, j'ai longtemps hésité, croyant que son âge serait un frein à une lecture contemporaine. Il n'en a rien été, aucun vieillissement dans l'écriture, pas plus que dans l'histoire ou le déroulé des événements. J'avais en tête (et en images) "Apocalypse now", qui parait-il, a inspiré le film et le personnage du colonel Kurtz, J'ai aussi le souvenir de "Fitzcaraldo" de Werner Herzog, là aussi, le ralentissement volontaire de l'action, jungle impénétrable, avaries diverses, peur de l'immensité de la jungle inconnue et de ses pièges. Passage du monde civilisé au monde de l'origine dans le silence et une perte de nos repères, description de la fatuité des blancs vis à vis des "sauvages", tout est dit ou presque, ce retour à vie sauvage, semble conduire les personnages à la folie, car loin de la civilisation protectrice, comment survivre dans la solitude loin de ses semblables...
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Fin du 19e siècle. Marlow se souvient d'un voyage mémorable sur le fleuve Congo et nous raconte son périple jusqu'au coeur de la forêt équatoriale. Un monde d'où l'homme ne revient pas indemne. Les descriptions de cette nature sauvage qui entoure la frêle embarcation du capitaine sont saisissantes. Quant à la place des colonisateurs qui semblent absurdes au sein de ce monde qui ne veut pas d'eux, c'est tout aussi intéressant. Reste la rencontre avec M. Kurtz qui est le but ultime de ce voyage. Cet homme qui semble s'être fait complètement envoûté par ce monde végétal à l'état brut, marquera fortement les esprits. Belle découverte de Joseph Conrad malgré une lecture pas très fluide par moment en raison peut-être de l'âge du roman. Un léger désagrément qui ne gâche en rien le très bon souvenir que je garderai de ce livre.
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Bouleversant mais beaucoup moins traumatisant que son adaptation au cinéma par Francis Ford Coppola (heureusement, le film est à la limite du soutenable pour moi et très différent du livre dont il s'est inspiré). C'est déjà assez terrifiant comme ça car "Au coeur des ténèbres" de Joseph Conrad est un livre sur la violence de l'exploitation coloniale sous couvert de missions civilisatrices orchestrée par les européens en Afrique.

Au 19ème siècle à Londres près de la Tamise, Charles Marlow, capitaine de la marine marchande, raconte sa descente aux enfers sur le fleuve Congo au coeur de l'Afrique. Sur les berges s'entassent ivoire et autres richesses et au bout du fleuve se trouve Kurtz, un agent zélé du système colonial mis en place par Léopold II, roi des Belges. Ayant obtenu le commandement d'un vapeur, Marlow ignore qu'il va le conduire au coeur des ténèbres, dans la démence et la barbarie.

Si le regard est très pessimiste et sans illusion sur la colonisation comme système de domination, je dois dire que c'est l'écriture de Joseph Conrad qui m'a le plus touchée dans ce célèbre roman de l'écrivain voyageur.


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Une écriture magnifique sert ce roman captivant. Évidemment, j'ai ressenti un malaise à l'évocation des termes "nègres" et autres "sauvages" lorsqu'il s'agissait d'évoquer les indigènes de territoires colonisés. Cependant, malgré ce penchant segregationniste lié à une époque, j'ai trouvé le récit passionnant. Celui-ci m'a rappelé dans une certaine mesure le film "apocalypse now" car il s'agit d'un détachement d'hommes chargés de retrouver un gradé qui serait devenu fou, mêlé à la population locale.
J'ai apprécié la traduction de ce texte et les quelques phrases plus généralistes à caractère philosophique qui y sont disséminées.
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Récit captivant d'une expédition au coeur du Congo raconté à la façon du dix-neuvième siècle, c'est à dire avec une dose de condescendance et de mépris qui choquerait à l'heure actuelle.
L'ambiance et l'atmosphère de ce roman sont remarquablement amenées.
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« You can't run and you can't hide
In the heart of Darkness »

chante Nicole Mac Kenzie.

Fleuve Congo, Joseph Conrad,
Allez, go, ou reste en rade !

Remonter le courant ou se laisser emporter par les flots?
Violente réalité des ténèbres ou illusion d'une humanité radieuse ?
La vérité ou le mensonge, le bien ou le mal, c'est tout l'enjeu de cette histoire.

Bien qu'il suit le cours du Congo, « Au coeur des ténèbres » n'est pas un roman fleuve, seulement 130 pages. Une longue nouvelle écrite par un voyageur maritime, mais ici point d'océan, les tempêtes sont intérieures, qui laissent un goût étrange, un roman de l'amer.
C'est une histoire mystérieuse, dont je suis ressorti sans être certain d'avoir tout compris. Quel est le message de Conrad, pourquoi a-t-il choisi cette écriture ?
Car il faut s'accrocher pour aller jusqu'au bout, un récit d'une seule traite, sans chapitres, ni même de paragraphes pour reprendre son souffle, à l'image de cette remontée du fleuve bordé de forêts menaçantes où l'accostage est à chaque fois énigmatique et dangereux.
Comme souvent, Conrad est parti d'une expérience vécue.
 « Au coeur des ténèbres » est en partie inspiré de son voyage au Congo, durant lequel il avait remonté le fleuve du même nom pour aller chercher Georges-Antoine Klein, un agent de la Compagnie du Commerce et de l'Industrie du Congo.
Dans le roman, c'est Marlow, qui peut être considéré comme un alter ego de Conrad, qui sera chargé de raconter sa remontée d'un fleuve d'Afrique noire, pour tenter de ramener Kurtz, chef d'un comptoir tombé malade. Cet homme, à la fois respecté pour l'efficacité avec laquelle il se procure de l'ivoire, et objet de soupçons par rapport aux méthodes qu'il utilise, est enveloppé de mystère.

Dès le début, en Angleterre, l'auteur introduit les principaux thèmes du récit.

« Au loin la mer et le ciel se joignaient invisiblement, et dans l'espace lumineux les voiles tannées des barges dérivant avec la marée vers l'amont semblaient former des bouquets rouges de voilure aux pointes aiguës, avec des éclats de livardes vernies. »

Une description du crépuscule qui donne à la mer un rôle essentiel. le soleil couchant octroie une importance à la lumière, en référence au titre du livre. La tombée de la nuit efface progressivement les côtes britanniques pour décrire ultérieurement la nature hostile de la jungle africaine.
J'y ai retrouvé le côté nature-writing américain lu récemment dans « La rivière » de Peter Heller.
La nature n'est pas simple décor mais signe annonciateur de l'action à venir.

« Remonter ce fleuve, c'était comme voyager en arrière vers les premiers commencements du monde, quand la végétation couvrait follement la terre et que les grands arbres étaient rois. C'était l'immobilité d'une force implacable appesantie sur une intention inscrutable » .

C'est aussi le voyage d'un homme vers un espace où n'existerait nulle trace humaine. Plus Marlow et son équipage s'enfoncent dans cette terre sauvage, plus la sauvagerie des hommes elle-même se déchaîne, la nature reprend ses droits et libère des passions enfouies.
Cette remontée du fleuve, c'est comme partir à la découverte de l'essence de l'homme, à son état primitif, meurtri par l'égoïsme et le manque d'empathie. L'homme est absurde, sa vie n'a pas de sens, la solitude sans échos.
Les ténèbres infectent-elles le coeur de ceux qui les traversent ?
Marlow se retrouve devant le mirage total de la vie lorsqu'il découvre la véritable nature de Kurtz, un homme en qui il plaçait ses naïves espérances, un imposteur qui abuse de son droit de vie et de mort sur ce qu'il appelle « la bête noire ». Il mourra.
A son retour en Angleterre, Marlow rencontre la fiancée de Kurtz.
Toute vérité est-elle bonne à dire ? Il choisit de lui épargner les ténèbres en la laissant à ses illusions. Détourner la réalité améliore-t-il le monde ?
Je vois dans l'attitude de Conrad toute la philosophie de l'oeuvre de Hermann Hesse écrite au siècle qui va maintenant débuter. En effet, « Au coeur des ténèbres » a été publié en 1899.
Aujourd'hui, tout autant qu'autrefois, le message de Conrad fait résonner l'histoire. Nous tentons tous de nous aveugler nous-mêmes quant aux réelles conséquences de nos actes. Hesse a choisi la spiritualité et le beau, Knulp versus Kurtz.

Retour à la Tamise, fin de l'histoire, lumière tamisée.
« Je levai la tête. le large était barré par un banc de nuages noirs, et le tranquille chemin d'eau qui mène aux derniers confins de la terre coulait sombre sous un ciel couvert – semblait mener au coeur d'immenses ténèbres ».
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Roman mythique s'il en fut, ce récit sombre nous entraîne dans les profondeurs de l'âme humaine.

Le capitaine Marlow remonte le fleuve Congo à bord d'un vieux vapeur rouillé.
Il doit retrouver Kurtz, un collecteur d'ivoire.
Le parcours géographique dans la jungle moite et mystérieuse se double d'une descente aux enfers due tant à ses doutes grandissants qu'à l'épuisement physique.

Quand il atteint au but, il découvre en Kurtz, l'homme qu'il est venu rechercher, un potentat qui s'est formé sa petite armée de chasseurs indigènes.
Mais qui, malade, refuse de rentrer et meurt bientôt.
Coppola en a tiré l'argument d'un film aussi intense, ce sera « Apocalypse now».
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Premier texte de Conrad que je lis... Mieux vaut tard que jamais.

Il a été difficile pour moi de lire ce texte sans me souvenir d'Apocalypse Now dont il est la base du scénario et plus encore sans me rappeler l'interprétation magistrale et le charisme sidérant de Marlon Brando. Et je dois avouer qu'à côté de l'acteur américain, le M. Kurtz de cette longue nouvelle fait pâle figure... À vrai dire, et toujours de mon point de vue, le film de Coppola est largement supérieur au texte de Conrad, il en révèle toute la puissance contenue et le transcende.

Ceci dit, dès les premières lignes de l'histoire j'ai compris que j'avais affaire à un grand auteur, à un homme habité par une vision de la vie et du monde et porté par une langue. Immédiatement, j'ai su que j'entrais dans un univers et que je n'en resterais pas à cette première lecture.

Au coeur des ténèbres est un tableau du genre humain qui le représente dans ce qu'il a de plus grotesque et jusqu'à l'absurde. On pourrait dire qu'on y découvre la civilisation européenne (et toute civilisation?) comme un vernis bon marché et de mauvais goût masquant une barbarie et une sauvagerie (le Mal absolu) toujours à l'affût, incarnées par le personnage de M. Kurtz. "Au coeur des ténèbres" pourrait signifier "au coeur de l'homme" (masculin), où palpite ce que seul Kurtz aperçoit comme une ultime révélation avant sa fin: "L'horreur! L'horreur!"

Esprit du temps, sensibilité féministe?... J'ai compris la fin de l'histoire comme une possibilité de salut pour l'humanité (et toute civilisation) du côté de la femme qui, elle, n'est pas fascinée par l'horreur et ne s'y jette pas, mais veut croire, envers et contre tout, à l'amour.
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Même s'il a servi de base ou de fil conducteur au fameux film "Apocalypse Now", le livre reste moins envoûtant et moins terrifiant que le film de Francis Ford Coppola. Néanmoins, cette lente progression en bateau au milieu de l'étouffante jungle équatoriale, dans une Afrique coloniale ravagée par les fièvres et le maladif appétit pour le gain des "colons", marque comme un livre qui reste dans l'histoire de la littérature. le dénouement, aussi sinistre que le déroulement, est fascinant. A lire
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Ce roman court est inclassable. Ce n'est pas du fantastique, encore moins de l'horreur, pour autant de nombreux ingrédients sont présents : point de vue interne, esprit enfiévré, impressions d'étouffement, perte des repères.
C'est un récit enchâssé : le narrateur écoute Marlow raconter son voyage "au coeur des ténèbres", au coeur d'un forêt africaine le long d'un fleuve.
Au final, on ne sais rien : rien du lieu, rien des personnages (ni Kurtz ni Marlow, ni les autres qui n'ont pas de nom). Ce qui laisse une impression de rêve - ou plutôt de cauchemar.
Les descriptions sont denses, sombres et créent une ambiance oppressante.
Je n'ai pas été très sensible au personnage de Kurtz cependant, alors qu'il est le point d'orgue du récit.
Un inclassable que je tenais à lire pour préparer ma lecture prochaine de "Je suis les ténèbres" de Joseph Denize.
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